This is a cloud of smoke
Trying to occupy space

 

 

I Didn't Understand, Elliott Smith



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Vieilleries

 


 

[L'auteur]

Marlène TISSOT est venue au monde inopinément. A cherché un bon bout de temps avant de découvrir qu'il n'y avait pas de mode d'emploi. Sait dorénavant que c'est normal si elle n'y comprend rien à rien. Raconte des histoires depuis qu'elle a dix-ans-et-demi et capture des images depuis qu'elle a eu de quoi s'acheter un appareil. Ne croit en rien, surtout pas en elle, mais sait mettre un pied devant l'autre et se brosser les dents. Ecrira un jour l'odyssée du joueur de loto sur fond de crise monétaire (en trois mille vers) mais préfère pour l'instant se consacrer à des sujets un peu moins osés.

PS : J'ai aussi un petit oiseau bleu, pas du genre qui palpite dans la cage thoracique, mais du genre que je nourris assez peu, du genre qui fait un peu ce qu'il veut, il n'est pas dans une cage et les fils à la patte, c'est pas mon truc... N'empêche, j'ai un petit oiseau bleu.

 


 

[Bibliographie]

 

[Voir la liste complète ICI]

 

Le poids du monde
Editions Lunatique


 

 

J'emmerde...

Editions Gros Textes

 

 

 

Sous les fleurs de la tapisserie

Editions Le Citron Gare

Illustrations de Somotho

 

 

 

Mailles à l'envers
Editions Lunatique, collection Romans

Primé au festival Premier Roman de Laval
 


Sélectionné pour représenter la France au Festival Européen du premier roman à Kiel


 

Les choses ordinaires
Kiss My Ass Editions
 

 

 

Mes pieds nus dans tes vieux sabots bretons, collection 8pA6 de La Vachette Alternative


 

 

Nos parcelles de terrain très très vague, Éditions Asphodèle, Collection Minuscule

 

disponible également via Fnac, Chapitre, Amazon, Place des Libraires
 

 

London Trip Diary, At Home Editions

 


disponible via

 

 

Celui qui préférait respirer le parfum des fleurs, collection 8pA6 de La Vachette Alternative

 



[Voir la bibliographie complète]
 



 

[Parutions en revue]

 

A la dérive - L'Angoisse - Borborygmes - Cabaret - Charogne - Chos'e - Coaltar - Cohue - Comme en poésie - Dissonances - Diptyque - Freak Wave - Interlope - Interruption - I.H.V - Katapulpe - L'Ampoule - L'Autobus - Le Chant du Monstre - Les Cahiers d'Adèle - Les tas de mots - Levure Littéraire - Mauvaise graine - Microbe - Magnapoets - Népenthès - Nouveaux Délits - Poésie/Première - Revue Squeeze - Traction Brabant - Trace écarT - Le Zaporogue 


 

[Participations]

 

CroutOthon - FPDV - Le Quotidien des Martyrisés - Les 807 -  Les Etats Civils - Les Histoires Noires - OnLit - Sistoeurs.net - Vents Contraires - Vous dites ? 
 



[Email]

 

marlene.tissot@gmail.com
 

[Marlène ailleurs]

 

Sur Flickr
Sur DIYZines
Sur Vents Contraires

Sur On Lit

Sur Les Etats Civils
Sur Sistoeurs.net
Sur Fulgures.com

 


 

[Liens]


 

[Note]

 

Licence Creative Commons
Les textes et photos de Marlene Tissot sont mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France.
Les autorisations au-delà du champ de cette licence peuvent être obtenues à http://monnuage.free.fr

 

 

 

 

Lundi 30 mars 2015

Prix du CoPo
 


"Sous les fleurs de la tapisserie" paru l'an dernier aux éditions Citron Gare lauréat cette année du prix du CoPo !

Une surprise énorme et magnifique, je l'avoue... D'autant que la liste était une bien belle fournée d'auteurs que j'admire !

Immense merci au Comité Poétique et aussi à Thomas Vinau qui m'a suggéré en mai dernier d'envoyer un de mes recueils pour participer à ce prix !

Thomas est également le premier premier lauréat du CoPo lycéens, bravo à lui !


Dimanche 29 mars 2015

L'humeur du dimanche : Emprunter les rêves

Emily tries but misunderstands,
She often inclined to borrow somebody's dreams till tomorrow
[See Emily Play, Pink Floyd]

Emily joue mais comprend mal
Elle est souvent encline à emprunter les rêves de quelqu'un jusqu'à demain


 


Samedi 28 mars 2015

La vie aquatique #1

C'est pas la mer à boire
mais tu la bois quand même
t'as les poumons pleins d'algues
des coquillages vides à la place des pensées
le ventre en bocal et le coeur qui y nage
comme un poisson
affolé

 


Jeudi 26 mars 2015

La honte

C’est un lent poison, la honte. Ce sentiment poisseux, diffus, qui n’est pas nécessairement lié à nos propres agissements. Comme si la crasse était parfois dans l’oeil de celui qui regarde et qui juge. Comme si elle se déversait en nous par cet oeil et venait nous salir de l'intérieur. 
[Les voix, extrait - en cours...]

