Les rotors crèvent les nuages
Animal, tu as la rage
 

 

Camouflage, Bérurier Noir



 

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Vieilleries

 


[L'auteur]

Marlène TISSOT est venue au monde inopinément. A cherché un bon bout de temps avant de découvrir qu'il n'y avait pas de mode d'emploi. Sait dorénavant que c'est normal si elle n'y comprend rien à rien. Raconte des histoires depuis qu'elle a dix-ans-et-demi et capture des images depuis qu'elle a eu de quoi s'acheter un appareil. Ne croit en rien, surtout pas en elle, mais sait mettre un pied devant l'autre et se brosser les dents. Ecrira un jour l'odyssée du joueur de loto sur fond de crise monétaire (en trois mille vers) mais préfère pour l'instant se consacrer à des sujets un peu moins osés.

 


 

[Editions]

 

Mes pieds nus dans tes vieux sabots bretons, collection 8pA6 de La Vachette Alternative

 

 

Nos parcelles de terrain très très vague, Éditions Asphodèle, Collection Minuscule

 

disponible également via Fnac, Chapitre, Amazon,

Place des Libraires
 

 

London Trip Diary, At Home Editions

 


disponible via

 

 

Celui qui préférait respirer le parfum des fleurs, collection 8pA6 de La Vachette Alternative

 

 



[Parutions en revue]

 

L'Angoisse - Chos'e - Dissonances - Interlope - Interruption - Katapulpe -L'Autobus - Levure Littéraire - Mauvaise graine - Microbe - Magnapoets - Nouveaux Délits - Revue Squeeze - Traction Brabant - Trace écarT - Le Zaporogue 


 

[Participations]

 

CroutOthon - FPDV - Le Quotidien des Martyrisés -Les 807 -  Les Etats Civils - OnLit - Sistoeurs.net - Vents Contraires - Vous dites ? 
 



[Email]

 

marlene.tissot@gmail.com
 

[Marlène ailleurs]

 

Sur Flickr
Sur DIYZines
Sur Les Etats Civils
Sur Sistoeurs.net
Sur On Lit
Sur Vents Contraires
Sur Fulgures.com

 


 

[Liens]

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Se prendre pour wonder woman

Dessiner un univers sur les pages
froissées des jours vides
le peupler de personnages
étranges et fascinants
passer pour une gosse dérangée
faire mine de ne pas comprendre
se dire que c’est le monde autour
qui ne tourne pas rond
croire que plus tard
quand on sera grand
on pourra gommer les
imperfections
de la vie

 

POD nine

En voilà un poézine qui n'en finit pas de nous ravir les papilles et les méninges !
 

Cliquer sur l'image pour lire le dernier, et pour retrouver tous les numéros précédents, voir le blog
 

31-03-2010

Fleurs de nénuphar

Quand il fumait ça faisait des fleurs de nénuphar
sur l’étang de son regard et
il pouvait bien m’appeler pretty Mary s’il voulait
son sourire en hameçon
dans les écailles de ma solitude
il m’avait pêché là, sur Chalk Farm road
adossé à un lampadaire il disait "free poetry"
en distribuant quelques
feuilles agrafées à la main
brand new poems
fresh from the cold sea of my brain
et puis on a échangé les mots qu’on pouvait
I don’t understand
c’est pas grave, moi non plus
sous le drap déchiré d’une nuit blanche
des coussins en nuage de fumée
le monde nous a déroulé son tapis rouge
par-dessus les épines de la ville
et peut être bien qu’un jour un gars
a transformé de l’eau en vin
mais pretty Mary, le paradis
je l’ai trouvé entre tes bras, il disait
et va savoir s’il parlait de moi
ou des fleurs de nénuphar
qui s’envolaient de sa bouche
vers le grand nulle part

30-03-2010

Bas de laine's dreams

glisser le fil de mes pensées
dans le chas de l’aiguille
et repriser tous les vieux
rêves usés qui tenaient
chaud à mes jeunes années

29-03-2010

Buller

Photo Marlene T.

mettre des bâtons
dans les roues
du temps

28-03-2010

Cette irritante petite musique

L’été se traînait comme une loque et moi je rampais entre ses semelles et la poussière. Les orages violets annonçaient la fin d’août. Et le soir, quand tout se taisait, j’écoutais battre mon coeur. Cette irritante petite musique. [Plus?]

