This is a cloud of smoke
Trying to occupy space

 

 

I Didn't Understand, Elliott Smith



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Vieilleries

 


 

[L'auteur]

Marlène TISSOT est venue au monde inopinément. A cherché un bon bout de temps avant de découvrir qu'il n'y avait pas de mode d'emploi. Sait dorénavant que c'est normal si elle n'y comprend rien à rien. Raconte des histoires depuis qu'elle a dix-ans-et-demi et capture des images depuis qu'elle a eu de quoi s'acheter un appareil. Ne croit en rien, surtout pas en elle, mais sait mettre un pied devant l'autre et se brosser les dents. Ecrira un jour l'odyssée du joueur de loto sur fond de crise monétaire (en trois mille vers) mais préfère pour l'instant se consacrer à des sujets un peu moins osés.

 


 

[Editions]

 

Mailles à l'envers
Editions Lunatique, collection Romans

Primé au festival Premier Roman de Laval
 


Sélectionné pour représenter la France au Festival Européen du premier roman à Kiel


 

Les choses ordinaires
Kiss My Ass Editions
 

 

 

Mes pieds nus dans tes vieux sabots bretons, collection 8pA6 de La Vachette Alternative


 

 

Nos parcelles de terrain très très vague, Éditions Asphodèle, Collection Minuscule

 

disponible également via Fnac, Chapitre, Amazon, Place des Libraires
 

 

London Trip Diary, At Home Editions

 


disponible via

 

 

Celui qui préférait respirer le parfum des fleurs, collection 8pA6 de La Vachette Alternative

 

 



 

[Parutions en revue]

 

A la dérive - L'Angoisse - Borborygmes - Cabaret - Charogne - Chos'e - Coaltar - Cohue - Comme en poésie - Dissonances - Diptyque - Freak Wave - Interlope - Interruption - I.H.V - Katapulpe - L'Ampoule - L'Autobus - Le Chant du Monstre - Les Cahiers d'Adèle - Levure Littéraire - Mauvaise graine - Microbe - Magnapoets - Népenthès - Nouveaux Délits - Poésie/Première - Revue Squeeze - Traction Brabant - Trace écarT - Le Zaporogue 


 

[Participations]

 

CroutOthon - FPDV - Le Quotidien des Martyrisés - Les 807 -  Les Etats Civils - Les Histoires Noires - OnLit - Sistoeurs.net - Vents Contraires - Vous dites ? 
 



[Email]

 

marlene.tissot@gmail.com
 

[Marlène ailleurs]

 

Sur Flickr
Sur DIYZines
Sur Vents Contraires

Sur On Lit

Sur Les Etats Civils
Sur Sistoeurs.net
Sur Fulgures.com

 


 

[Liens]


 

[Note]

 

Licence Creative Commons
Les textes et photos de Marlene Tissot sont mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France.
Les autorisations au-delà du champ de cette licence peuvent être obtenues à http://monnuage.free.fr

 

 

 


Dimanche 30 juin 2013

L'humeur du dimanche : It was so easy

 


Samedi 29 juin 2013

Arachnophilie


[Photo Marlene T.]
 

Liberté

Elle est partie depuis sept heures douze minutes et trente quatre secondes. En cet instant précis, elle sait, elle comprend, qu'elle ne rentrera pas. Comme si cette trente-quatrième seconde avait fixé la limite au-delà de la quelle il n'y avait plus de possibilité de retour. Le mouvement de liberté perpétuelle est enclenché. [Extrait d'un truc en cours]
 


Vendredi 28 juin 2013

Tout finit par finir

On dit que toutes
les bonnes choses
ont une fin mais
on ne dit jamais
que toutes les
mauvaises choses
ont également une fin
Il doit y avoir une bonne
ou une mauvaise raison à cela

 


Jeudi 27 juin 2013

Départ pour nulle part

Elle est partie sans savoir qu’elle s’en allait. Ce matin-là, elle a simplement pris son sac sur le meuble de l’entrée, et ses clés et son téléphone. Elle a aussi emporté un gilet, parce qu’elle emporte toujours un gilet, même en été, au cas où. Puis elle est sortie, en refermant doucement la porte, sans faire de bruit. C’était un samedi de fin de printemps et le soleil prenait son temps pour se lever. Les nuages s’étiraient. Les volets baillaient. Les petits vieux dans la rue marchaient comme des somnambules. C’était un jour très lent, un jour à taire les réveils.

