Marlène TISSOT est venue au monde inopinément. A
cherché un bon bout de temps avant de découvrir qu'il n'y avait pas de mode d'emploi.
Sait dorénavant que c'est normal si elle n'y comprend rien à rien. Raconte des histoires depuis qu'elle a dix-ans-et-demi et
capture des images depuis qu'elle a eu de quoi s'acheter un appareil. Ne croit en rien, surtout pas en elle, mais
sait mettre un pied devant l'autre et se brosser les dents. Ecrira un jour l'odyssée du joueur de loto sur
fond de crise monétaire (en trois mille vers) mais préfère pour l'instant se consacrer à des
sujets un peu moins osés.
PS
: J'ai aussi un petit oiseau bleu, pas du genre qui palpite dans la cage
thoracique, mais du genre que je nourris assez peu, du genre qui fait un peu
ce qu'il veut, il n'est pas dans une cage et les fils à la patte, c'est pas mon truc... N'empêche, j'ai un
petit oiseau bleu.
Presque un mois que
je n'ai pas pris le temps de venir partager mes mots et jours par ici...
Aujourd'hui, je suis allée à l'EFS pour donner mon sang (les stocks sont
au plus bas, vas-y, donne si tu peux !) Le médecin était amusant et
électrique comme une guirlande en fête. L'infirmière voix douce et
chevelure aux boucles noires splendides. Il n'y avait pas foule
(euphémisme) alors elle est restée avec moi. Nous avons bavardé pendant
que mon sang remplissait une poche à la santé d'inconnus. Elle avait vu
sur ma fiche que j'étais végétarienne et m'a demandé comment je faisais
pour avoir un si bon taux d'hémoglobine sans manger de viande. Elle
était végétarienne également depuis un an. Je lui ai livré quelques
astuces, parlé de mes recherches en nutrition, des associations
alimentaires qui permettent de... Puis j'ai bu un chocolat chaud
mousseux et croqué quelques sablés en parlant Bretagne avec une autre
infirmière dans la salle de collation tristement déserte. Ensuite, je
suis allée déposer un chèque à la banque et mon compte a cessé un
instant de faire triste mine (merci à
Lectures Vagabondespour cette rencontre qui a pu être maintenue
de manière virtuelle). En rentrant, j'ai appelé mon papa pour prendre de
ses nouvelles et lui en donner d'autres. Il est en ehpad depuis un an et
demi. Levée de mise sous tutelle ordonnée par jugement en juin dernier,
mais l'UDAF continue d'avoir la mainmise sur son compte bancaire. Le
CCAS attend pour le dossier de prise en charge des relevés bancaires
qu'il ne peut leur fournir. Moi qui déteste l'appareil, je passe des
heures pendue au téléphone pour tenter de résoudre les problèmes, avec
plus de détermination que de patience, dorénavant. Et puis aussi, je lis
(beaucoup), j'écris (un troisième roman, peut-être, si j'y parviens). Et
puis aussi, j'accompagne comme je peux (c'est à dire pas très bien) mes
dernières parutions. Il y a eu "Voix sans issues" Au Diable
Vauvert, sorti au début du premier confinement. "Life is a Beatles'
song" chez Lunatique éditions sorti peu avant le deuxième
confinement (décidément...) et enfin, "Mots barrés", le dernier
né, chez Gros Textes, un joyeux petit insolent qui voudrait bien se
faire une place au pied des sapins avec ses aînés. Et puis il y a
l'ordinaire des jours où le froid agace la peau au travers des
vêtements, jusqu'entre les murs du chez soi. Mais aussi le sourire et
l'envie qui persistent en forme de pied de nez et d'amour de la vie.
Alors je vais aller enlever le pansement qui enserre mon coude gauche et
regarder tendrement le petit trou écarlate dans mon bras en pensant à
ceux qui. Je me sentirai chanceuse de savourer ensuite un gratin de
nouilles, chez moi, dans le froissement joyeux des pages de livre qui se
tournent et m'emportent en voyages immobiles.
Parce que le feu est couvert mais continue de brûler
Les
horaires changent mais on persiste joyeusement à la mode Vrac
(même lieu - Le Plato à Romans - mêmes conditions - 25 personnes
masquées max)
Jeudi 22 octobre 2020
Samedi à La Passerelle
Où il
sera question de "Voix sans issue" (Au Diable Vauvert) et "Life is a
Beatles' song" (Lunatique) durant la rencontre.
Précédée d'un atelier d'écriture le matin, sur réservation.
Mercredi 21 octobre 2020
Chaque jour #8
Chaque jour, nous sommes
un peu plus cons qu'hier
et bien moins que demain
Chaque jour #8
bis
Chaque jour, nous sommes
un peu plus sages qu'hier
et bien moins que demain
Chaque jour #8 (suites)
Chaque
jour nous sommes
(déclinables à volontée ?)
(peut-être)
Mardi 20 octobre 2020
Virgule, inspire
Viens,
ce sera bien !
Clique sur l'image pour voir une petite video
Lundi 19 octobre 2020
Life
is a Beatles' song
"Voix
sans issue" est encore en train de trouver tranquillement ses
lecteurs, tandis que "Life
is a Beatles' song" déboule comme un ado avec ses états d'âme en
vrac ! Squirellito en parle ICI, ce bel écureil lecteur qui avait
déja lu et chroniqué "Voix
sans issue"
Alors mille mercis à ces vivants qui gardent vivante la création en la
dévorant joyeusement quand
on est là, à continuer d'aligner des mots sans savoir où quoi quand
comment pourquoi. Mais d'une certaine manière, tant mieux : ça
donne de l'espace aux possibles, ces possibles qu'on nous étrique mine
de rien, jour après jour...
Parfois, c'êst drôle (ou pas) de voir qu'on a écrit dans le passé des
choses qui résonnent étrangement avec le présent.
"
Alors pourquoi lire ce livre ? Because peut-être vous vous dites
I’m so tired ou I’m a loser. Pourtant ce n’est pas The
end, surtout Don’t let you down, Marlène Tissot want to
hold your hand et cette lecture sera A day in the life. Pour
Getting better et siffloter pour mieux voir les rêves en liberté.