27-03-2010

Objet trouvé

Je suis coincée là
dans un repli du monde
entre un vieux parapluie aux
couleurs passées
une poupée borgne
une montre qui ne tourne plus
très rond
un bouton de manchette divorcé
je suis de la grande famille
des objets trouvés
dont on se contrefout
ceux que personne ne
viendra jamais réclamer
et pourtant j’en suis toujours
à espérer
que maman m’aime
et que papa soit
ne serait-ce qu'un peu
fier de moi

26-03-2010

Voleurs d’instants

Cette petite culpabilité qui colle à la peau comme un vêtement mouillé. Et puis quoi ? Ces instants, ils appartiennent à tout le monde, n’est-ce pas ? On ne vole rien. Nous ne faisons tout au plus qu’emprunter. Cueillir au vol les grains du temps avant qu’ils ne rejoignent la poussière.

25-03-2010

Rime à rien

Comme ces jours où
la vie ressemble
à un poème myope
qui ne saurait pas
trop quoi faire
de ses pieds

24-03-2010

Le jour ou le ciel a mangé le monde

Il n’y avait que le ciel
du ciel partout
il commençait là
sous nos semelles
au ras de la poussière
et s’étalait comme
une peinture épaisse
on aurait dit qu’il avait
bouffé tout le reste
avec sa grande gueule
de roi du monde
bleu
vorace
le ciel
et puis rien d’autre
pas une colline
pas un arbre
pas le moindre nuage
juste la ligne d’horizon
tracée à la pointe
d’une mine
de rien

23-03-2010

Unfinished song

Il lui dit : j’ai regardé les étoiles et dans mon ciel à moi tu es la seule à briller avec cet éclat-là. Ses mots courent vers elle, en équilibre sur la ligne téléphonique. Il lui raconte qu’il a dormi dans un petit hôtel miteux avec une photo d’elle glissée sous l’oreiller. Merde, faut que j’y aille, il dit. Le bus démarre. Tu sais, je suis en train d’écrire une chanson qui parle de toi. Je t’aime. Je t'aime! Moi aussi, elle répond. Mais il n’est déjà plus là. Elle écoute la tonalité, tututututut, comme un fossé creusé entre leurs vies. Comme le refrain d’une chanson qui n’ira jamais plus loin que le premier couplet. Il se nourrit de ciels vastes à la beauté tragique. Ici l’horizon à la gueule fripée d’une banlieue grise, de meubles achetés à crédit, de samedi à remplir un caddie. Y’a jamais d’étoiles ici, sauf les trois petites dessinées sur le frigo.

22-03-2010

untitled

certains jours
il suffit de croiser
le regard d’une fleur
poussant dans une
fissure de l’asphalte
pour se dire que
tout est possible

20-03-2010

Une pelote rêche

J’ai retrouvé une photo de toi
juillet 2003 écrit au dos
et le temps se détricote
une pelote rêche de souvenirs
me fil-d’ariane jusqu’à toi
toi en juillet 2003
toi encore là
et il y avait tant de
soleil dans ton sourire
tes yeux comme un ciel d’été
qui aurait pu deviner
ces nuages sombres que tu
cachais et cette sale
petite pluie glaciale qui
détrempait tes pensées

19-03-2010

Une forêt au fond de l'eau

Assises sur la berge
à écouter le printemps
à regarder le reflet des grands arbres
sur la rivière
on n’était pas venues ici
depuis si longtemps
tu te souviens, elle me demande
quand tu étais petite et que
tu croyais qu’une forêt poussait là
au fond de l’eau
oui, je réponds, je me souviens
et je me dis
c’est sans doute qu’elle doit
- qu’elle devait –
m’aimer quand même un peu
pour se rappeler
d’un truc pareil

18-03-2010

Juste un vieil ami

C’est juste un vieil ami, je me dis
et je fourre mes mains
au fond des poches
pour pas montrer qu’elles
tremblent
c’était qui, il demande
dès qu’on s’éloigne
juste un vieil ami, je réponds
en prenant l’air aussi naturel
que possible
et puis je toussote pour déloger
le chat de ma gorge et
l’envoyer chasser ces foutus
souvenirs qui me grignotent le coeur


Elliott Smith - Somebody That I Used To Know

17-03-2010

L'angoisse n°3

Plus de trente auteurs se sont fendus le crâne pour vous ce mois-ci, c’est exclusif, c’est gratuit, c’est le numéro 3 de l’angoisse, c’est abusément long à télécharger mais les bonnes choses se méritent, s’attendent, se dégustent, c’est ici et pas ailleurs :

http://www.revueangoisse.blogspot.com/

A ne manquer sous aucun prétexte !

