Marlène TISSOT est venue au monde inopinément. A
cherché un bon bout de temps avant de découvrir qu'il n'y avait pas de mode d'emploi.
Sait dorénavant que c'est normal si elle n'y comprend rien à rien. Raconte des histoires depuis qu'elle a dix-ans-et-demi et
capture des images depuis qu'elle a eu de quoi s'acheter un appareil. Ne croit en rien, surtout pas en elle, mais
sait mettre un pied devant l'autre et se brosser les dents. Ecrira un jour l'odyssée du joueur de loto sur
fond de crise monétaire (en trois mille vers) mais préfère pour l'instant se consacrer à des
sujets un peu moins osés.
PS
: J'ai aussi un petit oiseau bleu, pas du genre qui palpite dans la cage
thoracique, mais du genre que je nourris assez peu, du genre qui fait un peu
ce qu'il veut, il n'est pas dans une cage et les fils à la patte, c'est pas mon truc... N'empêche, j'ai un
petit oiseau bleu.
Les apparences sont souvent trompeuses.
C’est à ça que je pense chaque fois que j’entends des inconnus à
l’allure bancale jouer du piano dans les halls de gare.
Ce jour là, à Agen, un type entre deux âges, vilaine petite moustache,
cheveux gras, sacoche en bandoulière, maillot de foot, est assis là et
ses mains pas très propres cavalent sur le clavier avec une grâce
infinie. Comme s’il peignait la musique dans les airs.
Aurais-je été capable de deviner, en le croisant dans la rue, les
trésors qu’il cachait sous son ordinaire costume d’homme ?
C’est à ça que je pense en l’écoutant. L’importance de toujours imaginer
le meilleur. Laisser sa part au doute.
On en a
tous eu
des histoires avec les histoires
j'en ai tenu certaines dans mes bras
mais ils n'étaient pas assez vastes
j'en ai tenu dans mon coeur aussi
et il s'est transformé en village
tout escarpé de ruelles
vieilles pierres
ombre et lumière
un village rocailleux à la place du coeur
ça en fait de la place pour loger de l'amour
ça en fait des murs où se frapper la tête
et des portes derrière lesquelles se planquer
C’est à ça que j’ai pensé en te voyant. Mr Moonlight. Blanc comme une
lune dans ton habit de ciel noir. Puis on a commencé de parler. Tu avais
cette allure mi-inquiétante mi-fascinante. Pâleur diaphane, silhouette
longue, gestes mesurés, sourires rares, voix posée. J’ai pensé que tu
étais sans doute un vampire ayant renoncé au sang pour te nourrir de
larmes. Les dents de ton regard planté dans les veines de mon chagrin.
C’est à ça que j’ai pensé tandis que mon trop plein de tristesse se
vidait lentement dans la bouche de ta présence. Je me suis demandé si tu
étais conscient de tout ça, ta manière douce de boire la peine des gens
même quand ils tentent de la cacher sous une écharpe de sourires. Je
n’ai pas osé te poser la question. Les héros très discrets sont souvent
intimidants.
[Life is a Beatles song #61 ]
Est-ce que tu me croirais si je te disais
que les murs me parlent parfois
que les voitures viennent
se reposer dans mon ventre
en dehors des heures de pointe
que je réalise en regardant le ciel
à travers les dentelles d’acacia que
la vie fait ce qu’elle veut de mon corps
mais pas moi
que je ne m’appartiens jamais tout à fait
que je passe trop de temps
à me construire
des personnalités de secours ?
Est-ce que tu me croirais si je te disais
que je ne connais pas toujours
la voix qui te parle
au travers de ma bouche ?
Lundi 15 juin 2015
La
revue L'Ampoule
Encore un beau n° de cette belle revue ! A ne pas manquer...
La revue Zinzoline
Dans le n°9 de la revue Zinzoline (actuellement en préparation), tu
trouveras (entre autres chouettes choses à lire et à voir) deux pages:
l'une pour Mailles à l'envers, l'autre pour Le poids du monde.
