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Vieilleries
[L'auteur]
Marlène TISSOT est venue au monde inopinément. A
cherché un bon bout de temps avant de découvrir qu'il n'y avait pas de mode d'emploi.
Sait dorénavant que c'est normal si elle n'y comprend rien à rien. Raconte des histoires depuis qu'elle a dix-ans-et-demi et
capture des images depuis qu'elle a eu de quoi s'acheter un appareil. Ne croit en rien, surtout pas en elle, mais
sait mettre un pied devant l'autre et se brosser les dents. Ecrira un jour l'odyssée du joueur de loto sur
fond de crise monétaire (en trois mille vers) mais préfère pour l'instant se consacrer à des
sujets un peu moins osés.
[Editions]
Mes pieds nus dans tes vieux sabots bretons,
collection 8pA6 de
La
Vachette Alternative
Nos
parcelles de terrain très très vague,
Éditions Asphodèle, Collection Minuscule
disponible également via
Fnac,
Chapitre,
Amazon,
Place des Libraires
London Trip Diary, At Home Editions
disponible via
Celui qui préférait respirer le parfum des fleurs,
collection 8pA6 de
La
Vachette Alternative
[Parutions en revue]
L'Angoisse -
Chos'e -
Dissonances -
Interlope -
Interruption -
Katapulpe -L'Autobus - Levure Littéraire - Mauvaise graine -
Microbe - Magnapoets - Nouveaux Délits -
Revue Squeeze - Traction Brabant - Trace écarT -
Le Zaporogue
[Participations]
CroutOthon -
FPDV -
Le Quotidien des Martyrisés -Les 807 -
Les Etats Civils - OnLit - Sistoeurs.net - Vents Contraires - Vous dites ?
[Email]
marlene.tissot@gmail.com
[Marlène ailleurs]
Sur Flickr
Sur DIYZines
Sur Les Etats Civils
Sur
Sistoeurs.net
Sur
On Lit
Sur
Vents Contraires
Sur Fulgures.com
[Liens]
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Archives 2009 *
Les jours
Les jours se suivent
à distance respectable
en s'épiant
mine de rien
comme s'ils craignaient
que le prochain
les morde
ou qu'il leur fasse
de l'ombre
J'ai peur qu'ils se
mettent à porter
tous le même costume
à marcher au pas
à baisser les bras
Je rêve d'un hier
qui lambine
d'un demain qui se
pointe sans prévenir
et d'un aujourd'hui
qui ne se soucie
ni de l'un
ni de l'autre
30-12-2009
Elle a pleuré quand
même
Elle s’était dit Pleure pas
! quand le boss lui a expliqué que c’était pas de gaieté de cœur
qu’il lui annonçait ça, mais qu’il avait pas le choix. Elle s’était
dit Pleure pas ! Ce boulot, de toute manière, elle l’aimait
pas. C’était purement alimentaire. Elle s’était dit Pleure pas
! Et pendant que le boss argumentait sans relâche, elle pensait
aux factures, aux crédits à rembourser, au frigo à remplir. Elle
pensait à son mari, à ses enfants, à qui il faudrait annoncer la
nouvelle. Et noël qui pointait le bout de son nez… Et le boss qui
n’en finissait pas de se justifier pour se donner bonne conscience.
En faisant semblant de pas remarquer qu’elle avait de plus en plus
de mal à contenir ses larmes. Elle s’était dit Pleure pas ! tu vas
toucher le chômage, chercher un autre job, sortir les CV, les
sourires, les habits bien repassés.
Elle se disait que tout finirait par s’arranger. Il suffirait de
serrer les dents pendant que ces connards de l’ANPE la
convoqueraient encore et encore de peur qu’elle tire au flanc. Il
suffirait de se serrer la ceinture en attendant qu’un autre enculé
de patron la choisisse comme on choisit une pute quand on a besoin
de baiser… |
05-11-2009
Ces petits
riens qui font tout
Hier
nous fêtions
les dix-neuf ans
de notre premier
baiser
Dehors il pleuvait
et le monde semblait
toujours aussi moche
Mais à l'intérieur
une petite flamme
continuait de brûler
paisible et
rassurante...
23-10-2009
J'ai toujours rêvé d'être une hôtesse de l'air
De l'air.
Besoin d'air.
J'ai ouvert grand mes fenêtres ce matin, en espérant voir s'envoler mes
doutes comme des oiseaux sauvages. Ou peut-être des pigeons. Qu'ils aillent
chier sur la tête des passants ! Qu'ils me foutent la paix un instant !
J'ai fourré dans mon sac un slip, une brosse à dents. L'essentiel
uniquement. Une escapade. C'est juste une escapade. Inutile de me charger
davantage. La culpabilité pèse déjà bien assez lourd.