16-03-2010

Tout en bas des gens

Il regarde les jambes qui dépassent
sous le rideau des isoloirs
des genoux jusqu’aux pieds
et il se demande s’il pourrait deviner
pour qui vont voter ces personnes
simplement en observant leurs chaussures
le bas de leur pantalon
leurs jambes gainées de lycra
il se demande s’il n’y aurait pas
davantage à découvrir là
tout en bas des gens
alors qu’on lit si peu de choses
sur les visages
trop de maquillage
trop de masques
trop de rôles appris par cœur
et finalement il se dit que
tout ça n'a pas vraiment d'importance
pas plus que le contenu des
petites enveloppes bleues

15-03-2010

La boîte aux lettres 

C’est au bout du chemin. Y’a la boîte aux lettres. Et tu sais qu’elle est vide. Mais tu y vas quand même. Te dégourdir les jambes. Flairer le printemps qui bourgeonne. Caresser le paysage, le chat, la poussière qui s’accumule sur la vieille table de jardin. Et puis ça ajoute quelques grains au sablier de tes jours un peu trop vides.

Depuis que le Jean a foutu le camp de l’autre côté du rideau, t’as pas grand monde avec qui causer. T’as pas grand-chose à faire non plus. Le potager, c’est bien fini. Avec un dos comme ça, qu’est-ce qu’on peut faire ? Alors t’as vendu un bout du terrain. Sans le dire aux enfants. Finiront bien par le remarquer. Un jour ou l’autre. Mais ils viennent pas souvent. Pas le temps. Ils téléphonent parfois. Envoient une carte ou deux. Joyeux anniversaire. Bonne année.[Lire la nouvelle en entier]

14-03-2010

Etre

sans cesse différente
selon que je
console mes enfants
embrasse mon homme
salue la voisine
écris à ma grand-mère
bavarde avec la boulangère
me saoule avec des potes
échange quelques politesses
avec des collègues de bureau
rends visite à ma famille
refuse, non merci, d’écouter
plus longtemps le baratin
des témoins de Jéhovah
pleure au cinéma
enrage dans les bouchons
lis les étiquettes au supermarché
et c’est un peu comme si
j’ hébergeais en moi une
colonie de petits personnages
ce qui explique sans doute
le brouhaha permanent
dans ma tête

12-03-2010

 

Days...

Photos Marlene Tissot

11-03-2010

Ce matin

tandis que la neige fondait doucement
dans les rayons tièdes de mars, j’ai
étendu la lessive
envoyé les moutons brouter ailleurs
rangé les factures
sauf celles qu’on devra payer avec
un peu de retard
fait le lit
sorti la poubelle
rentré le courrier
préparé le repas
mis de la couleur sur mes lèvres
sans cesser de me demander en quoi
l’accomplissement de tous ces gestes
pouvait sembler si parfaitement normal aux gens
je n’ai pas encore trouvé la réponse
mais la neige continue de fondre
et je suis presque sûre qu’on est bien au mois de mars

10-03-2010

Fiat Lux

Et tu crois quoi ?
Que c'est aussi simple que ça ?
Qu'il suffit d'avoir le doigt
sur l'interrupteur pour prétendre
contrôler la lumière ?

09-03-2010

Cendrillon

London
Station Angel
Sous sol d’un Starbuck Coffee
Un thé gigantesque, dans un verre de carton. Pour réchauffer mes doigts. Le bout de mon nez. Mes pensées. Essayer d’y voir clair. Croiser des regards. Échanger des sourires. Peut-être même, quelques mots.
Je souffle sur le voile de vapeur Earl grey.
Il n’y a pas grand monde.
Dans l’angle, lové sur le sofa, un jeune couple vit ses premières heures de passion. Leurs yeux comme des lucioles électrisées. Ils ne parlent pas. Elle se mordille la lèvre. Il lui caresse la joue. Front contre front. Leurs jambes enchevêtrées. Comme s’ils n’étaient plus qu’un seul corps.
Je ne parviens pas à détourner le regard. Et ça fait comme des éclats de verre sous ma peau. Tranchants. Je frissonne. Besoin, subitement, d’être aimée. Non que je ne le sois pas. Mais lui et moi ressemblons davantage à des braises essoufflées sur un tapis de cendres.
Je me demande où est passée l’étincelle. Et le tas de brindilles sèches prêtes à s’enflammer au premier souffle. Envie d’allumer un immense brasier. Mais j’ai paumé les allumettes.
Le froid me griffe en dedans.
Dehors, le vent hurle dans les sanglots de pluie.
Il serait temps que l’hiver nous foute un peu la paix !