Un grand merci à Alain Cotten pour sa complicité avec mes mots !
Dimanche 14 juin 2015
L'humeur du dimanche : Relativiser
[Image via TheCuriousBrain]
Samedi 13 juin 2015
Décalage horaire
Parfois
tu dis bonjour
et on te répond bonsoir
alors tu te demandes
combien de temps tu es resté
absent de la réalité
Ça arrive parfois
je lis de travers
mes yeux roulent dans les phrases
comme dans un jeu de quilles
tout se casse la gueule
les mots dans le désordre
« La culture des sirènes »
ce n'est pas réellement ce que disait
le titre sur papier glacé
et peu importe si j’ai tout mélangé
ça m’a dessiné des images plein la tête
un grand bassin
rempli de minuscules sirènes
tournant en rond tristement
nourries régulièrement
et qu’on enverrait
une fois leur croissance terminée
peupler les océans du monde
ou les grands aquariums
ou peut-être aussi
sur un plateau d’argent
décorer la table
d’un connard milliardaire
[]branche la platine
et prépare-toi à mettre le volume au maximum – parce que, vois-tu, ce
n’est pas un album à écouter distraitement en fond sonore tiédasse, le
soir où tu as eu l’idée saugrenue d’inviter tes gentils voisins à
partager des saucisses grillées.[] La suite
ICI
Baignade interdite
Le corps humain est composé de
soixante-cinq pourcent d’eau
et
après tout
ce n’est pas si profond
pourtant
parfois
j’ai l’impression de me noyer
à l’intérieur de moi
Mardi 9 juin 2015
Histoires (presque) vraies
Voilà, Histoires (presque) vraies
vient de paraître aux éditions du
Pédalo Ivre et il peut être commandé directement sur le
site des éditions ou en librairie!
Il sera également disponible sur le
Marché de la Poésie place St Sulpice à Paris du 10 au 14
juin
Merci à Frédérick Houdaer et à Jean-Marc
Luquet pour leur confiance poétique .
C’est comme ça, je suis du genre à digérer
lentement les émotions. Et je t’avale les évènements avec la
bouche du coeur grande ouverte, la gourmandise affolée comme un
compteur Geiger dans un réacteur nucléaire. Le truc, c’est
qu’ensuite je deviens constipée du verbe, incapable de dire
autre chose que merci. Et un merci, même prononcé en
majuscules, ça reste un mot tout petit, ça fait pas le poids
face à ce doux fatras qui m’enfle sous la peau.
J’en perds mon lexique, tortillant bêtement mes doigts, tournant
ma langue sept cent fois dans ma bouche pour finalement ne rien
dire de mieux que merci, en espérant que chacun parvienne à
déchiffrer le message planqué derrière si peu de lettres.
Alors voilà : merci !
A tous les membres du prix CoPo, à Patrice Maltaverne qui m’a
collé un beau bandeau rouge autour des fleurs de tapisserie (les
voilà rhabillées pour le marché parisien) à toutes les chouettes
personnes avec lesquelles j’ai bavardé à Rouen (pardon Mélanie,
je n’étais pas à la hauteur pour ton interview), à Thomas (avec
un bravo en plus pour son prix des lycéens), enfin à vous tous,
quoi!
Merci également à Marianne Desroziers et à
l’incroyable boulot qu’elle a abattu avec sa belle équipe pour
que le festival de Mézin aboutisse à cette réussite, à celles et
ceux avec lesquels j’ai pris un vrai grand plaisir en papotage
(plus ou moins sérieux), en sourires vrais, en échange poétique,
en petites choses simples, comme ça, sous le soleil, le cul posé
dans l’herbe.
C'est beau, le partage !
Et on
fait quoi au juste
avec un souvenir
qui n'a pas de forme précise ?
Pas d'image
ni de son
ni d'odeur
juste des émotions
Comment on s'y prend
pour lui donner un nom
le regarder dans les yeux
le prendre par la main
s'il reste insaisissable ?
