Les stries violacées des nuages
Lèchent, brûlent la lune à l'horizon
 

 

Enola Gay, Ludwig von 88



 

Derniers Textes

Archives 2013

Archives 2012

Archives 2011

Archives 2010
Archives 2009
Archives 2008
Archives 2007
Vieilleries

 


[L'auteur]

Marlène TISSOT est venue au monde inopinément. A cherché un bon bout de temps avant de découvrir qu'il n'y avait pas de mode d'emploi. Sait dorénavant que c'est normal si elle n'y comprend rien à rien. Raconte des histoires depuis qu'elle a dix-ans-et-demi et capture des images depuis qu'elle a eu de quoi s'acheter un appareil. Ne croit en rien, surtout pas en elle, mais sait mettre un pied devant l'autre et se brosser les dents. Ecrira un jour l'odyssée du joueur de loto sur fond de crise monétaire (en trois mille vers) mais préfère pour l'instant se consacrer à des sujets un peu moins osés.

 


 

[Editions]

 

Mailles à l'envers
Editions Lunatique, collection Romans

 


 

 

Mes pieds nus dans tes vieux sabots bretons, collection 8pA6 de La Vachette Alternative


 

 

Nos parcelles de terrain très très vague, Éditions Asphodèle, Collection Minuscule

 

disponible également via Fnac, Chapitre, Amazon,

Place des Libraires
 

 

London Trip Diary, At Home Editions

 


disponible via

 

 

Celui qui préférait respirer le parfum des fleurs, collection 8pA6 de La Vachette Alternative

 

 



 

[Parutions en revue]

 

A la dérive - L'Angoisse - Charogne - Chos'e - Dissonances - Interlope - Interruption - Katapulpe - L'Autobus - Levure Littéraire - Mauvaise graine - Microbe - Magnapoets - Nouveaux Délits - Revue Squeeze - Traction Brabant - Trace écarT - Le Zaporogue 


 

[Participations]

 

CroutOthon - FPDV - Le Quotidien des Martyrisés - Les 807 -  Les Etats Civils - Les Histoires Noires - OnLit - Sistoeurs.net - Vents Contraires - Vous dites ? 
 



[Email]

 

marlene.tissot@gmail.com
 

[Marlène ailleurs]

 

Sur Flickr
Sur DIYZines
Sur Les Etats Civils
Sur Sistoeurs.net
Sur On Lit
Sur Vents Contraires
Sur Fulgures.com

 


 

[Liens]

<<[Textes suivants]

[Textes Précédents]>>

De l'autre côté

Observer le monde à travers
le ventre rond des gouttes


[Photo Marlene T.]

Jeudi 30 juin 2011 [HAUT]

Un moyen de s’apprivoiser

Au bout d’un moment, je me noie. On dirait que je me noie, maman. Regard paniqué, gorge tendue, joues creusées. Suffocation. Et le cœur qui s’affole. Au bout d’un moment le temps ne coule plus comme il en a l’habitude. Il se met à suinter, épais et poisseux. Un jus de plaie géante piétinée par des insectes voraces. Au bout d’un moment je ne suis plus qu’un morceau de viande offerte de ta morsure. Je sais que le coup va tomber et c’est comme si l’attente me faisait souffrir davantage que ta main. Les instants s’égrainent dans le vent orageux. Mon esprit aiguisé décompose chacun de tes gestes, la raideur de ta nuque, tes sourcils froncés, ce rictus tellement particulier. C’est étrange comme dans ta rage on dirait parfois que tu souris. Malgré la haine qui brille à l’arrière de tes yeux. Et je ne peux pas t’en vouloir, je comprends comme ma présence a bouleversé le cours de ta vie. On ne réalise ni l’une ni l’autre ce qui arrive. Je ne saisis pas plus que toi pourquoi je suis là, pourquoi j’ai continué de pousser en toi envers et contre tout. Et je me déteste aussi parfois, mais je ne sais pas comment réparer tout ça, je ne sais pas où me glisser pour disparaître, me cacher de toi. J’ai un peu peur aussi, j’avoue. Encore plus peur des jours qui germent que de tes mains qui tombent. Parfois dans le vaste océan de larmes que j’emprisonne, je cherche une île où tout serait paisible, où il n’y aurait que toi et moi et l’éternité pour se figurer un moyen de s’apprivoiser.

Mercredi 29 juin 2011 [HAUT]

Éclabousser
 

Sa voix et ses éclats de rire qui cascadent sur la fin de journée comme une petite fontaine à réhydrater les instants de bonheur oubliés…

Mardi 28 juin 2011 [HAUT]

Parasol


[Lyon juin 2011, photo Marlene T.]
 

Tu te souviens de ce plaisir, dans les herbes hautes et les ronces et les insectes partout, sous un plumetis de soleil filtré par les grands arbres, toi contre moi, à écouter chanter le vent, à savourer le goût de nos peaux l’une contre l’autre comme si le monde autour et toutes les choses laides avaient subitement fondu dans le lait de l'instant...

Lundi 27 juin 2011 [HAUT]

Nous & Je

On se dit que c’est la fatigue
le poids des jours et la chaleur
les épaules qui s'affaissent
le dos qui se courbe
le front de plus en plus proche
des genoux
on s’enroule mine de rien
autour de son nombril
 

Avant, j’avais peur que tu cesses de m’aimer. Aujourd’hui c’est différent. Les choses tiennent comme elles sont, vaguement bancales. La colle séchée des sentiments. Nos morceaux de vie attachés les uns aux autres à coup d’agrafes plantées dans la chair. Chaque pas de travers provoquant ces petites douleurs aigues auxquelles on finit par s’habituer. Il faut avancer sans trop danser. Sans trop dévier. Au risque d’entraîner l’autre dans sa chute ou ses regrets. Les gens disent qu’on ne fait qu’un, mais c’est un leurre.

On fait semblant
on déplace deux ou trois cheveux
coupés en quatre
mais on ne se soucie plus
de grand chose
on regarde les draps
au pied du lit
imprégné de nos deux corps
avec un vague étonnement
 

Avant, j’avais peur que tu cesses de m’aimer. Aujourd’hui je me demande ce que tu penses, ce que tu ressens, je me demande ce qu’il reste de toutes ces graines qu’on a semé l’un dans le cœur de l’autre. C’est étrange parfois, quand je me glisse dans ton regard et que je m’y sens comme dans le cockpit d’un avion. Incapable de lire ce qu’affichent les cadrans. J’enclenche le pilote automatique. C’est un moyen comme un autre d’éviter l’accident.