 


Mercredi 25 mars 2015

Dégriser

Le réveil n’a pas eu le temps de sonner. Ce sont parfois les cauchemars qui gagnent au petit jeu de qui me sortira du sommeil le premier. Parfois, dormir, c’est épuisant. Il faudrait un interrupteur pour éteindre la tête, laisser la matière grise se dégriser un peu. [Les voix, extrait - en cours...]
 


Dimanche 22 mars 2015

L'humeur du dimanche : Enlacer doucement le gris du ciel


[Moonrise Kingdom]
 


Samedi 21 mars 2015

Maison de la poésie Drôme

Premier numéro de l'anthologie "Poètes drômois", édité par la Maison de la poésie de la Drôme, et dans laquelle figurent deux de mes poèmes.
[Plus d'infos en cliquant sur l'image]

 


Vendredi 20 mars 2015

Carambolage

Assis
debout
couché
un chien au milieu de la rocade
en pleine heure de pointe
grand carambolage dans ma tête
du bruit partout à l'intérieur
je n'arrive même plus à
écouter mes salades
pousser


Journée internationale du bonheur


[Caterpillars, par Hallie Bateman dans la chouette revue Blunderbuss]
- Pourquoi es-tu si heureux?
- Je suis juste heureux de ne pas être malheureux, je suppose
 


Mercredi 18 mars 2015

Le silence du vide ricochant sur l’étendue du rien

Tu ne l’as pas suspendu assez haut, le vide
dans un sac en plastique, là
l’anse accrochée au crochet
pas assez haut
le crochet
on ne peut rien y suspendre d’autre que le vide
pas assez haut et quand il tombe, le vide
ça ne fait pas un bruit
pas une éclaboussure
juste du rien

par terre
le vide en flaque et tu rentres et tu le piétines
plein les godasses que tu ne retires pas
des traces de pas
vides et
rien n’a changé ici depuis ton départ
il y a une heure
rien n’a changé
du tout
le vide n’est pas rempli
pas envolé
pas en voie d’extinction
pas comme le boulot
rien
ils t’ont dit, toujours rien
rien qui ne corresponde à tes compétences
sauf le vide plein dans le sac en plastique
et tu l’attrapes avec rage
le balances par la fenêtre
qu’il aille polluer ailleurs
pas ici
y en a marre !
le vent l’emporte un peu
l’enfle un peu
du rien dans le ventre du vide suspendu dans le ciel
on dirait une colombe maladive
virevoltant au dessus de la rue
pas vraiment capable de foutre le camp
et il revient
le vide en sac
docile comme un chien galeux
s’échouer au pied de chez toi
 


Mardi 17 mars 2015

Trace

Cette nuit j'ai rêvé
du bleu de la piscine des voisins
tout ce bleu dix-sept fois sur ma peau
en plongeons maladroits
qui refusait de laisser
la moindre trace
sur ma peau
 


Dimanche 15 mars 2015

L'humeur du dimanche : cesser d'en vouloir toujours plus


 


Samedi 14 mars 2015

La petite bureaucratie vestimentaire

La tenue professionnel et les habits du dimanche
les cols fermés le pantalon lissé les chaussures cirées
tous ces costumes qui dessinent
un ciel d'automne sur les figures à la place du sourire
la petite bureaucratie vestimentaire
qui impose ses lois mine de rien
le respect des convenances au détriment de l'effervescence
où sont passés
le pétillant du débraillé et
la moue effrontée du mal assorti ?

 


Vendredi 13 mars 2015

J'emmerde le découragement [New]

Pas besoin de déplacer des montagnes
il suffit d'un gravier pour bloquer
les rouages qui tentent de nous broyer

No need to move mountains
it just take a gravel in the clog to stop
the machine about to crush you
 


Jeudi 12 mars 2015

Nourrir l'espoir résistant
dans le maquis de nos pensées

L'armée de rêves jamais réalisés
est supérieure en nombre à celle
des rêves réalisés
quand bien même elle s'allierait à celle
des rêves encore rêvés
mais ce n'est pas une raison
pour s'avouer vaincu
 


Lundi 9 mars 2015

Paris Saint Lazare

Le cinéma X de la rue Saint Lazare
est maintenant un cinéma ordinaire
et même
dans la rue de Budapest
seuls deux sex-shops
ont survécu
les autres ont été remplacés par
des restaus Grecs ou Chinois
il reste quand même la vieille pute
au croisement
sous l’arche
à côté du marchand de souvenirs
parfois les touristes la prennent
pour une mendiante et
laissent tomber un peu de monnaie
dans le gobelet de café
qu’elle n’a pas encore terminé
ça l’amuse
je le sais
nous avons bavardé et
elle m’a dit aussi
« Aujourd’hui le sexe est partout mais
il a disparu
c’est devenu honteux
chacun préfère se planquer chez soi avec
sa connexion internet
sa vaseline et
sa serviette »
 


Dimanche 8 mars 2015

L'humeur du dimanche : Compte sur moi !