A l’image de la première nouvelle avec cette femme qui habitant trop
loin de la mer a mis du bleu dans son bain, pour « se transformer un
moment en sirène ». Une forme de parenthèse inattendue dans cette «
impatience d’un monde pressé »."
Dimanche 18 octobre 2020
L'humeur du dimanche : Parce que
Samedi 17 octobre 2020
Chaque jour #7
Chaque
jour, nous espérons
avec une fervente et effrayante
futilité
Vendredi 16 octobre 2020
Chaque jour #6
Chaque
jour, ce que nous ne faisons pas
compte peut-être autant que
ce que nous faisons
Jeudi 15 octobre 2020
Voix
sans issues
"Un
roman à deux voix, percutant, écrit avec sensibilité et vérité, capable
de brutalité mais aussi de douceur, à l'image du parcours de vie de ces
deux personnages résolument attachants." Sandra_Etcaetera a lu "Voix
sans issue" et en parle sur
Babelio(clique pour lire)
Mercredi 14 octobre 2020
Chaque jour #5
Chaque
jour, nous mentons
crois-moi
sur parole
Lundi 12 octobre 2020
Chaque jour #4
Chaque
jour, nouc cherchons
dans le monde d'après
où a pu passer celui de maintenant
Dimanche 11 octobre 2020
L'humeur du dimanche : The morning after
Jeudi 16 juillet 2020
Voix sans issue est lu et c'est beau de le voir vivre
"C'est
d'abord une couverture colorée, entremêlée, de mains, de mouvements,
comme un combat éclaté, Matador...Je m'esquive, je glisse, tu
reviens...Confrontations.
Et puis l'impact,les premiers mots.
Tu sais que tu entres dans le drame avec toute la magie littéraire qui
font des mots et des phrases poèmes, des beautés à livrer. Pour délivrer
les maux et les voix. L'écriture est magnifique, exposée, explosive,
éclatée. []"
Chaque
jour nous expérimentons
la mort imminente
en se croyant éternels
Mardi 14 juillet 2020
Chaque jour #2
Chaque
jour nous sommes
heureux, au moins un peu
sans même s'en rendre compte
Lundi 13 juillet 2020
Chaque jour #1
Chaque
jour nous sommes
semblables à nous-même et
imperceptiblement différents
Dimanche 12 juillet 2020
L'humeur du dimanche : Le silence
Samedi 11 juillet 2020
L'élan vital
Tout n'est pas que
combat entre ombre et lumière, entre agonie et vitalité. Tout n'est pas
que combat, mais mouvement, même imperceptible. Avancer. Dépasser. Alors
voilà une belle chronique de Voix sans issue par
Cécile
Desbrun pour
Culturellement vôtre, qui dit un peu cette histoire.
Samedi 13 juin 2020
L'humeur du dimanche (avec un jour d'avance, parce que le futur
est une petite illusion quotidienne):
Faire fondre les coeurs de pierre
[Vidéo-poème réalisé par les étudiants de l'Ecole
Estienne dans le cadre d'un partenariat et d'une résidence à la Factorie
- Maison de Poésie de Normandie - Une libre interprétation du poème "En
attendant de servir" de Marlène Tissot]
Vendredi 12 juin 2020
Voix
sans issue
La librairie
L'attrape Coeurs défend les éditeurs indépendants et Au Diable Vauvert
est à l'honneur pour cette quatrième fournée, avec entre autre un coup
de projecteur sur Voix sans issues.
Merci Anne Vaudoyer, Merci Marion et toute la belle équipe du Diable et
merci L'Attrape Coeurs !
D'autres chroniques à suivre bientôt !
Samedi 22 février 2020
Le
catalogue Ikea
Dans ma boite aux lettres
Le dernier catalogue Ikea
Je rentre de quelques heures de boulot
Chez des gens retraités qui gagnent plus
Que je ne gagnerai jamais, sans doute
Et les barrières se bousculent un peu
Un reste de riz au frigo
Une conserve de tomates
Une boite de thon
Touiller
Ail déshydraté
Ça sent bon, finalement
Calme
Je feuillète le catalogue Ikéa
Plein de trucs que je ne pourrai jamais m’offrir
Mais le café coule au bout d’un moment et
J’essaie d’y croire encore
De croire un peu qu’un jour
Je n’aurais plus à fouiller au bas des rayons
Pour trouver le premier prix de l’ordinaire
J’essaie de croire que rien n’est vain
Et qu’un jour
Quoi ?
La poésie ?
Ouais, bordel, la poésie !
Peut-être bien qu’elle existe aussi
Tout en bas des rayons
Non, rien n’est vain
Quand on a faim
Je n’ai pas besoin de meubles, mais
Un yaourt au lait entier
Putain…
Ça ferait du bien
Mardi 28 janvier 2020
Au
Diable Vauvert
Retour
d'une chouette virée en Petite Camargue
Dernières corrections, épreuves bientôt là
Contrat signé, couv bientôt dévoilable
Journée riche en émotions
Les "Voix sans issue" naîtront sur papier le 19 mars
et j'ai déjà des contractions de joie !
Dimanche 26 janvier 2020
L'humeur du dimanche : Ces voix qui touchent la peau
Vendredi 24 janvier 2020
Demain à Romans-sur-Isère
Atelier
danse le matin avec Sylvie Giron et écriture l'après-midi avec ma pomme
Tout ça, en amont du festival Prise de Textes concocté avec un
brin de folie par le
collectif VRAC Prochaines séances les 8 février et 14 mars. Festival, le 27 mars à
Romans, mais j'en reparlerai !
Jeudi 23 janvier 2020
Festival de la Parole Poétique "Sémaphore"
Rendez-vous en Bretagne bientôt. Ca va être grand et beau, viens !
L'instant présent est l'espace entre
le point de la phrase qui s'achève
et la majuscule de celle qui débute
Dimanche 19 janvier 2020
L'humeur du dimanche : Can I be close to you
Parce
qu'il y a les amis vivants, et les amis morts...
Jeudi 16 janvier 2020
Ce
soir, c'est là que je dirai ce qui s'est écrit ici
Lundi 13 janvier 2020
J'emmerde l'éphémère
On ne
fait
Que passer
De mode
Dimanche 12 janvier 2020
L'humeur du dimanche : une manière de ne pas lâcher
Depuis La Factorie, mes paroles un peu bancales parce que pas préparées,
mais sincères
Ne pas lâcher !
