This is a cloud of smoke
Trying to occupy space

 

 

I Didn't Understand, Elliott Smith



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Vieilleries

 


 

[L'auteur]

Marlène TISSOT est venue au monde inopinément. A cherché un bon bout de temps avant de découvrir qu'il n'y avait pas de mode d'emploi. Sait dorénavant que c'est normal si elle n'y comprend rien à rien. Raconte des histoires depuis qu'elle a dix-ans-et-demi et capture des images depuis qu'elle a eu de quoi s'acheter un appareil. Ne croit en rien, surtout pas en elle, mais sait mettre un pied devant l'autre et se brosser les dents. Ecrira un jour l'odyssée du joueur de loto sur fond de crise monétaire (en trois mille vers) mais préfère pour l'instant se consacrer à des sujets un peu moins osés.

PS : J'ai aussi un petit oiseau bleu, pas du genre qui palpite dans la cage thoracique, mais du genre que je nourris assez peu, du genre qui fait un peu ce qu'il veut, il n'est pas dans une cage et les fils à la patte, c'est pas mon truc... N'empêche, j'ai un petit oiseau bleu.

 


 

[Bibliographie]

 

[Voir la liste complète ICI]

 

Le poids du monde
Editions Lunatique


 

 

J'emmerde...

Editions Gros Textes

 

 

 

Sous les fleurs de la tapisserie

Editions Le Citron Gare

Illustrations de Somotho

 

 

 

Mailles à l'envers
Editions Lunatique, collection Romans

Primé au festival Premier Roman de Laval
 


Sélectionné pour représenter la France au Festival Européen du premier roman à Kiel


 

Les choses ordinaires
Kiss My Ass Editions
 

 

 

Mes pieds nus dans tes vieux sabots bretons, collection 8pA6 de La Vachette Alternative


 

 

Nos parcelles de terrain très très vague, Éditions Asphodèle, Collection Minuscule

 

disponible également via Fnac, Chapitre, Amazon, Place des Libraires
 

 

London Trip Diary, At Home Editions

 


disponible via

 

 

Celui qui préférait respirer le parfum des fleurs, collection 8pA6 de La Vachette Alternative

 



[Voir la bibliographie complète]
 



 

[Parutions en revue]

 

A la dérive - L'Angoisse - Borborygmes - Cabaret - Charogne - Chos'e - Coaltar - Cohue - Comme en poésie - Dissonances - Diptyque - Freak Wave - Interlope - Interruption - I.H.V - Katapulpe - L'Ampoule - L'Autobus - Le Chant du Monstre - Les Cahiers d'Adèle - Les tas de mots - Levure Littéraire - Mauvaise graine - Microbe - Magnapoets - Népenthès - Nouveaux Délits - Poésie/Première - Revue Squeeze - Traction Brabant - Trace écarT - Le Zaporogue 


 

[Participations]

 

CroutOthon - FPDV - Le Quotidien des Martyrisés - Les 807 -  Les Etats Civils - Les Histoires Noires - OnLit - Sistoeurs.net - Vents Contraires - Vous dites ? 
 



[Email]

 

marlene.tissot@gmail.com
 

[Marlène ailleurs]

 

Sur Flickr
Sur DIYZines
Sur Vents Contraires

Sur On Lit

Sur Les Etats Civils
Sur Sistoeurs.net
Sur Fulgures.com

 


 

[Liens]


 

[Note]

 

Licence Creative Commons
Les textes et photos de Marlene Tissot sont mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France.
Les autorisations au-delà du champ de cette licence peuvent être obtenues à http://monnuage.free.fr

 

 

 


 

Mercredi 31 décembre 2014

On a trinqué, on trinque, on trinquera


[Valence décembre 2014, Photo Marlene T.]
 

Lapsus

La chouette revue de création littéraire dirigée par les étudiants de l'université de Laval vient de sortir un n° dont le thème est "J'ai oublié", mais on ne pourra pas dire que j'ai oublié d'en parler !
La revue peut se commander en ligne (et elle arrivera du Québec en volant) et peut aussi se lire en version pdf sur le site :


Mardi 30 décembre 2014

On nous apprend si bien à rester
avec les pieds soudés au sol

Qu’est-ce qui fait
qu’on pèse assez lourd
pour ne jamais s’envoler ?


