Nobody loves you when you're down and out
Nobody sees you when you're on cloud nine

 

Nobody loves you (when you're down and out), John Lennon



 

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Vieilleries

 


[L'auteur]

Marlène TISSOT est venue au monde inopinément. A cherché un bon bout de temps avant de découvrir qu'il n'y avait pas de mode d'emploi. Sait dorénavant que c'est normal si elle n'y comprend rien à rien. Raconte des histoires depuis qu'elle a dix-ans-et-demi et capture des images depuis qu'elle a eu de quoi s'acheter un appareil. Ne croit en rien, surtout pas en elle, mais sait mettre un pied devant l'autre et se brosser les dents. Ecrira un jour l'odyssée du joueur de loto sur fond de crise monétaire (en trois mille vers) mais préfère pour l'instant se consacrer à des sujets un peu moins osés.

 


 

[Editions]

 

 

Mailles à l'envers
Editions Lunatique, collection Romans

Primé au festival Premier Roman de Laval
 


Sélectionné pour représenter la France au Festival Européen du premier roman à Kiel


 

Les choses ordinaires
Kiss My Ass Editions
 


 

Mes pieds nus dans tes vieux sabots bretons, collection 8pA6 de La Vachette Alternative


 

 

Nos parcelles de terrain très très vague, Éditions Asphodèle, Collection Minuscule

 

disponible également via Fnac, Chapitre, Amazon,

Place des Libraires
 

 

London Trip Diary, At Home Editions

 


disponible via

 

 

Celui qui préférait respirer le parfum des fleurs, collection 8pA6 de La Vachette Alternative

 

 



 

[Parutions en revue]

 

A la dérive - L'Angoisse - Charogne - Chos'e - Dissonances - Interlope - Interruption - Katapulpe - L'Autobus - Levure Littéraire - Mauvaise graine - Microbe - Magnapoets - Nouveaux Délits - Revue Squeeze - Traction Brabant - Trace écarT - Le Zaporogue 


 

[Participations]

 

CroutOthon - FPDV - Le Quotidien des Martyrisés - Les 807 -  Les Etats Civils - Les Histoires Noires - OnLit - Sistoeurs.net - Vents Contraires - Vous dites ? 
 



[Email]

 

marlene.tissot@gmail.com
 

[Marlène ailleurs]

 

Sur Flickr
Sur DIYZines
Sur Les Etats Civils
Sur Sistoeurs.net
Sur On Lit
Sur Vents Contraires
Sur Fulgures.com

 


 

[Liens]

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Lundi 31 décembre 2012

Irréalité

J'ai parfois envie
de tomber amoureuse
de quelqu'un
qui n'existe pas
 

The love that lasts the longest is the love that is never return [W. Somerset Maugham]


Mauvaise graine

Le 71ième numéro de la revue MGV2 est sorti et il est placé sous le signe du GOLF, c'est à dire "Gentlemen Only, Ladies Forbidden". Mais l'obéissance n'étant pas ma principale vertu, j'ai chaussé ma peau d'homme pour y glisser une nouvelle très mâle. La revue se commande dans sa version papier sur Lulu et peut également se lire en ligne ici.


Dimanche 30 décembre 2012

Le trou

Ces choses rassurantes
qui me parlent de la vie
aussi bien qu'une paire de
chaussettes trouées
 

Bon voyage


[Photo Marlene T.]
 


Samedi 29 décembre 2012

Maladie

Les rêves n'ont pas toujours
le goût sucré
d'une nuit étoilée
Ils te font peur parfois, les rêves
et leur grandeur d'ogre vorace
ils avalent le temps que tu crois perdre
mais aucune seconde n'est jamais vaine
ni gaspillée
lorsqu'elle est passée
à respirer en direction de l'espoir
(paraît-il)
pourtant, tu te dis que le rêve
c'est comme un cancer
silencieux
qui te ronge lentement
sans jamais lâcher prise
une maladie dont tu aimerais guérir
sans chimie
ni substitut
simplement en fermant les yeux
pour voir plus près de
la réalité
 


Vendredi 28 décembre 2012

Microbe n°75
 



Ce numéro a été préparé par Jany Pineau.

Au sommaire :
Samantha Barendson
Anna de Sandre
Cathy Garcia
Isabelle Guilloteau
Virginie Holaind
Sabine Huynh
Perrine Le Querrec
Murièle Modély
Emmanuelle Pagano
Catherine Peintre
Jany Pineau
Cécile Portier
Céline Renoux
Khun San
Marlène Tissot
Jasmine Viguier
Illustrations : Sabine Danzé

Les abonnés le recevront dans quelques jours.

Les abonnés « + » recevront également le 38e mi(ni)crobe signé Murièle Modély : À LA LETTRE.

Comme d’habitude, les autres ne recevront rien !
Pour tous renseignements, contactez Eric.


Mercredi 26 décembre 2012

Piste d'envol


[Leçon de danse, Valence 2005, Photo Marlene T.]
 

Innocent blood
[Un texte cadeau du poète-revuiste-éditeur Walter Ruhlmann]

Innocent Blood
for Marlene T.