On dit qu’il y a toujours une raison à tout. Que rien n’arrive comme ça, juste comme ça. Qu’il suffit d’y réfléchir un moment, soigneusement, pour trouver la raison. Mais ce n’est pas vrai. Parfois les choses arrivent réellement comme ça. Tout simplement. On sort de chez soi et on ne sait pas tout de suite qu’on s’en va. Comme s’il n’y avait rien d’autre à faire que chercher un ailleurs qui n’existe peut-être nulle part. C’est ce qu’il s’est passé pour Mady. Elle est sortie et n’est jamais revenue. On est parfois trop épuisé pour envisager le chemin de retour. [Extrait d'un truc en cours]
 


Mardi 25 juin 2013

L'odeur de J. Reyes

Des bureaux perchés au sommet d’un building léché par les nuages. Fenêtres immenses. Au soir, une vue terrifiante et magnifique. La ville en tapis de lumières, les phares des voitures comme des lucioles épileptiques. Et de l’autre côté du miroir, une enfilade de bureaux. Vides, comme toujours à cette heure. [Lire la suite de cette petite nouvelle sur le site de la revue Métèque]


Arachnophilie


[Photo Marlene T.]
 


Lundi 24 juin 2013

End of the story

Certains livres ne racontent pas
comment l'histoire se termine
parce qu'il y a des secrets
qui ne peuvent s'écrire
que dans la tête de
celui qui lit


Arachnophilie


[Photo Marlene T.]
 


Dimanche 23 juin 2013

L'humeur du dimanche : As usual

L'habitude,
cette putain sans imagination qu'est l'habitude.
[Fin de fiesta à Santa Barbara, Newton Thornburg]


Cutter's way


 


Vendredi 21 juin 2013

Sans les mots

Au grand café, en face de la fontaine
Nathan me fait remarquer que je ne parle pas beaucoup
ni aujourd’hui ni le reste du temps
je lui réponds que je n’ai pas grand-chose à raconter
que ce que j’aurais éventuellement à dire
ne se dit pas ou alors
serait probablement compris de travers
parce que je ne sais pas très bien m'y prendre
et j’ai horreur de devoir expliquer
je lui dis aussi qu’il est trop tard maintenant
parce que quand tu donnes l’habitude de parler peu
les gens ensuite s’étonnent
s’il te prend un beau jour une chiasse de mots
ils se posent des questions
s’imaginent que tu as un problème
te demandent si tout va bien
vraiment
tu es sûre ?
alors je reste comme ça
silencieuse
à la manière sont j’ai habitué mon entourage
Nathan me dit qu’il comprend
je le crois
     


Jeudi 20 juin 2013

Punition

Choisir la solitude
c'est un peu s'imposer
sa propre présence


Ce soir


[Valence, photos Marlene T.]
 


Mercredi 19 juin 2013

Fail

Courir après la réussite est une perte de temps
quand on peut tranquillement échouer en rêvant
 


Zone de non-profit


[Berlin aout 2012, photo Marlene T.]
 


