Les stries violacées des nuages
Lèchent, brûlent la lune à l'horizon
 

 

Enola Gay, Ludwig von 88



 

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Vieilleries

 


[L'auteur]

Marlène TISSOT est venue au monde inopinément. A cherché un bon bout de temps avant de découvrir qu'il n'y avait pas de mode d'emploi. Sait dorénavant que c'est normal si elle n'y comprend rien à rien. Raconte des histoires depuis qu'elle a dix-ans-et-demi et capture des images depuis qu'elle a eu de quoi s'acheter un appareil. Ne croit en rien, surtout pas en elle, mais sait mettre un pied devant l'autre et se brosser les dents. Ecrira un jour l'odyssée du joueur de loto sur fond de crise monétaire (en trois mille vers) mais préfère pour l'instant se consacrer à des sujets un peu moins osés.

 


 

[Editions]

 

Mes pieds nus dans tes vieux sabots bretons, collection 8pA6 de La Vachette Alternative

 

 

Nos parcelles de terrain très très vague, Éditions Asphodèle, Collection Minuscule

 

disponible également via Fnac, Chapitre, Amazon,

Place des Libraires
 

 

London Trip Diary, At Home Editions

 


disponible via

 

 

Celui qui préférait respirer le parfum des fleurs, collection 8pA6 de La Vachette Alternative

 

 



[Parutions en revue]

 

L'Angoisse - Chos'e - Dissonances - Interlope - Interruption - Katapulpe -L'Autobus - Levure Littéraire - Mauvaise graine - Microbe - Magnapoets - Nouveaux Délits - Revue Squeeze - Traction Brabant - Trace écarT - Le Zaporogue 


 

[Participations]

 

CroutOthon - FPDV - Le Quotidien des Martyrisés -Les 807 -  Les Etats Civils - OnLit - Sistoeurs.net - Vents Contraires - Vous dites ? 
 



[Email]

 

marlene.tissot@gmail.com
 

[Marlène ailleurs]

 

Sur Flickr
Sur DIYZines
Sur Les Etats Civils
Sur Sistoeurs.net
Sur On Lit
Sur Vents Contraires
Sur Fulgures.com

 


 

[Liens]

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And all I want now is happiness for you and me

[Happiness, Elliott Smith]
 

 

Libellule

Elle s’est réveillé ce matin sous une petite tâche de soleil glissée dans le trou du volet. C'était le dernier matin de l'année et elle se demandait si ce détail avait réellement de l'importance. Elle a entrouvert ses yeux. Juste un peu. Comme quand elle était petite et qu’elle regardait entre ses cils en faisant semblant de dormir. Ça lui donnait l’impression d’observer le monde à travers les ailes d’une libellule.



[Libellule sur magazine, août 2010, Photo Marlène T.]

Vendredi 31 décembre 2010 [HAUT]

 

A l’intérieur

Il dessine
trace des traits
à l’encre noire
les sourcils froncés
le regard fiévreux
il n’est plus là
il est à l’intérieur
de son dessin
une forêt
un labyrinthe
une citadelle
un lieu sacré
une fissure
dans le réel
où il planque
ses rêves inavoués
ceux qui feraient
ricaner les gens
sérieux
 

 

People help people

 

 

" Art doesn't help people. People help people."

[By Hera et Akut aka Herakut, Berlin]

 

Jeudi 30 décembre 2010 [HAUT]

 

Eternité

L’envie de mort revient parfois. Imprévisible. Comme la douleur fantôme d’une vieille blessure. Et on incrimine le mauvais temps, l’humidité, la fatigue. On effleure du bout du doigt le mauve nacré de la cicatrice. On se souvient. De temps en temps. L’envie de mort revient. Parfois sans raison. Parfois simplement parce qu’on s’imagine que quelqu’un se mettrait alors à nous aimer d’un amour immense et sublime. Avec la chaleur de ses bras serrée sur notre absence. Pour l’éternité.

 

 

« Maybe death is what makes someone beautiful »
[in And This Is True d’Emily Mackie]

 


 

Mercredi 29 décembre 2010 [HAUT]

 

La magie

 

La magie ne pousse pas à date fixe, ne respecte aucune règle, se moque des croyances, des calendriers, des sapins,  des lumières, des monuments, des portes monnaie.

La magie traîne ses guêtres avec la poussière et les vers de terre, sur les chemins abandonnés ou entre les brins d’herbe. La magie se planque contre le flanc tiède des animaux sauvages et elle se cueille parfois dans leurs regards.

 

[New Forest Park (UK) 2009, photo marlène T.]

 

Vendredi 24 décembre 2010 [HAUT]

 

Les rayures blanches

 


[Brighton 2009, photo Marlène T.]


 

Do not cross the line

 

Aujourd’hui il a décidé de tracer des rayures blanches avec ses dents et son sourire sur le costard noir que les jours s’amusent à lui tailler.

 

 

You’ve got her in your pocket

[white stripes, album « elephant »]

 

Jeudi 23 décembre 2010 [HAUT]

 

Les rêves qu’il suicide doucement

Le réveil sonne
alarme sursaut
il sent comme des milliers de pointes
de couteaux qui se plantent
dans son ventre et dans sa tête
et un peu partout dans lui
sortir du lit
dehors c’est encore nuit
il avale un café
et écoute son cœur s’accélérer
battre battre battre
combattre
pas encore tout à fait mort
mais il a des choses qui s’éteignent en dedans
et ses rêves qu’il suicide doucement
dans le vitriole des jours
il enfile un pull épais et puis son blouson
il cherche avec ses poings au fond des poches
un peu de force
quelque part dans les recoins
en s’en allant décharger les camions
à l’arrière d’un grand magasin
comme chaque matin
pour gagner sa vie
une vie dont il ne sait plus vraiment
quoi faire
maintenant qu’elle est remplie
de tout un tas de rêves
assassinés
 

Hello World

 

 

Pour voir d'autres projets de ces deux artistes un peu barrés, y'a qu'à cliquer : Ariel Schlesinger (Poetic destruction) & Aram Bartholl (Map)

 

Mercredi 22 décembre 2010 [HAUT]

 

La vie d'un chapeau après la mort de son maître [Extraits]


Avec les superbes illustrations du Boulatin

 

[Projet en cours de tricotage...]

 

Mardi 21 décembre 2010 [HAUT]


Les Etats Civils

 

 

Une petite participation au nouveau n° de la revue Les Etats Civils qui démarre sur les chapeaux de roue !