La poésie, sous le costume élitiste dont on l'habille trop souvent, reste
pour moi une rebelle
Rebelle genre pas belle pour "faire joli dans les salons", mais pas
moche non plus
Pas séductrice pour deux sous, mais pas vilaine pour autant
Juste vraie, sincère, vindicative et bienveillante...
La poésie est une voix, nos voix, nos cris, nos rires, nos larmes, nos
armes de construction active
C'est ainsi qu'elle m'habite
Et ma peau l'abritera aussi longtemps qu'elle le pourra
Jeudi 9 janvier 2020
Forte comme
Ce soir
je ne suis
qu'une demi portion de moi-même
pourtant demain
je me croirai forte comme dix Hommes
capable de soulever à bout de bras
la fin du monde pour
la renverser
[extrait de ce qui se crée, là, en Normandie]
Lundi 6 janvier 2020
Etre
accueillie en résidence d'écriture à La Factorie
[La lumière, les lumières - photos Marlene T.]
Dimanche 5 janvier 2020
L'humeur du dimanche : Brûler pour briller
["Il faut brûler pour briller" John Giorno]
Vendredi 3 janvier 2020
Souffler dedans
Des personnages grotesques
Se construisent une tente avec ma peau
Ils décident que mon coeur
Est un matelas gonflable
J’espère qu’ils ont beaucoup de souffle
Ou pas trop de besoin de confort
Jeudi 2 janvier 2020
Bonne nuit les
petits pois (feat « Le dormeur doit se réveiller »)
La planète s’éteint
Des animaux et des forêts brûlent
De braves gens s’enguirlandent, à propos d’un vieux salop qui ne bande
probablement plus, pour déterminer si c’est bien ou mal d’écrire des
livres contant les fabuleux voyages de sa bite dans des trous du cul
d’enfants
Y a des guerres, on sait pas trop pourquoi parce qu’on cherche pas
vraiment, pis c’est loin d'ici
Et ici on défend son bout de gras – ou son os à ronger
Ici, il y a aussi des gens qui crèvent de froid et de faim en silence
Un silence si las qu’il ne peut même plus s’indigner
Nous sommes en 2020 après le p’tit jésus. Toute la terre est envahie par
un immonde merdier. Toute ? Non ! Un irréductible groupuscule de princes
au petit-pois continue, jour après jour, à épaissir son matelas de
biftons espérant bientôt ne plus sentir ce minuscule machin, en-dessous,
qui lui gâte le sommeil
La magie est sauve, ami petit pois
Réjouissons-nous
Et que la purée soit
Mardi 31 décembre 2019
Ni
fête ni défaite
Et malgré tout, rire
Encore
Très fort
Là est le début de la tragédie
Mais surtout la victoire de la farce
Dimanche 29 décembre 2019
L'humeur du dimanche : Se réveiller ?
Vendredi 27 décembre 2019
J'emmerde les gros titres
On
ferait bien de se mêler un peu
de ce que tout le monde
ne dit pas
Mercredi 25 décembre 2019
Mot
barré #73
Lundi 23 décembre 2019
J'emmerde les chemins sans embûches
Les
deuxièmes chances
sont plus nombreuses
Qu'on ne le pense
Dimanche 22 décembre 2019
L'humeur du dimanche : Ce qui se cache derrière les sourires
Il y a
les bruits qui courent
Et moi qui essaie parfois
De les imiter
Mercredi 18 décembre 2019
Perfusion de profusion
Quand
tout se met à exister
L'abondance cache le vrai
Et on disparait
Sur l'envers
De nos reflets
Dimanche 15 décembre 2019
L'humeur du dimanche : Le prix du prout
[Source lien :
savage-eye.blogspot.com]
Jeudi 12 décembre 2019
Pensée fugace sur le parking de bricorama
Quand
on brûle d'envie
de posséder un jour
une scie sauteuse pendulaire
et une agrafeuse murale
ça ne doit pas être facile
de trouver l'amour
me dis-je
Dimanche 8 décembre 2019
L'humeur du dimanche : Les possibilités
Vendredi 6 décembre 2019
Poésie expérimentale, ta mère
(feat Christmas spirit)
Qui sait comment naissent les histoires ? Est-ce dans l’imagination ou
dans la réalité ? Un peu des deux, sans doute, avec le regard et la
mémoire comme miroir déformant.
Mes yeux en éponge
Jus de vie dans les pensées
Tout peut arriver
Extraordinaire dans l’ordinaire
Cet homme devant la gare. Très grand. Ce je ne sais quoi de remarquable.
Hors du commun. Un peu magique. Fascinant, sans aucun doute, et un peu
inquiétant aussi. Mais de manière plus romanesque que réelle.
Il porte un long par-dessus gris sombre qui ajoute encore à son allure
mi-distinguée, mi-dépenaillée. Il arrête les gens qui passent. Ses yeux
sont immenses. Sa voix chaude et posée. Il dit qu’il dort dehors,
propose des cartes qu’il a peintes pour les fêtes, en échange d’un peu
d’aide, n’importe quelle aide. Il vient vers moi, avec les mêmes mots.
Hélas, je lui explique, je m’en sors tout juste pour un abris et de la
nourriture. Il hoche la tête. « Au moins, vous avez le sourire. C’est
beau cette lumière dans le paysage », il dit.
Puis il me tend la main.
J’y glisse la mienne.
Il la serre doucement, lentement. Ajoute sa deuxième main dessus, comme
un couvercle délicat.
Des taches blanches sur sa peau. Les paumes sont presque chaudes. Je
reste dans cet écrin quelques instants. Mes yeux dans ses yeux, très
haut. Il est très grand. Regards arrimés, nous nous sourions. Sans
raison et pour toutes les raisons du monde.
J’ai l’étrange sensation qu’il se passe quelque chose. Un secret
indicible.
Puis il libère ma main, s’incline et me souhaite une belle journée.
Quelques minutes plus tard, sur le quai de la gare, j’observe ma main.