[Photo Marie Eddo]
 


Vendredi 6 mars 2015

Dans le ventre de nos crânes

Il faudrait pouvoir la voir au ralenti
la chimie d’une idée qui se forme
ou peut-être est-ce de la biologie ?
oui, c’est ça !
les cellules qui se multiplient et prennent
lentement-très-vite
la rondeur pleine d’une idée vivante
dont on accouche
sans avoir réellement conscience
de ce moment de gestation
dans le ventre de nos crânes


Demain, Rouen

Petit rappel printanier : demain je serai à Rouen pour une insurrection poétique aux griffes joyeusement aiguisées. Les réjouissances auront lieu à L'Aître St Maclou 186, rue Martainville à partir de 14h et nous serons nombreux à vous accueillir à mots ouverts !


 


Mercredi 4 mars 2015

J'ai pris un raccourci
entre l'espoir et le rêve

Je me souviens
avoir eu envie
cette nuit-là
de te demander
Est-ce que tu existes vraiment?
mais j'ai préféré
glisser mon sommeil dans tes bras
sans poser la question
de peur de t'entendre
répondre non
 


Lundi 2 mars 2015

Le grand incendie

Les sentiments ne me
tombent jamais dessus violement
ils s’insinuent mine de rien
presque insidieusement
comme une légère fuite de gaz
me tournent un peu la tête mais
je m’en rends compte rapidement
- j’ai l’odorat du coeur
particulièrement développé -
et je ferme vite le robinet
j’aère mes pensées
pour que tout rentre dans l’ordre
c'est facile
le coup de foudre n'a pas
de prise sur moi
sauf cette fois peut-être
une bombonne de gaz
une allumette
toi et
le grand incendie auquel
sans doute
je ne survivrai pas
 


Dimanche 1er mars 2015

L'humeur du dimanche : se (re)faire tout petit


[Ne grandit pas, c'est un piège]
[Source image ICI]
 


Samedi 28 février 2015

Animal de nuit

Je ne veux pas connaître son histoire, pas connaitre cette fille. Je ne veux connaître personne, surtout ne pas m’attacher, parce qu’un jour ou l’autre, les choses se détachent, s’arrachent comme une branche qui tombe dans la tempête et l’arbre reste debout avec ses douleurs silencieuses. Je ne veux rien de tout ça, mais la fille raconte, ne s’arrête pas de raconter. Elle s’appelle Mary et ce n’est peut-être pas son vrai prénom, pas sa vraie histoire. Peut être que c’est juste une fille un peu folle avec une imagination un peu folle et un besoin un peu fou de toujours trouver quelqu’un pour l’écouter, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Je suis un animal de nuit, avec des oreilles bien plus grandes que ma bouche. Je ne veux pas écouter mais j’entends malgré moi sans jamais pouvoir crier "Stop, tais-toi, maintenant". [Extrait de "Les voix", en cours, toujours...]
 


Vendredi 27 février 2015

La vérité


["Karoo", Steve Tesich]
 


Jeudi 26 février 2015

Onze

Un homme qui n’existe pas
dans le même monde que moi
m’offre onze euros
dans une belle enveloppe
posée à plat
sur sa main
tout cela n'a aucun sens
mais puisque je dors
je m'en moque
l'homme me sourit comme
sur les images
que j’ai vues autrefois
dans les magazines
je ne sais pas s’il est
toujours en vie
mais sa musique est divine
et son sourire
et sa main
aussi
et je pense "onze"
c'est une douce attention
comme s’il savait que c'était
mon nombre premier favori
il y a aussi sept cent vingt sept
mais même dans mes rêves
l’argent m’importe peu
je préfère les sourires
des hommes que
je ne rencontrerai jamais
mais dont la musique
m’embrasse si
délicatement
 


Mercredi 25 février 2015

Printemps des poètes

Dans dix jours (le samedi 7 mars, donc) je serai à Rouen dans le cadre du printemps des poètes. Un week-end poétique organisé par Patrick Verschueren et la compagnie Ephéméride dans un lieux hors du commun (l'aître St Maclou) où il y a fort à parier que la langue ne sera pas de bois et que l'hiver laissera place au printemps sans chercher à jouer les gros bras (plus d'infos en cliquant sur les liens).
 


Mardi 24 février 2015

J'emmerde les parcours balisés [New]

C'est plus compliqué
qu'il n'y paraît
d'atteindre la simplicité

it's more complicated
than it seems
to reach simplicity
 


Dimanche 22 février 2015

L'humeur du dimanche : Cacher son vrai visage


 


Samedi 21 février 2015

Agreste

Il parait que
même le bonheur
se cultive
 


Vendredi 20 février 2015

L’intérieur en ruine

Non
je ne suis pas d’accord
le silence n’a rien de gracieux
d’élégant ou de
docile
parfois le silence
c’est juste des mots qui restent coincés
des choses trop grosses pour passer dans le gosier
un peu comme des grenades
qui finissent par nous exploser en dedans
des paroles impossibles à prononcer
parce qu’elles nous péteraient les dents
nous déchiquèteraient la langue
parce qu’une fois dehors
ces paroles nous défigureraient
parfois
tu vois
le silence
ça sert juste à conserver
une apparence convenable
quand on a l’intérieur en ruine depuis
tellement longtemps
 


Jeudi 19 février 2015

Risques d'inondation

La beauté fragile des gestes anodins
qu'on nous montre dès l'enfance
on apprend à plier le linge
pour le ranger dans l'armoire
on apprend à plier convenablement
une lettre en trois
pour la glisser dans l'enveloppe
mais on n'apprend jamais
à plier les sentiments
pour qu'ils ne débordent pas du coeur
 


Mercredi 18 février 2015

Elle est folle mais...