Mardi 18 juin 2013

Crash

Virage – trop vite – pluie – ciel entre chien et loup – cette petite invulnérabilité dont on se croit gratifié alors que – trottoir épais – la voiture qui décolle de l’asphalte – pas très haut – juste assez pour empêcher l’adhérence des pneus – freinage inutile – pylône – béton en approche – apesanteur – la scène au ralenti – mes mains agrippées au volant qui n’imprime plus sa direction au véhicule – dos crispé – mâchoires serrées – fracas de tôle – le corps secoué comme un pantin de crash test – tension de la ceinture de sécurité – douleur au torse – pof poudreux de l’airbag cueillant mes lèvres, mon nez, mon front – pare-brise étoilé – fumée blanche – fumée noire – essayer de comprendre – réaliser sans parvenir tout à fait à y croire – je viens de me planter ! – couper le contact – sortir de l’habitacle – portière coincée – enjamber le levier de vitesse – bourrer les airbags – s’extraire par le côté passager – dehors – rue – sirène de pompiers en approche – mes jambes tremblent – froid sous la peau – impression d’être vidée de mon sang – chercher les blessures – le rouge – le bleu – rien – douleur au torse à chaque inspiration – m’assoir – non, impossible de plier les genoux – enflés sous le pantalon – risquer un œil à la carcasse – défoncée – comment ai-je pu en sortir ? – en suis-je réellement sortie ? – chercher à l’intérieur le cadavre de moi – rien – je suis là – trottoir – flics – pompiers – tout va bien madame ? – je hoche la tête – les mots coincés – qu’est-ce qu’il s’est passé ? – je secoue la tête – incapable de parler – nuit totale – gyrophares – uniformes – impression d’être dans une salle de ciné – projetée contre l’écran au milieu d’une scène d’action – je ne connais pas les répliques – j’attends le générique – happy end à l’américaine – baiser hollywoodien – je déraille un peu – gestes d’automate – tendre mon permis – sourire – oui/non – noter le numéro du garage qui va remorquer l’épave – décliner l’invitation à se faire accompagner à l’hosto – On va quand même prendre votre tension, vous avez l’air en état de choc – sourire encore pour rassurer – onze/sept – une petite lumière pour m’examiner l’œil – tiens toi sage Ô ma pupille – ok tout va bien – puisque je vous le disais ! – mensonge – partir – marcher – sans plier les genoux – douleur au torse – avancer au radar – suivre l’enfilade de lampadaires oranges – regarder devant, vers nulle part – je suis vivante, putain, je suis vivante – pourquoi je n’arrive pas à m’en réjouir ?
 


Lundi 17 juin 2013

Sleeping Beauty


[Emma, photo Marlene T.]
 

Chantier

Il y a des vies en construction
la mienne est en démolition
remise à nu avant travaux
j’ai essayé trop souvent de rafistoler
colmater
cacher la misère
j’habitais un corps garde-meuble
garde malade
foutraque et casse-gueule
poussiéreux
étouffant
j’ai eu besoin d’air
d’ébouler les vieux murs
encrassés du gris des souvenirs
tout abattre pour mieux
reconstruire
ou peut-être me contenter du vide
du silence
et de l’horizon enfin libéré
 


Dimanche 16 juin 2013

L'humeur du dimanche : Question sans réponse

Les paroles sont-elles plus importantes
pour celui qui les prononce
ou celui qui les écoute ?
 

Nuage rouge


[Londres, Photo Marlene T.]
 


Vendredi 14 juin 2013

K2R

Qu’est-ce qu’il se passe dans ta tête lorsque tu t’assois là, rigide, encore plus chaise que la chaise ? Sec de gestes et de mots. Est-ce que tu sais le temps que j’ai perdu à tenter de déchiffrer tes silences ? à lire l’absence de sentiments sur le dur de ton visage encore plus pierre que la pierre ? Qu’est-ce qu’il se passe dans ta tête, dans ta peau, dans cet habit prison que tu t’es fabriqué, me mettant à la porte de toi ? Est-ce que tu me le diras un jour, est-ce que tu me parleras, une fois, rien qu’une fois, avant que ta bouche s’effrite, encore plus poussière que la poussière ? Est-ce que tu me regarderas comme tu regardes ta bière, est-ce que tu me crieras ta joie comme à ce joueur de foot dans la télévision ? Est-ce que tu m’engueuleras comme le chien du voisin ? Ou bien, est-ce que je ne serai jamais rien d’autre pour toi, papa, que la tâche tenace d’une giclée de sperme lâchée par erreur ?
 


Mercredi 12 juin 2013

En un clin d’œil

J’ai conservé ce réflexe de môme
fermer les yeux pour faire disparaître le désastre
même si je sais maintenant que rien ne disparaît d’un geste de paupière
fermer les yeux est devenu ma manière de m’extraire du désastre
le temps de rassembler assez de forces
pour l’affronter
 

Arachnophilie


[Valence juin 2013, photo Marlene T.]
 