Celle qu’il a tenue. Presque étonnée de constater qu’elle n’a pas
changé. Son apparence est identique, mais il me semble qu’elle est
maintenant chargée d’un pouvoir différent.
Peut-être que les mains ont une mémoire propre ? Qu’elles apprennent au
contact de ce qu’elles touchent ?
Je la passe dans mes cheveux décoiffés
et on dirait qu’ils brillent autrement
Dimanche 1er décembre 2019
L'humeur du dimanche : Sur mon nuage
Cadeau d'une amie. Couleur, odeurs,
humeur. Tout y est, prêt à infuser dans la tasse de mes saisons
intérieures !
Entre une belle nouvelle à propos d'une prochaine publication
(j'en dis plus bientôt) et la soirée d'hier avec le collectif
VRAC (magique), le gris du ciel n'a pas de prise sur le rose du
cahier dont je noircis les pages avec un plaisir sans cesse
renouvelé... La vie est dure parfois. Les caramels aussi. Et je
préfère escalader le quotidien par la face gourmande.
Vendredi 29 novembre 2019
Demain
Je
serai là, avec ma voix et les copains de VRAC.
Viens, ce sera bien !
Et comme tu auras les yeux bandés, tu ne pourras pas voir si je tremble
ou si je rougis...
Jeudi 28 novembre 2019
Black is back
Ça brade à tours de bras
Ça braille : Deux pour le prix d’un
Célébration consommation
Les rimes en scions la branche sur laquelle
Quoi ?
Abracadabra et voilà ce dont t’as pas besoin
Ça palabre
Ça brasse les envies frustrées
de la brave populace
Braquage du libre arbitre
Embrasse ton banquier, il s'en frotte les mains
Tu possèdes donc tu es
Bric-à-brac et bracelet connecté
Bravo
Tu sais combien tu as fait de pas
pour mieux sauter
dans le brasier
Flamber
avant le retour au charbon
Demain c’est black friday
Lundi sera retour à la réalité
Fondue au noir
Colonne vertébrale courbée
Comme toujours
Mardi 26 novembre 2019
Lu à
Grenoble
La
poésie est partout
Ici, une musique capturée près de la Place St Bruno
Merci à qui l'a composée
Dimanche 24 novembre 2019
L'humeur du dimanche : Cette part d'enfance qui persiste pourtant
Vendredi 22 novembre 2019
J'emmerde les réseaux sociaux
J'affiche
donc
je suis ?
Mardi 19 novembre 2019
Les
aléas et tout le tralala
Ce sont
des choses qui arrivent. C'est ce que font les choses, parfois. Elles
arrivent.
Ou bien elles n'adviennent pas. On se sent impuissant. A la mercie de.
On enrage même si c'est inutile.
Bon, j'avoue, j'ai eu les nerfs ce matin, à attendre un car qui devait
remplacer le train.
Pas de train, la faute à la neige, tout ça, tout ça.
C'est beau pourtant la neige, mais ça fait du dégât.
Donc le car...
Qui est annoncé sur l'écran, mais ne vient pas.
Pas d'explication. Personne à qui en demander.
Faut attendre le suivant, qui me ferait arriver trop tard à Grenoble
pour parler poésie.
Ca fait des messages à envoyer avec les doigts qui tremblent.
A cause du froid, mais pas seulement. L'angoisse aussi.
Le "Je suis désolée"
(ce n'est pas ma faute, mais je me sens fautive - pourquoi? -
question à creuser plus tard)
Le "Bordel, je me suis levée à 6h du mat pour rien, en fait ?"
Le "Bon, ok, y'a pas mort d'homme, on se calme"
Le "Mais putain, quand même !"
Je rentre chez moi. Ciel est trop couvert pour savourer le lever de
soleil.
Ma cafetière est en panne et je n'ai pas de quoi la remplacer.
La SNCF ne remboursera pas mon billet.
(C'est indiqué sur le site web, mais on peut toujours faire une
réclamation si on veut)
Un thé. Quelques pages de Margaret Atwood. "La femme comestible".
Relativiser la pseudo gravité de la situation.
Et puis, c'est pas comme si j'allais m'ennuyer.
Si je peux pas en parler, je vais en écrire, de la poésie.
C'est pas les aléas qui vont la bailloner, bordel !
Bref, je n'étais pas à Grenoble aujourd'hui.
Je suis allée acheter deux tuiles pour remplacer celles cassées sur mon
toit (j'ai un toit!)
J'ai ramassé les branches tombées dans mon jardin (j'ai un jardin)
Oui, j'ai tout ça. Plus pour longtemps. C'est temporaire, mais moi
aussi, je le suis.
Des choses vont continuer d'arriver. Ou pas.
Faudra bien faire avec (ou sans)
Les aléas et tout le tralala
Lundi 18 novembre 2019
Elle
est en vie, la poésie
Elle
est humaine aussi, mais pas que. Parfois végétale, animale, minérale.
Elle est partout, la poésie.
Surtout dans l'oeil de celle qui regarde. Dans l'oreille de celui qui
écoute.
Dans la bouche et le nez de ceux qui goûtent, qui flairent.
Demain, à Grenoble, avec Pierre Soletti et Joël Bastard, on va tenter
d'en parler.
On va la faire vibrer, crier, saigner, enrager, rire et aimer.
Elle a l'air fragile, parfois, la poésie.
Mais je crois surtout qu'elle est immortelle.
I
do believe in fairies, faisait dire J.M Barrie à ses
personnages. I do believe in poetry ! ajouterais-je. Et nous sommes plus
nombreux qu'il n'y paraît.