She makes me think of a bird:
not one with wide wings
spanning yards when it flies.
No. She hides behind her books
and she looks like a sparrow,
a robin or a swift.
She knows when seasons shift,
when time has come to play dead
or imagine the tide
invading her brain or flooding her heart.

We met through shorts and lines,
it was in Spring maybe,
this is not so clear now.
She came covered in snow,
she had written something on the back of her hands,
under her blue eyelids,
she had strange eyelashes.

She knows how to seduce me with words,
all these precious gems she affords.

Lately, the dark rhymes she sent
pierced my soul, deeper than expected,
recent feeling I resented feeling.
I don't blame her for that
she only shared her art
masterly crafted, issued from the tips
of her fingers, from the depths
of her spirits and from the strength
of her rage.

L'innocente

à Marlène T.

Elle me fait penser à un oiseau:
pas l'un de ceux aux ailes larges
à l'envergure kilométrique quand ils volent.
Non. Elle se cache derrière ses livres
et ressemble à un étourneau,
un rouge-gorge ou une hirondelle.
Elle sait quand changent les saisons,
quand il est l'heure de faire le mort,
où d'imaginer la marée
qui envahit son esprit ou son coeur.

Nous nous sommes rencontrés avec des textes courts, des vers,
c'était au printemps peut-être
tout ça n'est plus si clair.
Elle était couverte de neige
et avait écrit quelque chose au dos de sa main,
sous ses paupières,
ses cils étaient étranges.

Elle sait me séduire avec les mots
comme des joyaux qu'elle offre au monde.

Récemment, la sombre comptine qu'elle m'a envoyée
a percé mon esprit, plus que je ne m'y attendais,
des sentiments récents que je refusais d'éprouver.
Je ne lui en veux pas
elle n'a fait que partager l'art
qu'elle façonne à merveille du bout
de ses doigts, du fond
de son esprit et à la force
de sa rage.
 

Lundi 24 décembre 2012

La poussière

Tu souffles quelques mots - simples - à mon oreille - et c'est comme un vent - indocile - qui viendrait bousculer - la poussière dans mes pensées - Ce que je regarde - avec tes yeux - ressemble à un paysage - débarrassé de sa saleté
 

Si les mensonges faisaient pousser les arbres


[Photo Marlene T.]
 


Dimanche 23 décembre 2012

L'humeur du dimanche : Apprendre à voler


[Monty Python]
 


Samedi 22 décembre 2012

Une pluie de confettis

Asphodèle crée une nouvelle collection.... Elle se nomme "confettis" : 10 pages, 10X15, 2€. La collection s'ouvre avec 9 titres d'emblée.... Tous les auteurs "historiques" ont répondu. Stéphane Prat, Thomas Vinau, Guillaume Siaudeau, Marlène Tissot, Cathy Garcia, Anne Jullien, Pierre Soletti et Jean-Luc Nativelle. Qu'ils soient remerciés... Les huit premiers sont dispo. On commande ICI


 


Vendredi 21 décembre 2012

Gourmandise

Garder
le meilleur
pour la faim
 

Slice of life


[Avignon Septembre 2002, photo Marlene T.]
 


Jeudi 20 décembre 2012

Y'a de la joie

Les préparatifs
Les centres commerciaux qui dégueulent
de la chair humaine pressée jusqu'à l'os
Les pères-noël factices qui planquent
leur précarité sous une barbe mal collée
Les marrons dans le cul de la dinde
Les mômes qui s'impatientent et
se font enguirlander comme le sapin
Elle pique un peu cette joie-là
n'est-ce pas ?


The nightmare before christmas


Une bouffée de haine pour tout ce qu'il voyait emplit son âme, et s'étendit comme les motifs circulaires et concentriques des carreaux du métro [] La rue maculée de lumière... [La famille Royale, William T. Vollmann, trad. Claro]
 


Mercredi 19 décembre 2012

L'instant qui précède

Tes cheveux sont devenus blancs du jour au lendemain et tout était blanc autour, les murs de la chambre, les blouses des infirmières, les draps, tes regards qui se posaient sur nous et nous traversaient, comme si nous avions disparu. Nous étions tes fantômes. La vie et la mort s'amusaient à échanger leur costume, à brouiller les pistes, pendant l'instant qui précède la fin.
 


[Valence, Photo Marlene T.]
 


Mardi 18 décembre 2012

Mandala

Il y a ces jours où
la vie ressemble à un mandala
ces petites choses qui reviennent
cycliquement
entrelacs de détails intimement liés
dessinés comme un labyrinthe
dont on cherche inlassablement
l'issue


Enfermé dans l'image


[Berlin, photo Marlene T.]
 


Lundi 17 décembre 2012

De loin

La nuit, la ville scintille sous ses lumières
comme une femme couverte de bijoux clinquants
belle, mais seulement de loin


Il est temps de prendre le temps (en otage)


[Berlin, photo Marlene T.]
 


Dimanche 16 décembre 2012

L'humeur du dimanche


[Imaginez un instant les tablées de fêtes de fin d'année qui se préparent via la lorgnette de ce petit extrait... tout de suite, je retrouve le sourire! Désolée, mais les orgies de bouffe et la surconsommation, ça me dégoûte encore plus que le caca.]