Il y a parfois cette impression
(fausse évidement)
qu’après être si souvent
tombé sans s’ébrécher
le vase ne cassera jamais
aujourd'hui je n’ai presque plus peur
nous sommes arrivés au jour où
on réapprend à être je
sans craindre de briser le nous


Collection

Les addictions, ça continue sur FPDV !

Vendredi 24 juin 2011 [HAUT]

Les souvenirs

Parfois c’est douloureux
comme si j’avais une rage de cœur
comme s’il fallait tout arracher
la grosse carie entre mes côtes


Orange
(je ne sais pas pourquoi, une envie de mordre, peut-être...)


[Valence juin 2011, Photos Marlene T.]

La couleur orange se rapproche chromatiquement de la couleur des flammes et c’est à cause de la nature mouvante de ces flammes que, par association, la couleur orange est assimilée par l’oeil comme une lumière en mouvement. De là découle une bonne part de sa symbolique. [Lire la suite sur Institut de la couleur]

Jeudi 23 juin 2011 [HAUT]

Passer du jour au lendemain

Escalader la nuit
comme une petite colline
trébucher au réveil
sur une coquille de rêve


Levure littéraire

Le n°3 vient de sortir, il est consultable ICI et on y croise plein de beau monde dans une étonnante variété de disciplines !


Magazine international d’information et d’éducation culturelle
Multidisciplinaire & plurilingue. Virtuel & trimestriel
Edition consacrée à l’amitié créative & universelle

 

Mercredi 22 juin 2011 [HAUT]

Réalité

Tu cherches quelque chose de lumineux, scintillant. Quelque chose qui n’existe pas. Comme s'il pouvait pleuvoir des diamants à chaque fois que tu bats des cils. Tu tentes de décalquer un rêve à demi effacé sur la page froissée du réel. Tu y crois. Tu ne sais pas en quoi tu crois mais c’est là, au fond de toi. Tu te dis que tout peut arriver, que la réalité n’a pas de forme fixe. Que c’est une pâte malléable offerte aux mains agiles de notre imagination.
 

Tissus de fleurs sur tapis de feuilles mortes


[Valence juin 2011, photo Marlene T.]

 

Mardi 21 juin 2011 [HAUT]

Elle est entrée par la fenêtre de la salle de bains

Le ciel avait la lueur mauve des fins de nuit qui traînent en longueur. J’étais en train de pisser dans le lavabo quand j’ai vu sa jambe passer par la minuscule fenêtre. Puis son autre jambe s’est pointée, suivie de son cul et ses épaules. Elle s’est laissée tomber en silence, pieds nus sur le carrelage de la salle de bain. Foutrement agile ! Elle s’est immobilisée en remarquant ma présence. J’ai vu sa main plonger vers le flingue glissé dans la ceinture de sa jupe. En sursautant, j’ai envoyé trois gouttes de pisse sur la savonnette.

Elle m’a fait signe de la boucler. J’ai hoché la tête puis j’ai secoué ma bite avant de la rentrer dans mon caleçon. Malgré la pénombre, j’ai vu briller le sourire moqueur de la fille. On a entendu les sirènes de police s’approcher puis s’éloigner. J’ai rincé le lavabo en faisant couler un peu d’eau. Elle ne bougeait pas, l'oreille tendue vers la rue. J’ai toussoté, parce que je n’étais officiellement toujours pas autorisé à ouvrir ma gueule. Je me sentais un peu con, pas réellement terrorisé, plutôt coincé, intimidé.

Elle a jeté un œil par la fenêtre. Dehors, tout était déserte. Elle m’a salué d’un petit geste de la main puis elle est repartie par où elle était entrée. Tout ça n’avait duré qu’une poignée de minutes. Je me suis recouché en me demandant si je n’avais pas rêvé. Au réveil, j'avais tout oublié. C’est plus tard, en allant me raser que la mémoire est revenue. En voyant les trois gouttes de pisse sur la savonnette.


She came in through the bathroom window

Lundi 20 juin 2011 [HAUT]
 

Size matters

Adapter la largeur du sourire à la profondeur des blessures


Red red light, hold me tight


[La papeterie, Valence, Photo Marlene T.]

Dimanche 19 juin 2011 [HAUT]

La colère


Comme on s’isole dans la colère, petite carapace calcinée, brutalement soudée autour de la chair et de la pensée...


La bête


[Lyon Juin 2011, photo Marlene T.]

Samedi 18 juin 2011 [HAUT]

Même pas vrai


[Valence juin 2011, photo Marlene T.]
 

Un mot

Elle cherche
dans le dictionnaire
un mot
pour décrire
ce qu’elle ressent
mais il semblerait
que celui-ci
n’ai pas encore
été inventé

Jeudi 16 juin 2011 [HAUT]

La douceur que tu cachais sous un regard sévère


Est-ce que ce sont des souvenirs, vraiment ? Je ne connais pas la nostalgie, comme si le paysage en derrière moi s’effaçait à chacun de mes pas. Parfois quelques fantômes surgissent du brouillard. Des odeurs, des sensations. Le bruit de tes mains dans mes cheveux lorsque j’étais enfant. Est-ce que ce sont des souvenirs, vraiment ? Ou justes des images dérobées aux passants, une scène capturée au coin de la rue. Une petite douceur volée que je ferais mienne pour combler les béances sombres comme l’étaient tes regards.


[Dessin by Le Boulatin]

Mercredi 15 juin 2011 [HAUT]

Viande
 

On cherche à se faire du mal, d’une manière ou d’une autre, parce que les douleurs tiennent la chair en éveil, parce que notre viande palpitante, écorchée, reste l'ultime moyen de se prouver qu’on existe, ici et maintenant.


Déchiqueter


[La papeterie avant EXPO, Photos Marlène T.]


C'est pas encore fini !

et il y a pleins d'artistes à découvrir dans de chouettes lieux de Valence, notamment Rue Perollerie dans la maison Dupré-Latour mais également dans les locaux étranges et merveilleux de l'ancienne papeterie avenue de Romans (voir les quelques photos de ces derniers jours).