 

Ce que je fais là

Peu importe l’endroit où je me trouve
je ne sais jamais vraiment ce que je fais là
je voudrais bien pouvoir dire
merci maman
merci papa
mais dans le fond je me demande
si c’est grâce à eux
ou à cause d’eux
que je suis là
que je ne sais jamais vraiment
ce que je fais là

 

Lundi 20 décembre 2010 [HAUT]

 

Midi

 

j’ai bouclé les trois dossiers que le chef
voulait sur son bureau pour midi
il est midi
je les dépose
sur son bureau
il ne dit pas merci
il ne lève même pas les yeux vers moi
dans son monde je n’existe pas
alors je joins mes pas perdus
aux pas des autres invisibles
dans la grande procession vers la cantine
prions pour sainte salade mimosa
avant de s’enfiler
quelques boulettes de viandes
dans une sauce vaguement brune
trois rondelles de carottes
une louche de purée
un fruit mort né
on somnole dans
le brouhaha des conversations de collègues
qui voudrait bien devenir amis
ou plus si affinité
des discussions qui tournent en rond
qui tournent court
qui tournent au vinaigre
quand certains oublient les sujets à éviter
toujours les mêmes
la politique
le racisme
le pognon et
est-ce que je dis à Isabelle
qu’elle a un bout de salade collé sur l’incisive ?
j’hésite souvent
dans ce genre de situation
c’est comme les braguettes ouvertes
si on le fait remarquer
c’est forcément qu’on a le regard
qui s’est posé

alors on dit rien
on laisse quelqu’un d’autre s’en charger
on apprend à devenir
chaque jour un peu plus lâche

[Extrait de "Les choses ordinaires"]

 

Samedi 18 décembre 2010 [HAUT]

 

It’s Christmas time

Les boules, les boules, les boules. Et sur la grande place, le sapin gigantesque, presque aussi haut qu’un building ‘ricain de 807 étages.

Les employés municipaux qui piétinent dans des flaques de neige grise en soufflant de la fumée blanche. La grue en panne et le maire qui gueule « mais qu’est-ce que c’est que ce bordel !? ».

La magie de Noël qui reste coincée sous les ongles comme de la poussière qu’on gratte au fond d’une poche.

[Texte paru en simultané sur le site des 807]

 

Vendredi 17 décembre 2010 [HAUT]

 

Rafistoler

Parfois on regarde les choses
s’abîmer
tout doucement et
c’est pas vraiment qu’on attend
que ce soit complètement foutu
parfois on se dit même
qu’on pourrait rafistoler
avant qu’il soit trop tard
avant que tout soit délabré
avant qu’on n’ait plus nulle part
ou poser son cul
plus personne
à prendre dans ses bras


 

Poser son cul


[La Friche RVI, Lyon, Photo Marlène T.]

 

Jeudi 16 décembre 2010 [HAUT]

 

Les mains dans les poches

Tout se met à pencher et on dirait bien que le ciel déverse son trop plein de gris dans nos valises poussiéreuses. Celles qu’on entasse dans un coin du grenier avec leur ventre plein de souvenirs, de regrets, de remords. Toutes ces choses que l’on n’ose pas toucher du doigt mais qu’on ne peut jamais tout à fait quitter des yeux. Qui nous empêchent de regarder vers l’essentiel. Pas le temps qui reste ni celui qu’on a perdu mais l’instant en équilibre juste entre les deux. Celui où les valises sont inutiles.

 

Mercredi 15 Décembre 2010 [HAUT]

 

Le quotidien des martyrisés #1

 

Encore une petite participation au Quotidien des Martyrisés qui sort les épines (sans sapin) histoire de nous réveiller un peu le décembre... le PDF se chope ICI ! Et en plus y a des illustrations de Bill Térébenthine...
 

 

La peur de toi

Je voudrais bien
grandir en dedans moi
comme j’ai grandi en apparence
mais j’ai des tresses
et des dents de lait
qui restent là
planquées sous mes rides
et je n’arrive pas à comprendre
pourquoi elle me colle à la peau
la peur de toi
papa

 

Mardi 14 décembre 2010 [HAUT]

 

Entre les cuisses d’Alice

C’est d’ici que je viens
d’entre les cuisses d’Alice
extirpé du tunnel
sombre
sanglant
arraché de ses entrailles
comme un lièvre galeux
alors qu’elle
elle rêvait
d’un joli lapin blanc

 

Lundi 13 décembre 2010 [HAUT]

 

Une neige minuscule
 

Il la fait rire juste au moment où elle s'apprête à mordre dans sa gaufre poudrée. Un nuage de sucre glace s'envole comme une neige minuscule et gourmande, tourbillonnant entre leurs yeux, entre leur bouche.

 

Samedi 11 décembre 2010 [HAUT]

 

Follow the line

 


[Strasbourg août 2010, Photo Marlène T.]

 


Les plis du ciel

Les nuages donnent au ciel
un air d’origami blessé
ses plis en forme de plaies
et le soleil qui y plante
ses rayons parfaitement
aiguisés
 

 

Vendredi 10 décembre 2010 [HAUT]

 

Comme je ne comprenais rien à ce qui se passait

Je restais sagement
enfermée dans ma chambre
et pour ne pas pleurer
je dessinais
des histoires colorées
sur le blanc de la nuit
mes larmes emprisonnées
finissaient par cristalliser
parfois elles explosaient
dans mon ventre
comme des feux d’artifice


Don't be scared


[Brighton 2009, Photo Marlène T.]

 

Jeudi 9 décembre 2010 [HAUT]

 

Tell mum everything is ok

Dis à maman que tout va bien
que j’ai trouvé un boulot
que j’ai arrêté mes conneries
dis-lui que bientôt j’aurai un appart’
un vrai
rien qu’à moi
elle pourra venir me rendre visite
(si elle veut)
dis à maman que tout va bien
(si elle demande)

 

Mercredi 8 décembre 2010 [HAUT]

 

Round Up

 

Un petit texte à lire chez FPDV où décembre se réchauffe à grand renfort de POILS...
 

 

Qui je suis

 

laisse-moi chercher
dans la pénombre au fond de moi
laisse-moi tenter de m'apprivoiser
un peu
ne plus me mordre
l'intérieur

 

Mardi 7 décembre 2010 [HAUT]

 

All Cleaned Out


[All Cleaned Out, Elliott Smith, album "New Moon"]
 

 

Puzzle
 

Il faut sans cesse reconstituer le décor avec les morceaux brisés, le quotidien comme un puzzle, portrait des jours difformes, image boursouflée, reflets blessés, suturés, parfois je voudrais bien que mon cœur avorte de toi quand tu es comme ça, te sortir de mes chairs sanguinolentes, quand tu as l’air d’un monstre aussi immonde que tous les autres monstres, quand j’en arrive à me demander si vraiment l’amour est encore vivant à l’intérieur de moi…

 


Peindre les détails de la vie en rose


    
relever les manches
          et les coins des lèvres
               sourire
                    y croire encore

 


[Londres juin 2010, Photo Marlene T.]