08-03-2010

Un dimanche comme un plat de nouilles froides

Les non-dits font comme des mines, planquées sous la peau grise des jours ordinaires, prêtes à nous péter à la gueule. Alors on avance sur la pointe des pieds, on échange quelques banalités, mais le coeur n'y est pas. Et les sourires restent figés dans un fond de beurre rance.

28-02-2010

Chos'e n° 3

Le n°3, de mars, de la revue Chos’e, d’art et de poésie, est paru.
35 auteurs s’y trouvent représentés.
Ce numéro comporte 158 pages.

Cliquer sur l'image pour aller lire !

27-02-2010

Pour combler les fissures

il avance tranquillement
ses pieds dans la boue
les semelles alourdies
dans sa poche, le téléphone vibre
il l’ignore
le chien remue la queue
promenade impromptue
le téléphone ne vibre plus
c’était sûrement Laura
il ne sait pas trop si c’est à lui ou elle de s’excuser
pas envie d’y réfléchir
attendre que le jour se lève dans sa tête
pour l’instant il pleut
sur lui, à l'intérieur de lui
alors il avance
tranquillement
voudrait bien se perdre dans la forêt
avoir peur du loup
ressortir du fond d’une malle ses terreurs de môme
ses espoirs et ses rêves gigantesques
il aimerait bien voir quelque chose
quand il se retourne sur sa vie
mais la vérité c’est qu’il n’y a rien
pas la moindre trace sauf
ses pieds dans la boue
un boulot merdique
un couple bancal
et après ?
Laura veut un enfant
Mais lui, il a peur que ce soit juste
pour combler les fissures
de leurs âmes ébréchées

26-02-2010


Bien que mes semelles ne soient
pas encore complètement usées

Il se pourrait bien que cette route
sous mes pas
ne mène nulle part
qu’aucun chemin n’aboutisse
où que ce soit et que
même Rome n’existe pas

Considérant cela
et bien que mes semelles
ne soient pas encore
complètement usées
j’ai décidé de
m’arrêter ici
quelque temps
puisque rien
ne presse

25-02-2010

Swiming poule

Parfois les rêves débordent,
inondent le réel
et le quotidien se met
à ressembler à une immense
piscine où surnagent
quelques
aléas
ridicules comme
des bouées à tête de
canard

24-02-2010

Microbe n° 58
 

Le 58ème numéro du Microbe est bouclé ! Il est même déjà posté !

Au sommaire :
Pascale Arguedas - Alexandra Bouge - Florence Boutet - Nilda Cepero - Hélène Dassavray - Anna de Sandre - Mireille Disdero - co errante - Cathy Garcia - Isabelle Herbert - Virginie Holaind - Jany Pineau - Nancy Quadflieg - Marlène Tissot - Anaïs Valente - Jasmine Viguier - Les illustrations sont de Martine Zimmer

Avec ce numéro, la revue a franchi le cap des 1000 textes publiés.
 

Le 24ème mi(ni)crobe, Les oreilles de Charles Bukowski, explorées par Hervé Merlot est prêt itou.

Les abonnés (« + ») le(s) recevront début mars.

Les autres ne recevront rien.
Pour tous renseignements, contactez Eric Dejaeger

 

19-02-2010

En attendant le générique de fin

parfois
la vie m'emmerde
autant
qu'un mauvais film.
mais je suis pas
du genre
à quitter la salle avant
la fin de la
projection.
est-ce seulement
pour éviter de
faire chier
les gens sur les sièges
d'à côté ?

19-02-2010

Revue l'angoisse n°2

L’ANGOISSE BAISE SANS CAPOTE !

le numéro deux de la revue l’angoisse vient de paraître !
plus gros ! plus fort ! plus long !

cliquer ici pour découvrir le sommaire et télécharger gratuitement la revue :

http://www.revueangoisse.blogspot.com

dans ce numéro, des textes, bandes dessinées, images, musiques et vidéos de :

ANDROVIRUS – ANDY VEROL – ANNE TRANCHAND – BENJAMIN MONTI – BORIS CRACK – CAMILLE PHILIBERT – CHRISTOPHE SIEBERT – DAVE 2000 – FLORIAN TOMASINI – ISABELLE SOJFER – JAURIS VALMERT – JEAN-MARC RENAULT – JOEL MAS – JR – KIOSAKU – MARLENE TISSOT – MERYL MARCHETTI – MORPHEE – PASCAL BOULANGER – PIERRE LE PILLOUER – REGIS BELLOEIL – REMO – SEBASTIEN LORAINE – SOOMIZ – THE OTHER COLORS – THOMAS VINAU – TST – VINCENT VUONG