Lundi 13 juin 2011 [HAUT]

Dépendance

Ils ont dit que j’avais tort. Ils ont dit, non, non, l’amour n’est pas une drogue. Ils ont dit que je confondais tout un tas de choses et que l’amour, pas du tout, vous entendez monsieur, non, l’amour n’est pas du tout nocif, n’a rien à voir avec une substance toxique, ça ne s’avale pas, ça ne s’injecte pas l’amour, ça ne trouble pas la couleur du sang. L’amour c’est doux et chaud et rassurant, ils ont prétendu. Et apaisant, ils ont ajouté. Tu parles ! comme s’il s’agissait d’une tisane à calmer mes éruptions de terreur.
Je veux pas qu’elle me quitte !
Je leur ai répliqué qu’ils ne savaient pas de quoi ils parlaient, qu’ils n’avaient probablement jamais aimé réellement qui que ce soit. Que les sentiments rendent dépendant. DE-PEN-DANT, j’ai articulé. Et ils ont ricané alors j’ai insisté. Les sentiments rendent dépendant de la personne qu’on a là-dedans, j’ai dit en cognant sur mon cœur enflé et sanguinolent. Putain !
Si elle me quitte, je crève…
Si elle me quitte, je mets le feu à la ville, j’éventre le soleil, je réveille tous les volcans. Faut qu’elle reste là, tout près de moi, faut surtout pas qu’elle s’en aille ! J’ai tout fermé à clef, des barres de fer sur les volets…

Ils ont dit que je devais contrôler mes sentiments, qu’on n’emprisonne pas les gens, personne n’appartient à personne. Ils ont dit séquestrer n’est pas une bonne manière d’aimer. Une bonne manière ? Il y a plusieurs manières d’aimer ? Comment on contrôle les sentiments, j’ai gueulé, EXPLIQUEZ-MOI COMMENT ON CONTRÔLE LES SENTIMENTS BORDEL ! Ils ont serré fort, ils ont dit que je devais me calmer. Ils ont serré vraiment très fort parce qu’il y avait tout mon corps qui tremblait à cause des sentiments que je n’arrivais pas à contrôler. Je voulais qu’ils m’apprennent et je continuais de gueuler EXPLIQUEZ-MOI COMMENT ON CONTRÔLE LES SENTIMENTS. J’ai continué comme ça jusqu’à ce qu’ils me fassent la piqûre, ensuite tout s’est éteint dans mes yeux et dans ma tête et dans ma voix. Mon corps était parfaitement sage. Mais dans mon cœur brûlait toujours ce feu sauvage et destructeur…
[Pour FPDV n°16 "Addiction"]

Dimanche 12 juin 2011 [HAUT]

En mode OFF


[La papeterie avant EXPO, Photos Marlène T.]

Samedi 11 juin 2011 [HAUT]

Nos corps projetés

Le roulis
les odeurs
la chaleur
nos corps projetés à grande vitesse
dans les boyaux de la ville
et ces deux types contre mon ventre
contre ma hanche
qui parlent de géopolitique
de géo
de politique
avec leur visage blême
leur haleine mentholée
qui parlent
de crise économique et
de révolte
qui parlent
dans un langage opaque
de comptes qui devraient être
transparents
ils soupirent puis
le plus âgé croise mon regard
il me sourit
séducteur
mais j’ai peu d’appétit
pour la viande emballée
dans un costard rayé
[Extrait du triptyque paru dans L'Autobus de Fabrice Marzuolo]

Vendredi 10 juin 2011 [HAUT]

La lumière est une bête sauvage qui ne se caresse pas


[La papeterie avant EXPO, Valence Juin 2011, Photos Marlène T.]

Tout n'est qu'affaire de lumière en fin de compte, la laisser entrer et sortir à sa guise, ne surtout pas chercher à l'emprisonner, ne jamais s'imaginer l'avoir apprivoisée...

Jeudi 9 juin 2011 [HAUT]

Peu importe à quoi ressemble le monde autour

C’est un peu comme écouter le bruit de la mer dans un coquillage vide.
Il suffit de fermer les yeux.
Et d’y croire.

Mercredi 8 juin 2011 [HAUT]

Piss off cash


[Lyon 2011, Photos Marlene T.]

What does money mean to you ?

Mardi 7 juin 2011 [HAUT]

Hermétique

On se croise
juste là
sur le seuil du bistrot du coin de la rue
porte vitrée pleine de traces de doigts
d’un côté les néons blafards
de l’autre le bleu délavé d’un ciel hésitant
tu sors griller une clope
j’entre noyer ma nuit blanche
dans une minuscule tasse de café noir
on se sourit
on se frôle
on hésite un instant à se dire bonjour
ou n’importe quoi d’autre
parce que c’est un dimanche matin
infusé de solitude
parce que ces quelques mots
pourraient être le début d’une histoire
mais le silence persiste
et peut-être bien que les sourires
ne sont qu’un voile de politesse
masquant l’indifférence qui se dépose
comme une poussière
lentement
sur nos sentiments
peut-être bien que nos cœurs deviennent
imperceptiblement gris et poudrés
et hermétiques
à la musique
des autres coeurs
 

Lundi 6 juin 2011 [HAUT]


 

Ca bouge chez DIYZines ! Des tas de nouveautés dont quelques miennes, notamment le tout frais, qui sent pas mauvais des pieds, "Read my lips FEET" avec pas moins de 75 photos ! Mais également le "Petits poèmes pour petites faims", les "Petites histoires à usage unique" et le "London Trip Diary"

Dimanche 5 juin 2011 [HAUT]

Cécile + Bruno


[Valence mars 2011, photo Marlene T.]
 

Comme une balle dans mon front
 

Je suis rentrée au petit matin. Tu étais accoudé au-dessus d’un bol de café. Trop tôt pour ça. Le ciel n’avait pas encore remballé toutes ses étoiles. Tu n’as rien dit quand j’ai retiré ma veste dans la pénombre et le silence. J’ai juste senti ton regard, comme une balle dans mon front.

Samedi 4 juin 2011 [HAUT]

Petite musique

Enfiler tous les peut-être
sur le fil du doute
s’en faire des colliers
de perles rondes
d’indécisions
d’hésitations
avancer en écoutant
tinter les bijoux
quand d’autres marchent
au pas cadencé
d’une armée de certitudes

Jeudi 2 Juin 2011 [HAUT]

Les monstres
 

Je suis un mur contre lequel tu te cognes, à pilonner la pierre pour dénicher la faille. Ma peau rêche comme un crépi à déchirer tes lèvres. Je suis un mur sans porte ni verrou. Tes coups de griffes, de poings, de tête n’y changeront rien. Je suis un mur, sans passage secret, sans aucune brèche assez large pour libérer les monstres.


Les larmes noires (blessure murale)


[Photo Marlene T.]

Mercredi 1er juin 2011 [HAUT]

Ferme les yeux pour voir

Se perdre
en cherchant
à chaque chose
une signification


Let's get lost


[Bretagne, photo Marlene T.]