 

Lundi 6 décembre 2010 [HAUT]

 

Forêt toxique

La ville n’a pas besoin
de toi
de moi
pour pousser
brique après brique
toujours plus haut
forêt toxique
qui se nourrit de nos crachats
nos pas pressés
nos angoisses
nos besoins de chaleur
nos bitures
nos humeurs de chien
nos envies de pisser
au pied des lampadaires
arroser le sourire mesquin
du bitume luisant
mais la bienséance
ah oui la bienséance
cette drôle de chose
qui nous empêche de
redevenir tout à fait
animal
rugissant
dans la ville qui pousse
toujours plus haut
et plante ses racines
dans le ventre
de nos rêves

 

Samedi 4 décembre 2010 [HAUT]

 

La nuit dans ton vieux sac à dos

T’as emballé la nuit dans ton vieux sac à dos. Tu te dis que celle-là c’est une nuit à garder. Dans un sac, ou au fond d’une poche. Ou peut-être juste pliée avec soin entre deux souvenirs. Les plus beaux. Ils sont pas légion... Les étoiles s’estompent doucement et le jour déroule son tapis de poussières. Le bruit cotonneux de tes pas. Le goût de la nuit encore accroché à tes cils, à tes lèvres, à ta langue. Le goût de l’amour. Le goût de la bière.
Dans le lit, c’était chaud quand tu t’es levée. Comme un tas de braises sur lequel il aurait suffi de souffler. Mais les feux, ça finit toujours par s’éteindre. Tu le sais bien. Et puis le grand froid s’installe dans les cœurs. Les dents deviennent tranchantes. Les souvenirs s’effritent. Il ne reste plus rien. Alors t’as emballé la nuit dans ton vieux sac à dos et t’es partie. Sur la pointe des pieds. Avec le ventre encore gorgé de lui.
Partir, c’est ce que tu sais faire le mieux.
Te souvenir aussi.

 

Vendredi 3 décembre 2010 [HAUT]

 

Ruer vers l’or

Il ne veut pas
être poli
dire bonjour
faire ses devoirs
brosser ses dents
manger sa soupe pour bien grandir
apprendre les règles
comprendre la vie
comment on doit marcher
les uns sur les autres
se mordre
et puis griffer la terre
ruer vers l’or
courir après toutes ces choses
le pouvoir
l’amour
la gloire
non !
il veut juste rester là
avec ses mains en visière
dans une tâche de soleil
à regarder le monde
à travers les lunettes de l’enfance
[extrait de Western Coquillettes, en cours]


 

O Petit BoBourg

Ce jeudi 2 décembre, 19h30 à Metz, soirée-lecture au bar-galerie "O Petit BoBourg" où Frédéric Perrot et Patrice Maltaverne nous invitent à découvrir des textes Fernando Pessoa.
La deuxième partie de soirée sera consacrée à l'actualité poétique et l'on y parlera, entre autre, de la sortie de "Nos parcelles de terrain très très vague". Thanks guys !

 

Jeudi 2 décembre 2010 [HAUT]

 

Il a neigé sur yesterday aujourd’hui

Et le paysage ressemble à
une page blanche sur laquelle
on pourrait presque tout écrire

 


Les gens qui s'aiment rendent le monde plus beau

 


[La Friche RVI Lyon, Photo Marlene T.]

 

Mercredi 1er décembre 2010 [HAUT]

Bouteille à l'amer

Il y a parfois
l’envie de naufrage
qui revient
la trouille un peu
l’ivresse surtout
lâcher prise et couler
glisser des SOS
dans les bouteilles vides
qui n’iront pas plus loin
que la poubelle
au pied de l'immeuble
 

 

Whiskey works better than beer
[Elliott Smith in Kings Crossing (watch on Youtube)]


 


[Londres, Denmark Passage, Juin 2010 Photo Marlène T.]

 

Mardi 30 novembre 2010 [HAUT]

 

Rien d’autre

Tu grattes au fond de tes poches
quelques miettes et de la poussière
se coincent sous tes ongles
rien d’autre


Comment on fait pour
démarrer une nouvelle vie ?

quand t’as mis du silence
si longtemps
sur tes douleurs
que ta bouche a fini par
cicatriser sur les cris
quand tu crois
que tu n’as plus rien
et que même tes pieds ne sont
plus tout à fait à toi
comment avancer
quand le bout de la rue
semble aussi loin
que le bout du monde ?
 

 

Merci

Merci à Miss co errante, Eric, Cathy, Aglaé, Mireille (et tous ceux que j'oublie, désolée) pour les mots sur leurs blogs à propos de "Nos parcelles de terrain très très vague". Merci à tous ceux qui ont pris le temps de me dire ce qu'ils en pensaient, ça me touche beaucoup !

 

Lundi 29 novembre 2010 [HAUT]

 

Chacun continue

La nuit tombe sur la ville avec brusquerie et on s’attendrait presque à ce que tout se casse la gueule avec elle. Mais on reste debout. Chaque chose en équilibre. Les monstres tapis sous l’asphalte ou planqués dans nos têtes. On allume des petites lumières sur le nez des voitures, au plafond des maisons, derrière les vitrines. On éclaire la moindre parcelle. Et chacun continue d’avancer, comme si de rien n’était. Avec un air faussement rassuré.

 

Samedi 27 novembre 2010 [HAUT]

 

Nos ventres l’un contre l’autre

On planque nos petites douleur
sous l’ambre du tapis de feuilles mortes
on enterre les rancunes
sous les premiers flocons
on se sourit
le feu n’est pas encore éteint
dans nos ventres
chauds
serrés
l’un contre l’autre

 

Vendredi 26 Novembre 2010 [HAUT]

 

Sa rage avec la mienne

J’ai entouré ma bouche
mon nez mon cœur dans
une grosse écharpe de laine
pour me protéger du froid
grandissant
entre elle et moi
des silences
de tous ces mots
qu’elle n’ose pas
me jeter au visage
qu’elle griffe sur le papier
pour éviter d’avoir à confronter
sa rage avec la mienne

 

Jeudi 25 Novembre 2010 [HAUT]

 

Le quotidien des martyrisés

 

le #0 du Quotidien des Martyrisés vient de sortir et continuera de s'égrainer chaque jeudi... On peut le lire ICI et chez tous les dépositaires de France et de Navarre.
 