[Barcelone, Photo Marlene T]
 


Mardi 17 février 2015

Camera

Extérieur nuit
Les fenêtres d’appartements comme
des petits films ambrés accrochés à l’écran de la nuit
Et quelque part
invisible
un homme hurle des mots incompréhensibles
pleins de colères
Tu dis que seuls les cons gueulent
que les autres expliquent
Toi, tu expliques
toujours
tout
avec ce je ne sais quoi de condescendant
accroché à ta langue
qui m’agace
Et puis ce ton que tu prends
cette voix de présentateur de show télévisé
ta manière de sourire
de transformer les lampadaires en projecteurs
et la rue en plateau télé
On est tous le con de quelqu’un et
ce soir
tu es le mien, je crois
ce soir
les gens dans la télé ont l’air plus vrais
que toi
 


Lundi 16 février 2015

Poésie à la demande

Par hasard, dans les ruelles de Barcelone, je tombe sur une petite vitrine exposant deux hommes attablés devant une machine à écrire. Une pancarte indique "Expenduria Poética" ("Débit de poésie" - comme il existe des débit de boisson ou de tabac, sauf que la poésie n'est en rien nocive à la santé, au contraire!) Un petit local ou deux poètes se relaient pour délivrer des poèmes à la demande. Un euro (minimum, mais rien n'empêche la générosité de ceux qui peuvent) et trois mots pour que ces deux poètes mutiques tapent sur leur machine à écrire et vous délivrent à quatre mains un objet unique : Une poésie à emporter. Il y a là quelque chose de magique, comme hors de cette réalité qu'on voudrait nous faire accepter pour unique.
Dans une arrière salle, des lectures de poètes, ceux d'ici, ceux qui passent. Les langues se mélangent (espagnol, anglais, français) et l'humain redevient ce bel animal libre et rêveur qu'il oublie parfois d'être.

Traduction approximative :

je trouve la paix dans tes mains
quand j’ai besoin de sentir
la chaleur de l’enfance qui me manque

tu es la question qui donne certitude
à mes interrogations

dans tes mains et sur les lignes que toujours
je voulais apprendre à lire

avec la crainte qu’un sillon capricieux de ta paume
me sépare de la vie, de notre vie
j’use de ruses mentales pour tisser notre destin
et que tes mains soient
la réponse
 

Cette expérience impromptue entre en résonnance avec ce que je découvrais récemment à propos du poète et musicien Lynn Gentry qui crée des poèmes à la demande dans le métro New-Yorkais.
 


Dimanche 15 février 2015

L'humeur du dimanche : Trouver un meilleur outil

[_Je ne comprends pas comment fonctionne mon cerveau.
mais mon cerveau est ce à quoi je me réfère pour comprendre comment les choses fonctionnent/
_Est-ce un problème?
_Comment t'expliquer?]

 


Mercredi 11 février 2015

Another girl

Si la réalité cessait un peu de nous malmener, on passerait peut-être moins de temps à se réfugier dans les bras de la fiction. S’enfuir sans aller loin. Simplement changer de décor. Tout semble toujours plus simple dans une chambre d’hôtel. C’est peut-être le blanc des murs et des draps. Comme une page sur laquelle il deviendrait possible de réécrire l’histoire.
Il y a quelque chose d’apaisant dans la fadeur anonyme du décor, dans la moquette chargée de poussière de tellement d’inconnus. Dans une chambre d’hôtel, je deviens un personnage imaginaire, je peux être qui je veux, je peux enfin cesser d’être moi. Je me déshabille d’un passé froissé et mal cousu. J’enfile une robe délicieusement légère, brodée de souvenirs inventés et je danse sur l’instant sans avoir peur de tomber. [Life is a Beatles song #59]

 


Mardi 10 février 2015

I’m looking through you [Je regarde à travers toi]