18-02-2010

Ligne de conduite

Elle s’était fixé une ligne de conduite
et elle comptait bien ne pas en dévier
la suivre jusqu’au bout
coûte que coûte
avec la détermination
d’un chien flairant une piste
la rage d’un junkie sniffant
son dernier rail de coke

12-02-2010

Dans cette vie là

Il remet les crayons dans le pot
un peu d’ordre sur le bureau
salue quelques collègues encore là
à l’ombre de piles de dossiers
hautes comme l’Annapurna
il descend au parking
démarre sa voiture
passe le badge et regarde
la barrière se soulever docilement
emprunte la route, toujours la même
met le clignotant sans même y penser
tourne à droite, encore à droite
s’arrête au feu, grille un feu
prend à gauche
roule , roule, roule
se gare au pied de l’immeuble
vérifie le courrier, soupire aux factures
appelle l’ascenseur
quatrième étage, à droite au fond du couloir
et, devant la porte, les clés à la main
il se demande s’il sera jamais vraiment
maître de quoi que ce soit
dans cette vie là

11-02-2010

Racheter ses fautes

Les nuages moutonnent
Trop nombreux
Ont brouté presque tout le ciel bleu

    -  J’ai pas de père, tu me dis.
Et j’essaye de trouver le rapport avec ce dont on parlait juste avant. C’était quoi, déjà ? Ah oui, le hasard des rencontres. Toutes ces vies qui se croisent, se tissent, font des nœuds, se déchirent.

Tu regardes au loin. On dirait bien que je n’en apprendrais pas plus. Le point d’interrogation danse sur le bout de ma langue. Je ravale la question. Tu n’as jamais aimé les questions.

Lentement, tu viens cueillir un baiser. Un de ceux qui laisse fébrile. Affamé. Et quand nos bouches se séparent, tu gardes les yeux fermés.

    -  Elle n’a jamais rien voulu me raconter, ma mère. Tu murmures. Alors moi, j’ai imaginé les pires choses. Que mon père était un salop de première, une ordure, un monstre. Et je n’ai jamais pu décider si je devais le détester, ou racheter ses fautes en étant un fils exemplaire…

10-02-2010

Ta bouche sur le bord de la tasse

Avant de partir, tu as déposé dans l’évier, ta tasse. Il reste, au fond, une petite flaque de café froid et sur le bord, la trace de tes lèvres. Je ne passerai pas l’éponge dessus. Pas encore. J’attendrai quelques jours. Que tu sois rentré. Garder le souvenir de ta bouche ici, avec moi. Glisser ma langue dessus, si tu me manques trop fort.
Et je me demande d’où vient cette peur qui creuse mon ventre à chaque fois que tu prends la route pour un peu trop loin. À moins que tout ceci ne soit qu’une sale petite ruse pour oublier à quel point je déteste faire la vaisselle…

09-02-2010

Petit poème au présent, sur notre future rencontre, dans un bistrot démodé probablement

Entre ton ventre
et le mien
la table se
dessine un sourire
la carafe prend
des allures de cristal
et même le néon dans
son faux plafond nous
balance un rayon
d’astre millénaire
La danse des choses
entre avec nous
dans le tourbillon
grisant de
l’instant

08-02-2010

Quand les néons tremblotent

Certains matins un peu plus que d’autres
il se demande ce qu’il fout là
et à quoi bon tout ça
parfois il voudrait bien
voir voler sa vie en éclats
surtout
quand les collègues le
traitent de gros lard
l’appellent Moby Dick et lui
tapent sur l’épaule en se marrant
quand Barbara de la compta
n’est pas là avec son
sourire comme un baume apaisant
quand le téléphone sonne trop ou pas assez
que la machine à café est en panne
que le boss décide d’être encore plus
casse-couilles que d’habitude
quand le ciel tire ses rideaux gris
et qu’il faut éclairer les bureaux
quand les néons tremblotent
juste au dessus de sa tête
comme s’ils n’arrivaient pas à se
décider si oui ou non
oui ou non ?
Certains matins un peu plus que d’autres
il voudrait bien travailler
au dernier étage d’ un gratte ciel
ouvrir grand la fenêtre
et prendre son envol
avec l’élégance
d’un aigle
Royal

05-02-2009

La Belle Mère Dure n° 13 et les pies du POD n°5

La Belle Mère Dure pointe son treizième orteil et plante un joli coup de griffe dans nos endormissements de froide saison. En plus, y'a du beau monde à l'affiche ! A lire > ici <

A peu de distance temporelle de là, le POD n°5 joue les volatiles de mauvais augure, alléchant nos humeurs de chat dans son bel habit rouge et noir...  A lire > ici <

03-02-2010

Bridge over troubled water

C’est le titre, il me dit. Et il répète les mots, en les détachant bien, comme s’ils étaient d’une importance capitale : bridge    over    troubled    water.
Simon et Garfunkel, il ajoute.
Je me souviens de la pochette du trente-trois tours quand j’étais gamine, avec le petit brun et le grand blond aux yeux pâles.