 

À l’heure des lampadaires oranges

Dans la rue les volets sont clos
comme des paupières
petit matin frisson
arrosé de jus de loupiote
l’homme souffle sur ses mains rougies
les frotte un peu l’une contre l’autre
rajuste son bonnet
puis il attrape le manche du balai et
se remet à brosser les dents du caniveau
 

 

Qui sont les jeunes poètes d'aujourd'hui ?

 

Un article de François-Xavier FARINE sur le site de la médiathèque du Nord à lire ICI. Merci à lui pour ces chouettes mots !

 

Mercredi 24 Novembre 2010 [HAUT]

 

Monstre en stock

 

Un petit passage par FPDV pour ajouter un monstre à la galerie !

 


Carte postale Bretonne n°26


[Cancale, Octobre 2010, Photo Marlene T.]
 

 

La rouille

 

Faudrait briser les chaînes
ébouler les murs
faudrait savoir s'aimer
sans se faire du mal
sans vouloir toujours jouer
au gendarme et au prisonnier

 

Mardi 23 Novembre 2010 [HAUT]

 

Le jour des corbeaux

Il a replié le jour puis il a passé sa langue sur le bord
pour le fermer comme une enveloppe chargée
de menaces anonymes
 

 

I've been pissing in the wind

[Badly Drawn Boy]

Lundi 22 Novembre 2010 [HAUT]

Dans un repli du temps

Ce n’est plus la nuit et pas encore le jour. Moment suspendu. Un vague bruissement d’éveil. Quelques pêcheurs sur le port. Un gars en veste orange qui balaye les rues. Les lumières pâlottes échappées de l’arrière-salle des restaus. Les mouettes, toujours. Quelques ombres furtives. Et le ciel qui rougit comme une fille timide. L’impression de se trouver dans un repli du temps. Un de ces instants où tout semble possible. [Carte postale Bretonne n°25]


 

Carte postale Bretonne n°24


[Cancale, Octobre 2010, Photo Marlene T.]

Dimanche 21 novembre 2010 [HAUT]

Écorchures

La jupe écossaise de la fille
les genoux de la fille
des écorchures
le bus qui hoquette à chaque arrêt
mes yeux qui n’arrivent pas à lâcher
la jupe écossaise de la fille
bleue et rouge
comme les siège du bus
les genoux de la fille
écorchés
ses ballerines
ses mains propres
bien à plat sur ses cuisses
son cartable à côté
son visage de môme
douze ans peut être treize
je ne me souviens plus si à cet âge
je portais des jupes écossaises
ni des ballerines mais
mes écorchures je les planquais
à l’intérieur du coeur

Vendredi 19 Novembre 2010 [HAUT]

Même les arbres tombent

Je déteste les gens qui poussent
un peu trop droit dans leurs bottes
ceux qui tiennent debout quoi qu’il arrive
ceux qui ne plient jamais
 

Non de non !

Comme d'hab' j'ai un train de retard pour l'annoncer mais... j'ai répondu à quelques chouettes questions chez Non de non !

Jeudi 18 Novembre 2010 [HAUT]

Chez le marchand de petits bonheurs

Mettez-moi
s’il vous plait
quelques tranches de
ce qui vaut la peine
d’être vécu
 

Carte postale Bretonne n°23


[Forêt de Brocéliande, Octobre 2010, Photo Marlene T.]

Brocéliande #2

Les feuilles s’échouent au pied des grands arbres
comme des petites fées rousses tombées du nid
[Carte postale Bretonne n°22]

Mercredi 17 Novembre 2010 [HAUT]

Tread softly because you tread on my dreams
[Marche doucement car tu marches sur mes rêves]

in "He wishes for the cloths of heaven" de W.B. Yeats
 

Accoudé au comptoir d’un jour qui peine à se lever

On pourrait découper l’utopie en tranche
et la beurrer comme une tartine
on pourrait verser un nuage d’espoir
dans les tasses de matin noir (sans sucre)

Mardi 16 Novembre 2010 [HAUT]

Jouer avec les sirènes

Une plage vide
sous un ciel d’automne
le sable couleur cendre
le chant rauque des vagues
personne
sauf un petit vieux
qui promène son chien
et une fillette
courant vers la mer
comme si elle fuyait
le monde pour aller
jouer avec les sirènes
[Carte postale Bretonne n°21]

Carte postale Bretonne n°20


[Cancale, Octobre 2010, Photo Marlene T.]


L'Angoisse n°7 vient de paraître !

L'ANGOISSE DECATIE A DES YEUX DE VELOURS
(avec la faute d'orthographe la plus aberrante du mois directement en couverture !)
http://www.revueangoisse.blogspot.com

Dans ce numéro il y a :
Des chevaux échappés des l'enfer
Du sperme
Des fêtards flous
Des pertes de repères et des écrivains névrotiques
Des Christ en souffrance, des piranhas en 3D et une fin du monde débile
Une biche éclatée et un loup pervers
Des plaques d'égoût, des nichons qui tombent, un prof qui a la trique
Des hurlements dans tous les sens et des morts silencieuses
Des foetus sous perf, des enfants qui flippent, du bruit
Des voitures explosées
Des corps disloqués, des soliloques énervés, des corps déchargés, des esprits plein de merde
Des salopes dégueulasses et de minables connards
Des ratures, des hachures, des coulures, des bites et des chattes et des suintements variés
Des femmes qui saignent et des femmes qui gueulent
Des miettes qui restent en travers de la gorge, du spleen moderne
Des cauchemards métalliques et des rêves de fer
De l'apitoiement et des fantômes incontinents
Des viscères qui parlent fort, des bites et des chiens qui parlent fort aussi
De la viande, de la paranoïa importée du futur, de la peur, de la peur, de la peur
Des hommes bandants, des femmes bandantes aussi
Des portraits flippés et un monstre sous toutes les coutures
Du name-dropping pathologique et des gueules sans noms
Des cauchemars gravés dans le bois et de la schizophrénie d'avant-garde
Des dominos métaphysiques (comme toujours)
Du roman noir
Une crucifixion païenne
Le peintre du bonheur
De la viande, de la viande, encore de la viande

DANS CE PUTAIN DE NUMERO :
194 pages de texte, pas loin de 200 images, de la musique plein vos esgourdes.