We're so well teached how to stay
with our feet attached to the ground

What makes us
heavy enought so
we can't ever fly away ?
 


Lundi 29 décembre 2014

Y aller doucement avec les paupières

Quand je me réveille
je n'ouvre pas les yeux immédiatement
je laisse le temps à mes rêves
de se glisser en secret dans la réalité


Go smooth with the eyelids

When I wake up
I don’t open my eyes immediately
I let my dream the time
To slip by secretly into reality
 

 


Dimanche 28 décembre 2014

L’art oublié du silence

T’embrasser de vive voix
en laissant mon regard
suspendu au vide
non
oublier
là tu vois
si la neige cessait enfin
d’hésiter entre tomber et pleurer
j’irais m’allonger nue
sur la margelle
autour du bleu bâché
de la piscine des voisins
je réinventerais
le soleil
le paysage
et les contours de mon corps
mais tout est figé
et rien ne disparait
pas même moi
immobile et ivre
de pensées qui refusent de se taire
qui m’embrouillent avec
leurs ceci
leurs cela
des conseils en veux-tu en voilà
jamais d’accord avec moi
moi, je veux juste le contraire
de ce dont j’ai envie
c’est pourtant pas compliqué
mais le vent s’obstine à me souffler
des paroles qui ne sont pas
celles que je suis censée prononcer
alors je me tais
je m'exerce à
l’art oublié du silence
 


[Valence décembre 2014, Photo Marlene T.]
 


Samedi 27 décembre 2014

J’emmerde les gens pressés (new)

Il faut    
toute une vie
pour mourir

It takes
a whole life
to die
 


vendredi 26 décembre 2014

Les bonnes révolutions

Et si on prenait
de bonnes révolutions
pour en finir
avec l’année qui finit
avec celle qui arrive
avec ces renouveaux
qui n’en sont pas
pour oublier le corset
séduisant mais étouffant
du calendrier et des
habitudes enrubannées ?



[Photo Marlene T.]
 


Jeudi 25 décembre 2014

Le souvenir de ta voix

Sur une photo que je ne connaissais pas
Erri de Luca me fait penser à toi
une étrange ressemblance planquée dans les détails
sa main longue posée là
son expression – est-ce un sourire ?
(avec toi c’est pareil, je me pose toujours la question)
ce regard mi amusé mi désabusé
sombre et aiguisé
comme le tien
quelque chose de magnétique et indéchiffrable
est-ce que tes yeux se perdent encore
parfois
malgré toi
dans la douceur feutrée de vapeur de café ?
du bout des doigts je caresse
la joue du poète sur la photo
(chose que je n’oserais jamais faire avec toi)
et je me récite un de ses poèmes
en empruntant le souvenir de ta voix



Mercredi 24 décembre 2014

Ma grand-mère

Ma grand-mère me téléphone parfois
pour me demander le nom de
cette chanteuse
tu sais, celle avec un nez busqué
et des cheveux crêpés
ou le nom de cet acteur
tu sais, celui qui jouait tellement bien
dans ce film dont j’ai oublié le titre
il portait une chemise à carreaux
elle ne se rappelle jamais des titres
ma grand-mère
ni des noms
ni des dates
ni de l’heure qu’il est quand elle téléphone
parfois très tôt parfois très tard
mais elle se souvient toujours
qu’avant de poser sa question
elle doit me demander
si je vais bien
(oui, oui, ne t’inquiète pas)
et s’il ne fait pas trop froid chez moi
ensuite seulement
après qu’elle a docilement appliqué
les règles de politesse élémentaires
elle insiste pour savoir si vraiment je ne peux pas
lui donner le nom
du présentateur télé dans l’émission du dimanche
qu’elle regardait quand j’étais toute petite
(désolée, j’ai oublié aussi, ou peut-être même que je n’ai jamais su)
alors elle raccroche avec une voix d’enfant déçu
en me faisant malgré tout
de grosses bises
et je sais qu’elle va continuer de composer
tous les numéros de son petit carnet
jusqu’à ce qu’enfin quelqu’un soit capable
de lui fournir la réponse attendue
et je sais aussi qu’on redoute tous
en secret
ce moment où elle ne fera plus
sonner nos téléphones
 