Il tourne le bouton sur la vieille chaîne hi-fi. Pousse le son, très fort, comme pour éviter que j’entende ses pensées. Il balance son regard par la fenêtre, au loin, hors d’atteinte. Se drape dans une froideur hermétique. Et je ne sais pas quoi dire. Je décroise les jambes, tends une main timide. Mais sa posture décourage tout mouvement de tendresse. Alors je balaye quelques miettes imaginaires sur la nappe.

L’impression d’être sur ce foutu pont et de le regarder se noyer dans l’eau trouble. Sans trouver quoi faire. Sans comprendre ce qui cloche. Immobile. Inutile… J’aimerais qu’on m’explique comment le sauver, effacer le tableau noir de ses pensées, remonter le temps. Je voudrais lui tendre une corde d’amour tressé. Le tirer de là. Le libérer de ce je ne sais quoi qui l’empoisonne.

Mais tout est coincé en moi. Les sentiments comme des rouages rouillés. Je ne sais pas dire les choses comme il faudrait. Je ne trouve jamais le geste approprié. Je tiens ça de lui sans doute. Alors je murmure simplement, je suis là tu sais. Comme si, bordel, ça pouvait changer quelque chose !

Il ne répond rien. Serre les lèvres un peu plus fort. La gorge qui vibre, un sanglot qu’on étouffe, le léger soubresaut des épaules. Et puis plus rien. Il a déjà repris le contrôle. D’un revers de manche il torche ses yeux comme deux gosses capricieux.

Avec l’agilité d’un artiste, il se dessine un sourire. On devrait rejoindre les autres dehors, il dit. L’air rassuré. Comme s’il venait d’échapper à une terrible catastrophe. Et moi j’aimerais trouver la force de lui dire qu’un père, ça n’a pas l’obligation d’être fort tout le temps, ça a le droit de pleurer aussi…

02-02-2010

Soupe au lait

Béa tire le tabouret et se laisse tomber dessus. Les yeux rivés sur la casserole, elle écoute le bruit du lait qui chauffe lentement. Bientôt une fine pellicule se formera à la surface. Puis le liquide frémira, sifflera, enflera. Jusqu’au moment ou, de rage, il déchirera cette peau pour enfin déborder.
C’est inéluctable.
Comme les colères de Phil.

Bien sûr elle pourrait éteindre le feu sous la casserole.
Elle pourrait aussi s’en aller. Quitter cette vie tordue et douloureuse. Quand il s’agit d’y penser, tout cela à l’air d’une évidence déconcertante. Mais elle ne sait même plus mettre un pied devant l’autre. Elle reste simplement là. Immobile sur son tabouret. Dans la lueur bleutée des journées qui finissent avant même d’avoir commencé. La volonté éteinte. Comme si quelque chose en elle était brisé. Un mécanisme impossible à remonter.

Pendant une poignée d’instants, elle laisse son regard et ses pensées s’enfuir par la fenêtre. Un chien qui aboie dans la rue. Des pleurs de nouveau-né dans l’appartement au dessus. La voisine de palier qui simule un orgasme sous son shampoing aux herbes. Ou bien peut-être est-ce juste une publicité à la télévision ?

Puis la réalité reprend ses droits avec lait qui déborde, éteignant la flamme d’un pshitt définitif. Et au bout du couloir, une porte qui claque.

Les épaules de Béa s’affaissent. Son regard glisse au ras du carrelage. Elle tremble à la mesure des pas qui approchent. Nerveux. Agacés. Elle sursaute au bruit de la veste qu’on sort de la penderie, des cintres qui tombent en cascade, du juron qui explose, de la boucle de ceinture qui tinte, de la voix qui appelle, qui grogne, qui montre les dents, féroce.