[Pour le CNFPT, avec la Maison de la Poésie Rhône-Alpes]
Dimanche 17 novembre 2019
L'humeur du dimanche : réinventer la machine à imaginer
[Gregory Alan Isakov]
Samedi 16 novembre 2019
Instant de complicité
Gare de Massy
un dimanche de novembre
Ciel blanc
Quelques gens
sur le parvis
soufflent un brouillard pâle
sur leurs doigts rougis
Tout semble aller
au ralenti
Même les autos
ronronnent comme des chats
tandis qu’un pigeon traverse
au passage piéton
mimant le petit bonhomme vert
En l’observant avancer ainsi
sur ses deux pattes
je me demande s’il a oublié
qu’il avait des ailes
S’il joue à singer l’humain
ou s’il se paie nos têtes
Il atteint le trottoir d’en face
en même temps
que le petit bonhomme rouge
Et je suis presque sûre
de le voir m’adresser
un clin d’œil complice
Vendredi 15 novembre 2019
Grammaire nocturne
Souffler sur les braises de la nuit
Dénoncer le manque de déontologie
des jours qui raccourcissent
Laisser la mémoire déterrer les cadavres
On s'occupera plus tard de la ponctuation
T'en fais pas, il n'y a pas qu'un point final
dans une histoire
La lune
en croissant congelé attend sur la table du ciel
Demain, au petit déjeuner, elle sera à croquer
et les étoiles danseront dans mon thé
Mercredi 13 novembre 2019
J'emmerde la délation
Merci
de nous signaler
Toute folie qui vous semblerait
Abandonnée
Mardi 12 Novembre 2019
Lu
sur un mur de grenoble aujourd'hui
Le
travail aigrit
Et le gris c'est moche
Dimanche 10 novembre 2019
L'amour qui va vite, mais qui dure toujours
[Mauvais sang, Leos Carax, 1986]
Vendredi 8 novembre 2019
Demain
RDV à
La Maison de la Poésie de Poitiers !
Mercredi 6 novembre 2019
J'amasse la mousse
Est-ce
que les pierres
qui roulent sous mes pieds
essaient de me faire tomber
ou simplement me déstabiliser
ou, mieux encore :
me rappeler que je suis debout ?
Lundi 4 novembre 2019
Coupure publicitaire
On
trace un trait
bien droit
Une marge
Qui trace ?
Qui laisse des traces ?
Ligne rouge
dans le cahier, les plages
verticales et poluées
Les erreurs
On va se faire corriger
sévèrement
Le corps du texte
La danse des mots
Non
L'encre sèche trop vite
Je ne veux pas poétiser comme on tapine
sans amour et pour l'argent
la faim en soi (rature)
Devenir ton animal comestible ?
"Tu m'empoisonnes la vie"
J'entends des voix
"Pan, t'es mort!"
Déjà ?
Non, c'est juste l'heure
de la coupure publicitaire
Dimanche 3 novembre 2019
L'humeur du dimanche : Ne laisse personne décider pour toi
[XTC - Making plans for Nigel]
Jeudi 31 octobre 2019
Mot
barré # 72
Mardi 29 octobre 2019
Des
nouvelles du futur
C'est
qu'il va y en avoir de la lumière dans ces nuits de plus en plus longues
Et parfois, aussi, je dormirai !
Entre les mots partagés, les cachés, les pas encore inventés
L'imagination est une ressource inépuisable
Un peu
de l'à venir :
-
Atelier écriture avec le collectif VRAC, Romans-sur-Isère le 2
novembre
- Lecture rencontre Maison de la poésie de Poitiers le 9 novembre
- Ateliers écriture à Grenoble avec les MDH Chorier Berriat et
Le Patio. Des mots à apprivoiser et poser, qui seront partagés ici
bientôt. J'en dirai plus lorsque le moment sera venu.
- Une lecture rencontre à la Maison de la Poésie des Pays de
Quimperlé prévue le 22 novembre qui se déplace en mars 2020 (il
paraît que l'avenir existe - qui vivra verra)
- Un concert dans le noir avec le collectif VRAC le 30 novembre,
avec un peu des mots sortis de moi, et ma voix si elle ne tremble pas
- Des ateliers avec des élèves du lycée Les Eaux Claires à
Grenoble en décembre qui m'offrirons encore de belles trouvailles
poétiques
- Des parutions prévues dont je reparlerai le moment venu - Les mots
barrés, Life is a Beatles' song, Voix sans issue
- Des extraits ici bientôt de ce qui m'habite, se construit en moi et
qui devient vivant doucement avec juste des mots - quelle magie !
- Une courte résidence de création en Normandie à La Factorie en
janvier 2020
Lundi 28 octobre 2019
Des
nouvelles du passé
C'est
qu'il en a vu de toutes les couleurs, mon ciel, depuis mars dernier
Des vertes et des pas mûres
Des doucement sucrées, vitaminées
Des imbuvables cotoyant des vins de garde, à siroter plus tard
Si le plus tard veut bien advenir
Voilà, en vrac, ce qui est racontable :
- De
belles heures partagées en ateliers poésie avec les élèves du Lycée
Les Eaux Claires
à Grenoble en mai
- D'autres ateliers d'écriture de fiction avec des collégiens de Bourg
de Péage et Die avec "Chemins d'avenirs"
- Un chouette lecture avec Emanuel Campo à la librairie L'Etincelle
de Valence en juin
- Une lecture présentation ouverture de saison Prise de Textes,
collectif VRAC à Romans-sur-Isère
- Minuscule marché de la poésie à Cavaillon en juin
- Lectures Poésie Nomade en Provence, Oppède le vieux en juin
- Sortie de "Amnésies" aux éditions La Boucherie Littéraire,
en juin
- Pérégrination poétique, Festival Textes en l'Air, St Antoine
l'Abbaye, en juillet
- Lectures Vagabondes à Bédarieux, en août
- Lecture Librairie La Balançoire à Crest, en septembre
- Festival Des couleurs à la page à Auray, port de St Goustan, en
spetembre
- Lecture avec Emanuel Campo pour les 10 ans de la librairie La Voie
aux Chapitres
à Lyon, en octobre
Dimanche 27 octobre 2019
L'humeur du dimanche : En route pour nulle part
[Talking Heads - Road to nowhere]
Et
sinon, je te donne bientôt des nouvelles du passé et du futur.
Pour le présent, on verra. En ce moment, je ne suis qu'à moité réelle,
alors c'est compliqué.
Dimanche 17 mars 2019
L'humeur du dimanche : Virtuel versus réel
Et
pendant ce temps, ma messagerie me rappelle que des inconnus existent
vraiment
Et moi aussi, sans doute
A nos santés !
Vendredi 15 mars 2019
Différente
Voilà,
c'est officiel, le prix du livre audio France Culture et Lire
dans le noir est attribué à la nouvelle "Différente",
superbement interprétée par Margot Charon. Un grand merci à elle
et à l'éditrice de 15K et aux lecteurs, votants, vivants. Les
mots sont peu et immenses à la fois. Tout comme nous.