Est-il possible de ranger sa grandeur
dans un tiroir du coeur ?
De le déplier ensuite
comme un foulard soyeux
à nouer serré
autour du cou des idées noires ?
Dimanche 7 juin 2015
L'humeur du dimanche : Je suis une banane
[La banane décida de partir en voyage - Image Marc Johns]
Vendredi 5 juin 2015
Le
poids du monde
Une chouette chronique de ma petite histoire parue chez
Lunatique il y a quelques mois, lu par
Thierry Roquet (qui écrit de la poésie comme je l'aime, alors si
tu ne connais pas, file découvrir sur son blog
et dans ses recueils)
Mercredi 3 juin 2015
Les
vadrouilles
Il fait
beau, j'ai du vent dans les voiles, alors je vogue ici et là :
Jeudi 4 juin à Rouen pour la remise du prix CoPo
Dimanche 7 juin à Mézin pour des lectures en plein air
Samedi 4 juillet à Mirmande pour des lectures in-situ
Mardi 2 juin 2015
Pas
que pour les grands
Ce week-end, le
Fanzine faisait Camping à Lyon et la bonne humeur a fleuri plein
les mirettes ! 200 fanzines étaient de la partie dont mon petit dernier "Le
personnage d'un livre sans image" (bientôt dispo via la plateforme
DIYZines)
Dans l’allée des produits en conserve du supermarché
une femme dit :
« Ça fait quarante ans que je l’aime »
ses mots se perchent avec délicatesse au sommet du brouhaha
quelque part entre les boîtes de cassoulet et de haricots verts
la lumière n’est plus celle fade et froide des néons
elle vient d’ailleurs
« Ça fait quarante ans que je l’aime » je répète en play-back
pour éprouver la forme de ces mots sur mes lèvres
et je sais qu’aujourd’hui sera une belle journée
Dimanche 31 mai 2015
L'humeur du dimanche : Garder les yeux grand ouverts
Cette nuit j’ai rêvé
que j’embrassais mon voisin
sur la bouche
dans une voiture
qui n’était ni la sienne
ni la mienne
Est-ce que quelque chose en moi
avait trouvé intime
que j’aille la veille au soir
le tirer de sous son frigo ?
Va savoir
Sa fille était venue me chercher
en larmes et en pyjama
elle disait «Papa est coincé
faut le délivrer»
Quand je suis arrivée
le voisin était sous son frigo
dans un sale état mais pas trop
il avait presque réussi à se libérer
je n’ai pas fait grand-chose
à part l’aider un peu
et consoler sa fille
en attendant les pompiers
Ensuite, je suis rentrée
il était tard
j’ai brossé mes dents
et je suis allée au lit
Ce matin je croise mon voisin
en allant chercher le courrier
on se dit bonjour
comme d’habitude
je lui demande comment il va
il dit «Ça va
Plus de peur que de mal»
puis il ajoute
«Merci pour cette nuit»
alors je me rappelle de mon rêve
et un instant je me demande
s’il me remercie pour le frigo
ou pour le baiser dans une voiture
qui n’était ni la sienne
ni la mienne
Peut-être que si
j’avais été une enfant différente, les choses ne se seraient pas passées
ainsi. « Enlevez-vous immédiatement cette idée de la tête », m’a dit
Edouard quand je lui ai avoué mon sentiment de culpabilité. « On n’est
jamais responsable des gestes d’une autre personne. Jamais. » Parfois,
c’est comme si ses paroles me prenaient dans leurs bras. Elles me
réconfortent, m'apaisent un peu. Je ne regrette pas de m’être finalement
décidée à le rencontrer dans son bureau. Il dit bureau, pas cabinet,
parce que les cabinets, c’est l’endroit ou l’on fait ses besoins. «
Justement, je lui ai fait remarquer, on vient un peu ici pour déposer
notre merde, et vous êtes supposé nous aider à nous torcher ! » Il a rit
tellement fort, ce jour-là, qu’il a dû retirer ses lunettes pour
s’essuyer les yeux. C’est tellement beau, une explosion de rire. Comme
un feu d’artifice qui nous mettrait des couleurs plein le ciel coeur.