Elle retient sa respiration et ses larmes. Rejoint Phil dans le couloir. Parce qu’elle sait qu’attendre un deuxième appel ne fera qu’empirer les choses. Tanner davantage sa peau. Et elle se dit que quelqu’un finira bien par entendre, comprendre, deviner, soupçonner ce qu'il se passe ici. Quelqu’un finira bien par la délivrer ! Elle espère. Blottie sous une épaisse cape de résignation. Car elle sait bien, malgré tout, que dans la vie les choses se passent rarement comme dans les films…

 

Son sourire

J’aimerais savoir comment elle fait
Pour porter chaque jour
Ce sourire lourd de bonheur vrai
Un peu comme si elle était
Tout le temps heureuse
Mais je sais bien qu’on ne peut pas
Etre tout le temps heureux
Il y a forcément des instants ou l’on a
Envie de pleurer, de mordre, de crier
Pourtant, on dirait bien
Qu’elle sourit toujours
Et peut-être même qu’elle dort
En souriant, paisiblement
Peut-être qu’elle dépose son sourire
dans un verre d’eau le soir
Qu’elle l’enfile à nouveau
Le matin, comme on
Enfile un slip

Je pense à ce qu’elle cache
D’intime sous ce sourire
Des béances et des cicatrices
Des vallées blanches
Jamais foulées
Des cavernes profondes
Terriblement sombres
Parce que son sourire est
bien trop grand
bien trop beau
pour ne rien cacher
de terrible

28-01-2010

Bouquet

Cueillir une pleine brassée
de petits bonheurs sauvages
les mettre dans un vase
en espérant qu'ils ne
faneront pas
trop vite

26-01-2010

POD

Une autre revue-en-ligne qu'elle fait du bien quand on la lit : le POD du sieur Roger Lahu. Le n° 4 vient de sortir et le 5 est déja impatient de venir nous séduire !

25-01-2010

Quelque Chos'e

Oui, c'est vraiment quelque chose cette revue Chos'e !

Le premier numéro annonçait déjà la couleur et on peut dire du second qu'il est haut en couleurs, fort en émotions, et d'une belle mixité !

A découvrir ici > CHOS'E

++ Bulletin d'abonnement gratuit
 

 

25-01-2010

Sitting on a cornflake, waiting for the van to come *

Aujourd’hui j’ai huit ans et demi. Tout pile. Je n’ai pas encore décidé quelle importance accorder à ce et demi. Le soleil ouvre un œil timide en paupière de nuage. On dirait qu’il n’en sait pas beaucoup plus que moi sur cette journée qui commence.
Les cornflakes se noient en silence dans mon bol de lait.
     - Prends un peu de sucre, dit maman.
     - J’aime pas ça !
     - Il fait froid dehors, mets du sucre, elle insiste.
Et moi, je vois pas le rapport. J’aime pas le sucre. Ni en été ni en hiver.
Maman soupire et verse une pluie de cristal blanc sur mes pétales en perdition.
     - Ça donne de l’énergie, elle dit. Ça fait grandir !
Mais je suis déjà terriblement grande. A l’intérieur. Alors qu’aux yeux du monde, sans doute, je suis toute petite. Minuscule. Presque invisible. Telle poucette sous son pétale de rose, dans sa coquille de noix.
Alors je m’assoie sur un cornflake et j’attends. Papa finira bien par revenir, comme il est parti, cheveux au vent, au volant de son combi jaune. Et les nuages deviendront roses. Il pleuvra des larmes joyeuses, les points d’interrogation prendront leur grand envol vers de lointains pays, celui où poussent des oranges sans le moindre pépin, sans la moindre amertume.
     - Arrête de rêver et finis ton bol, dit maman. Tu vas encore être en retard à l’école.

[* I am the walrus - The Beatles - clic to listen]

22-01-2010

Nouveaux Délits n° 35

AU SOMMAIRE
 
Délit métropolitain : Metropolis song de Gaëlle Josse (Yvelines)
 
Délits de poésie éparpillés :
Cristina Castello (Argentine), poèmes de son recueil tout frais Orage/Tempestad
Nathalie Riera (Var), extraits d’un recueil tout frais lui aussi, ClairVision
Cathy Garcia (Lot), nouvel extrait des Chroniques du hamac
 
Délit tramé : Beb Kabahn (Pyrénées-Atlantiques)
 
Délits en morceaux de choix avec Jany Pineau (Loire-Atlantique) et Marlène Tissot (Drôme)
 
 
Illustratrice  : Cathy Garcia

21-01-2010

Mell (un peu de pub à la belle)

Il y a pas mal de temps déjà, j'avais chroniqué Mell sur sistoeurs.net. C'était après l'avoir vue une première fois en concert. Depuis, je l'ai revue plusieurs fois, dans plusieurs salles et différents contextes (solo, duo, groupe). Et je dois dire c'est toujours aussi jouissif de l'écouter, de la regarder faire le pitre. Mais aussi de dénicher des pensées douces-amères, à vous retourner les tripes, au détour d'une chanson qu'elle envoie, mine de rien, avec son air de sale gosse adorable...
En attendant avec impatience son nouvel album (prévu sous peu) pourquoi ne pas se réécouter un peu tout ça:

Pour les dates de concert, voir l' agenda sur son myspace.