 


Samedi 15 décembre 2012

Mon chéri,

L’horoscope a été formel, cette semaine nous devons rompre et je vais sans doute beaucoup pleurer mais d’un autre côté, je dois également m’attendre à une bonne nouvelle dans ma vie professionnelle. Tu sais à quel point c’est important pour moi ! Je ne peux prendre aucun risque. Des hommes, il y en a plein les rues et je ne suis pas très regardante sur la qualité. En revanche, je nourris de grandes ambitions professionnelles. Tu me vois donc au regret de te signifier ton congé sans préavis. Tes qualités humaines et tes performances sexuelles ne sont bien entendu aucunement en cause, rassure-toi. En espérant que tu retrouveras rapidement un autre poste de conjoint modèle, je te prie d’agréer mes sentiments astrologiquement dévoués.

Ton Irma
[Initiation à la lettre de rupture, bientôt dispo via DIYZines]
 


Vendredi 14 décembre 2012

Marcher au pas

Vivre avec son temps
est-ce nécessairement
s'efforcer de suivre
le rythme du troupeau ?


Machines et inventions
 

Le n°6 de la revue l'Ampoule est sorti, et on y trouve de sacrées inventions !
Dans ce numéro, vingt textes et onze illustrations à découvrir sur le thème des machines et des inventions.
Merci à tous les participants : Raymond Penblanc, M-Rose Cornu, Christian Jannone, Philippe Sarr, Sébastien Marcheteau, Arthur-Louis Cingualte, Romain Giordan, Christian Attard, François Cosmos, Alain Lasverne, Marc Laumonier, Yokshares, Marianne Desroziers, Serge Cazenave-Sarkis, Édouard.k.Dive, Catherine Bédarida, Jacques Cauda, Benoît Patris, Georgie de Saint-Maur, Antonella Fiori, Philippe Choffat, See Real, Chris Simon, Marlène Tissot, Florence Dupin, Diane Comte Frost, Natacha Gréget, Hugues Breton, Marray, Julie Garnier, Gilbert K. et KOWALSKI.
 


Jeudi 13 décembre 2012

Together alone

On te répète jour après jour
que seul tu n'es rien
alors doucement
tu deviens
rien
 

La nuit serait brumeuse, avec des
diadèmes autour des lampadaires
[La famille Royale, William T. Vollmann, trad. Claro]


[Photo Marlene T.]
 


Mercredi 12 décembre 2012

Escapade

Cette manière de s'en aller sans partir
lorsque ses yeux regardent
là où personne d'autre
ne peut voir
 

Going nowhere


[Berlin, Photo Marlene T.]
 


Suite à une mauvaise manip, tous les posts du 4 novembre au 11 décembre 2012 ont disparu dans les limbes du virtuel. Evidemment, je n'avais pas fait de sauvegarde...
 


Samedi 3 novembre 2012

Ça ne se fait pas

On se planque
même à l’écrit
sous le second degré
la métaphore
la poésie
parce que dire les choses simplement
dire le vrai
le cru
c’est un peu comme regarder un inconnu
droit dans les yeux et lui parler
c’est suspect
et grossier
alors on se contente de noter
merde à celui qui le lira
sur les murs des chiottes publiques
pour évacuer le trop plein
sans heurter personne
 

Burn


[Lyon, Photo Marlene T.]
 


Vendredi 2 novembre 2012

Sans visage

Quelqu'un sans visage te dit des choses douces quelque part de l'autre côté de l'écran. Il y a cet instant au sommet duquel tu te retrouves en équilibre à te demander si c'est mieux ainsi, ce petit froid qui persiste par delà la barrière lumineuse de l'écran - Comment s'émouvoir vraiment sans peau ni regard ni sourire ni voix ? - Une réponse, un clic, retour à l'ordinaire, oublié, pfuitt. Il y a cet instant au sommet duquel tu te retrouves en équilibre à penser à la vie de ce quelqu'un sans visage qui te dit des choses douces - Il n'y a pas toujours besoin de peau de regard de sourire de voix pour sentir la chaleur.

 


Jeudi 1 novembre 2012

Sélection 2013 pour le prix du Premier Roman
 

La voilà annoncée la sélection du cru 2013 - Et il y a de la Maille à l'envers à l'intérieur - Et ça me fait un peu drôle quand même - Et je me dis qu'avec mes lainages détricotés je vais mettre un beau bazar à Laval - Et j'ai vaguement l'impression d'un truc qui cloche - Surtout quand je vois le reste de la sélection - Et je me dis qu'il en faut pour tous les goûts - Et j'y peux rien, c'est comme ça, quand il m'arrive des trucs chouettes j'ai toujours dans l'idée qu'il y a erreur sur la personne - Et je me fais toute petite - Et j'essaie qu'on me remarque pas - Et on me suggère que peut-être ce n'est pas la bonne méthode - La bonne méthode pour quoi, au juste ?