[Les voix - extrait - en cours]
Billy Childish, c’est ce british à la moustache classieuse et au
look dandy-punk, injustement méconnu de ce côté-ci de la Manche. Il
mérite pourtant amplement qu’on s’intéresse à son univers tentaculaire.
Parce que si le bonhomme sévit dans le domaine musical, il est également
un peintre hyper productif, un photographe, un romancier à la plume
acérée et un magnifique poète douée de dyslexie (ses bouquins sont
publiés – par choix de sa part – avec l’intégralité de ses fautes).
Accepter ses travers autant que ses qualités, faire le choix d’une
imperfection assumée : ça ressemble presque à de l’insurrection dans le
monde d’aujourd’hui. Et moi, ça me touche, ce genre de détail. Ras le
bol du lisse, du calibré, du bien propre sur soi. Il est temps de
ressortir la râpe à conformisme ! [...] Lire la suite de la chronique chez
Casbah Records
Le train file à travers le paysage et je le laisse m’emporter, occupée
ailleurs, entre les pages d’un livre. Les petits caractères d’imprimerie
se transforment en univers parallèle. Je suis là sans y être, occupant
une place du carré famille avec trois inconnus dont j’oublie rapidement
la présence. Tout oublier. La grande vitesse, l’accoudoir rêche et même
la destination. Jusqu’à ce qu’un grésillement se produise. Pas
réellement un bruit, pas même une vibration. Plutôt quelque chose comme
une interférence venue brouiller la retransmission en direct de mon
imagination. Alors le décor autour reprend sa forme ordinaire. Je lève
le nez de mon bouquin et je le vois. L’homme en face de moi qui semble
pourtant dormir. Sa posture affalée, sa respiration lente, son œil droit
parfaitement clos. Oui, on pourrait croire qu’il dort s’il n’y avait son
oeil gauche bien ouvert et dangereusement braqué sur moi. Cet œil-là,
pas de doute, est réveillé. Je me demande à quoi peut bien rêver un
homme qui ne dort que d’un oeil. A-t-on déjà vu un oeil gauche réclamant
son indépendance ? Refuse de se fermer quand on le lui demande ? Est-ce
qu’un œil a une bouche pour répondre aux questions qu’on ne lui pose pas
? Toute à mes interrogations, je remarque sa pupille opérant une
dilatation discrète mais certaine. L’oeil s’inquiète, l’oeil se sent
cerné, l’oeil se dit sans doute «Merde, elle m’a repéré» et je ne peux
pas prétendre le contraire puisque je le regarde droit dedans. Alors
l’oeil se planque, rabat sa paupière d’un revers de cils définitif et c’est un peu
comme s’il n’avait jamais été ouvert. Le corps de l’homme s’agite un
instant, s’essaie à une position plus confortable. Ils vont peut-être
dormir ensemble cette fois, lui et ses deux yeux. Mais comment être sûre
? Reprendre ma lecture semble une option risquée. L’oeil pourrait se
rouvrir et j’ignore de quoi il est capable.
[Life is a Beatles song #60 ]
Dimanche 24 mai 2015
L'humeur du dimanche : Briser les horloges et dompter le destin
Le temps qu’il reste est une illusion comme les autres. Même si certains
s’épuisent à avancer dans le sens inverse des aiguilles. Même si
certains jouent à inventer des questions d’importance et d’autre à
fabriquer des réponses qui semblent tenir debout. Dans l’inexactitude
des sciences, il reste tant de sujets qui jamais ne seront explorés.
Pourquoi personne ne se soucie de savoir si les coupures de presse
cicatrisent rapidement ? Si les plus profondes nécessitent des points de
suture ? Finalement, on possède déjà tellement d’informations utiles.