Mardi 11 juin 2013

Encore plus de vacarme

Tu t’écoutes être malheureux et ça fait tellement de bruit que la musique disparaît et la fille, cette conne trop belle, a l’air de danser comme un pantin sur du silence. Qui tire les ficelles ? Cette fille trop belle n’est pas pour toi, tu le sais. Non, tu le décides plus que tu ne le sais, mais qu’est-ce que ça change au final ? Tu la regardes avec ton bruit de malheur plein la caboche et tu chiales en dedans que la vie est mal faite, que tu mériterais mieux, que ton job est pourri, que tes parents sont des cons, que cette nana tu pourrais la rendre heureuse si seulement elle t’y autorisait. C’est tellement plus facile de lire la vie comme ça plutôt que de comprendre que c’est toi qui ne t’autorise pas la moindre chance. Tu as peut-être la trouille que le bonheur, ça fasse encore plus de vacarme que le malheur.


Arachnophilie


[Laval juin 2013, photo Marlene T.]
 


Lundi 10 juin 2013

À défaut de flèches ardentes, une lame

Une belle chronique de Mailles à l'envers sur le Journal du Penchant des roseaux. Un immense merci à Christian Domec pour sa lecture et aussi pour nos mots échangés à la librairie "Des gourmandises sur l'étagère" la semaine dernière ! Pour lire l'article, c'est par Ici et pour découvrir les superbes éditions du Penchant des Roseaux, c'est par .


Passage à sec

La boite à mouchoirs est vide et ça tombe bien, je n’ai plus la moindre larme à torcher. Panne sèche de sentiments. Les yeux taris. C’est dans le ventre que ça se complique. Plein de flotte. De l’eau-de-vie. Ça vous brouille la vue bien mieux que les pleurnicheries, cette délicieuse saloperie. Ça vous crame en flammèches invisibles, du dedans au dehors, la peau qui rétréci, plastique fondu, imperméable, rigide. J’ai une armure distillée à 45 degrés qui n’est pas prête de tomber, sauf peut-être demain, avec ma tête, dans la cuvette des toilettes.
 


Dimanche 9 juin 2013

L'humeur du dimanche : Arachnophilie


[Laval juin 2013, photo Marlene T.]
 


Vendredi 7 juin 2013

Météo, poil au dos

Dans le cadre des vases communicants, session juin 2013, j'accueille sur le nuage un beau texte de Barbara Albeck qui héberge en retour un de mes petits cowboys.
 

Météoétonbonné

Il pleut janvier, février, mars, il pleut avril et il pleut mai. Les jours se rallongent à la pluie. Ils ont le teint grisâtre et dilué des noyés. On se passe le mot que c’est assez, assez de la ville recouverte, de la ville liquéfiée, assez de ce printemps de chien mouillé, du poids des semelles détrempées, assez des doubles précipitations sur les chaussées suintantes, les trottoirs accablés. On se passe le mot, on se résigne aussi en tenant le pari des jours de giboulées. La pluie est source intarissable de commentaires où même les plus taiseux s’abreuvent, tous sur la même longueur d’ondes, rassemblés comme jamais.

Le pays entier est en larmes, à peine s’essuie t-il que surviennent de nouveaux hoquets, la crise, entend-on dire, est généralisée. Dépressions atmosphériques, zones de turbulences, grands airs tourmentés. Mai ne se découvre pas d’avril, avril a fait le grand écart avec janvier, février mars en ont pleuré. Les parapluies charrient des fleuves où la population se jette en masse, bien obligée de traverser à la nage ses journées. Les terrasses se tiennent coites, ramassées sur elles-mêmes, et les restaurateurs s’indignent de la quantité de tasses bues qui ne soient pas celles de leur café. L’habitude est prise de maudire le ciel bien que soit perdue celle de le prier.
Pour un peu on croirait à une machination de ces géants du gaz et de l’électricité qui se frottent les mains à l’idée de toutes celles qu’ils ont à réchauffer. Météo, I love you so moche, plaisantent-ils devant leurs courbes de croissance où tout indique l’obésité. On se console au moins avec les nappes souterraines qui elles se rengorgent d’être si bien arrosées. On s’imagine ailleurs, on s’offre l’exotisme le temps d’une averse-mousson : c’est loin qu’on va chercher pour se réconforter. Ainsi on s’accroche aux bouées que l’on trouve dans un monde à vau-l’eau et on se laisse un peu aller. Au gré des courants froids on s’en remet aux ampoules, celles qu’on allume pour s’éclaircir les idées, et les autres qu’on brise pour leur vitamine D, juste de quoi tenir jusqu’aux rivages de l’été.
Comme le soleil, les vacances se font désirer et on se félicite d’avoir loué une maison dans le sud cette année. [Barbara Albeck]
 