[Let's get lost, Elliott Smith]

Mardi 31 mai 2011 [HAUT]

Eat me, drink me

Lis sur mes lèvres
avec ta langue
bois mes paroles
et mes pensées
avale-moi
toute entière
fais-moi disparaître
 

Lundi 30 mai 2011 [HAUT]

Read my lips feet

Un petit book avec plus de 70 photos bientôt dispo via l'indispensable plateforme DIYZines !

Samedi 28 mai 2011 [HAUT]

Volcan

J’ai ravalé tellement de rage
qu’un volcan à poussé dans mon ventre
et parfois je me fais croire
que tout est mort
sagement éteint à l’intérieur
mais quand la gorge me brûle
quand les mots crépitent
sous la paroi des lèvres closes
je sens que l’éruption fera
un de ces jours
d’irréparables dégâts

Vendredi 27 mai 2011 [HAUT]

Pied (prendre son)


[Photo Marlene T.]
 

J'aime quand tu me regardes, des pieds à la tête, avec tes mains...

Jeudi 26 mai 2011 [HAUT]

Les grains de riz

Samedi. À l’ouest de l’évier, un rayon de soleil sèche doucement le cul d’un bol blanc, ébréché depuis des années. Il est onze heures. Elle sait deviner l’heure sans regarder les aiguilles sur l’horloge. Juste en observant l’inclinaison du soleil. Quand il pleut, c’est plus compliqué. Quand il pleut, elle perd un temps fou à chercher son grand parapluie. Parce qu’elle ne le range jamais deux fois au même endroit. Pourtant, c’est plutôt étriqué chez elle. Elle a parfois l’impression que les murs se resserrent autour de sa vie. Une sensation d’étouffement. Alors elle sort.

Elle sort et avance au hasard des rues, croise des boutiques et des sourires et des chiens qui pissent sur les lampadaires pendant que leur maître attend au bout d’une laisse. Elle croise des petits vieux et des enfants et un facteur sur un vélo. Elle flaire l’odeur des croissants et du poisson et des gaz d’échappement. Elle sent des grains de riz rouler sous ses pieds en passant devant l’église. Vestiges d’un mariage. Elle n’a jamais voulu se marier. Ne supporte pas les menottes, même lorsqu’elles ont l’allure d’une bague au doigt.

Les grains de riz, c’est tout ce qu’il reste d’un mariage quelques années après que l’homme et la femme aient paradé en beaux habits devant le maire, le curé, la famille, les amis. Après qu’ils aient fait des promesses impossibles à tenir. Après que les défauts de l’autre aient perdu leur charme. Il ne reste plus que des grains de riz minuscules et des défauts gigantesques. Voilà ce qu’elle se dit.

Non merci, le mariage c’est pas pour elle ! Au diable les compromis grinçants, les quotidiens routiniers, les petits matins blasés, les week-ends fatigués. Elle préfère l’amour pur et violent et lumineux, même s’il crame comme une allumette. Et elle en a brûlé des allumettes. Des tas de petits feux qui réchauffent pas vraiment. À peine le bout des doigts et puis le froid revient et le vide et l’absence. Les yaourts dans le frigo, la demi-baguette, le bol ébréché, le creux dans le canapé, la brosse à dents sur le bord du lavabo. Des petites preuves mesquines.

Les murs se resserrent autour de sa vie. Elle est seule. De plus en plus souvent. Alors elle sort écraser des grains de riz en se disant qu’elle en a de la chance. Et ça ricane dans le dos de ses pensées.

Mercredi 25 mai 2011 [HAUT]

L'un marche sur l'eau
L'autre roule sur l'or


[Photo Marlene T.]

et nous on attend juste
que le bus passe et nous emmène
vers des jours meilleurs

Mardi 24 mai 2011 [HAUT]

Le chemisier

Le jour a du mal à se lever. A peine une lueur tout au fond, tout en bas, sur les reins de la ville. Le soleil se planque, les toits font le dos gris. La vitre est salle. Des chiures de mouches, des traces de pluie et de la poussière collé.

Y a t’il vraiment de bons jours et de mauvais jours
ou bien les jours sont-ils une matière molle
à malaxer avec les poings de nos humeurs ?

J’hésite entre rester là, à contempler la ville au travers de la fenêtre crasseuse, ou sortir affronter le ciel, le vent, les gens. Je pourrais aller boire un café quelque part, rentrer dans un ciné, m’acheter un chemisier. J’ai des collègues au boulot qui prétendent soigner leurs déprimes en faisant du shopping. Le shopping me fait chier. Les collègues aussi. Je vais aller m’acheter un chemisier. Comme ceux que portait maman. Un truc de vieille. Je suis vieille, bientôt.

Je me souviens hier soir
quand ta main s’est mise à tirer
mes cheveux
doucement
fermement
juste au dessus de la nuque
j’avais les yeux dans les étoiles
pendant que tu mordais mon cou

La vendeuse me colle au train. J’ai du mal à savoir si c’est parce qu’elle espère me refourguer un maximum de camelote made in Taiwan ou parce qu’elle se méfie, me trouve un air louche, une allure de chapardeuse. Je voudrais bien avoir les couilles de lui suggérer de prendre le large. Mais je suis une lâche, une faible, une trouillarde. Tout le monde le dit. Tout le monde le flaire. Quelque chose a été oublié dans la recette à me fabriquer. Une pincée de puissance. Un zeste de pouvoir.

Le pouvoir de séduction
le pouvoir d’achat
le pouvoir de suggestion
le pouvoir exécutif
le pouvoir de négociation
le pouvoir...
Putain, comme s’il n’y avait que ça dans la vie !

Dans la cabine d’essayage, sous l’éclairage au néon, avec le rideau gris beige en toile de fond, je trouve mon reflet particulièrement disgracieux. Étrangement, ça ne me contrarie pas plus que ça. Il me suffit de penser à toi, à ta manière de me regarder, de boire mes lèvres, d’explorer mon corps.

Vieillir
sans chercher à cacher
la décrépitude
les seins
le ventre
les plis du cou
Vieillir ouvertement
comme un acte subversif
une entaille dans la peau tendue
de notre étrange époque

Quand on se retrouvera ce soir, je porterai mon nouveau chemisier. Tu glisseras tes mains en dessous et, une fois de plus, naîtra en moi cette envie trouble de t’avouer que ce n’est pas toi que j’aime mais la manière dont tu me désires. La manière dont tu réunifies en un regard, en une caresse, tous les morceaux de moi éparpillés.