Mais connaître l’heure précise du lever et du coucher du soleil, est-ce
important si on ne prend pas la peine de le regarder à l’oeuvre ?
Deux gouttes de tristesse dans l'océan de
chagrin. C'est tout ce que ses yeux on su pleuvoir. Elle a
enfermé le reste sous les paupières pour nourrir ses nuages.
*[Clin d'oeil à "La plus petite tempête de neige
jamais recensée"
de Richard Brautigan, in Tokyo-Montana Express]
Je lave ma culotte
dans le lavabo et la suspends à un dossier de chaise devant le vieux
radiateur à gaz. L'étrange plaisir de se savoir parti les mains vides.
Mesurer la valeur des petits gestes oubliés et me coucher cul nu sous
l'édredon qui a dû en voir d'autres. Je me sens étrangement légère, ce
soir, sous ce foutoir de plumes lourd de plus d'un siècle. Je sais que
tu es là, de l'autre côté d'une porte invisible, prêt à veiller sur moi.
[Extrait]
Encore un chouette
numéro pour cette jeune revue qui trace son paysage avec grâce et
originalité. On plonge dans les univers de chacun avec fluidité (il faut
aller au sommaire pour trouver le titre et l'auteur) et on y revient, à
l'envers, à l'endroit.
Heureuse d'être du voyage avec mes "Paysages disparus"
Pour plus d'informations, clique sur l'image, et pour commander, c'est
ICI
Tellement de gestes inutiles
de gestes lourds
qui tombent et se brisent
une empilade de jours
en forme de vaisselle ébréchée
et rien que du vide à avaler
La logique docilement acceptée
n’a rien de logique
et je préfère picorer en secret
des poignées de graines à oiseaux
et écouter germer
mes ailes
A force
de ne pas pleurer
je me mets à pleuvoir
et j'accuse les nuages
Après la pluie peut-être
quelque chose germera
comme l'éclosion lente
de ta langue dans la bouche
de mes silences
Ce réflexe presque vital
de me couler dans une armure
de béton et d'acier
dès que les choses deviennent
fragiles-instables-violentes
à l'intérieur de moi
Je ne sais pas par où ni comment il est entré
en moi. Pas par les orifices. Pas de force. Il s’est sans doute
glissé dans les brèches, les fissures, les blessures. Je l’ai
senti s’installer là, doucement, lentement, sûrement. Je
l’écoute s’affairer, l’agilité de ses mains, son habile ouvrage
de fil et d’aiguille, à suturer les plaies de mon habit de peau.
Je voudrais presque qu’il ne finisse jamais, ou alors qu’il
enferme un peu de lui en moi, pour toujours.
Souvent
je fais un pas de côté
parfois même plusieurs
non pour m'éloigner
ce n'est pas
une affaire de distance
juste d'angle de vue
je me parallèle à la réalité
c'est ma manière de l'appréhender
sans avoir à la regarder
droit dans les yeux
sans avoir à l'affronter
Elle se regarde de l’extérieur
ses mains qui tremblent
la folie posée là
comme un objet trouvé
un objet tombé
d’on ne sait où
dans les sillons de sa peau
et son propriétaire viendra
peut-être bientôt
le réclamer
elle se regarde et voit
cette folie
et se dit ce n’est pas moi
ce n’est pas à moi tout ça
ce fatras distordu de pensées elle se dit non
je ne suis pas folle
si je l’étais
je le sentirais ce grand désordre
ce grand n’importe quoi et
elle ne sent rien
elle entend parfois
des voix qui ne sont pas la sienne
des voix qui parlent à l’intérieur d’elle
comme une radio
et dans ces moments-là
elle quitte sa peau
en attendant que le silence revienne
elle s’assoit et
elle se regarde de l’extérieur
Jeudi 7 mai 2015
Les
prochains évènements de mai
Il paraît qu'en
mai, fais ce qu'il te plait. Mais les dictons, parfois, c'est con.