Elle s’assoit et croise les jambes. Un soupir annonce l’arrivée imminente de la première question. Il fait jour, mais elle a allumé la lumière. Par habitude, sans doute. L’ampoule se balance au bout du fil, le pied fiché dans sa baïonnette, brillante comme une équilibriste dans son costume à paillettes. J’ai le vertige. Elle prend ma main et me dit de ne pas m’inquiéter. Elle n’est pas là, je le sais bien. Elle vit à l’intérieur de moi. Elle est cette voix qui interroge lorsque je me réfugie dans le flou de l’ignorance, celle qui force à voir quand je refuse de comprendre.
Elle pointe un doigt invisible vers l’homme inerte à mes côtés et demande « En quoi est-il semblable aux précédents ? » Je secoue la tête en silence, sachant pertinemment où elle veut en venir.
« Il est différent », je dis. Tous les hommes qui sont un jour arrivés jusqu’à mon lit étaient très différents. Elle m’oblige à creuser davantage. « Es-tu capable de leur trouver un point commun ? » Je cherche. Je fais semblant de chercher, mais je connais la réponse. Je la planque, je la tais. Sous la lumière crue de l’ampoule nue, cet autre moi me dévisage, plante ses yeux dans mon cœur. Elle regarde à travers moi et lit la réponse inscrite en braille.
Tous ces hommes ont quelque chose d’un père. Leur âge, leur autorité ou leur voix. Parfois juste des mains épaisses comme des battoires et un regard sévère. Quelque chose de dominateurs et protecteurs à la fois. Et je sais bien, au fond, que je n’ai aimé aucun d’entre eux, que je n’ai pris du plaisir qu’au moment où il était question de les séduire, de les transformer en proie sans qu’ils ne le devinent. Ces hommes-là sont tellement prévisibles. Tout ce qu’ils veulent c’est une petite fille avec laquelle jouer, un morceau de pâte à modeler, des grands yeux dociles, des joues timides, un ventre à transpercer. Ils veulent une petite fille et moi, j’en suis une pour l’éternité. Une petite fille brisée et mal rafistolée, des manières de poupées mais un monstre sous la peau. Il paraît que parfois les victimes se transforment en bourreaux. Je ne sais pas. Je ne blesse personne. Pas comme on m’a blessée moi. Pas dans la chair.
Parfois, je ne sais plus trop si je reproduis inlassablement l’objet de ma douleur passée ou si je venge l’enfant que j’étais. Je rejoue la scène encore et encore. C’est plus fort que moi. Toujours le même scénario sauf qu’a la fin, maintenant, je gagne. Maintenant, je peux dire non. Maintenant j’ai assez de force et d’armes pour empêcher qui que ce soit de me faire mal. Aujourd’hui c’est moi qui fixe les règles du jeu, mais qu’est-ce que ça change, au juste ? Est-ce que crois vraiment punir un père à travers ces hommes ou est-ce que je ne fais que rouvrir sans cesse mes vieilles plaies ? Est-ce qu’on peut suturer les souvenirs ? J’aimerais qu’une voix parvienne à me rassurer. Mais il n’y a que des questions, toujours. Il n’y a qu’un homme avachi et une ampoule suspendue la tête en bas au-dessus du vide. Je me demande si elle ne brille pas plus par habitude que par envie.
[Life is a Beatles song #58]

 


Dimanche 8 février 2015

L'humeur du dimanche : essayer (d'être) autre chose


[Blast, Manu Larcenet]
 


Samedi 7 février 2015

Complexe(s)

Non, je ne suis pas complexée
compliquée peut-être
mais pas complexée
je me trouve moche
c'est tout
ce n’est pas la même chose
je t’assure
un complexe c’est quand tu as
ce morceau de toi
que tu voudrais remplacer par
un morceau d’apparence différente
un complexe parfois
ça rend tellement dingue que
certains vont chez le charcutier
pour se faire arrondir les angles
ou limer le nez
ou émincer un bout de jambon
tu vois les complexes c’est complexe
ça peut tourner à l’obsession
moi, ma mocheté
elle ne m’obsède pas
à vrai dire
la plupart du temps
je l’oublie
alors que toi
elle a l’air de drôlement
t’encombrer
ta beauté
 


Vendredi 6 février 2015

Réchauffement climatique

La neige essaie de tomber
mais elle n'y arrive pas
fondue avant de toucher terre
trop de douceur
il y a trop de douceur ici
quand tu es contre moi
 


Mercredi 4 février 2015

Faut souffrir

La douche froide, elle dit
c’est ce qu’il y a de plus douloureux
mais c’est important !
chaque matin
la chef nous dispense
(gratuitement)
à l’heure de la pause
ses conseils beauté
il faut souffrir, elle affirme
en lissant le col de son chemisier
parfaitement repassé
et je me demande
pourquoi
(pourquoi, bordel?)
je ne suis pas
mille fois plus belle qu’elle
si ce n’est qu’une histoire
de souffrance
 


Mardi 3 février 2015

Across the universe

A 22h22 je décide que ce soir j’irai me coucher tôt, que je vais plier l’ordinateur en deux, comme ça, lui fermer sa grande gueule, que je me glisserai doucement entre les draps et la solitude. Parfois, je prends des décisions, je me fais des promesses, mais je ne les tiens pas. Surtout quand le silence est bavard. Viens, m’a dit ce type tout à l’heure, et sa voix résonne encore. Je sortais du boulot, j’attendais le bus. Viens, il m’a dit, je vais t’emmener au septième ciel. Mais moi, grimper, c’est pas mon truc. Ni aux rideaux, ni dans le grand ascendeur social. Je suis quand même montée dans le bus pendant que le type astiquait sa braguette en me regardant, les yeux pleins de petite mort.
A la maison, il faisait froid et les murs semblaient de mauvais poil. Je suis allée chercher quelques bûches et j’en ai profité pour inspecter la mangeoire à oiseaux. Elle était presque vide. Je me suis demandé si les graines faisaient germer des rêves dans le ventre des moineaux et leur donnait la force de continuer de fouiller le ciel.
A 33h33, la gueule béante de l’ordinateur n’en finit pas de gober mes yeux, de les faire rouler d’un bout à l’autre de l’univers. Tout va très bien, me dit le grand virtuel, regarde comme le monde est paisible. Google libère une nuée de papillons et facebook affiche sans vergogne sa plus belle érection. Alors, je réalise que j’ai probablement fini par m’endormir la joue sur le clavier à attendre connement ton message. [Life is a Beatles song #57]