DANS CE FOUTREDIEU DE PUTE DE NUMERO :
MANDY - AURORE LALOY - N.A.G. - BENJAMIN MONTI - BORIS CRACK - DAVE 2000 - MAMADOU LOVE - SOOMIZ - DOM GARCIA - NICOLAS BRULEBOIS - MARLENE TISSOT - RMM ALKBAZZ - CLOTILDE DELCOMMUNE - ANAIS MAUZAT - PAUL SUNDERLAND - HORSES EAT SUGAR - MYRIAM LINGUANOTTO - JOEL MAS - EX AEQUO - GAIJIN - REGIS BELLOEIL - JACQUES CAUDA - OSMOSE CURVES - SARAH FIST'HOLE - ALAIN MARC - SAMANTHA GAI - MANUEL MONTERO - FLORIAN TOMASINI - SARA CHELOU - REMI TEULIERE - HEPTANES FRAXION - OSCARR - LANCE ROQUETTE - RONAN ROCHER - SlIP - THOMAS VINAU - CLOUD - A.C. HELLO - GILLES FELA - OLIVIER BKZ - JEREMY BRETHES - WOOD - THIERRY THEOLIER - JEAN-MARC RENAULT - MARC BRUNIER-MESTAS - FRANCOIS RICHARD - VINCENT PONS - FRED GEVARD - CHRISTOPHE SIEBERT - OLIVIER ALLEMANE

à télécharger ici :
http://www.revueangoisse.blogspot.com

Lundi 15 Novembre 2010 [HAUT]

Mordre dans d’autres chairs

C’est un de ces instants
où l’air du large
fait comme
un goût de sang
dans la bouche
une faim presque cruelle
l’envie de hisser la grand voile
voguer vers d’autres rives
mordre dans d’autres chairs
[Carte postale Bretonne n°19]

Vendredi 12 Novembre 2010 [HAUT]

Carte postale Bretonne n°18


[La Guimorais, Octobre 2010, Photo Marlene T.]

Jeudi 11 Novembre 2010 [HAUT]

Les histoires d’un vieux loup de mer

Il nous racontait la tempête qui faisait
s’envoler les rochers de la Pointe du Raz et
les cadavres échoués sur la Baie des Trépassés
et nous on s’en foutait de savoir si tout ça
c’était vrai ou bien s’il inventait
on l’écoutait et c’était autrement plus captivant
que les dessins animés du mercredi à la télé
[Carte postale Bretonne n°17]


Carte postale Bretonne n°16


[Cap Fréhel, Octobre 2010, Photo Marlène T.]

Mercredi 10 Novembre 2010 [HAUT]

Tenir bon

Le bruit des coquillages
qui se brisent sous nos pas
et le gris du ciel
qui voudrait bien
nous faire pleuvoir
nous voir glisser
contre l’épaule des nuages
mais on s'accroche
on tient bon
on cultive
jour après jour
des miettes de douceur
qui roulent au creux du coeur
comme des perles
précieuses
[Carte postale Bretonne n°15]


Carte postale Bretonne n°14


[Cancale, Octobre 2010, Photo Marlène T.]

C'est la saison des microbes
 

Et s'il y en a bien un que je suis ravie d'accueillir chez moi, c'est celui d'Eric

 

Au sommaire du n°62 :

Illustrations de Serge Poliart
Textes de
Andréa Bely
Michel Bourçon
Alain Crozier
Éric Dejaeger
Olivier Dulieu
Georges Elliautou
Cathy Garcia
Catfish McDaris
Carmelo Marchetta
Jany Pineau
Basile Rouchin
Éric Savina
André Stas
Marlène Tissot

Les abonnés le recevront début novembre. Les abonnés « + » recevront également Avant de mourir, mi(ni)crobe signé Marc Bonetto. Les autres ne recevront rien. Pour tous renseignements, contactez Eric.

Mardi 9 Novembre 2010 [HAUT]

Le temps et les souvenirs que la marée entraîne au large
 

C’était il y a combien de temps tout ça ?
Quand les crabes ramenés du port cavalaient dans la petite cour. Qu’on nettoyait nos pieds pleins de sable sous le robinet. Que la vieille dame d’à côté barattait son beurre et qu’on mangeait des crêpes géantes chez Alberte.
Elle est encore en vie, Alberte. Il paraît qu’elle n’y voit plus grand-chose et qu’elle ne marche plus du tout. C’est son fils Luc qui la promène le dimanche. Elle aime bien voir la mer.
Maurice passe presque chaque jour nous donner des nouvelles. Il me demande si je me rappelle, de ceci, de cela. Oui, je me souviens. Et pourtant tout me semble tellement loin. Est-ce que c’était vraiment moi ? Est-ce que j’ai eu plusieurs vies à l’intérieur de ma vie ?
[Carte postale Bretonne n°13]


Carte postale Bretonne n°12


[Cancale, La Houle, Octobre 2010, Photo Marlène T.]

Lundi 8 Novembre 2010 [HAUT]

Sur le Blog du Grognard
 

Une chouette pub pour l'éditeur Asphodèle et pour "Nos parcelles de terrain très très vague" à lire sur le blog du Grognard !


Le bleu du ciel
de la mer et
de tes yeux

Et même s’il est d’un noir opaque
comme un plafond carbonisé
prêt à nous tomber dessus
prêt à nous ensevelir
tôt ou tard
le ciel finira bien par
redevenir bleu
le soleil sortira de l’eau
à l’horizon
éclaboussant
la crête des vagues
de sa gelée rouge sang
et puis il s’élèvera
tel un vieux sage souriant
pour redonner à la vie
ses couleurs
[Carte postale Bretonne n°11]

Samedi 6 novembre 2010 [HAUT]

Carte postale Bretonne n°10


[Cancale, St Malo, Octobre 2010, Photo Marlène T.]

Une grande Minuscule nouvelle !

"Nos parcelles de terrain très très vague" vient de paraître aux Éditions Asphodèle dans la collection Minuscule. Il est bien entendu disponible en commande auprès de l'éditeur ou de l'auteur.
 

Bonne promenade !

Vendredi 5 novembre 2010 [HAUT]

En rentrant de Cap Fréhel [Carte postale Bretonne n°9]

La nuit nous est tombée dessus
sans prévenir
la boulangerie avait déjà enfilé
son rideau de fer
mais la supérette brillait encore
de tous ses néons
on est allé s’acheter
un paquet de craquelins
pour le petit dej’ du lendemain
avec du beurre salé
et une boîte de thé
la caissière nous a sourit
mécaniquement
malgré son regard épuisé
je me suis demandé
si elle avait des enfants
un mari
un chat
un chien
une pizza surgelée
qui l’attendait à la maison
c’est pas que ça m’inquiétait
réellement
d’ailleurs en sortant
j’ai cessé d’y penser
et on a couru vers la mer
comme des mômes
en riant
 

Carte postale Bretonne n° 8


[Cancale, Octobre 2010, Photo Marlène T.]