Mardi 23 décembre 2014

Flying

Il est tôt. Beaucoup trop tôt, mais la nuit ne veut plus de moi. Ou je ne veux plus d’elle. Ni des rêves qu’elle m’impose, qu’elle dépose là, par-dessus ceux, fragiles, que je me fabrique en secret.
Le carrelage est glacial. La fenêtre, contre mon front, pleine de buée. Comme un oiseau dans sa cage, parfois je voudrais m’envoler. Je pense au paysage. A tous les paysages que je ne verrai jamais, à cause de l’à-quoi-bon qui me noue les pieds. A cause de la trouille qui me garde en ligne de mire, le doigt sur la gâchette. A cause du raisonnable qui me promène en laisse pour ma propre sécurité et celle des autres, peut-être.
Le jour hésite à se lever et j’ai tes mots encore accrochés aux paupières. De quoi ai-je peur, au juste ? Que pourrait-il se passer de si terriblement regrettable ? Pourquoi n’ai-je pas le cran de te dire tout simplement que tu me manques, aussi ? [Life is a Beatles song #55]



Ce matin

La simplicité délicieuse de tes mots sur la peau de mes rêves
La nacre éphémère de l'hiver au jardin
Pas de doute, la journée commence bien


[Photo Marlene T.]
 


Lundi 22 décembre 2014

Une histoire de cirage de pompes

Il me parle
de moi
comme s’il n’y avait
rien de plus intéressant
à faire
à voir
à dire
il me parle
du rouge sur mes joues
qui pousse
sauvage comme
un coquelicot
et il pense sans doute que
c’est une petite coquetterie
de fille fragile
alors que c’est simplement
la pulsation sanglante
d’un malaise
trop grand pour être avoué
je baisse les yeux et
le cuir rutilant à ses pieds
me sourit et
ses lacets serrés
m’étranglent
décidément
c’est un fait
je n’ai jamais aimés
les hommes
aux chaussures bien nouées
aux chaussures trop parfaitement
cirées

 


Dimanche 21 décembre 2014

L'humeur du dimanche : "I'm not half what I wish I was"


["pitseleh" means "little one" in Yiddish]
 


Samedi 20 décembre 2014

J’emmerde la fausse modestie

Est-il vraiment plus louable de
prétendre à l’humilité que
d’humilier la prétention?
 


Vendredi 19 décembre 2014

Prédateur

Le chiendent
les dents de lion
et même les poules
ont des dents
il me semble
car tout me mord
et me dévore
mais je sais bien
que c’est en moi
que se cache
mon plus féroce
prédateur
 


Jeudi 18 décembre 2014

Kitchen by night

Ce soir j’ai invité
les couteaux et les verres à vin
le rouge coule à flot
et on danse jusqu’à l’épuisement
dans la lumière du frigo
resté ouvert pour l’occasion
au-delà des horaires autorisés
je m’autorise
un strip-tease intégral
sans incidence sur
l’état du climat
la banquise survivra
seul le bac à glaçon versera
peut-être
quelques larmes avec moi
 


Mercredi 17 décembre 2014

I'm a sheet of paper

Please fold me tight
give me the shape you want
origa-me again
[désolée pour les "frenchies", impossible de traduire ce texte]
 

Chaise de camping

Il suffit d’un geste, un regard parfois, pour que je me replie comme une chaise de camping. Oh, c’est pas que le reste du temps j’ai des allures de fauteuil Louis XVI, non ! Je suis plutôt du genre «objet de tous les jours». On m’utilise sans me prêter grande attention. L’ordinaire, ça me connait. Mais dans ces moments-là, je deviens cette chose qu’on range avec le fourbi en attendant la belle saison. On m’oublie, jusqu’au moment où je redeviendrais utile. [extrait "La femme invisible", en cours...]
 