 


Lundi 2 février 2015

J’emmerde le pessimisme [New]

Quand il ne reste
plus rien à rêver
réinvente le rêve
 


Dimanche 1 février 2015

L'humeur du dimanche : Immobiliser le paysage


 


Vendredi 30 janvier 2015

Le mur
 

Mon bureau n’est pas un bureau mais une planche fixée à un mur, comme une étagère, une planche avec des papiers posés dessus et un pot à crayons et des tas de saloperies qu’il me faudrait trier. Quand je m’assoie-là, à ce bureau qui n’est pas un bureau mais une planche, face à ce mur qui n’est rien d’autre qu’un mur, il me faut beaucoup, vraiment beaucoup d’imagination pour passer au travers du béton et voir le ciel, les arbres, la rue, les poubelles alignées, les passants, les pigeons, voir la vie, voir n’importe quoi d’autre que ce foutu mur blanc auquel est fixée la planche qui me sert de bureau. Mais, la plupart du temps, heureusement, j’y arrive.
 


Jeudi 29 janvier 2015

J’emmerde les clowns tristes [New]

Pourquoi l’intelligence des larmes
devrait-elle être supérieure
à celle du rire ?
 


[Source image ICI]
 


Mercredi 28 janvier 2015

Promenade au bord de la falaise

Oui, bien sûr, j’aurais pu trouver mieux à faire aujourd’hui que me promener au bord de la falaise. J’aurais pu trancher mon pain sec et le griller, trier mes ordures ménagères, répondre au téléphone, avoir un téléphone, écouter les informations me raconter le malheur du monde, m’indigner, m’engager, marchander, m’exécuter sur le champ, cultiver des patates, faire fructifier mes économies, traquer les comédons, sucer l’ennemi, cracher mon venin, tirer mon épingle du jeu, tirer un coup, m’abstenir, voter, sortir le drapeau blanc, limiter mon empreinte carbone, plastiquer une banque, m’épiler partout, même dans les trous de nez, pour devenir une fille lisse et bien comme il faut. Mais voilà, j’avais juste envie de me promener au bord de la falaise, d’apprivoiser un peu mon vertige avant d’enfin oser goûter à la liberté de la chute.
 

 


Mardi 27 janvier 2015

Les raisons du désir

Tu me dis que
quand même
c’est un beau gosse
tu me dis ça
comme ça
avec un regard un peu jaloux
avec un regard entendu mais
qu’entends-tu
exactement
par
beau gosse ?
est-ce que ton regard d’homme sur cet homme
est censé deviner ou comprendre
mon regard de femme sur un homme
quel qu’il soit ?
je ne suis pas vraiment femme, tu sais
en tout cas pas comme tu l’imagines
et je déteste les attributs qui font de moi une femme
comme je détesteraient ceux qui feraient de moi un homme
je ne suis ni l’un ni l’autre
je ne suis attirée ni par les uns ni par les autres
fussent-ils beaux gosses
fussent-elles superbes
l’attraction sexuelle
n’a pas de prise
sur ma gravité sentimentale
j’habite une planète inconnue
je lévite
j’évite l’impact
la confrontation sensuelle
la pénétration d’un corps par un autre corps
je ne suis ni homme ni femme
je suis juste moi
enfermée
dans cet emballage de peau
que tu voudrais toucher
sans que je parvienne à comprendre
les raisons de ton désir

 


Dimanche 25 janvier 2015

L'humeur du dimanche : Fatiguée


 


Samedi 24 janvier 2015

Dedans jusqu’au cou

Tu me dis que je suis toujours
toujours trop loin
de la réalité
mais
c’est faux
la réalité
on est dedans jusqu’au cou
toi, moi, tout le monde
c’est comme ça
même en courant très loin
même en nageant très fort
on n’y échappe pas
c’est juste notre manière d’y nicher
qui fait la différence
notre manière de la regarder du dedans
par exemple
si tu tournes très vite dans le ventre de la nuit
les étoiles ordinaires deviennent
des étoiles filantes
c’est pas compliqué
tu vois
de ne pas se laisser
emprisonner par le décor
 


Jeudi 22 janvier 2014

Les poids et les mesures

Réussir à mesurer la valeur d'un échec
Echouer à relativiser l'importance de la réussite
 


Mercredi 21 janvier 2014

Side by side


[Photo Marlene T.]
 


Mardi 20 janvier 2015

J'emmerde l'importance de la taille [new]

Est-ce que le minuscule
écrit en majuscules
prend une autre dimension ?

 

Oups !

[Sorry, I'm only half here...]
Désolée, je ne suis qu'à moitié là...
 


