Marlène TISSOT est venue au monde inopinément. A
cherché un bon bout de temps avant de découvrir qu'il n'y avait pas de mode d'emploi.
Sait dorénavant que c'est normal si elle n'y comprend rien à rien. Raconte des histoires depuis qu'elle a dix-ans-et-demi et
capture des images depuis qu'elle a eu de quoi s'acheter un appareil. Ne croit en rien, surtout pas en elle, mais
sait mettre un pied devant l'autre et se brosser les dents. Ecrira un jour l'odyssée du joueur de loto sur
fond de crise monétaire (en trois mille vers) mais préfère pour l'instant se consacrer à des
sujets un peu moins osés.
Espérer c’est un peu se révolter
avec quiétude ou bien avec lâcheté
se révolter en silence et sans se battre
attendre que les choses changent d’elles-mêmes
savoir qu’improbable ne signifie pas
impossible
Assieds-toi et regarde
[Photos Marlene T.]
Vendredi 30
décembre
2011
Evidence
Les
choses parlent d'elles-mêmes
Les gens aussi, assez souvent...
Station d'urgence pour non-dits accumulés
à utiliser en cas de déficience télépathique
[Italie Aout 2011, photo Marlene T.]
Jeudi 29 décembre 2011
Là où tu ne
regardes pas
[Photo Marlene T.]
Il
se passe des choses aussi
- peut-être même surtout -
là où tu ne regardes pas
L'Ampoule
Au sommaire de
l’Ampoule n°2 sur le thème de l’Art et du Danger, 103 pages et
16 textes mettant l’accent sur les nouvelles inédites, sombres et
étranges, avec les participations de Georgie de Saint-Maur, Marianne
Desroziers, Sébastien Ayreault, Rip, Antonella Fiori, Guillaume Siaudeau,
Vlad Oberhausen, Sylvain Moeckx, Philippe Sarr, Catherine Bécam,
Christian Jannone, Pierre-Axel Tourmente, Michel Gros Dumaine, Alexandre
Solutricine et Paul Jullien ― le tout illustré avec talent par Shin,
Marlène Tissot et Guillaume Gasnot.
Broder ce qu’il faut de dérision
sur le bord des jours
pour éviter que la vie ne s’effiloche
Samedi 24 décembre 2011
Blues
[Photos Marlene T.]
Blue
Jay Way
[The Beatles, Magical Mystery Tour]
S'enfuir de soi
Un de ces jours, il se remettra à la peinture. Pour de bon. Il
se parle à lui-même. De plus en plus souvent. Il parle dans le
vide, n’a pas le temps de s’écouter, devient sourd. Il se répète
qu’un de ces jours, il se remettra à la peinture. Avec un air de
défi. L’air d’un type qui voudrait pouvoir dessiner des chevaux
au galop. Des chevaux sauvages qui l’entraîneraient vers un
destin un peu moins ordinaire.
Vendredi 23 décembre 2011
Black birds
[Valence déc. 2011, photo Marlene T.]
Rester vivant
Rester
vivant
face à tout ce qui meurt
peut parfois ressembler
à de l’entêtement
Jeudi 22 décembre 2011
Fairy tale
[La papeterie Juin 2011, Photo Marlene T.]
Fade to grey
Et pour
les sentiments
c'est un peu comme pour le linge
dans le ventre d'une machine à laver :
le blanc vire au gris plus vite que le noir
Mercredi 21 décembre 2011
Le
personnage que j’aimerais être
Je ne suis pas quelqu’un de bien mais j’y
travaille. Je me fabrique. Je peaufine chaque jour le personnage
que je voudrais être. Si l’édifice ne tient pas debout, si tout
s’écroule de temps en temps, c’est simplement parce que les
fondations sont véreuses.
Sage comme une image
[Paris Nov. 2011, photo Marlene T.]
Réfléchissons : étais-je
identique à moi-même lorsque je me suis levée ce matin ? Mais si
je ne suis pas la même, il faut se demander alors qui je peux
bien être ? Ah, c’est là le grand problème.
[Alice au pays des merveilles,
Lewis Carroll]
Mardi 20 décembre 2011
Final count down
Il
reste onze jours
avant la fin de l'année
Combien
avant la fin du moi?
I
think I'm gonna kill myself tomorow
but tonight I get drunk
[Time waits for no man]
[Paris nov. 2011, photo Marlene T.]
Lundi 19 décembre 2011
Jouer à cache cache avec le lundi
[Photo Marlene T.]
Silence is easy
Se
taire
pour avoir la paix
coincer les mots
entre les molaires
emprisonner la guerre
sous ses paupières
[James Walsh/Starsailor]
Plumes
"Il
regardait tomber des gros flocons dans le hâlo pâle d'un réverbère. Des
milliers d'oreillers avaient été secoués là-haut dans le ciel"
[Alexandre Millon, Mer calme à peu agitée]
Dimanche 18 décembre 2011
Easy
like a sunday morning
[Photo Marlene T.]
Samedi 17 décembre 2011
See
you later
Ca ne se voit peut-être pas mais
chaque fois que je ferme les yeux
je voyage à la vitesse de la lumière
Les liens ont beau être faits de sang, ils n’en sont pas moins solubles
chaque fois, il me semble que j’ai un peu moins de choses à te dire
et tu restes là, avec tes yeux qui fouillent au fond des miens
en attente de tout ce que je ne peux plus
ne veux plus te donner
je parviens encore à fabriquer quelques phrases de carte postale
rapidement suivies d’une formule de politesse
m’autorisant à prendre congé
en douceur
avant que tu ne poses trop de questions
avant que je ne sois obligée de dire la vérité
te montrer les cicatrices indélébiles que tes mots
autrefois ont laissé sous ma peau
[Italie Aout 2011, photo Marlene T.]