J'ai somnolé, le front contre la vitre du train jusqu'au premier arrêt. Une
petite gare de campagne. Quelques personnes sont montées. Un gars s'est
assis à côté de moi. Un drôle de type, très grand, très maigre. Un peu flou.
Il a glissé son sac sous le siège et déplié sa tablette pour y poser ses
mains. Juste ses mains. Bien à plat. Puis il s'est mis à triturer son
alliance.
J'ai pensé aux hommes. À celui que je laissais. À celui que j'allais
rejoindre. À tous ceux qui étaient passés dans ma vie. Nous les humains
sommes des êtres terriblement compliqués, a murmuré mon voisin. Comme s'il
lisait dans mes pensées. Il s'est tourné vers moi avec un demi-sourire. Vous
faites quoi dans la vie, il a demandé. Je suis hôtesse de l'air, j'ai
répondu. Je n'étais plus à un mensonge près…
Je me demande si les choses sont différentes quand on voit le monde de haut,
a lâché le type. Puis il a recommencé à regarder ses mains bien à plat. Et
son alliance.
19-05-2009
Une douleur silencieuse qui sème ses graines
J'ai envie de t'embrasser, tu as dit.
Et moi j'ai regardé ta bouche. Sans rien dire. Sans bouger.
Quelque chose en moi s'est mis à palpiter. Comme un bourgeon de fleur
près à éclore.
J'ai regardé ta bouche, et ton visage tout près du mien. Impossible de
me souvenir de quoi nous parlions depuis le début de la soirée. Je
n'arrivais plus à penser. J'oubliai jusqu'à mes enfants, mon mari, nos
amis autour.
J'ai envie de t'embrasser, tu as répété doucement. Ta bouche encore plus
près. L'instant est resté suspendu à mon silence. Un peu bancal. Puis la
réalité s'est cassé la gueule.
Je vais prendre l'air, tu as dit, ton regard planté dans le mien.
Et je me suis souvenue de mes enfants, mon mari, nos amis autour. Je me
suis souvenue des convenances, du respect, de la fidélité. J'ai toujours
voulu être quelqu'un de bien. Malgré cette fleur qui palpitait et semait
ses graines de douleur et désir.
Je t'ai regardé disparaître derrière la porte et j'ai fermé les yeux. Je
suis juste restée là, à imaginer ce qui aurait pu se passer si je
t'avais rejoint dehors. Je doute que cela fasse de moi quelqu'un de
bien…
12-05-2009
Une paille dans un verre de Bordeaux
se retrouver par hasard
dans une soirée branchée
pleine de gens branchés
et se sentir un peu comme une paille
dans un verre de Bordeaux grand cru
se poser dans un coin et enquiller les pastis
sans même prendre la peine de
sourire à ces visages tellement parfaits
vissés sur des corps aux gestes
faussement désinvoltes
ces corps pleins d’aisance
ondulant aux rythmes de la musique
se sentir serré au bide dans ce vieux jean
acheté chez Vêti il y a tellement longtemps
que son prix était encore en francs
avoir vaguement honte
au milieu de toutes ces tenues hallucinantes
se demander ce qu’on fout là
penser à son lit avec
un bon bouquin
penser à des tas de trucs
majestueusement terre à terre
comme l’inscription à la cantine pour les mômes
ou bien la lessive qu’on a oublié
dans le tambour
penser qu’on ferait bien de se barrer
et puis croiser un pote
à l’air aussi paumé que soi
trinquer
à la connivence
à ce monde qu’on a du mal à piger
aux petits fours industriels
et aux paillettes en conserve
profiter de l’intimité offerte
par la foule, la pénombre et l’alcool
pour échanger avec lui quelques maux
capter entre ses cils des rayons de son âme
comme des tranches de soleil à travers les persiennes
réaliser qu’on est pas seul à entreposer
dans nos caves intimes
toutes ces caisses de douleurs
poussiéreuses …
01-05-2009
Comme un animal sauvage qu'on croit pouvoir
domestiquer
Elle est là, perchée sur un coin de trottoir,
petite vieille chétive enveloppée dans
un imper gris beige
à caresser son cabas comme si c'était
un caniche bouclé
à engueuler le vide
à interpeller le vent
Et les gens passent
la dévisagent sans discrétion
ricanent, haussent un sourcil
émettent un petit reniflement de pitié
accélèrent le pas
ou bien s'éloignent, changent de trottoir
comme si sa folie pouvait être
contagieuse
Et je me dis qu'on est une belle
bande de connards
à penser qu'on vaut mieux
parce qu'on tient la nôtre en laisse
parce qu'on croit avoir réussi
à la dompter
notre folie
20-04-2009
[Les mises à jour sont en cours... à très
bientôt]
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