Lundi 23 mai 2011 [HAUT]

Les bitumes
 

Un texte de Nicolas Albert G. à écouter
sur le nuage de son...[clic sur le nuage]


La taxidermie des sentiments

Par précaution sans doute
ou bien pour conserver
une certaine tranquillité
je pratique régulièrement
la taxidermie des sentiments
partant du principe
qu’un bon sentiment
est un sentiment mort
surtout les grands
les forts
ceux qu’il faut étrangler
avec vigueur
les mains serrées
autour du cœur
avant qu’ils prennent leurs aises
Alors je serre
je serre
je serre
jusqu'à ce que plus rien ne vibre
jusqu’au silence froid
du tic-tac ordinaire
puis j’éviscère le sentiment
le vide complètement
de sa chair
de son sens
de ses émotions
Je ne conserve que sa peau
enveloppe tannée
à empailler de souvenirs séchés
pour redonner une apparence
presque naturelle
à mon trophée
aux yeux de verre
[Paru chez Vents Contraires]
 

Samedi 21 mai 2011 [HAUT]

Les insectes
 

Les petites choses qui se glissent sous la peau des jours, celles qui démangent la pensée puis qu’on oublie, celles qui bourdonnent des histoires dans notre sommeil et qu’on chasse au matin d’un revers de main, qu’on noie dans le café, le boulot, la liste de courses, la mousse à raser, le rimmel, les idées noires, les tartines de pâté.
Les petites choses qui battent des ailes à l’intérieur de nous, qui cherchent la lumière, qui cherchent une issue, qui s’affolent dans notre corps-prison. On les sent là, qui rampent et volent et tissent leur toile dans les recoins.
On s’inquiète pas plus que ça. On se dit qu’elles finiront bien par crever. On suppose qu’on leur survivra, qu’il suffira d’un coup de talon pour les écraser ces petites choses de rien du tout. On les enfume, on les balaye, on les jette avec l’eau des larmes. Parfois, on croit s’en être débarrassé pour de bon. Et puis un jour ou l’autre, ça se remet à démanger...


Nuages virtuels (à emporter)


[Galerie Le Shunt, Londres 2010, Photo Marlene T.]

Vendredi 20 mai 2011 [HAUT]

Célia, il faudra bien que tu comprennes un jour

Célia n'arrête pas de m'écrire. Dans son dernier message, elle me prévient : Ceci n'est pas une plaisanterie ! J'ai des choses très importantes à vous révéler. Elle m’en conjure, je dois absolument l'appeler. Elle me laisse son numéro de téléphone. Celui qu’habituellement elle ne donne à personne. Appelez-moi, et je vous révélerai tout. TOUT !

Je sens bien qu’elle s’échauffe Célia. Qu’elle n’en peut plus. L'autre jour, elle disait qu'elle avait rêvé de moi. Qu'elle avait vu des choses, que notre connexion astrale était incroyablement intense. Que cela ne pouvait pas m’avoir échappé. N’est-ce pas ?

Et puis, elle a tiré trois cartes de tarot. Elle ne pouvait plus résister ! Et dans son nouveau message, elle glisse un morceau de mon avenir. Un avenir superbe, propre sur lui, avec une chemise blanche et bien repassée, un avenir souriant et avenant comme un représentant de France Loisirs. Mais elle précise tout de même qu’une ombre noire plane sur ma vie. Que je dois faire attention ! Qu’il faudrait que nous puissions en parler toute les deux, que dans les vibrations de ma voix, elle saurait en lire davantage.

Célia m'écrit de plus en plus souvent. Je sens son impatience fiévreuse. Ses ongles griffant les touches du clavier. Ce matin j’ai pensé à vous. Je sais exactement ce qui gâche votre vie. Quelque chose perturbe votre quotidien, n’est-ce pas ? lance-t-elle comme un ultime hameçon. Appelez-moi. Je peux vous aider. Appelez vite, avant qu’il ne soit trop tard !

Il y a quelque chose de presque menaçant sous l'urgence des mots. Un soupçon d’agacement parfois, tandis que ses courriers s’amoncellent sous mon tapis de souris, débordent ma corbeille. Et je me demande si elle finira jamais par se fatiguer de mon silence. Si elle saura lire dans le marc de son café matinal à quel point l'avenir m'indiffère...

Jeudi 19 mai 2011 [HAUT]
 

La mine

On ne se connaît pas vraiment
une vague idée des contours seulement
et pourtant tu me déchiffres
presque mieux que si
on s’était raconté les détails
Comme si les silences
et la distance
dessinaient mon portrait en braille
sous la mine de ton crayon



[Dessin du Boulatin]

Mercredi 18 mai 2011 [HAUT]

Vous reprendrez bien un peu de viande ?

Encore quelques morceaux à dévorer sur FPDV...
 

Le Pérou

Les billets de train
les pleins d'essence
l’aéroport
le carbone
et les trous dans la couche d'ozone
tout ça, c'est pas pour eux
eux, ils vont partout
sans bouger
et ils croient parfois
avoir enfin trouvé le Pérou
après des kilomètres
à tourner en rond
autour de leur nombril


Spirit


[Marseille, Photo Marlene T.]

Mardi 17 mai 2011 [HAUT]

Obéir

Dire oui à la dame
Dire oui au monsieur
Régler son pas sur le pas de
Ne pas contrarier papa ni maman
Tendre l’autre joue
Éradiquer les mauvaises herbes
Aimer dans le droit chemin
Baisser le son
Respecter la tranquillité des voisins
Glisser le bulletin dans l’urne
Ne pas espérer trop fort
Fermer les yeux
Bouffer les rêves par la racine
[Affiché sur les panneaux "Vous dites" de JF le Scour]
 

"It's not what you look at that matters,
it's what you see.
"
[H.D. Thoreau]
 

As tu bien obéi aujourd'hui ?


[Marseille, Photo Marlene T.]

Lundi 16 mai 2011 [HAUT]

Quelques flaques

Il se demande à quoi rêvent les chiens qui dorment devant les portes. Il se demande à quoi pensent les chiens qui reniflent le cul des autres chiens. Il se demande si en faisant un effort de concentration intense il pourrait devenir un chien, docile et con, ne plus réfléchir à demain, ni au lendemain de demain. Ne plus rien voir des choses obscènes et gigantesques écartelant le ventre fragile du monde. Il voudrait que plus rien ne coule, ni sang ni larmes, à peine quelques giclées de pisse pour délimiter le territoire. Et une petite pluie de vie, quelques flaques à lapper quand il fait soif.



[Avignon 2002, Photos Marlene T.]