Jeudi 15 décembre 2011
Big
Brother is watching you
[Photos Marlene T.]
Tricoter le jour
La
journée s’est déroulée sans accroc
avec la mollesse d’une pelote de laine
qu’on transforme en écharpe
Mercredi 14 décembre 2011
Ce
qui se cache dans le ventre des cailloux
[Crest octobre 2002, Photo Marlene T.]
Made
of stone
Je suis un caillou
auquel aurait poussé
des jambes
des bras
une tête
mais qui aurait refusé
de s’attendrir assez
pour qu'on sente palpiter
sous sa peau
un cœur
Amour
Love is
a lie, she said.
And I never lie, except on a bed
Papa,
toutes ces années où j’ai niché
dans la chevelure crépue de tes silences
expliquent sans doute les plumes
que j’ai semées en m’envolant
et avec lesquelles parfois
tu t’étouffes
Lundi 12 décembre 2011
Procrastination
[Paris novembre 2011, Photo Marlene T.]
Boucherie-Charcuterie
Il n’y
a ni bonnes ni mauvaises raisons au combat
il n’y a que des prétextes à éjaculer sa rage
à planter profond son pouvoir dans la viande de l’autre
Dimanche 11 décembre 2011
Global sunday warming
[La papeterie, Valence, Photo Marlene T.]
Samedi 10 décembre 2011
Petit traité de jardinage #3
Tu
plantes tes pas-grand-choses au creux de mes riens
et nos sourires germent
comme des haricots magiques
[Fred le Chevalier et Pole Ka]
[Paris nov. 2011, Photos Marlene T.]
Vendredi 9 décembre 2011
Le
ring
Le ring, c'était le
thème annoncé pour ce cinquième numéro de L'Autobus, conduit avec
poigne et dextérité par Fabrice Marzuolo. Un parcours musclé et des
virages abruptes pour une lecture coup de poing ! Au sommaire :
Colette Gaillard, Marc Bonetto, Isabelle Grosse, Jany Pineau, Guillaume
Decourt, Murièle Modély, Marie Evkine, Marlene Tissot, Marie Ambrody.
Info et abonnement : s'adresser à Fabrice.
L'Autobus n°5 vu par Jacmo dans le Vrac de la revue Décharge ICI
[...] Ian ne se
souvient plus très bien comment tout cela est arrivé. Comment il s’est
retrouvé là, coincé par-delà une muraille invisible. C’était juste après
de l’expo. Un obscur peintre hollandais du XVIème. Pas vraiment sa tasse
de thé. Frida et lui s’étaient arrêtés au troquet d’à côté en sortant.
Il avait besoin d’un remontant. Elle avait préféré la mousse crémeuse
d’un chocolat chaud qu’elle lapait délicatement entre deux exclamations
admiratives au sujet de ce hollandais, comment s’appelait-il déjà ?
Accoudé au comptoir, Ian l’écoutait d’une oreille distraite, laissant
parfois échapper une moue dubitative.[...Extrait d'une
petite nouvelle à retrouver dès demain sur le blog d'Aglaé
Vadet, la grande prêtresse des pinceaux et des couleurs !
RQ: à lire finalement ICI parce que, comme d'hab', je suis
incapable de respecter les délais...]
Jeudi 8 décembre 2011
Les
blessures du dessous de la peau
Ce sont
les cicatrices qu'on ne voit pas
qui défigurent le plus le quotidien
Mailles à l'envers
L'hiver arrive, mais les Mailles à l'envers seront
bientôt là pour draper la silhouette gracile des longues soirées
de frimas...
Sortie prévue en janvier et déjà disponible en
précommandeICI
C’est un de ces matins roses
où l'on rêve au noir brûlant
du regard des héros-voyous
[La papeterie juin 2011, Photo Marlene T.]
Mercredi 7 décembre 2011
Petit traité de jardinage #2
Cueillir chaque goutte de pluie
avant qu’elle ne heurte le sol
y subtiliser nos larmes
transformer les chagrins
en engrais
La
valeur de ce qui ne s'achète pas
[Lyon, La Friche RVI 2010, Photo Marlene T.]
Mardi
6 décembre 2011
Devenir l’héroïne d’une histoire noire
Tu
ne veux pas entendre parler de lui, je le sais, dit Mary. Mais il faut
tout de même que je te raconte le commencement...
C’était un jour de semaine, à l’heure où les bureaux dégueulent de
l’humain fatigué et stressé. Le ciel s’est brutalement obscurci. Des
nuages noirs zébrés d’argent déboulaient comme un bataillon de soldats.
Ils ont lâché sur la ville plusieurs semaines de pluie de retard. Les
gens se sont mis à courir en se protégeant avec un journal, un sac à
main, un col relevé. Il y a eu un éclair puis, presque immédiatement, un
coup de tonnerre retentissant. Une vieille dame a crié, un chien a
aboyé, une voiture à pilé, trop tard, emboutissant le pare choc d’une
autre auto. Tout le monde fuyait. Tout le monde jetait des regards
inquiets, comme si l’univers risquait de basculer dans le chaos au
moindre faux pas.
Je m’étais abritée là dès les premières gouttes, face à une vitrine de
lingerie. J’observais le reflet flou de la rue superposé aux culottes en
soie. Toute cette agitation. Toute cette pluie qui tombait. Puis j’ai vu
le type approcher dans mon dos. Il portait un imper à ceinture et une
longue frange mouillée collait à son front. Il est resté un moment
derrière moi avant de poser la main sur mon épaule. Mary ? il a demandé.