C’est l’histoire du dernier bus
Qui transporte la dernière âme
Vers le dernier coin de paradis
Pas encore défiguré
Par la varicelle immobilière
Le bus n’est pas en service commercial
Et, clairement, le chauffeur
N’a jamais eu son permis de sourire
Il fonce sur l’autoroute
De l’information télévisée
C’est le journal de n’importe quelle heure
Les nouvelles, comme d’habitude
Sont désastreuses
On ne change pas une équipe qui gagne
Alors la dernière âme dans le dernier bus
Prie un dieu au chomage longue durée
En demandant que le chauffeur
Sans permis de sourire
Fasse un détour à Mickeyland
Juste avant ses vacances éternelles
Dans une splendide cambrousse
Triste à mourir
La diable – qui ne connait pas la crise
Susurre dans le micro
« Arrête un peu avec tes caprices
Ce n’est plus de ton âge »
La dernière âme boude
Et bouffe des bonbons en cachette
Se lèche les doigts
Se fait gauler par le regard du chauffeur
Dans le rétroviseur
« Joue pas à la maline, tu vas tout gâcher »
Il dit
« De toute manière, l’enfer c’est pas pour toi
La liste d’attente est longue comme mon bras
Au mieux tu finiras
Dans un bidon-ville du paradis
Avec d’autres déchets comme toi »
La dernière âme, dans le dernier bus
En route vers le dernier coin de paradis
Pas encore défiguré par la varicelle immobilière
Pousse un après-dernier soupir
Qui ne fait pas beaucoup de bruit
La route est mauvaise
Le chauffeur est mauvais
Le dernier bus tangue douloureusement
Et la dernière âme a le mal de terre
Elle a envie de gerber, mais pas sur les sièges
Elle a encore un peu de dignité
Alors elle appuie frénétiquement sur le bouton
Arrêt demandé
Le chauffeur plante un coup de freins
Et grogne « T’es sérieuse ?
Tu crois toujours que la vie c’est mieux ?
T’en as pas eu assez ? »
La dernière âme qui a perdu
Son permis de sourire
Et ignore à qui s’adresser pour faire
Refaire ses papiers de vivant
Répond
« Je crois que j’ai changé d’avis
Je vais retourner niquer un peu le monde
Le temps d’épargner de quoi m’offrir
Une chambre en enfer »
Le chauffeur soupire
« Comme tu veux… C'est pas gagné
Mais au cas ou
T'as aussi l’EHPAD en plan B
Ça se négocie
Tu verras
C’est un peu comme l’enfer
Mais en CDD »
« Deal ! » répond la dernière âme
Qu’est un peu conne, faut bien l’avouer
Et d’un coup de clignotant
Le bus l'envoie
Réintègrer sa carcasse humaine
La laissant songer trop tard
« Eh merde ! »
Ma vieille voiture peine à démarrer dans le froid
Moi aussi parfois
C’est moins gênant
Ça roule en boule au creux des draps
Ça finit par tomber du lit pour clouer le bec au réveil
Ça se fait un thé, une douche, un coup de brosse
Et ça fout une clé dans le démarreur
Pour filer au taf
Mais la vieille voiture dit, non
Elle dit, retourne dormir, fous-moi la paix
Alors j’insiste
C’est facile de convaincre un humain
Une voiture, un peu moins
Mon ami google me dit qu’il faudrait peut-être
Que je réchauffe la batterie
Mais pas n’importe comment
Faut être prudent
On ne prend pas une batterie dans ses bras
Impunément
Mon ami google me prévient
Mon ami google a de l’humour
Et moi j’ai pas le temps
Comme il ne précise rien au sujet
Des sèche-cheveux
Je décide de faire un brushing à ma batterie
Rien à cirer si elle n’a pas de cheveux
Chacun sa coquetterie
Si ma voiture démarre, je lui mettrai
Du rouge à lèvres sur le rétroviseur
Et du mascara sur les cils des phares
Ma voiture ne démarre pas
Je pourrais lui exploser les dents du parebrise
Ou lui planter un couteau dans les tripes des pneus
Je pourrais la flinguer sur place
Si je laissais la colère me gagner
Mais c’est moi qui gagne la colère
Et je la prends doucement par la main
On retourne au lit ensemble
Je n’irai pas au boulot aujourd’hui
Ça n’empêchera pas le monde de tourner
Mais je préviens quand même ma voiture
C’est moi qui la nourri
Alors si elle m’empêche d'aller bosser
Elle va crever la dalle
Après avoir toussé une dernière fois
A la manière d'une vieille asthmatique
Elle s’est contentée de lever les yeux au ciel
Alors pour le mascara, c'est sûr
Elle peut toujours rêver
Jeudi 24 janvier 2019
Radio Canut
Demain je vais
raconter des trucs, et répondre sans doute de traviole aux questions de
Carole Bijou, et lire, faire découvrir des auteurs et des musiques que
j'aime. Ce sera dans la chouette émission "La poésie débouche" et
c'est bon de déboucher, et c'est beau la poésie des bouches. Vas-y,
écoute !
Jeudi 17 janvier 2019
21
minutes
Demain, je serai là et ce sera bien, viens !
Sortie du premier numéro d'un mag hors norme, hors tout, et pour
offrir un peu de poésie là où on ne l'attend pas, là où elle
devrait être - c'est à dire partout. De la poésie dans le métro
boulot dodo, de la poésie gratuite, de la poésie qui n'oublie
pas qu'elle est en vie
Je ne me sens jamais
Aussi proche de moi-même
Qu’au milieu d’une foule d’inconnus
C’est rassurant
Je me comprends presque
Me hoche la tête en signe d’approbation
Ni tord ni raison
Tout n’est soudain qu’entre
Moi et moi
Toutes les décisions me prennent
Par la main
Surtout les dérisoires
D’ailleurs ce soir
Je mets un peu d’épinards
Dans le beurre des pâtes
Parce que oui, tu vois,
Le luxe au fond
Ça restera toujours la verdure
Surtout chez les pauvres
J’en sais quelque chose
Ça coute cher, la verdure
J’aurais dû garder le reçu
Envisager une réclamation
Demander aux évènements
Un tout petit ralentissement
Pour quand j’ai l’esprit
Qui démange
Faut gratter
Les pensées dérangées
Jusqu’à les écorcher
Les faire saigner
Tourne, tourne, petit manège-monde
Et le pompon à attraper
Le tour gratuit qui t’attend
Suspendu
Presque, presque, mais non
Jamais à portée de main
Tends pas la main !