Mercredi 5 juin 2013

L’homme et la femme (2)

La femme se réveille. Avant l’homme. Elle se lève sans bousculer les draps et descend préparer le café. La petite mécanique des gestes huilés par l’habitude. Elle pourrait faire tout cela sans même être éveillée. Sortir deux tasses, la boite de sucre. Elle s’appuie sur le bord de l’évier, regarde par la fenêtre, regarde la cafetière, la pendule, la vaisselle de la veille, regarde ses mains posées à plat, les doigts un peu enflés par un reste de nuit, l’alliance qui creuse, prisonnière de la chair. Elle se rappelle le mariage. La joie presque nerveuse dans l’agitation des préparatifs. Tu es heureuse ? on lui demandait sans cesse et elle répondait oui. Quoi d’autre ? Comment expliquer que parfois, elle se sentait étrangère à tout ce qui se tramait. Oui, elle était heureuse. C’est un devoir de l’être dans ces moments là. Ce sont des choses qu’on ne remet pas en question. Les questions sont fatigantes. Les souvenirs aussi.
Pour le mariage, l’homme avait voulu qu’elle porte une jarretière. Qu’elle découvre sa cuisse dans ce jeu stupide. Elle avait accepté, docile. S’était retrouvée debout sur une table, face aux invités rapidement avinés qui jetaient leur monnaie dans une corbeille pour que les jupons montent et montent encore. La femme tremblait. L’homme riait. Un oncle a remporté le trophée, est venu l’enlever, égarant ses doigts grossiers presque jusqu’à la culotte. Le lendemain matin, l’homme a compté l’argent dans la corbeille. Il a dit qu’il n’y avait pas assez pour s’offrir le voyage espéré. Petite amertume dans la voix. La femme s’est sentie fautive. Cuisses pas assez jolies. L’homme a dit, on s’achètera une télé, c’est bien aussi une télé. Elle a acquiescé. Elle regardait souvent ses cuisses dans le miroir.
La télé a été remplacée. Les cuisses sont toujours là. Un peu plus lourdes, un peu moins lisses, avec ce reste de culpabilité qui granule la peau.
La femme ferme les yeux. La cafetière se tait. Il est temps d’aller réveiller l’homme.
 


Mardi 4 juin 2013

VPC

Feuilleter
les pages glacées couleurs
d’un gros catalogue
de vente par correspondance
dresser une liste de tout
ce dont je n’ai ni envie
ni besoin
bien qu’on tente éperdument
de me faire croire
le contraire
 


Dimanche 2 juin 2013

L'humeur du dimanche : Have fun !

 


Vendredi 31 mai 2013

Be right back, I need to change


Etre la nuit et tomber
sans faire de bruit
sans se blesser
 


Jeudi 30 mai 2013

Sécateur

Chaque jour, on taille les rêves comme des plantes
certains sont plus habiles que d’autres à l’exercice
parfois aussi, on refuse l’idée du sécateur
et c’est une anarchie bourgeonnante de buissons
sur lesquels on s’écorche
à chaque pas
 