Pas quelqu'un d'autre

Errer c'est n'aller nulle part
n'est-ce pas?
et bien, c'est là où je vais
où je suis
d'où je viens
nulle part et
on pourrait parfaitement dire que
je n'existe pas
en quelque sorte
mais ce n'est pas tout à fait la même chose
que chercher à être quelqu'un
d'autre
 

La chose (qui n'existe pas)


[Lyon, Photo Marlene T.]
 


Mercredi 31 octobre 2012

Contrôle tes émotions

Parfois ta voix tremble un peu et je vois bien que tu n'aimes pas ça. Quelque chose au creux de toi qui gueule "contrôle tes émotions pauvre con". Et sur moi, ça tremble aussi quand tu me parles. Le menton, la lèvre inférieure, un peu comme si j'allais chialer. Les petits muscles de mon visage qui s'en donnent à coeur joie pour me coller des grimaces ridicules.
J'essaie de me détendre, mais les mains sont moites et le dos tendu. Je m'agrippe à tes mots. J'y plonge. Et, ne te méprends pas, tes paroles m'intéressent réellement. Mais parfois, des pensées parasitent ma tête. Je me mets à imaginer des trucs comme, passer ma langue sur ta joue râpeuse ou mes mains à rebrousse poil dans tes cheveux.
Alors j'évite de croiser ton regard, de peur que tu ne lises en moi des choses qui ne veulent rien dire. Des choses que je ne comprends pas. Je contrôle mes émotions. Je contrôle.


Etre ici c'est beaucoup [Rilke]


[Lyon, Photo Marlene T.]
 


Mardi 30 octobre 2012

J’emmerde les cris de victoire

On nous abreuve dès l’enfance du désir de gagner
sans songer à l’utilité de nous apprendre
à perdre
 

Avant - Après


[Photo Marlene T.]
 


Lundi 29 octobre 2012

La vie, la mort

Il pense que le bonheur n’est pas loin sans doute, mais qu’il n’a aucune envie de lui courir après.
Il pense que le bonheur n’est pas un chien à domestiquer mais une invention marketing.
Il pense que le chagrin n’est pas une maladie et n’existe pas vraiment non plus.
Il pense qu’il est vivant et ça lui fait peur parfois.
Peur comme d’être à la tête d’une puissance infinie dont il ne maitriserait pas le mode d’emploi.
Il pense qu’il devrait faire quelque chose de tout ce qu’il a entre les mains mais il n’en a pas la moindre envie.
Il pense qu’il est ingrat.
Il pense qu’il n’en a rien à foutre de l’ingratitude.
Il pense que la vie, on n’en a pas plus conscience que la mort.
Il pense que s’il était mort ça ne changerait pas grand-chose.
Ni pour lui ni pour les autres.
Il pense qu’il aimerait arrêter de penser.
Et que ça finira bien par arriver.
 

Little guns


[Sang bleu, Photo Marlene T.]
 


Samedi 27 octobre 2012

Un petit nouveau dans la collec' At Home éditions

Aujourd’hui, il n’est plus permis de vieillir !

A partir d’illustrations tirées de la presse féminine et masculine et d’innombrables publicités vantant la cosmétique du lisse, ce petit ouvrage raconte la peur de vieillir qu’on nous infuse mine de rien dans la pensée à grand coups de baguette marketing.

Non, vieillir ce n’est pas grave. C’est ce qui arrive aux vivants.
 

Aujourd’hui, il n’est plus permis de vieillir
Il faut rester actif
Efficace
Sportif
Compétitif
Jovial

Il faut rester beau–fort–lisse
Sexuellement actif et désirable
Soigner son corps
Garder sa joie niaise d’adolescent
 

Il faut être performant, séduisant
Ne jamais fatiguer
Savoir s’amuser

Ne surtout pas laisser le temps gagner, tracer ses sillons, nous amoindrir

Le temps est devenu l’ennemi public n°1

L’éternité est un territoire à conquérir
 

Fanzine disponible via la plateforme DIYzine

 


Vendredi 26 octobre 2012

In Real Life

La frontière est de plus en plus mince entre le virtuel et le réel.
Bientôt, on n’aura même plus besoin d’exister pour de vrai.


Les murs ont la parole


[Photo Marlene T.]
 