J’ai hoché la tête en frissonnant puis, je me suis retournée. Le visage
de cet homme ne me disait rien. Il n’avait l’air ni bon, ni mauvais.
Juste inconnu. Dans d’autres circonstances, j’aurais été surprise qu’il
connaisse mon prénom. J’aurais posé des questions. Je me serais méfié.
Mais pas ce jour-là. Ce jour-là, j’étais prête, tu comprends ? Ça
n’avait rien à voir avec lui ni avec l’orage. J’avais simplement décidé
de devenir une autre personne.
Comme je ne disais rien, l’homme a murmuré en approchant son visage du
mien : Ce que je vais te raconter en ferait trembler plus d’une, mais
pas toi. Toi, tu es intrépide !
Je lui ai souri.
Ce jour-là, j’avais décidé de devenir l’héroïne d’une
histoire noire.
Runners 2.0
[Paris novembre 2011, Brighton 2010, Photos Marlene T.]
Lundi 5 décembre 2011
Château Hanté
Tu crois vraiment que jouer du silence et décorer ton regard
d’une ombre d’arrogance te donnera l’allure d’une forteresse
imprenable ?
Trône en faïence émaillée, XXIème siècle
Nous sommes tous des reines et des rois
[La papeterie, Valence, Photo Marlene T.]
Samedi 3 décembre 2011
The
never ending music of
the world spinning round
[Paris, Rome, Photos Marlene T.]
Redessiner le paysage
Il conserve toujours
planqué dans un des
tiroirs de ses pensées
un paysage à déplier
comme un livre en relief
un objet fragile et
merveilleux
où glisser son regard
quand le décor autour
a perdu ses couleurs
Vendredi 2 décembre 2011
S'échapper
[Paris novembre 2011, Photo Marlene T.]
Éradiquer
certaines questions
À quoi ça sert tout ça ? se demande Franck. Et il entend le son de sa
propre voix envahir la pièce, comme si la pensée s’était échappée par sa
bouche. Il regarde Mary, ses petits gestes précis pour arranger une
mèche de cheveux avant de sortir. Le rouge déposé sur ses lèvres. Ce
coup d'œil inquiet au miroir. Il lui demande pourquoi elle essaye
toujours d’être belle, plus belle encore. À quoi ça sert tout ça ?
Ah ? Tu me trouves belle ? elle demande en riant.
À quoi ça sert ? il répète, comme pour lui-même.
J’en sais rien, elle répond. Pour plaire, je suppose. Pour qu’on m’aime.
C’est ce qu’on cherche tous, n’est-ce pas ?
C’est étrange, murmure Franck. Tout le monde cherche l’amour presque
autant que l’argent. Je ne comprends pas. Est-ce qu’on a le besoin de se
faire aimer infusé dans le sang comme un virus ? J’ai l’impression
d’être né immunisé. Moi, je ne veux pas qu’on m’aime. Jamais. Ça me
fiche la trouille les sentiments, l’attachement, la dépendance, le
désir, la voracité de ceux qui prétendent nous aimer. Ils sont comme des
vampires, leurs dents plantées dans nos vies à siroter le bouillon de
nos faits et gestes, le suc de nos rêves. Celui qui aime porte en lui la
soif d’absorber l’autre. C’est effrayant, tu ne trouves pas ? Vouloir
que l’autre soit sien... On n’appartient jamais qu’à soi-même. Ni à son
amant, ni à sa mère. Surtout pas à sa mère. Une peau ne se partage pas,
c’est un costume bien trop étroit pour deux âmes... S’il te plaît, ne
m’aime jamais, Mary. Ne m’aime jamais ou je serais obligé de fuir.
Mary hausse les épaules.
Oh, tu sais, moi j’aime tout le monde. Tout le temps. Enfin, je crois.
Parfois je ne sais plus trop si je ressens vraiment des choses ou si je
me joue la comédie. Je me déguise. Je parade, enrobée de miel pour
attirer les mouches. Je me fais douce parce que, oui, moi j’ai
terriblement besoin d’être aimé. Je veux me sentir désirée,
indispensable, unique. Nager dans les eaux douces d’un regard transi et
cesser enfin un peu de me demander pourquoi j’existe.
Franck esquisse un sourire. Il y a longtemps qu’il ne se demande plus
pourquoi il existe. Éradiquer certaines questions permet d’avancer
mieux. Pas forcément plus loin mais en trébuchant moins.
["Les Voix" Extrait]
Jeudi 1 décembre 2011
Et
s'il suffisait de saupoudrer un peu de rouge
sur le gris des jours pour pimenter le quotidien ?
Pour
son n°22
FPDV s'habille de rouge. Let's go
party, baby !
[Photos Marlene T.]
Mercredi 30 novembre 2011
Petit traité de jardinage #1
Lorsque l’innocence a fané
récoltez-en quelques graines
à semer pour la saison prochaine
Je me moque de la vérité
elle n’est qu’un paysage
à demi effacé
par le brouillard
de nos humeurs
Lundi 28 novembre 2011
Il y
a tellement d’histoires qui attendent d’être imaginées
Un poème qui parle de poésie
c’est un peu comme une jolie fille
parlant de sa beauté...
Paganisme
[Brighton 2010, Photo Marlene T.]
Samedi 26 novembre 2011
Devenir invisible
J’avance le long du bâtiment. Des murs hauts
et sombres qui bouffent la lumière. La rue est une énorme gueule
grise. J’avance vers nulle part. Ne surtout pas rester immobile
de peur que tout s’arrête pour de bon. Que je ne puisse plus
jamais bouger. Je sors le téléphone de ma poche. Il vient de
vibrer. Un message de toi. En cet instant, tu es mon cordon
ombilical avec la réalité. J’ignore ce que je ressens
précisément. Mon cœur s’essouffle. Mes pas sont lourds. Les
gestes mal assurés. Je me concentre pour avoir l’air d’une
personne ordinaire, ne pas me faire remarquer. Mais personne ne
me voit vraiment. Et c’est tout ce que je demande, finalement.