Jeudi 4 novembre 2010 [HAUT]

En attendant le soleil [Carte postale Bretonne n°7]

Je me suis levée avant le jour. Trop de silence. Malgré les fantômes infusés dans les murs. Je les sentais, partout. Dans la grosse armoire de bois sombre. Sous le parquet centenaire dont je n’osais toujours pas soulever la trappe. J’ai enfilé mes vêtements. Ils étaient froids et humides, comme la maison. Je suis sortie en soulevant la porte pour éviter qu’elle grince. La rue dormait encore. À peine quelques mouettes qui se moquaient de mes angoisses. J’ai marché jusqu’au bout de l'épi. La marée était haute. Le vent tournoyait, indécis, presque colérique.
Le mois dernier, ils étaient venus jeter ses cendres ici. J’essayais d’imaginer la scène. Un nuage de poussière de lui, flottant une dernière fois au-dessus des vagues avant de se noyer en silence. C’est étrange la mort. Mais pas tellement plus que la vie. Je me suis accoudée là, flairant les embruns. L’horizon commençait à rougir. Le soleil n’allait pas tarder à pointer sa gueule ronde hors des flots. Il pouvait prendre son temps. Je n'étais pas pressée.


Carte postale Bretonne n° 6


[L'Épi, Cancale Octobre 2010, Photo Marlène T.]

Mercredi 3 novembre 2010 [HAUT]

Brocéliande [Carte postale Bretonne n°5]

A la taverne de Morgane
la bière donne des ailes
et les sourires échangés
font briller le regard
qu'on plante dans la mousse
en espérant que la timidité
y fera germer une fée
en forme de coeur
[La Taverne de Morgane, à Tréhorenteuc]
 

Carte postale Bretonne n° 4


[Cancale, Octobre 2010, Photo Marlène T.]

Mardi 2 novembre 2010 [HAUT]

Quand elle marche dans les flaques
on dirait qu’elle éventre le reflet des nuages
[Carte postale Bretonne n°3]

Le vent est un sale gosse
du genre qui soulève les jupes
en ricanant
et nous crache à la gueule
une vilaine petite pluie
lancée à l’horizontale
comme des fléchettes empoisonnées
les chats sont à l’abris
ici il n’y a que cette fille
qui avance courbée
planquée derrière son parapluie
qu’elle tient comme un bouclier
on voit juste ses jambes
qui dépassent
longues et fines avec
quelque chose de guerrier
dans la démarche
ses pieds fichés dans des escarpins
aux talons dangereusement
aiguisés
 

Carte postale Bretonne n° 2


[St Malo, Octobre 2010, Photo Marlène T.]

Lundi 1 novembre 2010 [HAUT]

Quelques gouttes de soleil [Carte postale Bretonne n°1]

On est monté au village pour acheter du pain. Le vent venait du large et rabattait nos cheveux sur nos joues, nos cols sur nos nuques. L’automne avait un goût salé et un regard un peu furieux. Le front du ciel plissé de nuages. Devant la boulangerie, il y avait la queue et un peu plus loin, des gens bien habillés piétinaient la place de l’église. Une mariée est sortie par la grande porte avec sa robe de princesse. Les mouettes tournaient au dessus avec l’air de se foutre un peu de sa gueule. Un petit vieux s’est mis à souffler dans un biniou. On n’entendait plus que ça. La musique qui débordait de la ville jusqu’au-dessus des toits. Jusqu’au menton du ciel. C’était magique. Presque effrayant aussi. Le musicien s’est engouffré dans une petite rue avec son instrument coincé sous le bras et les gens bien habillés ont disparu avec lui. On se demandait vaguement où ils allaient comme ça et si la robe de la mariée résisterait à une journée pareille. Si elle enflerait dans la tempête comme une grand-voile, nouée au bras du mari dans son petit costume gris. On a fini par acheter notre baguette en laissant nos questions silencieuses s'envoler puis on est redescendu vers la mer. Le vent s’était calmé. Il pleuvait quelques gouttes de soleil dans les flaques de ciel bleu.

Dimanche 31 octobre 2010 [HAUT]

Plénitude

La chair douce. Tiède. Débordant des vêtements. Mes seins lourds. Les caresser du bout des doigts. Chercher les limites. Glisser vers le ventre. Fourrager au creux des plis. Entre mes cuisses, si peu d’espace. Tant de chaleur. Et la peau tendue à l’extrême sur mes hanches. Mon cul, superbement vaste, la raie profonde. Ceci serait mon corps. J’explorerais chaque parcelle de son divin paysage. Je serais grosse. Je serais belle. J’allumerais la gourmandise dans le regard des hommes. On me remarquerait, enfin !
[Pour FPDV n°8, thème Fantasme]

Samedi 30 octobre 2010 [HAUT]

Quand son père la regarde peindre sans comprendre
 

Tu trouves pas qu’il fait froid ? Il demande. Et elle, elle se contente de hausser les épaules. Il sirote une gorgée de café, se gratte les couilles discrètement, feuillette le journal. Ça chauffe dans la rue en ce moment, il dit. Et elle, elle continue d’étaler la peinture sur sa toile. Faudrait écouter les infos de temps en temps, il murmure. T’intéresser un peu au monde dans lequel tu vis…
Bordel, qu’est-ce que ça caille, il répète. Tu voudrais pas que j’installe un radiateur dans ton atelier ? Et elle, elle hausse encore les épaules. Le froid, elle s’en moque. Elle a mis ses tongues avec des chaussettes et trempe le bout de son pinceau dans une tache de soleil.