Lundi 19 janvier 2015

Faire mentir les calculs

Et si le jour le plus déprimant de l'année n'était qu'une vulgaire formule mathématique ?

avec : W Weather (météo), (D-d) debt (différence des dettes contractées à la période des fêtes avec la capacité effective de remboursement avant la prochaine paie), T Time (temps écoulé depuis Noël), Q (temps écoulé depuis nos résolutions du Nouvel An), M (Manque de motivation), Na (besoin d'agir)
[Blue Monday]
 


Dimanche 18 janvier 2015

L'humeur du dimanche : La joie de ne s'être rien fait vendre


 


Vendredi 16 janvier 2015

Les larmes de noël dans les yeux de papa

Tu sais papa, je me souviens bien de ce noël-là, celui où on s’est gelé le cul parce qu’EDF nous avait coupé le jus. Encore une facture impayée. Il neigeait. La trêve hivernale n'existait pas à l'époque. On a mangé des pâtes, ou un truc dans le genre, à la lueur d’une bougie tremblotante. C’était pas si affreux que ça, à part le silence qui pesait lourd. Ton silence et tes regards impossibles à déchiffrer. Le silence de maman et ses yeux couleur chagrin. Mon silence qui venait se coller par-dessus le vôtre parce que je ne savais pas comment m'y prendre pour vous réchauffer le coeur.

J’avais préparé en secret des cadeaux improvisés, enveloppés dans des pages de vieux magazines. Des objets récupérés, rafistolés. Trois fois rien, mais j'y tenais à ce geste-là. C'était un peu ma manière de refuser de baisser les bras. Et quand tu as vu les paquets, au pied du sapin synthétique déplumé, tu t’es mis à pleurer. C’est pour ça que je m’en souviens, papa. C’est pas à cause du froid ni des assiettes à moitiés vides. C’est parce que je voyais tes larmes pour la première fois. Parce qu'elles tombaient drues comme un déluge. Parce que j'ai deviné, sans tout à fait le comprendre, qu'il faudrait continuer de se battre encore et encore pour sauver de la noyade ce qu'il reste de douceur.
[Texte paru dans une version différente dans Buk You aux éditions Gros textes]
 

Continuer de se battre pour sauver de la noyade ce qu'il reste de douceur


[Elliott Smith]
 


Jeudi 15 janvier 2015

Rescapé

On peut "revenir de loin"
sans avoir jamais
voyagé
 


Mercredi 14 janvier 2015

Le monde et trois étages

L’envie d’embrasser
tout
mais
la bouche du monde est trop large pour y glisser ma langue
alors
je me contente de fermer ma gueule
comme tout le monde et de
croiser le voisin du dessus qui descend sa poubelle
lui sourire et
me demander si c’est un vrai blond
me demander
si son sourire ne cache pas
des cicatrices indélébiles
me demander
s’il se battrait à mes côtés
ou
si je me battrais aux siens
pour peu qu’on ait
l’un comme l’autre
les couilles de se battre
pour ces détails gigantesques
qui ne font même pas remuer la queue du chien
ici on nous rappelle sans cesse
que le voisin n’est rien
que personne n’est rien
ici, on ne se bat que pour ce qui fait du bruit
ce qui fait de l’audience
ce qui fait la une
ici, on oublie ce qui crève à petit feu
dans le bouillon rance de sa minorité
ici, mon voisin blond a subi deux incendies
et cinq agressions
à cause des hommes qui partagent son lit
à cause peut-être de la dame du troisième
qui invoque jésus marie joseph
à chaque fois qu’elle pose le pied sur son palier
on n’en sait rien
personne ne dit rien
ici, chacun s’en branle un peu
des problèmes des autres
tant que l’immeuble tient debout
tant qu’il a un toit
tant qu’on ne le fait pas chier
ici, ça sent les égouts quand il pleut
et il pleut souvent
la dame du troisième a mis des papiers
dans nos boites à lettres
elle dit qu’il faut qu’on appelle le syndic
elle dit qu’il faut qu’on se serre les coudes
elle parle de solidarité
et j’ai comme envie de lui photocopier
la définition du dictionnaire
j’ai comme envie, encore
d’embrasser le monde pour de bon
de fourrer ma langue dans sa grande gueule
pour le faire taire
au moins quelques instants
 


Lundi 12 janvier 2015

J’emmerde la sérendipité [New]

Trouver ce qu’on ne cherche pas
finalement on pourrait juste
appeler ça "vivre"
 


Dimanche 11 janvier 2015

L'humeur du dimanche : dans le flou


[Turin, Photo Marlene T.]
 


Samedi 10 janvier 2015

Posthume de scène

Il parait qu’on ne dit plus
autoportrait
mais
selfie
(les mots se plient-ils au diktat de la mode ?)
sur la photo, je me suis décapitée
il parait qu’on ne peut pas prendre
la photo de son propre cadavre
mais
à vrai dire
je ne suis
ni tuée ni à tuer
j’ai juste perdu la tête

 


Vendredi 9 janvier 2015

J’emmerde les mots [New]

Aimer est-ce
plus facile à
faire qu’à dire ?
 


[Lyon, photo Marlene T.]
 