En mai, donc, il y aura ces deux dates et, sauf intervention divine
(vas-y dieu, résiste, prouve que tu existes, je te laisse ta
chance) je ne pourrait malheureusement être présente sur les lieux qu'en
pensée (ce qui est déjà pas mal, je te l'accorde).
Le dimanche 17
mai, à la Halle Saint Pierre (du côté de Montmartre) se déroulera
une rencontre-lecture-signature du bouquin «Pour Philippe Soupault»
auquel j'ai eu grand plaisir à participer (éditions «Les cahiers à
l’index» sous la direction de JM Couvé). Tous les détails
ICI.
Le dimanche 24
mai, à défaut de grimper aux rideaux (jouer à tarzan ne m'a jamais
vraiment amusée) je serais volontiers allée trainer mes guêtres au
Monte en l'air pour la sortie du dernier numéro de la belle Revue Métèque.
On peut rêver, hein!
Enfin, voilà. C'est
chouette tout ça et si tu peux y aller, vas-y, n'hésite pas, tu ne
risques rien : je ne serai pas là (sauf si...)! Mais tu pourras
peut-être entendre mes pensées. Elles font du boucan parfois.
Annonce (presque) sérieuse *
Recherche désespérément
technique pour échapper
à tout ce qui m'échappe
[En attendant la sortie de "Histoires (presque) vraies"
aux éditions Pédalo Ivre]
[Note : ceci n'est pas un extrait]
Des fois, on empile les mensonges
on les pose bien à plat
bien pliés
l’un par-dessus l’autre
et on se dit qu’on pourrait
continuer comme ça jusqu’au ciel
mais on sait bien qu’un jour ou l’autre
on en posera un de traviole
et que tout s’écroulera
on espère juste que
quand ça arrivera
personne ne sera en dessous
Dans
cette minutieuse, sophistiquée, et merveilleuse mécanique
qu'est le corps humain
quelle est la fonction exacte du plaisir ? [Hélène
Dassavray]
Pour répondre à
Hélène : Dans la mécanique du corps, je l'ignore, mais dans la fragile
horlogerie du coeur, on dirait que la fonction du plaisir est de
nettoyer la grisaille, redonner du brillant aux yeux, faire fleurir les
sourires... Et du plaisir de coeur, il y en a eu à foison ce premier mai
à La Bastidonne. Du plaisir feuilleté de poésie et saupoudré de douceur
vraie. Ca s'imprime sur l'envers des paupières, des journées pareilles !
Après, suffit de fermer les yeux pour rouvrir le livre, jouir des
souvenirs.
[Photos Saida et Thierry R.]
Avec Jean Azarel, Saida Roquet, Antoine Gallardo, Thierry Roquet,
Fredérick Indiana-Houdaer-Jones, JM Luquet, Hélène Dassavray,
Bernard Deglet, Coloc' Bingo, ...
Lundi 4 mai 2015
Poètes sans papier
Dans l'émission "Poètes
sans papier" de ce dimanche 3 mai, Francis Carpentier parle de
poésie et plus particulièrement des voix féminines. Il y est question de
l'anthologie Québecquoise "La réLOVution poétique", de Louise Labé, A.C.
Hello (poète performeuse), Laurence Vielle, Albane Gellé,Valerie
Rouzeau, Queen KA (slameuse Québecquoise), Milouche,... On y entend également une
lecture (par Christine Lassalle) de mon texte "L'importance de la
perspective" paru dans la revue "Le journal de mes paysages".
A écouter
ICI
Après la remise du
prix CoPo à Rouen (début juin) et le festival "Mézin fête les
écrivains" (le 7 juin, j'en reparle bientôt), je serai dans le beau
village de Mirmande début juillet où la poésie sera de la partie dans le
cadre du festival Oohlal'art
Quand
l’odeur de ta voix et
le son de ta peau
ne sont plus
à portée de main
alors
je n’ai plus
demain
Steve a le mal de mer
Il m'arrive de commettre pour
Casbah des chroniques musique.
Aujourd'hui, j'y parle de Seasick Steve et son EP de
blues et d'amour dédié à sa femme Elisabeth.