Samedi 23 octobre 2010 [HAUT]

Comme le bruit de la pluie sur le toit

Le froid de la rue
remonte le col des passants
et des volutes gris-blanc
s’envolent des bouches d’égout
j’imagine un monde
planqué sous la surface
de notre réalité
des créatures étranges
qui fument leur cigare
ou boivent un thé brûlant
en écoutant le chant de
nos semelles sur l’asphalte

Vendredi 22 octobre 2010 [HAUT]

Jardiner les mots

Il écrit
comme d’autres jardinent
les doigts enfoncés
profond dans la terre
avec patience
avec amour


A fond farewell

Il y a des jours
qui font mal
comme un couteau
planté dans le coeur
deux fois

Jeudi 21 octobre 2010 [HAUT]

Le trou du fond de la baignoire

Aujourd’hui
j’ai envie
de rien
sauf
prendre un bain
et regarder
l’eau refroidir
autour de ma peau
je voudrais
me dissoudre
couler en tourbillon
gris
avec la crasse
dans le trou du fond
de la baignoire
faire
comme si je n’avais
jamais existé



[Autoportrait en fond de baignoire, photo Marlene T]

Mercredi 20 octobre 2010 [HAUT]

Your reality is not mine
 

me laisser pousser l’imaginaire
comme une tignasse de hippie
rire au nez de vos regards
couleur dédain

Mardi 19 octobre 2010 [HAUT]

Quand tu regardes ses jambes
et sa bouche et ses cheveux
qui bougent dans la lumière

Il y a des choses qui se dessinent
dans tes yeux
et c’est pas les paillettes
pas seulement
je sais comme elle est belle
pas seulement
belle
vivante vibrante
sa peau
son ventre qui palpite
l’avenir et tous les possibles
que tu pourrais faire germer en elle
des vies nouvelles encore
alors que moi
il me reste tellement peu
à t’offrir

Lundi 18 octobre 2010 [HAUT]

Glisser dans la bouche de l'arbre


[Aux environs de Metz, Juin 2010, Photo Marlene T.]
 

Mordu

Les jours rétrécissent
la vie rapetisse
et parfois
je me demande
laquelle de nous deux
s’amuse à grignoter l’autre

Samedi 16 octobre 2010 [HAUT]

Ton plus fidèle fantôme

J’habite dans le cimetière
de tes amours passés
planquée dans la pénombre
de tes vagues souvenirs
tremble darling tremble
je reviens te hanter
à jamais

 

What would you think of me if I told you
I haven't slept in weeks?
I've been up chasing my childhood with a pin
These are dreams old men dream

[Cold War Kids, Dreams old men dream]


Sleeping with a ghost

Ma petite participation au thème Fantasme à voir/lire aujourd'hui sur FPDV...

Vendredi 15 octobre 2010 [HAUT]

Les flaques de jour

Tu avances
sur la pointe des pieds
doucement
sans bousculer les heures
et parfois tu te demandes
si vraiment
tu irais plus loin
beaucoup plus loin
dans la vie
en courant
en sautant au dessus des gens
et des flaques de jours ordinaires


A snowflake falls in May

[Man of the hour, Pearl Jam]

Jeudi 14 octobre 2010 [HAUT]

Itinéraire d’un coup de poing dans la gueule

Le ciel est sombre. On dirait que la nuit se pointe prématurément. Un arrière-goût de fin du monde. Le soleil au beurre noir. Et même dans tes yeux, j’entends l’orage qui gronde. Tu veux quoi ? tu me demandes, en regardant le plafond. Tu veux te barrer, c’est ça ?

Non, c’est pas ça. C’est pas si simple. Je serre les dents sur mon silence. Étouffer la guerre dans mon ventre. Je voudrais pouvoir fuir sans avoir à partir. Trouver une issue. Un chemin. Et dans ma tête s’imprime l’itinéraire d’un coup de poing dans la gueule. Celui que j’attends pour me remettre les idées en place. Celui que je sens mûrir au bout de ton bras.

T’écrases ta clope et souffles une frange de fumée blanche. Les nuages galopent. J’ai la pluie au ras des cils. Putain de météo ! Tu t’approches et enroules tes bras autour de moi comme un imperméable à idées noires. Pourquoi ? Je mérite pas tout ça, bordel ! Ton amour, ta patience. La douceur est un langage que je ne comprends pas. Faudrait que tu me parles en braille. Avec tes mains. Très fort. Faudrait que tu me fasses mal.

Faudrait que tu me réapprennes la vie depuis le début.

 

Sometimes you’ve got to rewind to go forward
[Badly Drawn Boy, Have you fed the fish]

 

Les yeux ouverts

Tends ta joue, dit papa. Tends ta joue, bordel ! Et essaye pas de te protéger.

Je tends ma joue et je ficelle mes doigts les uns aux autres derrière mon dos. J’aperçois la grosse main de papa s’élever au-dessus de ma sale petite gueule. J’ai les jetons. J’ai beau avoir l’habitude, à chaque fois je sens mes muscles qui se raidissent juste avant l’impact. Je ferme les yeux.

Ferme pas les yeux, dit papa, ou je t’en colle une deuxième !

J’ouvre les yeux. Je ne me souviens plus pourquoi papa est en colère. J’ai peur. J’ai mal au ventre. La mandale me tombe dessus. Je suis toujours debout. À peu près.

Mercredi 13 octobre 2010 [HAUT]

AUCUNE CRÊPE
NE SERA SERVIE
ENTRE MINUIT
ET QUATRE HEURES
DU MATIN
[Richard Brautigan in Tokyo-Montana Express]


Trop tôt

La fissure dans le mur
me regarde et se fend d’un sourire
il est deux heures trente du matin
j’ai échoué, je ne sais comment
au sous-sol de mes rêves
il y fait sombre et humide
et des racines pendent du plafond
comme si mes songes se prenaient
pour des pissenlits
narguant mon appétit
mais moi c’est de crêpes
dont j’ai envie

 

Amoureux de Brautigan, il n’est pas trop tard pour se procurer la revue Microbe qui fête ses 10 ans en consacrant son n° 61 au grand Richard ! J'en avais déjà parlé au moment de sa sortie. Pour se le procurer, voir directement avec Eric ICI

Mardi 12 octobre 2010 [HAUT]


 

A mes pieds

Toute la nuit j’ai cherché le sommeil entre les draps
mais il avait décidé de déserter mon lit
alors ce matin pour le rendre jaloux
j’ai mis l’automne à mes pieds
 

Lundi 11 octobre 2010 [HAUT]

Où il est question de drôles d'oiseaux... 