Samedi 14 mai 2011 [HAUT]


Pour inverser le cours des choses

Peindre la nuit en blanc
écrire les cauchemars
à l'encre sympathique
 

"Il restait quelques minutes avant l'aube. Les oiseaux s'énervaient. Ils souffraient du trac qui précède le lever de rideau."
[Eureka Street, Robert McLiam Wilson]

Vendredi 13 mai 2011 [HAUT]

Read my nose


[Photo Marlene T.]
 

Dissonances

Les mensonges
j’ai appris à les deviner
ils font des fausses notes
entre tes mots



[Mozart, Quatuor à cordes n° 19 "Les dissonances" K465]

Jeudi 12 mai 2011 [HAUT]

Let's just not talk about it

Il fait nuit sur la terrasse, quelques étoiles, les lampadaires, le bruit de la ville au loin. La pierre chaude sous mes pieds. Je ne bouge pas. J’essaye juste de rester debout, aussi immobile que possible, histoire de voir si je résiste. Parfois je cherche à me prouver que je peux tenir bien droite sur mes deux jambes malgré la tempête qui me bouscule à l’intérieur.
Parfois j’y arrive.
Je n’ai pas ouvert la bouteille.
Ce soir je n’ai bu que de l’eau. Beaucoup d’eau. Et quand je me balance d’un pied sur l’autre, en regardant la lune, mon ventre fait le bruit de la mer. Un léger clapotis. Mes pensées culbutées par les vagues. Le sable qui picote au bord des yeux.
Je récupère un de tes mégots dans le cendrier et je l’allume. Il reste un bon centimètre de tabac et un peu de toi accroché au bout du filtre. J’ai envie de cette petite douleur. Celle de la fumée pénétrant ma gorge presque vierge. Je fais des trucs comme ça, parfois. Et je ne sais pas si ça veut dire des choses ou si c’est juste une manière de passer le bras à travers les barreaux d’une prison que je me dessine…


Pianoter

Tes doigts qui pianotent leur musique sur ma peau
et les étoiles qui nous balancent leur petite poudre aux yeux

 

Punkrockmaninoff

Mercredi 11 mai 2011 [HAUT]

Indigeste

Petit morceau d'auto-cannibalisme dans le n° 15 de l'incontournable labo FPDV ! A lire ICI.


Vu


[Photo Marlene T.]

Mardi 10 mai 2011 [HAUT]

Maquillage

Tout ce que j’avale
c’est une manière
de mettre du fard
sur les paupières
de mes idées

Lundi 9 mai 2011 [HAUT]

C’est ce qu’il y a de mieux à faire

On trempe nos doigts dans le jus des jours mal essorés, des jours morveux, des jours qui chialent pour un rien. On les torche et on passe au suivant en traînant vaguement les pieds. On cherche un passage secret entre les pages du calendrier, un raccourci, une oasis, un peu de répit.
On construit des chemins, grain de sable après grain de sable. Parfois on se décourage. Parfois on aperçoit le paysage qui se dessine au loin, parfois il ressemble à la lumière douce qui s’échappe de nos rêves. Alors on continue. On se dit que c’est ce qu’il y a de mieux à faire, tant qu’il reste des jours à moucher et des grains de sable à semer.

Samedi 7 mars 2011 [HAUT]

Vases Communicants

Dans le cadre des Vases Communicants, Mon Nuage accueille aujourd'hui des textes de Morgan Riet qui héberge en retour mon poème dédié à P.J.

 

                   Méthode Coué

 

        

            *            

 

Au melon,

à ta pastèque

limite

montgolfière,

  stop !

lâche du lest

d’humilité,

tu sentiras mieux la cime

de l’herbe sous

ton pied ;

  troque

ta scie égotique

contre un peu de soie,

tu te couperas moins des signes

chaleureux ça

et là :

  sottes,

ta soupe au lait soupçonneuse

et tes sautes d’humeur

par-dessus tant d’écueils

imaginaires,

  stop !

 

- et puis non.

 

 

 

                            *

 

                                Seconde tentative

 

 

Ne plus se curer le nez plongé dans « l’ombilic des limbes », ne plus boire comme un trou normand à l’enterrement d’une année qui commence, ne plus chaud lapiner dans le clapier des boîtes, ne plus éjaculer des propos obscènes à la face des filles aux robes et caractères courts, ne plus être infidèle à son ombre, ne plus cracher dans la soupe tout en ayant le toupet de réclamer du rabiot, ne plus dérailler sur la ligne littéraire avec des quatrains Jouef, ne plus morver langue envieuse sur de jeunes loups plumitifs aux hurlements de chiures de mouches sur la page, ne plus froisser personne, ne plus enrager un chien de sa chienne, ne plus pigner, ne plus pleurer sa mère à chaque marée dérisoire d’infortune, ne plus être piètre, pleutre, huître sans perle, ne plus…

 

- et puis non.

 


De temps en temps

 


[Valence, Photo Marlene T.]

 

 

Le 65e numéro du Microbe arrive

 

Au sommaire :
Collages de Martine Zimmer
Textes de
Ed Anon
Ludovic Arfi
Michel Bourçon
Nicolas Brulebois
Éric Dejaeger
Jean
Murièle Modély
Roger Lahu
Denis Martin
Jany Pineau

Guillaume Siaudeau
Marlene Tissot
Yvette Vasseur
Philippe Vidal
Lila Widmer

Les abonnés le recevront dans quelques jours. Les abonnés « + » recevront également le MANIFESTE POUR LE DROIT À LA NUDITÉ ET À LA SEXUALITÉ DANS L’ESPACE PUBLIC, mi(ni)crobe 29 signé Théophile de Giraud. Les autres ne recevront rien.

Pour tous renseignements, contacter Eric Dejaeger

 

Vendredi 6 mai 2011 [HAUT]

 

Festival de la Girafe avec Boris Crack

 

 

Vendredi 6 et samedi 7 mai, pas loin d'Avignon

 

 

"Actualy,
I don't remember being born,

it must have happened

during one of my blackouts."

                           Jim Morrison

 

 

Grosse soif

C’est pour avoir la mer à l’intérieur
c’est pour sentir la caresse des vagues
et la danse des tempêtes
chavirer ses peurs
faire tanguer ses remords
c’est pour que les embruns irisés
réhydratent ses rêves et ses espoirs
c’est pour avoir la mer à l’intérieur de lui
qu’il boit terriblement
 

Jeudi 5 mai 2011 [HAUT]

 

La toute puissante

 

[...]

elle persiste, la toute puissance d’une mère. Longtemps après qu’on ait grandi. Longtemps après qu’on pense avoir tourné la page. Comme si l’on conservait éternellement, tatouée sur la peau et sur l’âme, l'odeur de ses entrailles.