Qu’on me laisse devenir invisible.
Please, be my ghost
[Paris novembre 2011, Photo Marlene T.]
Vendredi 25 novembre 2011
Planquer mes billes au fond de la poche
en attendant la prochaine récrée
Le jour se pointe
ponctuel et sévère
comme un maître d’école
il confisque
les dernières miettes
de mes rêves
Ce monde est beaucoup trop courageux pour des gens dans
mon genre
[Pascal
PRATZ]
21st
century drunken princess
[Paris novembre 2011, Photo Marlene T.]
Jeudi 24 novembre 2011
Nettoyer mes yeux
Tout ça ne me sert qu’à nettoyer mes yeux, je
ne cherche pas à me faire du mal, m’empoisonner, me tuer à petit
feu. J’essaie juste d’effacer la crasse qui s’accumule et puis
la lassitude, je dissous tout ce qui se trouve dans moi, je
rince, je me rince la gueule abondamment jusqu’à tout oublier et
pouvoir regarder à nouveau les oiseaux comme si je les voyais
voler pour la première fois...
How
does it feel to be
one of the beautiful people
[Spitafield, photo
Marlene T.]
Baby you're a rich man
[The Beatles, Album Magical Mystery Tour]
Mercredi 23 novembre 2011
Levure littéraire n°4
Le nouveau Levure Littéraire vient de sortir du four et
il est beau et bon comme une brioche dorée!
A déguster sans modération aucune.
La
fille qui avalait des colliers
comme si c'était des couleuvres
[Spitafield, photo
Marlene T.]
Bang
L'amour, on le loge dans le coeur, sans trop savoir pourquoi,
avec autant de maladresse qu'on se logerait une balle dans la
tête les jours où l'envie d'en finir affleure à peine.
Lorsqu'elle prie et que le silence persiste, lorsqu'elle se dit
que Dieu est encore plus difficile à joindre qu'un service
après-vente, lorsque les ressorts de ses pensées sont défrisées,
elle enferme son moi défectueux dans un tiroir en attendant
d'avoir de quoi s'offrir un dépannage. Ou peut-être simplement
une collection de bigoudis.
Samedi 19 novembre 2011
Les
bras du crépuscule
L’interrupteur n’est pas loin. Il me suffirait de tendre le
bras. Une petite pression avec la pulpe de l’index et le combat
serait terminé. Mais j’ai envie, pour une fois, de laisser la
pénombre gagner. L’écouter envahir mon territoire à pas de loup.
Ce soir, je n’ai pas la force d’empêcher la nuit de tomber. Les
bras du crépuscule m’étreignent. Bientôt, les lumières ne seront
plus là pour m’ordonner de faire semblant.
L'autre livre [Salon des éditeurs indépendants]
J'y serai demain, dimanche 20, stand D38 avec Pascal d'Asphodèle
Editions
La
fille qui voulait devenir une princesse
[Spitafield, photo
Marlene T.]
Vendredi 18 novembre 2011
N'en
doute pas
Quelque
chose
se passe
même
quand
rien
n'arrive
La
fille qui se prenait pour un animal (de compagnie)
[Spitafield, photo
Marlene T.]
The
dog days are over
[Florence + the Machine]
Jeudi 17 novembre 2011
Au
moment des faits
Il s'est fait buter ! s'écrie Mary en se réveillant, comme si
elle avait vu des tas de choses dans ses rêves et qu'elle
prenait tout ça pour la réalité.
Franck garde les yeux fermés. Immobile, enroulé dans les draps.
Il fait le mort. Il essaye d'écouter son coeur qui bat mais il
n'entend rien. Il se dit que c'est peut-être lui qui s'est fait
buter et qu'il n'était même pas présent au moment des faits.
["Les Voix" Extrait]
Se
hâter lentement
[Londres 2010, Photo Marlene T.]
Mercredi 16 novembre 2011
Obéir
Je ne
me trancherai
pas les veines
maman m'a interdit
de salir mes vêtements
No worries
[Self, photo Marlene T.]
Mardi 15 novembre 2011
Planqué là
Courir après le bonheur
trébucher
tomber au fond de soi
se rendre compte que
tout était planqué là
depuis le début
Refuge
[Photo Marlene T.]
Lundi 14 novembre 2011
Semer le désordre
S’il te plait, laisse tes bras serrés autour de moi pendant que je dors.
Empêche les rêves de semer le désordre dans ma tête, murmure-t-elle en se
blottissant contre lui. Puis, juste avant de fermer les yeux, elle lui
demande : est-ce que tu existes vraiment ? Il hésite. Elle s’endort sans
attendre la réponse, comme si elle craignait d’être déçue.
["Les Voix" Extrait]
Someone told me
not to cry
[Sur la route, photo Marlene T.]
Samedi 12 novembre 2011
Changer les règles
Les
plus fous
seront
les plus sages
I
don't care about the truth
[Londres 2010, Photo Marlène T.]
Vendredi 11 novembre 2011
La
beauté est un plat qui se mange froid
A lire
et voir sur
FPDV dont le 21ième numéro est consacré à "l'exquis"
Briller
de cet
éclat particulier
qui n'appartient
qu'aux imparfaits
Mardi 8 novembre 2011
D’un monde à l’autre
Il hausse les épaules. Il dit, on s’habitue à vivre en présence de la
mort. C’est une sorte de vaccin. Parfois, on finit même par se croire
immortel. ["Les Voix" Extrait]
Say yes
[Genève, Photo Marlene T.]