Mercredi 29 mai 2013

Hotel room

Il faut bien ce lit d’une taille indécente pour supporter l’étendue de mes rêves.
Il faut bien cette vaste chambre – vingt pas avant d’atteindre la baie vitrée – pour que puissent cavaler mes émotions sans risque de collision.
Et même la moquette épaisse éponge doucement mes coulures de sourires comme on suce un bâton de réglisse.
C’est douloureux parfois, ce trop plein de bonheur, ça te déborde la peau, ça te frissonne.
Je me glisse sous l’édredon joufflu.
Il pèse lourd et pourtant je sens mon corps s’envoler vers le blanc du plafond comme une baudruche évadée.
Il est 3h au milieu de la nuit, les yeux pleins d’étoiles.
Je regarde le ciel sans fatiguer.
Un peu après 4h, il commence à blanchir.
Ma bouche dessine un sourire, du genre de ceux qui disent qu’on croit à l’impossible.
 


[Photo Marlene T.]
 


Mardi 28 mai 2013

J'emmerde...

...le petit chimiste, mais aussi la perfection, la vertu, les petites annonces... à lire chez Vents Contraires


Smile


[Photo Marlene T.]
 


Lundi 27 mai 2013

Les choses ordinaires
 

Un poème de 24 heures en 72 pages, qui parle de choses ordinaires? Vraiment?

Pour en découvrir un peu plus, voir chez Kiss My Ass Editions, qui publie également le magnifique "Waiting for Paddy's return" de G Mar et bientôt d'autres choses étonnantes.

>> L'achat, c'est chez Lulu, pour 3,28 €.

[Extrait - Après la pause]
Fred écrase son mégot et s’éloigne
je vais faire pleurer Paulo
on balance
nos gobelets en plastique
notre fierté
nos pensées
nos rêves flétris
dans la corbeille
on traîne nos semelles
sur la moquette usée du couloir
avec lassitude
un œil rivé à la montre
on s’autorise vite fait un détour vespasien
les hommes à droite
les femmes à gauche
la faïence propre et blanche
une cloison d’agglo en guise de frontière
 


Dimanche 26 mai 2013

Une étoile dans la gorge

Émission de radio musicale et poétique diffusée sur "Radio Soleil 35"

Playlist & Textes:
Queen of the stone age - My god is the sun
->(Texte) Yannick Torlini - Nous avons marché
avec en musique de fond:
Gyorgy Ligeti - Francis Travis Conducting The Bavarian Radio Orchestra - Requiem For Soprano, Mezzo Soprano, Two Mixed Choirs And Orchestra (The Monolith)
Marylin Manson - Great Big White World
STNNNG - Brain-dump
->(Texte) Marlene Tissot - Salle d'attente
DJ Shadow - Devil's Advocate (Heaven vs. Hell - Bonus Beat)
The Experimental Tropic Blues Band - Sex Games
->(Texte) Marlene Tissot - Promesses
Lapalux - Without You (ft. Kerry Leatham)
Massive Attack - Girl i love You
->(Texte) MulM - La première fois dans le café
Anna calvi - first wet kiss
->(Texte) Stéphane Bernard - une île
Songs Ohia - Lioness
->(Texte) Anton Karmazoe - ne plus dormir
Jeff Buckley - Grace

Cliquer sur le lien pour écouter en podcast, ça vaut le coup d'oreille !
 


Mercredi 22 mai 2013

Eté 80. Camping.