Mardi 23 octobre 2012

Pamela

Quand maman me faisait trop mal, j’avais l’impression de ne presque plus l’aimer. Je n’avais plus envie qu’elle soit ma mère, plus envie d’aimer personne. Sauf peut-être Pamela, et j'aurais sans doute dû m'en abstenir.
Un matin de printemps, un nouveau gamin est arrivé dans la classe. Il était grand et blond et son regard pétillait. Il portait des pulls rouges ou verts ou bleus. Il était plein de lumière. Tout le monde semblait ébloui. Il jouait au foot mieux que personne. Dans la cour de récré, les visages étaient tous tournés vers lui. Les filles rosissaient lorsqu’il les regardait. J’étais pas vraiment jaloux, mais je l’observais avec une vague inquiétude. Un matin, il est allé vers l’une d’elles pour lui demander si elle voulait être son amoureuse. La fillette a étouffé un petit rire nerveux avant de hocher la tête vigoureusement. C’était Pamela. J’étais juste à côté.
Je les ai regardés s’éloigner main dans la main. J’ai même pas chialé. Je mordais l’intérieur de mes joues très fort. Puis je suis allé rejoindre les autres qui jouaient au foot. Je cognais dur dans le ballon en imaginant que c’était la tête du nouveau. Ce sale petit vaurien. Je shootais méchamment et la balle a filé droit vers une fenêtre. La vitre a explosé. Le maître m’a attrapé par l’oreille, il criait. J’ai été puni.
Pamela est venue me consoler mais je l’ai ignorée. «Pourquoi tu ne me parles plus ?» elle a demandé. Je lui ai fait une réponse en forme de question «Pourquoi tu ne veux plus que je sois ton amoureux ?». Elle a eu l’air surpris. «Mais... toi et moi on est amis.» elle a murmuré. L’envie de chialer est revenue. Je me suis remis à mordre l’intérieur de mes joues. Ça saignait un petit peu. Mes mots étaient coincés avec la chair entre mes dents. Je me suis barré en courant et j’ai entendu Pamela crier «T’es mon meilleur ami Franck !». J’aurais certainement dû m’en réjouir mais ça m’a juste fait encore un peu plus mal. ["Les voix", roman en cours de tricotage]



Neighborhood


[Photo Marlene T.]
 


Lundi 22 octobre 2012

Les moutons et les monstres

Mary dit, quand j'étais petite, les monstres n'étaient pas sous mon lit. Non. En dessous il n'y avait que des moutons de poussière inoffensifs. Des petites boules de crasse duveteuses que je serrais dans le creux de la main. Pas pour les tuer mais juste pour sentir comme je pouvais être forte parfois si je voulais bien m'en donner la peine.
Je savais être plus forte que la poussière mais pour le reste... Les monstres n'étaient pas planqués sous mon lit. Non. Ils s'invitaient à l'intérieur, dans le chaud des draps, dans les replis de mon corps. Ils étaient plusieurs. Un au bout de chaque doigt de papa et je songeais parfois à leur trancher la tête mais d'autres auraient sans doute repoussé. Il y a des monstres plus difficiles à tuer que d'autres. Papa était comme l'hydre et moi, je n'effrayais que les moutons. ["Les voix", roman en cours de tricotage]
 

Easy like a monday morning


[soleil froid, Photo Marlene T.]
 

Nanook Webzine
 

Mailles à l'envers continue de se tracer un petit chemin mine de rien et ça fait chaud en dedans ! Merci à Laetitia pour sa chronique sur le chouette webzine Nanook.

 


Samedi 20 octobre 2012

L'angoisse

Aujourd'hui, sortie du n°3 de L'Angoisse dans sa version papier et, pour l'occasion Christophe Siébert sera à la ZAL avec une belle pile de revues prêtes à se faire adopter ! Abonnez-vous, qu'ils disaient (c'est bon pour la santé mentale des auteurs et artistes participants, tant qu'ils sont en vie!)

Je serai également présente à la ZAL, salle Pétrarque à Montpellier, à roder du côté du stand librairie pour vous glisser quelques Mailles à l'envers, histoire de se préparer pour les longues soirées à venir...


Arachnophilie (20)


[Photo Marlene T.]
 


Vendredi 19 octobre 2012

Je suis sale

Parfois je suis sale parce que j’oublie
j’oublie les gens autour de moi
la bienséance
la politesse
les gestes simples
j’oublie comment on tourne un robinet
j’oublie que je n’ai plus d’eau chaude
j’oublie de payer la facture d’électricité
je n’ai plus d’énergie
plus de jus

Parfois je suis sale parce que j’oublie
j’oublie mon odeur
je l’apprivoise
elle me tient compagnie
je passe les doigts dans mes cheveux rêches
comme de la paille
je suis sur la paille
je pue

Parfois je suis sale parce que j’oublie
j’oublie que je suis quelqu’un
j’oublie comment on fait
pour être quelqu’un
 

Histoire sans paroles (suite)


[Photo Marlene T.]
 


Jeudi 18 octobre 2012

Le Freak c'est chick

Ce mois-ci, sortie du n°3 de Freak Wave, revue subversive et misanthrope, aux Éditions Bruit Blanc. « Radicalement subversive, dérangeante, voire noire, la revue Freak wave est un mélange de styles, de générations et d’origines unifiés dans un même thème : un insolent parti-pris misanthropique. Donner libre cours aux humeurs, fussent-elles fielleuses ou cyniques, aux antipathies pathologiques ou plus simplement à la sincérité.