Ça te donne l’air faible
Ça te donne l’air con
Tends pas la main
Ça change rien
Le pompon n’est pas pour toi
C’est pas pour toi, je te dis
Pas pour moi non plus
Pourquoi on se barricade ?
Pourquoi on enferme ?
Et où, quoi, comment ?
Qu’est-ce qu’on cherche à préserver ?
Je suis une prison labyrinthe
Je me tais pour écrire
Ou le contraire
Mais les matons sont débordés
Alors je gueule sur papier
Il y a baston entre les mots
Et je sais pas comment les calmer
Les mettre en rang
Matraque et lacrymo sont inutiles
Faut juste du papier
Les mots parlent plus fort que moi
C’est plus fort que moi
Je dois les libérer
Trop de boucan dans mon crâne prison
Ça démange, je gratte jusqu’au sang
Je découpe les barbelés à la pince
Je bombarde les miradors
On prend la tangente
Une échappée perdue d’avance
Mais la vie, ça n’a qu’un temps
Alors autant lui courir dans le ventre
Lui piétiner les tripes
Et prendre les siennes à bras le corps
Se bagarrer avec soi
C’est con parce que j’ai rien à défendre
Rien à part la survie de ma viande
Et ma viande, c’est quoi au juste ?
Elle sert à rien
Elle rapporte rien à la société
Elle survit même parfois à ses crochets
Bon, les crochets sont minces
Et la société affamée
Du coup, c’est casse-gueule
Mais quand même…
Mais pourtant…
Pourtant
Ils me regardent comme une princesse
Les copains qui habitent dehors
Eux, ils ont les étoiles ou la pluie
En guise de plafond chaque nuit
Y a le vent qui leur siffle
Des berceuses givrées en hiver
Ouais, exprimé ainsi
Ça te colle des images romantiques
Sur le quotidien
Mais
Mais quand je planque Maria
Derrière ma voiture
Dans le parking souterrain
(20 minutes gratuites)
Pour qu’elle change sa serviette hygiénique
C’est tout de suite moins poétique
Tu te dis, dans un documentaire
Ça ferait chialer cinq minutes
Mais dans la réalité ?
Dans la réalité
Tout le monde s’en fout !
Surtout, ceux qui ont une télé
Et même les pauvres ont une télé
C’est une manière de se sentir
Moins exclus
En fait, j’en veux à personne en particulier
On est tous un peu connard à sa manière
Et c’est pas la question
La question
Pour moi, en cet instant
C’est juste la libération des mots
Qui grattent dans mon crâne
Qui se font la malle
Qui fuient sur le papier
Malgré ma tête-prison
Non, vraiment
T’en fais pas, je t’en veux pas
D’ailleurs je me sens coupable aussi
D’avoir au moins une cafetière
Et un endroit peinard
Où aller chier le matin
Dimanche 13 janvier 2019
L'humeur du dimanche : Facile (à dire dire dire ...)
On baigne dedans
C’est ce que dit ce type
Que je ne connais pas
Un pote à toi, je crois
On baigne dedans
Et moi, je sais pas nager
Dedans quoi ? J’ai pas pied
Une vraie mélasse, il dit
Ça me colle aux semelles
À la peau
À tout le corps
C’est le bordel, il ajoute
Et je pense aux maisons closes
J’étouffe
Faut pas m’enfermer
Même si on l’est tous un peu
Ici, partout, nulle part
Nulle part, c’est partout, il soupire
Pile à ce virage de mes pensées
Mais personne ne peut être partout
Sauf en pièces détachées
Faut être détaché, murmure ton pote
En regardant dans mes yeux
Comme s’il me lisait l’intérieur de la tête
À moins que les mots
Sortent de ma bouche sans que
Je m’en rende compte
Il faudrait que je me taise mieux
Même si je sais que
La parole tue est un piège
Dans lequel on s’enferme
Trop facilement
Je ne veux pas parler
Parce que ce que je dirai
Pourra être retenu
Contre moi, tout contre moi
Même si je sais que
La parole tue
Me tue un peu parfois
C’est pas ça, en fait
C’est pas ça, le problème
D’ailleurs
Y a pas de problème
Regarde, tout va bien
Puisqu’on te le dit
On sait lire les notices
On sait fermer les yeux
Pour ne pas voir les coupables
Et se prétendre innocents
On sait nouer, dénouer
On sait compter
Sur les doigts des autres
On compte en banque
À découvert, peur de rien
On s’attendait à rien
Mais pas à ce point
Ça pue le vide et la distance À vos marques, prêts, partez !
Dégagez, foutez le camp On est au milieu
Au milieu d’un carnage
Déguisé en princesse
Inspire, souffle
Fume les portes qui s’ouvrent
Consume le moment
Allume, brûle
Ne laisse pas ton mégot de présent
Coincé dans la bouche du passé
Prends la vie de plain-pied
Ça évite de tomber de haut
Faut se méfier du divertissement télévisé
De l’alcool frelaté, des amnésies
Et de l’arrogance des préjugés
Mais se satisfaire du futile
Est tellement plus facile
C’est pas ça, en fait
C’est pas ça, le problème
D’ailleurs
Y a pas de problème
C’est juste la grande kermesse
Du déballage d’opinions
Les thèses plus ou moins étayées
Les postillons généreusement distribués
Y a pas de problème, non
Sauf que le monde est plein de gens vides
Comme des piscines en hiver
Et on nous demande de plonger
Tête la première
Mais on y va, qu’est-ce que tu crois ?
On se fracasse le crâne
On s’explose la gueule
Facile !