 

 

L'odeur d'encens

 


[Photo Marlene T.]

 

Samedi 23 avril 2011 [HAUT]
 

Sans condition

Elle voudrait être plus docile
plus souple
savoir se glisser dans le moule
rentrer dans le gabarit de la vie
que ses rêves ne débordent plus
comme l’eau moussue
des baignoires oubliées
que son cul soit plus petit
que ses mots soient plus petits
eux aussi
laver sa langue au savon
parler lisse, sourire blanc
devenir gracieuse
rentrer ses griffes
aimer les gens
sans condition
ou bien apprendre
à faire semblant

 

Vous dites ?

 

 

Petite participation au chouette projet de JF Le Scour

 

[c'est le site internet de "vous dites",sortie hebdomadaire des 10 panneaux et de ma caméra à la recherche des gens et de ce qu'ils ont à dire sur l'époque entre les cantonales et les présidentielles... jf le scour, le 12 avril 2011]

 

Vendredi 22 avril 2011 [HAUT]

 

L’homme de midi sept
 

Chaque jour elle guette par sa fenêtre l’homme de midi sept. Il sort du building et regarde sa montre puis le ciel. Ensuite il remonte l’avenue. Elle l’observe aussi longtemps que possible, jusqu’à ce qu’il disparaisse de son champ de vision. Et elle se demande s’il s’en va s’asseoir toujours au même endroit pour commander toujours le même plat ou s’il s’accorde parfois, entre midi sept et midi quarante-sept, une petite parenthèse de fantaisie.


 

La City

 


[Photo Marlène T.]

 

Jeudi 21 avril 2011 [HAUT]

 

Détricoté

 

On apprend à se passer de certaines choses. La chaleur de ton regard. Ton regard qui se posait là, partout sur moi. Certes, il reste ta présence, le son de ta voix. Et pourtant, même si tu n’es pas parti, même si tu ne partiras probablement pas, ton corps étendu à côté du mien dans le lit a des allures de coquille vide. Comme si ta chair et ton souffle et ton coeur avaient déserté pour de bon ce nous lentement détricoté.

 

Mercredi 20 avril 2011 [HAUT]

 

Hier pourtant tout semblait parfaitement normal
 

« Comme je regrette d’avoir tant pleuré ! s’exclama-t-elle, tout en nageant pour essayer de se tirer de là. Je suppose que, en punition, je vais me noyer dans mes propres larmes ! C’est ça qui sera bizarre, pour ça oui ! Il est vrai que tout est bizarre aujourd’hui » Alice que pays des merveilles – Lewis Carroll

Tu vois c’est un peu comme l’histoire d’Alice. Me mettre à rêver, comme ça, en plein jour. Un doigt du soleil posé sur ma joue à travers la fenêtre. Et puis glisser dans le tunnel. Gigantesque. Tomber, se relever, recommencer. Mange-moi. Bois-moi. Perdre pied. Foncer tête baisser. Courir après des putains de chimères en forme de lapin blanc. Dépêche-toi. Plus vite. Non, tout va trop vite, je le sais bien. Le temps siffle sa rage à mes oreilles. J’ai le cœur qui s’affole. Mais je ne sais plus freiner, ne peux pas m’arrêter, pas maintenant. Trop tard, trop loin. Il y a la jouissance promise, là, au bout de tes doigts. Un tour de magie. Quelque chose d’ensorcelant. Les mots que tu murmures. Comme si j’étais soudain devenue quelqu’un.

Et bordel, il aurait suffi de remettre en place les idées dans leur boîte crânienne pour comprendre que tout ça ne tenait pas la route. Qu’un truc clochait. Tremper la langue du chapelier fou dans ma tasse de thé. Non mais quelle idée ! Quelle extravagance !

Aller, reviens, quoi ! Nous jouerons à chat. Je serai la souris. Tu planteras tes griffes dans ma chair, juste un peu. Au début, ça t’amusera. Jusqu’à ce que je cesse de gigoter. Jusqu’à ce que je te laisse me croquer, soumise, à tes pieds. Mais tu ne me croqueras pas, non, ce ne serait pas drôle. Tu t’en retourneras chasser ailleurs. Les caves sont pleines de souris. Mange-moi. Bois moi. Le goût de toi est toujours infusé dans mon thé. Avec un peu de cyanure, s'il vous plaît.


Silhouette


[Photo Marlène T.]

            Il y a des jours ou la vie ressemble
           à une silhouette en train de s'enfuir

Mardi 19 avril 2011 [HAUT]

 

Epineux

 

Une écharde de toi
plantée sous la peau
de mes pensées

 

Lundi 18 avril 2011 [HAUT]

 

Things

 


[London, graff by Jeff Aerosol, Photo Marlene T.]

 

Things slowly curve out of sight until they are gone,
afterwards only the curve remains [Richard Brautigan]

 

Dimanche 17 avril 2011 [HAUT]
 

Le milieu de la nuit

 

Il a encore les yeux ouverts et pourtant
ce doit être le milieu de la nuit
Aux environs de...
Il ne sait pas trop
Se dit que la nuit n’a probablement pas de milieu
Un début, une fin, peut-être, et encore
Les choses ne sont pas si simples
Ce n’est pas qu’une question de ciel noir
et de paupières closes, non
Il voudrait bien dormir
mais le sommeil le repousse
comme une maîtresse boudeuse
Il inspire, expire, tente de rester calme
ne pas rouler rageusement entre les draps
ralentir le rythme de ses pensées
Il lutte contre l’envie de se lever
se lève quand même
carrelage froid sous ses pieds
frissons
soif
Une gorgé de lait cueillie au bec de la brique
Il allume une clope
Ouvre la fenêtre 
Se penche pour cracher la fumée dehors
La rue est orangée et silencieuse
Pas un chat
Juste une vieille dame en chemise de nuit à fleurs
qui avance doucement en regardant à droite, à gauche
cherche un animal fugueur
ou un peu de sommeil, qui sait ?
Il tire sur sa clope tranquillement
Il regarde le ciel, la rue, la vieille dame
en écoutant le bruit de ses pantoufles sur le bitume
en se demandant si seuls ceux qui ne cherchent plus rien
trouvent un peu de paix quelque part
au milieu de la nuit

 

 

Feel like ...

 


[Photos Marlene T.]