Freak wave, c’est l’art descendu de son piédestal, ébouriffé de contre-culture et d’imagerie populaire. Peintures de fêtes foraines, photomontages troubles, dessins porno-sociaux, pamphlets rageurs, prose décadente et poésie kamikaze participent de la subversion, à contre-courant de l’art officiel engendré par les écoles des Beaux-Arts du Commerce et de la Banalité Equitable. »

Au sommaire de ce numéro : Féebrile, Patrick Jannin, Chloé Mathiez, Jérôme-David Suzat-Plessy, Xiaoqing Ding, Joko, Christophe Ripa, Fredox, Ludovic Levasseur, Thierry Théolier, Nick Zedd, Marlène Tissot, Paul Torres, Ninilazee, Stephen Somers, Jean-Louis Costes, Pierre-François Moreau, Anne van der Linden, Jérôme Bertin, Olivier Allemane, Bruno Richard, Gregory Jacobsen, Angelo, Christophe Siébert, Andy Verol, Lisa B. Falour, Domale, Dom Garcia, Bruno Baloup, Kiki Picasso, Muzo, Vincent Ravalec, Alex Rossi, Renaud Brébant, Pascal Doury, Hou Junming, A-geng, Yang Yijiang, Su Xinping, Feng Zhengjie, Li Wei

Présentation du numéro le 28 octobre à la librairie Le Monte en l'air et exposition au Musée de l'érotisme à partir du 15 novembre.


Non, vraiment


[Bruxelles, Photo Marlene T.]
 

On ne sait jamais

Je lui montre la cicatrice encore très visible sur mon orteil. J’avais onze ans. J’étais allée, en cachette, hacher du bois parce que l’outil me plaisait. Son tranchant, son poids. Son allure d’arme. Je l’ai lâchée sur une bûche, un peu maladroitement. La lame a écroulé le rondin, a tranché le cuir de ma chaussure et un bout de ma peau et un bout de ma chair.

Il regarde mon pied comme si c’était mes seins ou mon sexe. Il pose son index délicatement sur la cicatrice nacrée et il dit : je t’aime. Moi,  je me demande si ce ne sont pas plutôt toutes les histoires que je lui raconte qu’il aime. Alors je garde mes vêtements bien boutonnés, bien verrouillés. Et puis je me mets à parler du temps qu’il fait. On ne sait jamais...
 


Mercredi 17 octobre 2012

Nous

Ce n'est pas toujours facile
d'extirper le je du nous
quand il dure depuis si longtemps
quand il est devenu si confortable
ce nous
comme un petit intérieur meublé
trop meublé, peut-être...
 

Let me out


[Bruxelles 2012, photo Marlene T.]
 


Mardi 16 octobre 2012

Going backward

Autrefois, lorsque j’étais enfant, j’aimais regarder le soleil en face puis fermer les yeux pour voir des formes blanches et mouvantes se dessiner sous mes paupières. J’aimais aussi beaucoup marcher pieds nus et sentir la matière me raconter des histoires, le parquet, le lino, la vase, le sable, le gravier qui blesse un peu, les brins d’herbe qui se coincent entre les orteils. Aujourd’hui, je n’y pense plus trop et je me demande ce qui a fait changer tout ça, pourquoi en grandissant on perd cet émerveillement pour les choses minuscules ?

Sans doute, comme tout le monde, je sais confusément pourquoi et c’est plus simple de ne pas se poser la question. Un adulte ne doit plus perdre son temps avec les choses inutiles. Ne doit pas s’amuser bêtement, doit éviter de rêver par crainte du réveil douloureux. Un adulte doit réfléchir, penser en termes d’avenir professionnel, en termes de confort matériel, en termes de consommation, de concurrence, d’efficacité, de sacrifices, en termes de famille à fonder, d’enfant à éduquer, de vacances à planifier. Un adulte doit être raisonnable, responsable, doit adapter sa ligne de conduite à la raideur de la société, se fondre dans la masse. Grandir, c’est devenir docile, courber l’échine, se plier aux exigences, rentrer dans le rang, éviter la sanction, éviter l’exclusion, ne pas se faire remarquer, ne pas rire trop fort, ne pas pleurer non plus ou alors seulement sans raison.

Est-ce qu’on nous apprend toutes ces choses ? Est-ce qu’on y glisse insidieusement par mimétisme, qu’on y succombe par fatigue ? Est-ce qu’on se laisse décolorer l’âme un peu trop facilement ?

Autrefois, lorsque j’étais enfant, j’aimais poser un cube de sucre sur ma langue et le presser contre mon palais et sentir ses arêtes pointues s’arrondir doucement, s’adoucir, se liquéfier. Aujourd’hui, je refais ce geste. Je remonte le temps. Je redeviens souple, élastique, indisciplinée. Je redeviens enfant dans mon corps d’adulte, je vandalise le terrain de jeux, cet espace devenu vaste et vacant à l’intérieur de ma peau. Je régresse. Je recule. J’ai enfin l’impression d’avancer.


Comme les blés


[Photo Marlene T.]
 