Suffit de lire la notice
Page 1 :
Vis comme tu crèveras
Page 2 :
En silence si possible
(avec un petit schéma explicatif)
Page 3 :
Rien
Chaque faux pas me guide
Sur les chemins de travers
Ceux qui aident à ne surtout pas
Marcher droit
Marcher au pas
Un arbre pousse dans mon ventre
Ses branches me dansent les pensées
Ses racines me trébuchent
Je tombe, m’écorche et
Je vis
Chaque faux pas me guide
Vers le vrai
Celui qui me ressemble
Comme deux gouttes d’aube
Qui ont le gout
De bras défendus
Je vais d’où je viens
Nulle part et partout
Hors des frontières du vide de sens
Et des images usées
Je vais, je vis
Ceci n’est ni mon sang ni ma chair
Ceci est une année, un temps, une période
Dévore-là un jour après l’autre
Ne la laisse pas te mordre
Ne la laisse pas souhaiter à ta place
Rêve hors des dates
Hors de tout
Ceci n’est pas mon corps
Juste une bagnole
Sans contrôle technique
Qui me conduit où je lui demande
Juste une petite auto avec laquelle
Tu peux jouer
Comme je pourrais jouer avec toi
Si je voulais
Je ne veux pas
Je vis
Ne t’en fais pas
Rien n’est important
Je prends tout au sérieux
Mais avec une extrême
Légèreté
Je vais d’où je viens
Nulle part et partout
Hors du temps
Hors des dates
Je vis
Encore
Il parait que
Les apparences
Les yeux d’abord
Puis les mains
Puis la morsure et
Le gout de la viande
Il parait que
Paraitre est important
Que le reste n’est que chimère
Qu’il faut soigner, soigner la charpente
Passer les murs au karcher
Effacer les traces
Il parait que
Je n’y comprends rien à rien
Qu’il faudrait que je fasse un effort
Colmater les fissures
Repeindre la devanture
Y dessiner un sourire
Épiler les sourcils
Maquiller les cicatrices
Il parait que
Les apparences toujours
Et encore
Mêmes trompeuses
Miel à mouches
Mouches à merde
Il parait que
Tout ça vaut mieux
Qu’un soi cru, entier
Et désolée, j’y crois pas
J’y arrive pas
Mange-moi
Saignante ou à point
Ceci est ma chair
Dimanche 6 janvier 2019
L'humeur du dimanche : Et au bout du chemin, la douceur enveloppante du
brouillard
Boulevard périphérique de l’humanité
prendre la prochaine sortie
au rond-point, suivre la direction
départementale sentimentale
toujours des sorties
ne te retourne pas
suis les instructions
la voix du gps
écoute bien
récite tes leçons
papa, maman, la bonne et moi
la bonne à rien continuez tous droits, dit la voix du gps
alors on se tient tous droits dans la voiture
moi – banquette arrière
ma tête calée mais pas calme
jamais calme
juste le corps et les apparences
c’est tellement facile de jouer le jeu
suivre les instructions continuez tous droits on continue tous droits
on essaie
malgré les irrégularités de terrain
une tête, c’est bien fait
c’est solide
un boîte d’os sagement fermée
on ferme sa gueule
on continue tous droits
polis, respectueux
malgré l’envie de foutre le feu à la bagnole
on y va mollo avec l’accélérateur
on suit le rythme
et les panneaux de limitation cardiaque
on se limite
on imite
et des fois on en a marre
de jouer la comédie
mais c’est tout ce qu’on sait faire
ou tout ce qu’on ose faire
sauf de temps en temps
cracher quelques paroles de trop
comme une chiasse de mots
puis on retourne dans le flot de la circulation
on se tait quand le gps répète continuez tous droits on continue tous droits
malgré les envies furieuses
de rivages dangereux
[Clin d'oeil à JB Cabaud, JP Grandebeuf, les petites
routes du Luberon et la voix du GPS]
T’en veux de la poésie, hein ?
Oh oui, t’en veux encore
Faut que ça te déborde de l’assiette fiscale
Que ça fasse grimper aux rideaux le cours de la bourse
T’en veux, de la poésie
Mais faut qu’elle se fasse jolie
Le maquillage
La mascarade
Et la belle robe à fleurs à retrousser
T’en veux, de la poésie
Oh oui, t’en veux encore
Avec des mots gracieux
Mais pas grossiers
Avec des paysages perdus dans le brouillard
Un flou artistique façon David Hamilton
Du nichon de gamine, loin de la réalité
T’en veux, de la poésie
Mais faut pas qu’elle te parle
Du monde autour
Faut pas qu’elle te parle de trucs immondes
Ni des guerres ni des viols ni des gens
Qui crèvent en bas de chez toi
T’en veux, de la poésie, hein ?
Oh oui, t’en veux encore
Et je sais qu’elle ce ne ressemblera jamais
À celle que je te lirai
Déroule le foutoir
Étale le bien sur le papier
Ne le laisse pas te dévorer
Écris fort
Écris mal
Écris
Virgule, inspire
Point. Expire
Et les mots au milieu
Qui t’aident à tenir
À crier
Cracher
Chialer
Sourire
Baiser
Froisser les draps et la page
Raturer les histoires
Oublier la réalité
Recommencer
Virgule, inspire
Point. Expire
Et la vie au milieu
Ou autour
Qui glisse ses doigts sur ta nuque
Pour te tordre le cou
Ou t’enlacer
Fourrer sa langue dans ta bouche
Ou t'étouffer
Il se passe ce qu’il doit se passer
Ne lutte pas inutilement
Mais
Ne te soumets jamais
On colle des débuts ici où là. Ça rassure,
les commencements. On dit, c’est le premier jour d’une année
nouvelle. On tourne des pages qu’on n’a pas pris le temps de
lire, on cavale, on avale sans savourer.
Alors ne m’en veux pas mais, j’ai décidé de prendre un peu
d’avance sur le calendrier. J’ai commencé l’année le jour du
solstice d’hiver et j’ai regardé la plus longue nuit dans les
yeux. Noirs, les yeux. J’ai glissé ma main dans la manche du
temps. C’était plein de promesses qui n’auront pas à être tenues
en laisse. C’est beau, la liberté. Je persiste en douceur, je ne
signe rien, jamais.
Je commence, commencerai, recommencerai encore. Je vis, tu vis,
on vit… Pourvu qu’elle soit douce !