"Une idée m'est venue à l'esprit,
et comme je n'avais pas le choix, elle m'a plu."
[Richard
Brautiganin La vengeance de la pelouse]
[Say yes, E. Smith]
Lundi 7 novembre 2011
Snow
white
Elle n’aimait pas
regarder la télévision
sauf lorsque la neige
grise et blanche
tombait sur l’écran
les soirs où l’orage
faisait tanguer
l’antenne sur le toit
Quand la lumière se cache au ras des choses
[Lucile sous les lauriers, août 2011, photo Marlene T.]
Samedi 5 novembre 2011
Rétrécir
On ne grandit pas
ce sont des sornettes
En devenant adulte
on ne fait que rétrécir
notre aptitude
à nous émerveiller
Chaine alimentaire 2.0
[Bretagne 2009, Photo Marlene T.]
Vendredi 4 novembre 2011
Faire la paix avec les murs
[Crussol juillet 2011, Photo Marlene T.]
Faire la paix avec les murs
ne plus les cogner
les griffer
les ébouler
Se faire toute petite et
se glisser dans les fissures
passer de l'autre côté
mine de rien
Jeudi 3 Novembre 2011
Inside out
[St Malo 2009, Photo Marlene T.]
Le mur
Ce sont des détails. Une infinité de petites choses qui me dégringolent
du plafond. Des odeurs de café et de cendre froide. Des vêtements sales.
Des regards noirs. Des fruits mûrs. Une miche de pain. La vieille
couverture en tricot. Une toile cirée usée. Les devoirs trop compliqués.
Les repas que je vomissais. Les paquets de Riz La Croix qui traînaient
un peu partout. Les trente-trois tours de Thiéfaine. La Maison Borniole
qui me fichait la trouille. Les nids de souris dans les enceintes de la
stéréo. Cette sensation persistante de n’avoir pas à ma place ici. Les
mots tranchants. Les torgnoles. La toilette hebdomadaire aux douches
municipales. Les étés splendides et sauvages. Les hivers douloureux. Le
bonnet et les gants enfilés avant de se mettre au lit. La peur qui
rodait. Le temps qui traînait la savate. Des détails comme des petits
cailloux qui dégringolent et s’entassent et se soudent. Qui forment un
mur et m’emprisonnent chaque fois que j’essaie de fuir les souvenirs.
Chaque fois que je tente d’échapper aux fantômes de mon enfance.
Mercredi 2 novembre 2011
Le
souffle qu'on retient
[La papeterie, juin 2011, Photo Marlene T.]
La langue
Mon problème c'est la langue, il dit.
Tu veux dire les mots, elle demande ?
Pas seulement, il murmure. La
langue elle-même et tout ce qu'on fait avec. Parler, bien entendu, mais aussi manger et ...
embrasser. Ma langue refuse souvent de m'obéir. Alors je serre
les dents. Je l'emprisonne. [Extrait de "Les voix", en cours de tricotage]
Le
dernier pied de tomates adossé à son tuteur bancal.
Une grappe de fruits qui hésite entre murir ou pourrir.
Le ciel avec son regard d'hiver et son haleine d'été.
Les feuilles qui tombent, nos plumes perdues.
Ne plus savoir sur quel pied danser,
mais danser malgré tout,
pour braver la fin et le début
et tout ce qu'il y a entre les deux.
Danser sur le fil du temps, en équilibre.
Samain
[Photo Marlene T.]
Samain, c’est le passage de la saison claire à la saison sombre. Pour
les Celtes, cette période est entre parenthèses dans l’année : elle
n’appartient ni à celle qui s’achève ni à celle qui va commencer ; c’est
une durée autonome, hors du temps, « un intervalle de non-temps »
[Source : wikipedia]
Dimanche 30 octobre 2011
Petites névroses entre amis
Le 68e (+1) numéro du Microbe est prêt.
Ce numéro, sous-titré :
«68 (+1), opus névrotique»,
a été préparé par Marc Bonetto
Au sommaire : Photos de Corinne Leridon Textes de
Pierre Anselmet
Armand le Poête
Christian Chavassieux
Fernand Chocapic
Éric Dejaeger
Patrick Frégonara
Cathy Garcia
Virginie Holaind
jac-zap
Carmelo Marchetta
Hervé Merlot
Véra Mund
Emmanuel Régniez
Marla Semarre
Marlène Tissot
Thomas Vinau
Les abonnés le recevront dans quelques jours.
Les abonnés « + » recevront également le 31e
mi(ni)crobe signé Fabrice Marzuolo : LE COCO BEL ŒIL DU NET.
Les autres ne recevront rien. Pour tous renseignements,
contactez Eric
Dejaeger.
Et pour rester dans l'univers des revues, on
n'oublie pas non plus Les cahiers d'Adèle dont le numéro
8, consacré au thème Icône, vient de sortir. Plus d'info
ICI
Abonnement :
Les Cahiers d'Adèle
Adèle et Otto éditeurs
17 rue des Couteliers
31000 Toulouse
Samedi 29 octobre 2011
Puisqu’on est là
avec tous ces bagages
Elle a parfois l’impression que les rêves et l’espoir et l’amour ne sont
que des bagages qu’on trimbale tout au long du voyage. Dont on
s’encombre. Elle dit qu'on porte à bout de bras des tonnes de rien. Elle
dit qu’on essaie simplement d’embellir un peu le paysage. Qu’on cherche
des raisons à notre présence et des excuses pour rester un peu plus que
nécessaire.
S’alléger, se dévêtir, s'en aller
[Grignan juillet 2011, photo Marlene T.]