A lire
ICI
Jeudi 30 avril 2015
Demain c'est "Aujourd'hui c'est poésie"...
Alors
je file prendre un coup de mistral et de soleil et de sourire poétique
Si tu veux en savoir plus, contacte Hélène Dassavray
Et quand je reviendrai, je te raconterai (peut-être)
J’aime pas l’écho qui y résonne
j’aime pas la chambre mes tourments
et de mes peurs
ce bruit violent et silencieux
boum boum boum
percutant les murs de peau
écrasant les organes
j’aime pas cette chambre là
ni l’envie qui m’y prend parfois
de m’allonger et
m’endormir
pour toujours
Avec le thème "Papa, Maman", la belle Revue Métèque sort son troisième
opus, sur papier chic, doté d'un sommaire choc truffé d'auteurs et
d'illustrateurs talentueux ! Pour en savoir plus et commander la revue,
c'est par
ici
Lorsque je suis nue
je me sens
plus que nue
comme écorchée
des pieds à la tête
scalpée
éviscérée
Lorsque je suis nue
je me sens
comme un morceau de viande
crue sous le cellophane tendu
de ton regard
Il faudrait une vie en perpétuel déménagement
quelques cartons à trimbaler d’un ici à un autre ici
et dont on redécouvrirait le contenu avec émerveillement
on devrait se méfier de l’empilage d’objets
de tout ce qui se fond dans le décor
et qu’on finit par ne plus voir
ce qui récolte la poussière et
ces odeurs dont on imprègne les murs
malgré soi
à force d’immobilité suante
il faudrait vivre en partance
traverser l’existence comme un paysage
en s’allégeant de tout ce qui nous cloue les rêves au sol
Dimanche 12 avril 2015
L'humeur du dimanche : J'ai peur que ma vie soit une illusion
J'ai peur que ma vie soit une illusion.
Que ce ne soit qu'un rêve.
J'ai peur de me réveiller un jour en réalisant,
que je suis juste un chien très imaginatif.
C’est pas grand chose
c'est rien du tout, juste
le début de la fin de la journée
le soleil qui descend lentement dans le dos des immeubles
les lampadaires orange qui s’allument comme des lucioles
c’est la ville qui enfile son habit de paillettes et
le bus qui transperce le tissu des rues
pour m’amener quelque part où j’ai sans doute choisi d’aller
c’est ce type assis en face de moi avec du chagrin plein les yeux
son regard qui trébuche sur le mien
s’y accroche un moment
un peu trop long peut-être
c’est le silence qui raconte des histoires
le temps en suspens
la réalité saupoudrée de poussière nacrée
c’est mon sourire qui éponge un peu de ses larmes à venir
c’est pas grand-chose
pas même un mot
c’est une distance qui ne sera jamais franchie
mes yeux main dans la main avec les yeux d’un homme
l’idée que je me fais d’un homme
fausse, probablement
la distance rassurante
et le bus quasi vide qui trace ses lignes sur la ville
qui rature un brouillon d’histoire sentimentale
non, il n’y aura rien à raconter
ni début ni fin
parce que dans mon cœur
les romances sont toujours mort-nées
Prends-moi dans tes bras
serre fort
avale-moi
emballe-moi dans ta peau
je ne supporte plus
la mienne
Un
texte de
Seb Doubinsky (un de mes auteurs vivants préféré)
I
remember how rust covered our nails
it looked like blood but it was only rust
that is how we discovered
we were made of iron
and not of steel
Je me rappelle comment la rouille recouvrait nos ongles
ça ressemblait à du sang mais ce n'était que de la rouille
c'est ainsi que nous avons découvert
que nous étions fait de fer
et non d'acier
Une journée pour les amis, les alliés, les artistes, les sans dents, les
va nu pieds, les tête en l'air, les nez au vent, les coeurs sur la main,
les pirates...
On arrive vers 13h avec à boire et à manger, on le pose sur la table
dressée sous les acacias, on partage le repas.