Jeudi 8 janvier 2015

Chaque jour est un nouveau tableau

Faussaire
je ne suis rien de plus
pas poète, non
sûrement pas
je me contente de
copier l’ordinaire
d’imiter
le plus fidèlement possible
les couleurs du quotidien
comme d’autres copient
les oeuvres des grands peintres
et après tout pourquoi
la lumière d’un lampadaire
diluée dans le ruisseau
d’un caniveau
ne mériterait-elle pas
qu’on y plonge
un pinceau ?
 


Mercredi 7 janvier 2015

L'humeur du jour : rester debout


 


Mardi 6 janvier 2015

Oh Darling !

C’est à ce moment-là que je suis tombée amoureuse, je crois. Quand je l’ai vu nouer ses lacets. Une boucle, puis une autre boucle. Exactement comme font les enfants. Comme je fais, moi aussi. Un peu maladroitement. J’ai trouvé ça touchant. Moi, on se fout toujours de ma gueule quand je fais mes boucles, alors je n’attache plus mes chaussures. Les siennes étaient terriblement usées et j’ai essayé d’imaginer combien de kilomètre de vie il avait parcouru avec elles. J’ai décidé qu’il s’appelait Tony, comme ce gars au lycée, pas très beau mais qui me souriait parfois. Et son sourire, bordel, c’était une aurore boréale. Lui, j’ai pas vu son visage. Juste ses doigts emmêlés dans les lacets. Et puis ses cheveux qui finissaient en presque boucles sur sa nuque. Il portait un anneau assez gros à l’oreille, un peu comme les pirates. Du coup, je me suis dit "Merde, Tony c’est pas un nom de pirate !", mais il était trop tard. On ne peut pas changer le nom du héros en plein milieu de l’histoire.
Je marchais lentement parce que je ne peux pas marcher vite quand je rêve et je rêvais bien plus fort que la limite autorisée. Pendant ce temps-là, mon cœur tapait un message en morse adressé à Tony. Cours-moi après, il disait, mon cœur. Je me suis demandé si Tony avait l’ouïe fine et s’il savait déchiffrer le morse cardiaque. Mais j’avais confiance. Maman répétait sans cesse "Le grand amour n’existe pas". J’ai toujours refusé de la croire. Je ne suis pas du genre à me laisser désabuser.
Je traînais un peu les pieds. Fallait bien laisser à Tony une chance de me rattraper. Je ne me suis pas retournée. Pas une seule fois. Se retourner, c’est rompre le charme, c’est comme faire tourner les aiguilles d’une montre à l’envers : ça bousille le mécanisme et je n’avais pas envie de tomber en panne. Je n’avais pas envie de tomber tout court, mais ça a dû arriver malgré tout. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Quand j’ai rouvert les yeux, il y avait le ciel en face et le trottoir dans mon dos. Tony s’est penché au-dessus de moi. " Ça va ?" il a demandé. Il avait de l’inquiétude barbouillé partout sur la figure et ça lui allait bien, on aurait dit des peintures d’indien. "Vous êtes tombée », il a dit. "Oh, oui, je suis tombée amoureuse!" Il a souri, mais juste un peu, comme avec l’air de se demander si je n’étais pas dérangée. Il m’a montré le poteau. Je m’étais cogné dedans, il parait. J’ai expliqué que c’était pas la première fois, que les poteaux semblaient prendre un malin plaisir à me couper la route à l’improviste. Il y a eu de la musique. C’était le rire de Tony, un rire qui fait danser, un rire qui chante oh darling ! Il m’a tendu sa main. Je lui ai offert la mienne. L'histoire commençait plutôt bien. [Life is a Beatles song #56]



 


Lundi 5 janvier 2015

J'emmerde le mutisme des paillassons [new]

Est-ce que le silence qu’on tisse
n’est qu’un vulgaire tapis
à piétiner jusqu’à l’usure ?


Happy monday to you !

[Via Strike! Magazine]
 


Dimanche 4 janvier 2015

L'humeur du dimanche : Perdue dans une autre dimension


[D'autres "Deep dark fears" ICI]
 


Samedi 3 janvier 2015

Chacun perd son temps comme il l'entend

C'est vrai
je ne m'aime pas
mais je ne me souhaite
pas plus de mal
qu'à n'importe qui
je préfère perdre mon temps à
regarder les arbres pousser
sans me demander si je tiendrai
assez longtemps pour voir
mon cerisier
transpercer
le ventre du ciel


MGV2 becomes Viral

La revue MGV2 poursuit sa route déjà longue et belle et nous infecte en beauté avec son thème Viral dans le n°79. On peut y lire des poèmes et des nouvelles, en anglais et en français ainsi qu'une chouette interview de Leonel Houssam et des chroniques, dont une à propos de "Sous les fleurs de la tapisserie". Un big big merci at Walter Ruhlmann !


[Lire la suite et le reste de la revue ICI]
 


Vendredi 2 janvier 2015

L'illusion née de la désillusion

"You must create the right kind of dream, the sober, adult kind of magic: illusion born from disillusion."
"Tu dois créer la bonne sorte de rêve, le genre sobre et adulte de magie : l'illusion née de la désillusion."
[Sylvia Plath]
 


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