Vendredi 28 octobre 2011
Mon
chaos est plus beau que ton éden
Dans ma tête, les pensées comme une chevelure ébouriffée.
Avec le temps, ma vie prend l’allure d’un jardin abandonné.
Une friche joyeuse, débarrassée des chemins que tu y avais tracés.
Saigner
la nuit à blanc
picoler sa sève
cuver le trop plein de rêves
dégriser le long du jour
recommencer
tant que la nuit continuera
de trébucher
de nous tomber dessus
tant qu'il y aura des soifs
de demain à étancher
"Yesterday a dream was just a waste of time"
[Elliott Smith, Bled White]
Mardi 25 octobre 2011
Cavale
Rien ne
nous appartient
nous sommes les jouets du temps
il cavale en nous serrant
dans ses bras
maladroits
et laisse parfois échapper
certains d'entre nous
sans même se retourner
tel un enfant gâté
Let's eat, baby
[Londres 2006, photo Marlene T.]
La
plume dans le panier
Le ciel
est bas et la Charogne rôde toujours, on la flaire ici ou là, elle a
semé des plumes sur le Pandémonium
Littéraire de Marianne Desroziers. Et tandis qu'on
attendant le numéro 3 avec une douce impatience, il est désormais
possible de
se procurer cette belle revue via Paypal directement sur le site
de l'éditeur Asphodèle. Fini la corvée de chèque à poster! A noter que
la vente en ligne est, bien entendu, valable pour tous les ouvrages
parus chez l'éditeur. Une bonne raison pour revisiter le catalogue
joliment garni
d'Asphodèle !
Lundi 24 octobre 2011
Tribute to L.H.
Un jour il a dit qu’il voulait
une mort lamentable
un truc à la con
un peu comme Claude François
et même si parfois
il en a réellement envie
ce gars là, je le sens ne mourra jamais tout à fait
Toute résistance est inutile
[Italie aout 2011, photo Marlene T.]
Samedi 22 octobre 2011
Pourquoi pas
Tu te dis boire
pourquoi pas c’est un moyen rapide
de s’échapper
de voir du paysage
quand on n’a de quoi
s’offrir ni voyage
ni fuite véritable
A l’automne
tout fout le camp
tout se met à tomber
tu te dis moi aussi
pourquoi pas
et tu imagines assez bien
ta chute au ralenti
comme celle de cette feuille
d’érable rouge
Un autre verre de rouge
pendant que l’automne
disperse les dernières
couleurs avant l’hiver
tu te dis boire
pourquoi pas et devenir
gris
dans le gris
disparaître
un peu
avant la prochaine
floraison
Et
vogue la galère
[Italie août 2011, Photo Marlene T.]
Vendredi 21 octobre 2011
Escalader les nuages
[Montélimar, Photo Marlene T.]
Poésie/première
N° 51
Le dernier dossier de
Poésie/première consacré à l'humour remonte au n° 24 (novembre
2002). Il occupait - article et anthologie - une quinzaine de
pages.// Cette fois, résolument orienté vers l'humour et la
poésie d'aujourd'hui, le dossier établi par Guy Chaty et
Jean-Paul Giraux occupe quasiment la totalité de l'espace soit
plus de quatre-vingts pages. // On y lira les articles de Jean
Orizet (L'humour des poètes ou de l'insolence à l'espérance),
Jean-Paul Giraux (De l'humour et de ses contrefaçons), Guy Chaty
(Le calembour à l'insu ou non du plein gré), Daniel Leuwers
(L'humour de l'amour) et les textes des poètes MARC ALYN -
CLAUDE ALBAREDE - LOUIS CALAFERTE - SERGE BAUDOT -GUY CHATY -
DAN BOUCHERY - DANIEL BOULANGER - CLAUDE BOYER -MURIELE CAMAC -
JACQUES CANUT - CÉSAR CAPOULET - FRANCINE CARON -FRANCIS CHENOT
- JEAN-MARC COUVÉ - ANDRÉ DERBEZ - ERIC DEJAEGER -JEAN-LUC
DESPAX - DIDIER ELIOT - FRANÇOIS-XAVIER FARINE -ANDRÉ FRÉDÉRIQUE
- GUY FOISSY - JEAN-PAUL GIRAUX - HENRI HEURTEBISE -ZDRAVKO
KECMAN -ANDRÉ R. LABIDOIRE - DANIEL LACOTTE - JEAN L’ANSELME
-JEAN-PIERRE LESIEUR - LÉO CAMPION - ALAIN JEAN MACÉ - JEAN
MALAPLATEvMARC MATTHIEU - JACQUES MEUNIER - JEANINE MOULIN -
PATRICE MALTAVERNE -LOUIS MATHOUX - MICHEL MÉNACHÉ - JOSÉ
MILLAS-MARTIN -MICHEL MONNEREAU - ROLAND NADAUS - DENIS
PARMAIN PATRICK PÉREZ -
SÉCHERET - ANNE-CLAIRE PINEAULT - JEAN-YVES PLAMONT - CHRISTIAN
POSLANIEC - PATRICK RAVELLA - BASILE RONCHIN - JEAN ROUSSELOT -
FRANÇOISE SIRI - JACQUES SIMONOMIS - JEAN-CLAUDE TARDIF -MARLÈNE
TISSOT - JEAN-CLAUDE TOUZEIL - CLAUDE VERCEY - JEAN-PIERRE
VERHEGGEN. // Le numéro se termine avec la rubrique
poésie/plurielle(textes de Milargros Teran, présentés et
interprétés par Daniel Leuwers, textes de Blandine Poinsignon-Douailler)
et les notes de lecture consacrées aux ouvrages de Marc Alyn,
Claude Albarède, Emmanuelle Le Cam, Anne Mounic, Kza Han,
Aurélie-Ondine Menninger, Béatrice Libert, Marie Laugery,
Jeanine Salesse, Dominique Sutter, Rébecca Gruel, Michel
Passelergue, Patrick Joquel, Isabelle Guigou, Jacques Rancourt,
Gérard Prémel, Thomas Vinau, Francine Caron et Catherine
Leblanc. Une note concerne spécialement la revue Les Cahiers de
la rue Ventura animée par Claude Cailleau.