Lundi 15 octobre 2012

Le froid qui colle les chaussettes

Il fait froid, c’est dimanche, tout le monde dort, même les chiens de la baraque à côté, même les oiseaux, même le ciel. Dans la vieille cheminée, le feu a disparu sous une couverture de cendres. J’ai froid, j’ai froid et je n’arrive plus à penser à quoi que ce soit d’autre. Quand t’as froid, parfois tu as des idées saugrenues. Comme par exemple, essayer d’avoir encore plus froid pour ensuite avoir moins froid. C’est ce que je me suis dit et j’étais pas bien vieille et j’étais pas bien maline. J’ai décidé d’aller faire un tour dehors avec mon gilet par-dessus le pyjama avec mes yeux crottés avec ma double paire de chaussettes qui collait au givre sur la grosse marche en pierre devant l’entrée.
L’hiver avait cristallisé le paysage dans son blanc granuleux. J’ai marché un peu et je me suis mis à avoir plus froid que froid et des glaçons mordaient la plante de mes pieds, ils remontaient avec leurs dents le long de mes jambes, mon dos, ma tête. Je suis allée jusqu’au petit ruisseau derrière, celui qui coulait sous le cabanon où on faisait caca. Il y avait une croûte de glace à la surface de l’eau et je me suis demandé si le poids de nos crottes pourrait la briser.
J’avais les pieds collés au froid du sol et à chaque pas mes chaussettes faisaient un bruit, croutch croutch, en se détachant du givre. J’avais plus froid que froid, mais je ne tremblais même plus. Mes joues brûlaient, j’avais les doigts rouges et durs. Je me suis dit que ça allait bien comme ça. Je suis rentrée. Et, à travers les chaussettes humides, j’ai trouvé le carrelage de la cuisine presque chaud et l’air qui rentrait dans ma bouche était presque chaud, j’ai mis ma main sur les cendres et elles étaient presque chaudes. J’ai eu envie de retirer mon gilet, mais je l’ai gardé encore un peu pour avoir presque chaud. J’étais fière de mon idée d’avoir plus froid que froid pour ensuite avoir presque chaud. Je me suis demandé pourquoi personne n’y avait pensé avant moi.
Le lendemain je me suis réveillée avec un rhume carabiné et ma voix qui s’était fait la malle. Je me suis demandé si c’était lié au froid dehors qui colle les chaussettes. J’ai décidé que non. Je voulais que ma bonne idée reste une bonne idée.
 

Going nowhere


[Source : The art of punk]


Going Nowhere


[Elliott Smith]
 


Samedi 13 octobre 2012

Dans les jardins de FPDV

     Une photo et quelques mots pour croustiller de froid...
 

Apprendre à dessiner les étoiles


[Photo Marlene T.]
 

Arkult
 

Encore une chouette petite chronique à propos de Mailles à l'envers dans le mag' Arkult !

 


Vendredi 12 octobre 2012

Existe !

Tu existes et
tu n'existes pas
tu existes parce qu'il y a des images
et le son de ta voix
mais tu n'existes pas parce que tu n'es pas là
je ne peux pas te toucher
tu n'es qu'un objet rêvé, fantasmé
alors je peux bien continuer de t'inventer
te dessiner comme je te veux
très fort
en traits délicats
 

Hang me up to dry *


[Photo Marlene T.]
[Clin d'oeil aux Cold War Kids]
 


Mercredi 10 octobre 2012

Acuité

Pour voir bien
il ne faut pas caresser du regard
il faut empoigner chaque détail
il faut mordre avec les yeux
 

A dimanche !


 


Mardi 9 octobre 2012

Le père

« Parle-moi de ton père. » dit Mary. Et Franck lâche un petit rire sec.
« Je n’ai pas de père. Je n’ai jamais su qui il était.
— Et tu n’as jamais demandé à ta mère ?
— Oh si ! Mais elle, son truc c’était les questions, pas les réponses... Alors je faisais avec. Parfois, ça me rendait dingue quand j’écoutais les autres gosses débiter leurs histoires de parties de pêche avec le pater. Ou bien, comment ils construisaient des cabanes, réparaient les vélos, allaient au ciné voir des films de super héros. Moi, j’avais rien à raconter. Et j’ai jamais été très doué pour inventer. Alors je fermais juste ma gueule.
Parce qu’avec maman, on ne faisait pas grand-chose. Un pique-nique au bord du lac de temps en temps avec pépé et mémé, tonton et tata. Puis les vieux sont morts, tata s’est barrée, tonton a déménagé et on a fini par ne plus rien faire du tout, maman et moi.
Ça ne me manquait pas vraiment. Je jouais dehors et puis, le soir, elle m’appelait par la fenêtre et je devais remonter fissa. Fallait aller à la douche, faire les devoirs puis c’était l’heure du dîner et maman posait ses coudes sur la table, posais des tas de questions. Ça commençait toujours par des petites questions anodines, mais je savais que les choses pouvaient dégénérer en une fraction de seconde.
Tant que je répondais convenablement, si je ne faisais pas de secret, alors elle restait calme et après le dessert je pouvais aller bouquiner tranquillement pendant qu’elle regardait les informations. Mais si je ne disais pas absolument, exactement, ce qu’elle souhaitait entendre, maman se raidissait imperceptiblement. Elle serrait les mâchoires très fort, son visage de plus en plus blanc, ses yeux de plus en plus noirs. Elle ne hurlait pas tout de suite. Elle essayait de maintenir le calme dans sa voix. Et elle demandait " Et la petite Pamela ? Tu crois que je ne vous ai pas vu tous les deux aller vous planquer dans les buissons ?".
Maman n’aimait pas que j’aime Pamela, que je dessine ses tresses, que je la regarde comme ça, que je lui tienne la main. Alors c’est vrai, parfois on allait se cacher tous les deux, on s’asseyait face à face et on se racontait des histoires pour rire ou pour se faire peur. Mais maman s’imaginait qu’on s’embrassait, qu’on faisait des tas de choses auxquelles on n’aurait même pas eu l’idée de penser. " Me prends pas pour une imbécile, je sais que vous faites des saletés !" elle disait. Et mes jambes se mettaient à trembler, maman allait hurler bientôt si je persistais à lui sire la vérité, ma vérité et pas les choses qu’elle imaginait.
Maman posait des questions, mais elle n’était pas du genre à accepter qu’on lui en pose à elle. Alors, quand je lui demandais à propos de mon père, elle levait les yeux au ciel en soupirant. Elle faisait du silence. Et si j’insistais, elle se foutait en rogne. "Arrête un peu de m’agacer avec toutes ces histoires. T’as pas de père et puis c’est tout !" elle criait. Moi, j’attendais juste qu’elle me dise un truc comme, je sais pas, son prénom par exemple. Un détail. Rien de plus. "Un père j’en ai forcément un, j’insistais, têtu. T’as pas pu me faire toute seule. Pour avoir un bébé il faut une graine, je suis au courant de comment ça marche !". Elle m’a giflé ce jour-là. Très fort. Puis m’a traité de sale petit pervers en prétendant que la graine à me faire pousser avait été semée par le vent et devait venir d’une foutue mauvaise herbe. Elle m’a dit qu’il était hors de question de revenir sur le sujet.
Plus tard, en grandissant, il m’est arrivé de penser que maman avait pu se faire violer. Et que si j’étais le fruit de ce crime, alors, ça expliquait sans doute qu’elle ait parfois l’air de me haïr tellement fort. »
["Les voix", roman en cours de tricotage]