Et pour découvrir ses maux et merveilles, ses petites poésies qui font pas caca dans la dentelle, ses pensées impertinentes à souhait, il y a le dernier recueil de la miss (+ d'infos également sur son myspace pour savoir où trouver ce book)   

Ennemies intimes

Mon mari et moi avons les mêmes goûts en matière de femmes. Celles qui deviennent mes amies ne le restent, par conséquent, jamais très longtemps...

19-01-2010

Pas à pas

Photo Marlene Tissot

Intersection

C’était juste un gars rencontré
comme ça, à l’intersection d’un
jour vide et  d’une nuit froide
au moment où la lumière s’incline
en pente dangereusement glissante
quand on s’accroche au premier
sourire venu pour ne pas tomber
à l’instant ou tout ce que l’on
demande, pour avoir la force de
continuer, c’est un peu de chaleur

18-01-2010

Entre le plante verte et la table basse

Calé contre les coussins, il essaye de maintenir son sourire en équilibre. Il sirote un café en hochant la tête, de temps en temps, lance quelques hummm assortis d’un regard pénétré. Il prend l’air parfaitement absorbé par la conversation. Il réprime un délicat rot d’ennui et se demande s’il lui faudra attendre encore longtemps avant de pouvoir culbuter Sophie ici, sur la moquette, entre la plante verte et la table basse.
Dans le doute, il se sert une nouvelle tasse de café. Avec deux sucres. Non finalement trois.

Fish Tank

Tu regardes le poisson rouge tourner sans fin dans son bocal
Parce que tu n’as pas grand-chose de mieux à faire
Et tu te demandes lequel de vous deux est le plus à plaindre
Bien que tu n’aies pas très envie de connaître la réponse

15-01-2010

Ou en tout cas pas grand chose

Ce matin elle est restée très longtemps sous la douche, à rincer ses idées noires, à lessiver ce foutu cafard et, quand la pluie a cessé, elle était un peu moins terrifiée à l'idée que, probablement, elle ne ferait rien de sa vie. Ou en tout cas pas grand chose...

14-01-2010

Avoir des rêves (mais pas de ceux vendus en conserve...)

13-01-2010

Géographie à humeurs variables

J’ai des rides dans le cœur
Qui ressemblent à des canyons
A force d’avoir trop souvent
Plissé mes sentiments

11-01-2010

Yellow Ledbetter

Lyrics meaning ?

10-01-2010

En équilibre sur l'instant

Elle hésite entre un thé
à la mûre et
du Earl Grey
elle baille
passe une main dans
ses cheveux défaits
me dit que plus tard
elle voudrait vivre à
Brighton
se demande pourquoi ses
copines n'y pigent rien
à l'amitié fille-garçon
elle se moque du shopping
des soldes et de toutes
ces conneries
me parle du livre qu'elle
est en train de lire et
qui la bouleverse
elle baille
s'étire
caresse le chat puis
sans prévenir
elle me prend dans
ses bras et me dit
je t'aime maman

09-01-2010

La neige par ma fenêtre ce matin

Photos Marlene Tissot

08-01-2010

Et je me demande quel est ton secret

Quand tu m'agaces
que l'air devient irrespirable
que les boulons se desserrent
et que tout devient bancal
quand notre histoire ressemble
à un château de cartes prêt à
s'écrouler au premier
battement de cils
Je pense à si tu n'étais
plus là, si tu
disparaissais subitement de
ma vie et je réalise
à quel point je t'aime
au delà des tempêtes
et de toutes les mers à boire
Et je me demande ensuite
quel est ton secret à toi
pour réussir à me
supporter...

07-01-2010

[Avertissement]
Le bruit de la chrysalide

Mon Nuage fait peau neuve, attention aux outils qui risquent de traîner pendant les travaux, gaffe aux courants d'air, aux trous mal rebouchés... Les choses vont retrouver leur place tout doucement

06-01-2010

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