Les oiseaux

On picore des frites molles en barquettes et la sono est vraiment à chier mais c’est tellement bon d’être là, pieds nus dans l’herbe sèche. Ton bras autour de mes épaules. Nos corps qui se tiennent chaud, sans rien demander de plus que cette proximité paisible. Autour de nous, des gens chantent, dansent et sourient. La vie palpite et les étoiles clignent de l’œil sous une paupière de nuit fardée. Ce soir on pourrait presque croire que les oiseaux noirs vont déserter leur nid au creux de mes cheveux…
 

Dissonances n°19 : IDIOT

Illustrations :
Lionel FONDEVILLE

Chups (Michelle MARTINELLI)
Neuneux et plaisants (Méryl MARCHETTI)
Hors du dedans (Diane MEUNIER)
Esquirol, département Matisse (Thomas ROUSSOT)
« Que dire de toi ? » (Sébastien KARKOSZKA)
L’idiot du stade (Barbara ALBECK)
Le caillou de Brazzaville (Virginie HOLAIND)
Le gars assis à côté de moi dans l’Eurostar (Marlène TISSOT)
Les travers (Dominique PASCAUD)
Reduced Britney Spears (Alban LECUYER)
Suites (il)logiques (Isabelle GUILLOTEAU)
Laisser la langue filer (Etienne DIEMERT)
Bec de seau (Anne PESLIER)
Idiot moi-même (Emmanuel VASLIN)
Alexandre (Catherine YSMAL)
Chanter pour les merles (Guillaume SIAUDEAU)
Triple idiot (Patrice MALTAVERNE)
La bêtise des astres (Nicolas SCHOENER)
Après les inventions (Ernesto CASTILLO)
Top rengaines (Lionel FONDEVILLE)
Salsifi Day (Jean-Marc FLAPP)
L’idiot (Tristan FELIX)

Rubriques :
Questions à : Lucien SUEL
Regards croisés sur : « Berthe pour la nuit » (Antoine MOUTON)
Fenêtre sur : la revue N4728
À lire à voir à ouïr (nos auteurs ont aimé…)
[Pour plus d'info, cliquer sur l'image]


Le bestiaire de Roa

Découvrir l'artiste Belge Roa [clic] et ses animaux géants [clic]


Blackbird


Blackbird [The Beatles] covered by Elliott Smith

 

sky vs heaven

ouvrir la fenêtre
respirer
respirer
respirer
s’envoler (essayer)
laisser les autres
refermer la fenêtre
et ramasser les plumes
par terre

Samedi 9 octobre 2010 [HAUT]

Des histoires de fenêtres et de murs, encore...

Inside out

Quand le dedans fait la guerre au dehors
son corps douloureux
prêt à se déchirer
se disloquer
sous la pression d’une rage née de
de quoi exactement ?
trois fois rien, la plupart du temps !
quand le dedans passe par-dessus bord
qu’elle se déborde
elle sort
dans la nuit des rues vides
flairer l’absence
gober la lumière aux fenêtres des autres
semer des grains de regards
dérobés
à celles
à ceux
qui à cette heure font à dîner
ou la vaisselle
l’amour
la gueule parfois
à celles, à ceux
qui vivent ou qui savent
faire semblant un peu mieux qu’elle


Scratching the walls

En juin à Londres , j'ai vu ce portrait écorché sur le mur [mentioned in my London Trip Diary] et ça m'a fait comme une lumière qui rassure dans le noir. Je ne connaissais pas Vhils, mais je suis heureuse d'avoir croisé le chemin de son art !

Pour en découvrir un peu plus sur Alexandre Farto aka VHILS, il suffit d'aller fureter par Ici ou par . Voir notamment dans la rubrique Billboard sa série "Compro Logo Existo" (j'achète donc je suis).


Cinéma de rue
 

Quand je regarde les fenêtres des gens
le soir
c’est un peu comme si la rue était devenue
un cinéma géant
qui jouait des dizaines de petits films
muets


 

Vendredi 8 octobre 2010 [HAUT]

Hang on

Accroche-toi
à moi
ou
moi à toi
accroche-toi
à tout
ce que tu pourras trouver
d’assez solide
pour y poser tes mains
glisse tes doigts
dans le presque rien
griffe la poussière
et les détails
tisse les fils des jours
autour de nous
serrés
accroche-moi
à toi
avant que je tombe
 

Hang on to each other
(or anything you can get yr fucking hands on)
by artist Know Hope

En découvrir l'univers de Know Hope, jeune artiste Israélien :
> http://showandtellgallery.com
> http://theopenend.com
> http://www.flickr.com

Jeudi 7 octobre 2010 [HAUT]

Disparaître dans la bouche du mur

Tous les soirs
la fissure dans le mur
me regarde
avant que je m’endorme
elle ne cesse de s’élargir
jour après jour
montre ses dents
sourire cruel
prête à mordre
et chaque matin
je m’ étonne presque
de n’avoir pas encore
été bouffée par
sa grande gueule de plâtre


Les murs n'ont pas d'oreilles...
                     ... ils ont des yeux


[Graff in Brighton 2009, photo Marlene T.]

Mercredi 6 octobre 2010 [HAUT]

Les miettes

Il se met à pleuvoir
subitement
avec rage et
les parapluies fleurissent
sur les trottoirs
les pas claquent
rapides
les gens s’abritent
où ils peuvent
quelques hommes
devant le PMU
bavardent
cols de veste remontés
ils échangent
des nouvelles ou
des tuyaux
et va savoir si
ce qu’ils cherchent
en cochant les cases
sur leur grille
c’est de l’argent rapide
ou bien un peu d’espoir
un endroit tiède pour
préserver les miettes
de leurs rêves

Mardi 5 octobre 2010 [HAUT]

L'envol des mots


 [Londres juin 2010 et Rennes 2009, photos Marlène T.]
 

Parce que tes mots sont plus beaux que ma réalité

Boire tes paroles
comme un alcool fort
m’enivrer de tes mensonges
jusqu’à finir par y croire vraiment

Lundi 4 octobre 2010 [HAUT]

Entre ciel et bitume

Le chat se promène
sur le rebord du balcon
septième étage
entre ciel et bitume
et je me demande
ce qui lui donne cet air
si sûre de lui
persuadé que rien
absolument rien de terrible
ne peut lui arriver
en cet instant
suspendu

Dimanche 3 octobre 2010 [HAUT]

Life is a game


[Londres juin 2010, photos Marlene T.]

La vie est un jeu
la vie est un bal de papillons
la vie est un chien endormi
qu'il ne faut surtout pas
réveiller

Samedi 2 octobre 2010 [HAUT]

Un peu

Il voulait danser
sur cette chanson d’amour débile
me serrer dans ses bras
en tournoyant sous les étoiles
il était presque aussi ivre que moi
la vie est belle, il a dit
et j’ai fait semblant d’y croire
(un peu)
on s’est cassé la gueule
dans l’herbe humide
et on est resté là
parce que c’était pas pire qu’ailleurs
parce qu’on était incapable
de se relever
parce que nos solitudes
l’une contre l’autre
se tenaient chaud et
se rassuraient
(un peu)

Vendredi 1 octobre 2010 [HAUT]

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