Jeudi 20 octobre 2011
Chaque jour est un jardin
Ecrire comme un mauvais semeur
sans se soucier du vent
ni de ce qu’il germera de ces mots-là
Nothing is real
[Saucisse, Juin 2011,Photo Marlene T.]
Mercredi 19 octobre 2011
Drôles d'oiseaux
[Italie Août 2011, photos Marlene T. ]
Fauve
Tu leur fais peur, murmure Mary en lui effleurant la joue. Il secoue la
tête, non, je n’ai jamais fait peur à personne. Elle réfléchit un
instant. Le mot est mal choisi, tu as raison, elle dit. Tu ne leur fais
pas peur, tu les inquiètes. Elle approche son visage du sien. Face à
face, comme pour le flairer. Tu les inquiètes parce que tu es un homme
avec un regard d’animal. Et les gens préfèrent les animaux avec un
regard humain. C’est étrange cette manière d’aimer mieux ce qui nous
ressemble. Une forme de narcissisme sans doute...
Franck baisse les paupières. Ses yeux le brulent. Le fauve tourne dans
sa cage. Repu. Docile. Non, il n’y a pas de monstre. Pas la moindre
trace de bestialité en lui. Mary raconte n’importe quoi !
[Extrait de "Les voix", en cours de tricotage]
Mardi 18 octobre 2011
S'aimer malgré les faux plis dans une vie froissée
Un petit texte fou d'amour sur l'amour fou pour le n°20 de
l'indispensable
FPDV
Hold, Kiss, Kill...
[Stickers London, photo Marlene T.]
[Chopé sur le Flickr d'Andrew Huff]
Lundi 17 octobre 2011
Guérir
Parfois, quand on est môme, on s’imagine qu’un jour, en
grandissant, tout finira par s'arranger. On se dit que l’enfance
c’est juste un sale moment à passer. Comme un mauvais sirop à
avaler, et puis ensuite on est guéri.
[Mailles à l'envers, Extrait - à paraître
bientôt]
Wall (but no fucking
$treet)
[Photo Marlene T.]
Dimanche 16 octobre 2011
Aujourd'hui
Ni plus
haut
ni plus bas
regarder la vie
à hauteur d'aujourd'hui
[Montélimar (Adhémar), photo Marlene T.]
Samedi 15 octobre 2011
S’envoler
Arrête de me regarder, elle dit à son père, à sa mère, à son frère
arrête de me regarder, elle dit à son chien, aux passants, aux oiseaux
arrête de me regarder, elle dit à celui qu’elle aime
mais lui il la regarde quand même
et elle ne supporte pas qu’il la regarde chaque jour
elle a peur qu’il finisse par voir la même chose
que ce qu’elle voit dans le miroir
elle essaie d’être une autre rien que pour lui
elle essaie d’être parfaite
être digne
elle maquille, elle camouffle
elle aimerait qu’il ne remarque pas comme elle est laide
et même au-dedans elle est toute abîmée
pleine de cicatrices
et de goudron
et de plumes
tout un tas de plumes inutiles
refusant de l’aider à
s’envoler
Vendredi 14 octobre 2011
Nos
faits et gestes épinglés
comme des papillons de collection
[Londres avril 2006, Photo Marlene T.]
Jeudi 13 octobre 2011
Préparer le terrain avant la nuit
Déraciner les pensées terre à terre
Semer des graines de rêve
Bert
Jansch [A man I'd rather be]
I wish
I was a book
Upon a dusted shelf
Mercredi 12 octobre 2011
Les
gourmandises
[Photo Marlene T.]
Pas de cicatrices
Elle dit: Les sentiments ne sont rien. Ils finissent par
disparaitre. Toujours. Comme des bonbons fondus dans la bouche
du coeur.
Et les gestes? il demande en se penchant pour l'embrasser. Elle
le repousse. Les gestes chamboulent tout, elle répond. Ils
sèment le chaos, ils laissent des traces indélébiles. Je ne veux
pas de cicatrices. Je veux rester lisse. Laisser fondre les
bonbons...
[Extrait de "Les voix", en cours de tricotage]
Mardi 11 octobre 2011
Tell
me something beautiful, she asked
World, he answered...
[Italie août 2011, photo Marlene T.]
Nous sommes dans la paume du monde, il dit.
Alors aimons-le. Non parce qu'il pourrait nous broyer ou nous
laisser tomber. Ni même par reconnaissance pour ce nid qu'il
nous offre. Aimons-le par instinct, comme des bêtes. Réapprenons
à laper le paysage. Vivons...
Lundi 10 octobre 2011
Les mensonges
Il fait souvent ça lorsqu’il est inquiet. Ce petit geste aiguisé.
Suivre du bout de l’ongle une rainure dans le velours de son pantalon.
Il ne dit rien. Il regarde, sans bouger, la photo de la fille. L’homme
lui demande à nouveau «Connaissez-vous cette jeune femme ?»
Franck secoue la tête sans relever le front. Il a trop peur que l’homme
ne lise le mensonge au fond de ses yeux.