I'm not there


[Photo Marlene T.]
 


Lundi 8 octobre 2012

Surtout pas
 

Je te dessine – en caresses immobiles – sur le blanc des nuits sans sommeil – je regarde le plafond opaque comme un ciel dans lequel ne brillerait aucune étoile – je ne touche rien ni personne – même pas moi – surtout pas moi


Esprit es-tu las ?


[Avignon, Photo Marlene T.]
 


Samedi 6 octobre 2012

Histoires noires

Franck a parfois ce regard lointain et accroché à l’invisible. Comme s’il contemplait des secrets. Ça lui arrive lorsque je sais rester silencieuse suffisamment longtemps. Lorsqu’il oublie ma présence. Alors, il plonge quelque part dans le grand bain de ses pensées. Il n’est plus tout à fait là. Et moi, je ne bouge surtout pas, je tente de déchiffrer le langage de son visage, la courbe des sourcils, les tempes qui palpitent, les lèvres qui s’entrouvrent et puis se serrent, les yeux qui s’assombrissent. Je me dis que le film dans sa tête ne doit pas vraiment ressembler à une comédie. Et je voudrais bien m’y glisser, prendre la peau d’un personnage secondaire qui ferait rebondir l’action. Peut-être même y dessiner l’esquisse d’une happy-end. J’aimerais avoir ce talent là mais, sans doute ne suis-je douée que pour ajouter un peu plus de pénombre aux histoires noires.
["Les voix", roman en cours de tricotage]

 

Histoire sans parole


[Photo Marlene T.]
 


Vendredi 5 octobre 2012

Les ombres et les lumières

Quand tu me parles, quand tes mots se posent doucement sur mes paupières, quand tes mains bougent lentement dans l'air pour accompagner ta voix, la paix se fait enfin, les frontières disparaissent. Je me retrouve soudain  entière et réconciliée. Les ombres et les lumières ne se disputent plus l'espace à l'intérieur de moi.


C'était écrit sur l'asphalte


[Bruges, Photo Marlene T.]
 


Jeudi 4 octobre 2012

Les rêves en face

Regarder ses rêves en face
droit dans les yeux
parfois ça ressemble un peu
à une manière de leur dire
adieu


Leave and let die


[Photo Marlene T.]
 


Mercredi 3 octobre 2012

Les anges

Les anges ne sont pas de petits êtres blonds et joufflus. Ils sont grands et maigres, ils ont les yeux et la voix sombres. Ils veillent sur les morts dans un cimetière. Ils veillent sur les âmes dont plus personne ne se soucie. Ils sont là pour les vivants qui ne croient plus en rien. Ils ne parlent pas beaucoup. Ils posent juste leur regard et leurs longues mains bien à plat sur les blessures invisibles. Ils exhalent de l’espoir sans même le savoir. Franck est un ange, mais je crois qu'il l'ignore encore.
["Les voix", roman en cours de tricotage]

 

Angeles


Fuck, fuck, fuck...
 

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: Sometimes, just one second. »
 


Lundi 1er octobre 2012

La route

Pendant des années, mon sommeil est resté sombre et lourd. Des kilomètres de nuits noires, rugueuses, immenses, comme des autoroutes fraichement goudronnées. Un terrain rigide et vierge de tout. Comme s’il ne restait plus rien à rêver. Comme si j’avais des tas de nuits à rattraper pour effacer toutes ces années de cauchemars éveillés dans mon enfance.
["Les voix", roman en cours de tricotage]


Arachnophilie (19)


[Photo Marlene T.]
 


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