David m’attend à l’extérieur de la tente. Il pleure. Un de ses Playmobils est mort. Sa tête est tombée. Je lui dis qu’il a été décapité à cause de la peine de mort parce qu’il avait fait une bêtise très grave. Ça se passe comme ça, quand tu fais des choses interdites par la loi, on t’amène devant un juge et il te fait décapiter. David prétend que je raconte n’importe quoi alors je lui explique l’histoire de cet homme dans le livre que maman a lu. C’est un homme qui est accusé d’être un assassin, il y a des preuves qui disent qu’il est coupable et d’autres preuves qui disent qu’il est innocent mais le juge décide qu’il est surtout coupable et qu’il mérite qu’on lui coupe la tête. Alors un matin on installe l’homme devant une guillotine. Le soleil se lève, la lame tombe, la tête roule par terre et après il est trop tard pour vérifier s’il était coupable ou innocent. David me demande de quoi était coupable son Playmobil. Je lui réponds qu’il a volé toute la nourriture et que c’est à cause de lui qu’on meurt de faim. David reste silencieux un moment puis il demande si son jouet a droit quand même à un enterrement. Je lui dis que oui et qu’on va s’en occuper mais qu’il faut déjà trouver un endroit. On choisit le pied d’un grand arbre à l’écorce lisse sur le bord de la forêt. On fait un trou, on fabrique un cercueil dans une boite d’allumettes et on l’enterre là, avec une petite croix en bois et une pierre plate. Puis quand on a terminé la cérémonie, David fait caca sur la tombe en riant. Il dit que les coupables, ils ne méritent rien de mieux. Je hausse les épaules. On ne sait jamais avec certitude que les coupables sont coupables, je lui rétorque et David pleurniche. Il voudrait déterrer son Playmobil pour essayer de le réparer plus tard, quand on rentrera à la maison. Mais il ne peut pas, à cause du caca sur la tombe. Je lui prends la main et lui dit d’arrêter ses bêtises. Les morts, on ne les répare pas, on les oublie. [Extrait d'un truc en cours]

 


Mardi 21 mai 2013

Vice sans versa

Au commencement, il y a forcément quelque chose
Mais les choses n’ont pas forcément de commencement


Face au vide


[Ferry to Dover, Photo Marlene T.]
 


Lundi 20 mai 2013

Se hâter

D’où sont tombées toutes ces années
qui m’encombrent la vie
alors que j’ai l’impression d’être encore
si terriblement près du début
tandis qu'on me serine qu’il serait temps
de se hâter
Oui mais pour aller où ?
Et pour faire quoi ?
 


Dimanche 19 mai 2013

L'humeur du dimanche : Accoucher du jour, sans forceps


 


Samedi 18 mai 2013

Les poubelles obèses

A l’arrière du supermarché, il y a des poubelles
des containers pleins jusqu’à la gueule
de marchandises périmées
qui ont pourtant encore belle allure
qui pourraient rassasier sans empoisonner
tout un tas d’affamés
mais deux types viennent
armés de cutter et de bouteilles de Javel
et comme des mômes qui jouent à la guerre
ils éventrent et lacèrent
ils arrosent au toxique
comme le chien pisse pour marquer sa propriété
ici, personne ne touche
personne ne prend
ici, il y a à manger mais on peut crever la gueule ouverte
à côté des poubelles obèses
et les gars disent, c’est pas notre faute, c’est le boss qui décide
et le boss dit, c’est pas moi, c’est la loi qui le veut ainsi
et la loi dit – non, elle ne dit pas !
elle s’agenouille et lèche les couilles des grands manitous de l’agro-alimentaire
ceux qui multiplient les pains, mais pas pour tous
seulement pour ceux qui payent

[pour FPDV, n°39 "Supermarket", avec une illus' à voir sur place]
 


Vendredi 17 mai 2013

De lui

Par sa bouche les mots coulent
comme un serpent de flotte dru
robinet ouvert au maximum
et je n’entends rien d’autre
qu’un bruit d’eau
pas le sens
pas les mots
il y en a trop 
trop vite
sans ponctuation
sans bulle de silence
pour reprendre son souffle
des litres de mots
un flot de paroles
sa bouche qui fuit comme si défectueuse
ou alors peut-être est-ce le trop plein de
son lavabo de pensées qui déborde
il est comme une éponge enflée
qui dégorge son jus sans même qu’on la presse
il gicle du verbe comme on pisse sa bière
il parle et sans doute
si je n’étais pas là
ça n’y changerait rien
parce que ce n’est pas à moi
mais de lui
qu’il parle


Get a life


[Londres, photo Marlene T.]
 


Jeudi 16 mai 2013

Pater, mater, et cetera

L’atavisme me fait peur
comme un cancer incurable
une bête planquée sous ma peau
qui guette
compte chacun
de mes faux pas
et rit de ma lutte
contre un moi destiné
– décidé ? –
à devenir eux
malgré moi



[Londres, Photo Marlene T.]
 


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