Il sait que ça se voit quand il ment. Depuis toujours. À chaque fois, sa
mère devinait. À chaque fois, elle lui collait des mandales. Et même
quand il s’est mis à grandir, à la dépasser de plus d’une tête, elle
continuait de lui taper dessus. Toujours à traquer la moindre
cachotterie. Elle le harcelait, venait piocher la vérité du bout des
ongles jusque dans sa boîte crânienne. Il ne pouvait jamais avoir aucun
secret. À peine éludait-il une de ses questions qu’elle entrait dans une
rage folle. Elle hurlait et griffait et frappait, ne s’interrompant que
lorsqu’enfin il avait tout avoué dans les moindres détails. Alors elle
se calmait et le cajolait. Elle serrait dans ses bras le grand corps
tremblant de son fils. Tout va bien, elle disait. Ne t’en fait pas. Mais
lui, il avait la nausée. La bizarre sensation de s’être fait violer.
Ça avait duré longtemps ainsi. Jusqu’à ce qu’un soir d’automne il arrête
au vol une gifle qu’elle lui destinait. La scène s’était immobilisée
quelques instants. Le visage rouge de la mère. La mâchoire serrée du
fils. Les yeux dans les yeux. Il sentait palpiter en lui une révolte
sanguine. Ses pensées se bousculaient. Muscles bandés, prêts à
l’attaque. Il aurait pu cogner sa mère. Il en était à deux doigts. Il
aurait pu l’écrabouiller. Enserrant toujours son poignet, il l’a regardé
devenir livide. Elle lisait en lui. Il aurait pu cogner sa mère. Il en
avait envie. Alors, ce soir-là, il est parti et n’est plus jamais
revenu. Elle n’a pas cherché à le retrouver non plus.
L’homme reprend la photo en soupirant. Franck ne bouge pas. Il observe
la peinture écaillée sur le bureau à l’endroit où était posé le portrait
de Mary. « Elle est probablement en danger... » murmure l’homme.
Franck lève les yeux. Il sait que s’il veut en savoir plus, il va devoir
parler.
[Extrait de "Les voix", en cours de tricotage...]
La
saison rousse
[Photo Marlene T.]
Vendredi 7 octobre 2011
Vases Communicants
Aujourd'hui, dans le
cadre des Vases
Co d'octobre, Mon Nuage accueille Vincent qui, en
échange, héberge mes mots sur son blog "Ma
poésie et pas la tienne". Voir la liste des échanges d'octobre
ICI.
Depuis que je ne m’abrite plus sous ta peau
J’ouvre les yeux et la
Vie me transperce
Je
suis seul, il y a
Des vêtements
Etalés sur le sol
La
douleur
La
peur
La
folie qui coule
De
mes yeux
Je
ne devrais pas boire
Les verres de vodka
sont les clous
avec lesquels je crucifie
mon âme folle sur les murs
Décrépis de l’existence
Je
voudrais tendre la main
Et
serrer le poing
Mais je suis en train de
Ramper
De
mes dents jaunes
Je
devrais ronger
mes veines
et
regarder s’évader
mon sang
rire aux éclats puis
fermer les yeux
Je
peux boucher mes oreilles,
j’entends toujours crier
Mon âme
Elle qui si fort, désire
S’allonger dans mon corps
Et rendre son dernier
Souffle
Le
cœur calciné
du
vent et
Des cendres dans
Le
creux de ma poitrine
Je brûle de ce besoin fou, dévorer la lumière [Vincent]
Couché dans les herbes hautes
[Photo Marlene T.]
Jeudi 6 octobre 2011
Les
choses qui comptent
ne se mesurent pas
[Compteurs gaz, Italie août 2011, photo Marlene T.]
Des
surprises
Il y a cet espoir muselé, l'attente inavouable. Me murmurer en
secret, comme un mantra: "Si la mort, toutes les fois où je l'ai
croisée, n'a pas voulu de moi c'est peut-être que la vie me
réserve de douces surprises."
Mercredi 5 octobre 2011
Avertissement !
Mon royaume
[Photo Marlene T.]
"Feuilles, mousse, lichens
Moisissures : le vert
finissait toujours
par l'emporter"
[Henri Deluy in Je ne suis pas une prostituée, j'espère le
devenir]
Mardi 4 octobre 2011
Une
dernière danse
J’ai fait ce cauchemar
je sais que c’en était un parce que
les cauchemars parlent plus fort que les rêves
et j’entends encore sa voix
qui me tremble au creux du ventre
pourtant je n’ai pas eu tellement peur
il y avait un arbre immense poussé subitement
dans le jardin de mon sommeil et
suspendus à ses branches
des cadavres fripés
comme des fruits séchés au soleil
le vent sifflait très fort
un air de flute espiègle
et les morts se moquaient bien d’être mort
puisqu’ils pouvaient encore danser
Fanzines! Festival
Durant tout ce mois
d'octobre, PAPIER GACHÉ organise à la Médiathèque Marguerite Duras (115
rue de Bagnolet, Paris 20) le festival Fanzines!
Au programme: des conférences, des ateliers, des expos et un
salon qui se tiendra les 8 et 9 octobre. Le programme complet
est consultable
ICI et mon "Read
my lips FEET" y
sera exposé avec plus de 45O autres fanzines graphiques venus du monde
entier!
Lundi 3 octobre 2011
Ne
rien voir
Du café noir
sans sucre
sans poésie
sans un sourire
et sans un mot
Les volutes peuvent bien
dessiner ce qu’elles veulent
sur la page de mon petit matin
aujourd’hui, j’ai décidé
de ne rien voir
Volutes
[Photo Marlene T.]
Samedi 1er octobre 2011
Désarme
Tes sourires
ont la puissance infinie
des armes inoffensives
Fleurs d’enfance
[Italie août 2011, Photo Marlene T.]
Il flotte encore
l’odeur des fleurs d’enfance
sur le jardin de ta nuque