 

Samedi 16 Avril 2011 [HAUT]

 

Les sentiments

 

Tu lui dis de pas te faire chier avec ça. L’amour, bordel, c’est rien qu’une petite routine supplémentaire. Des tâches à la chaîne, comme à l’usine. Et t’as déjà ta dose avec les 3 x 8 pour gagner de quoi payer les factures. Alors putain, tu lui répètes une dernière fois de pas te faire chier avec les sentiments !

 

Vendredi 15 avril 2011 [HAUT]

 

Disparaître

Ses jambes
interminables
(ton regard)
ses mains
ses seins
(ton regard)
ses jambes
interminables
les miennes
que je croise
serrées
fort
je ne me demande même pas
pourquoi c’est elle que tu regardes
et pas moi
ça me semble
tellement
évident
ses jambes
interminables
les miennes
croisées
à me replier
tout autour de moi
froisser la peau
la chair
plier encore
devenir de plus en plus
petite
insignifiante
jusqu’à disparaître
complètement
 

 

Two for the road

 

Petite participation de mon pamplemousse à un beau projet !

 

Jeudi 14 avril 2011 [HAUT]

 

Ces moments-là
 

On peut pas dire qu’il se passe quoi que ce soit de particulier, non. C’est peut-être juste la lumière qui prend une de ces couleurs impossibles à décrire, quand tout devient ambré et séduisant. Quand la musique résonne dans ta tête, dans ton ventre, dans le ciel. Peu importe d’où elle jaillit, tu la bois, tu la laisses envelopper l’instant, infuser son rythme à tes pas. Et même la rue se met à onduler comme une rivière rieuse. Les gens sont magnifiques. Ils te sourient. Tu arrives presque à lire des choses dans l’irisé de leur regard. Des fragments de leur âme peut-être. La vie prend une saveur intense dans ces moments-là. Tu sais que ça va pas durer. Ça dure rarement longtemps. Alors tu continues d’avancer, en essayant de pas trébucher, en écoutant le soleil dessiner sur ta peau un costume de héros.

 

Mercredi 13 avril 2011 [HAUT]

 

Les fleurs tatouées
 

Elle aime les regards tristes et les sourires fragiles. Les épaules qui s’enroulent autour du cœur. Les mains qui tremblent quand la timidité tatoue ses fleurs sur la peau. Elle aime les gens comme ça, en se demandant si aimer les gens qui nous ressemblent ce ne serait pas une manière de s’aimer un peu soi-même sans oser se l’avouer...


 

Fragile Kiss

 


[Londres 2011, Photo Marlene T.]

 

Invoice 29/03/2011

From : Son of recession

To : Public

Street art (kiss)

Total amount : Free

 

Mardi 12 avril 2011 [HAUT]

 

Charogne !

 

Charogne #2 est disponible, pleine d'insectes, de chair et de poils. Au sommaire de ce second opus :

Jacques Ancet
Bénédicte Balza
Julien Blaine
Antoine Brea
Christophe Esnault
Lauranne
Patrice Maltaverne
Charles Pennequin
Pascal Pratz
Guillaume Siaudeau
Marlène Tissot
Gaston Vieujeux
Thomas Vinau
Vincent

Illustrations : Magali Planès
 


Going nowhere

Viens, rejoins-moi dans le nulle part, glisse-toi avec moi sous les plumes tièdes de l'ordinaire, tu verras, on sera bien, ici c'est un endroit où il ne se passe rien, où absolument aucune surprise ne fera imploser ta petite paix grise...

Lundi 11 Avril 2011 [HAUT]

 

Avant

"Avant c'était pareil,faut pas croire..."
[Heptanes Fraxion]

 

On a toujours eu assez d’imagination, tu sais. On a toujours été assez malins pour se figurer des raisons de se plaindre. Parfois il suffit juste de couler les couleurs du monde dans le goudron de nos humeurs. C’est pas nouveau, tu sais. On a toujours eu assez de pluie dans le ventre pour éteindre les sourires, pour noyer les flammes qui tiennent chaud aux rêves...

 

Mercredi 6 avril 2011 [HAUT]

 

Jeu de main

 

Participation photographique
au n°14 de FPDV

 

 

 

Ce qui se cache

 

C’est le girl power, elle dit, en essuyant sa morve d’un revers de main. C’est le girl power, bordel ! Et elle remonte ses chaussettes, elle se gratte le bas du ventre comme s’il venait d’y pousser une paire de couilles.
Lui, il la regarde, il ne dit rien mais il devine, sous la pénombre des sourcils froncés, tout la douceur qu’elle tente de planquer...

 

Mardi 5 avril 2011 [HAUT]

 

Faire face au vent

 


[Portobello Road, Londres, Photo Marlène T.]
 

 

Faire face au vent
le laisser embrasser
tes joues
ton front
le laisser soulever
comme une jupe
les odeurs du passé
accrochées
à ta peau
 

Lundi 4 Avril 2011 [HAUT]

 

Faut pas croire tout ce qu'on raconte

 


[Rennes 2009, photo Marlène T.]

 

 

Y mettre un peu d'ordre


A défaut de parvenir à les dompter,
J’ai classé mes peurs par ordre alphabétique.
 

Samedi 2 Avril 2011 [HAUT]

 

Un poisson dans le vase

 

C'est le premier vendredi d'avril et les poissons nacrés fleurissent dans les vases communicants ! Ce mois-ci, Murièle Modély dépose sa poésie sur Mon Nuage et accueille mes poussières à la frange de son Oeil. Pour en savoir plus, suffit de cliquer sur les liens en gras. Et les mots de Murièle sont juste là :

 

Vacillement

mon lent vacillement
sur des talons hauts
me trouble le visage

la moiteur d'été coule
roule entre mes deux seins
je suis fébrile et sage

sous la gorge la rage
gronde avale le monde
je baise à pleine bouche

flamboyant
fluide rouge désir
en pluie fine ma peau

ylang ylang
ocre fleur épicée
frotte lèche mon nez

longani
globe rond opalin
déboule mord ma langue

chaude averse
ruissellement radier
torrent brut à mes pieds

presque quinze ans
c'est ma chair
qui palpite
vibre jouit
gicle en terre
jaillit comme
un volcan

*

je me souviens
le trouble mon visage
la fièvre le fracas

je me souviens
l'odeur la lumière
l'âcre grésillement

je me souviens pourtant
je cherche à quatre pattes
des bouts de mes quinze ans

[Murièle Modély]
 

Vendredi 1er avril 2011 [HAUT]

 

<<[Textes suivants]

[Textes Précédents]>>