Ensuite c'est au feeling, il y aura un micro, des poètes venus aves
leurs textes, des musiciens avec leurs instruments, des esprits
paisibles, le soleil, la verdure.
Entre autres : Thierry Roquet et Hélène Dassavray liront
des extraits de leur correspondance (inédite)
[Et je sais de source fiable qu'il y aura d'autres chouettes
personnes, du beau monde là encore sous le soleil du Luberon!]
Actuellement, je
fais une formation en ligne qui s’appelle "The mind is flat" (oui, c’est
en english, pardon hein!) et il y a des tas de professeurs éminents qui
m’expliquent, exemples et preuves scientifiques à l’appui, que ce qu’on
nomme "les profondeurs de l’esprit" n’est rien d’autre qu’un mirage ou
une vieille croyance erronée. Ils expliquent que face à une situation
donnée, notre pauvre petit esprit tristement plat (mais extrêmement
doué, ils ne le nient pas) ne fait qu’improviser. Eh ouais, il improvise
en permanence! On répondra donc différemment à une question selon la
manière dont elle est posée, selon les éléments de comparaison qui sont
à notre disposition, selon aussi nos souvenirs plus ou moins déformés.
En fait, l’esprit se sert de ce qu'il a sous la main à l’instant où il
doit produire une réponse (ou un geste, un choix, etc...). Point. On croit qu’on
réfléchit fort, qu’on pense profond, mais non, pendant qu’on se dit que
la situation est grave et qu’il faut réfléchir, notre pauvre petit
cerveau ne fait rien de plus que des maths et de la comparaison. Et il
n’est pas toujours très doué. Il n’est même pas foutu de comparer un
kilo de plume et un kilo de plomb (véridique!). Il n’est même pas foutu
de comparer des couleurs qui ne sont pas parfaitement côte à côte (voir
image ci-dessous). Bordel, c’est pas fait pour me rassurer, tout
ça ! Déjà, je ne faisais pas confiance à mon coeur, mais si maintenant,
je me méfie aussi de mon esprit, il ne va pas rester grand-chose d’autre
que mes jambes et mon ventre pour avancer. Manque de bol, mon ventre a
été abimé. Il est tout troué tout foutu. Alors, j’ai juste des jambes.
Il va falloir que j’apprenne à courir vite, très vite, si je veux
échapper à tout ce qui m'échappe !
Les cases A et B sont-elles de la même couleur ?
Vas donc vérifier sur ton logiciel !
Quand
j'étais petite
je rêvais que j'étais une sirène
pendant le jour, le rêve était beau
la nuit, c'était un cauchemar
comme dans le conte d'Andersen
on me coupait la langue
pour me donner des jambes
je finissais par me noyer
dans la réalité
aujourd'hui, je suis juste un poisson
que tu essaies de pêcher
je te donne du fil à retordre
et quand j'aurai mordu à l'hameçon
quand je serai cuite à point
dans ton assiette
tu auras sans aucun doute perdu
l'appétit de moi
Dimanche 5 avril 2015
L'humeur du dimanche : Question sauvée du vent
[Est-ce que tu m'aimeras
en décembre
comme tu le fais en mai ?]
J'ai un
amour de poche
qui vibre parfois
sur ma fesse gauche
pour me rappeler ta main
posée là
Jeudi 2 avril 2015
"Les
beaux jours de la petite édition"
Samedi 4 et dimanche
5 avril, je serai à Cadenet pour ce chouette festival avec un tas de
chouettes éditeurs, auteurs, organisateurs. Des livres et des voix sous
le soleil du Luberon, ce serait dommage de s'en priver, aller, viens !
Le ruban de bitume tendu droit devant
jusqu’au ciel
ma voiture comme une fusée
le paysage à toute allure
et je me dis
bon sang, ralentis !
c’est pas comme si t’étais un fuyard
tu ne fais que rentrer du boulot
et ce serait con de crever un premier avril
personne n’y croirait