Mardi 16 décembre 2014


The end
 

Je mesure mon âge à la hauteur du cerisier planté là il y a une bonne dizaine d’années. Pas de doute, je rétrécie. A croire que je ne sais faire les choses qu’à l’envers. De la fin jusqu’au début. A la fin, je n’avais pas de talent, alors j’ai décidé d’être belle. Je n’y suis pas arrivée. J’ai toujours si bien su échouer.
Il y a forcément quelque chose à faire avec le néant. Je me demande pourquoi personne n’y a jamais songé. Je me demande si je suis encore de taille à essayer. J’ai des oiseaux perchés sur les paupières qui picorent les miettes de mes pensées. A quelle heure commencera enfin le silence ? De quelle hauteur faut-il tomber pour espérer parvenir à s’envoler ? [Life is a Beatles song #54]



 


Lundi 15 décembre 2014

J’emmerde l’immobilisme [New]

Parfois, je me demande si
ne rien faire n’est pas un peu
défaire ce qui se fait en moi
 


Dimanche 14 décembre 2014

L'humeur du dimanche : Hésiter entre avancer ou s'envoler


[Photo Adrian Sommeling ]
 


Samedi 13 décembre 2014

Le doux leurre de l’amour

Il y a des trucs que je voudrais hurler
au marqueur rouge sur une ardoise Velléda
et puis j’effacerai tout ça
très vite
avant que tu ne lises
avant que tu ne dises
un mot de trop
j’économise
je fais fructifier le silence
tu n’as aucune idée des dérèglements climatiques
qui m’habitent lorsque je pense à toi
souvent
(probablement trop souvent)
et je préfère que tu l’ignores
je me suis toujours méfiée de la météo
chaque fois que je déshabille mon cœur
il se met à neiger
je me transforme en iceberg
c’est ainsi
le doux leurre de l’amour
il y a longtemps que je ne crois plus
à ces conneries
pourtant
(pourtant bordel)
j’ai l’oiseau dans sa cage qui me serine sa ritournelle
une musique triste et joyeuse
comme celle de l’accordéon, tu disais
une musique sur laquelle je pourrais presque danser
s’il y avait encore l’odeur tiède de ton cou
contre ma joue
et tes bras pour
m’empêcher de tomber
 


Vendredi 12 décembre 2014

Little child

Les tremblements, la sueur le long du dos, la poitrine dans un étau. La crise me prend au dépourvu, violemment, subitement, comme toujours. L’angoisse déborde et noie les mots quelque part au fond de ma gorge. Je parlais musique avec Greg, un ami guitariste et, va savoir pourquoi, je me suis rappelé de son âge. Il est né l’année où j’ai avorté. Je cherche désespérément le bouton stop pour faire taire mes pensées, mais, dans un mouvement de panique, j’enclenche le mode rewind.
Greg devient mon fils jamais né. Mon ventre assassin se déchire à l’endroit mal cicatrisé de cette vieille plaie. Je tremble. Paralysée, comme ça, ici, en plein milieu d’une phrase, en plein milieu d’une fête. Greg me regarde, incline légèrement la tête. Il attend, patient. Je dois me ressaisir, simuler la force paisible d’une mère face au fils qu’elle n’a pas su porter. Je cherche un reste de courage. Juste assez d’énergie pour prononcer les quelques mots manquants. Ensuite, il faudra que je m’échappe si je ne veux pas tomber là, mes entrailles répandues sur le plancher. Il faudra que j’oublie cet endroit vide au creux de moi.
Je parviens enfin à terminer ma phrase, tente un sourire d’excuse et me dirige d’un pas mal assuré vers la table où les bouteilles sont alignées. Je me verse quelque chose de fort et plonge tête la première dans la musique qui emplit la pièce. Je colle mon dos contre le mur à côté de l’enceinte. Les vibrations des basses m’apaisent lentement. La crise reflue. L’alcool m’aide à nettoyer les dernières poussières de pensées sombres. Greg n’est pas mon fils. Mon fils mesurait deux centimètres et son cœur battait quand on l’a aspiré hors de mon ventre. C’était un mardi et c’était ma décision, je crois. Parfois, je n’en suis plus si sûre. J’essaie encore de prétendre que c’était pour son bien. Que je n’avais rien à lui offrir à l’époque, à part de la souffrance et une vie de merde. J’évite d’imaginer qu’il aurait pu devenir musicien et heureux, avec un sapin de noël et un chat amoureux des guirlandes. [Life is a Beatles song #53]


 


Jeudi 11 décembre 2014

Revue A L'index

Une chronique signée Jean-Marc Couvé à propos de "Sous les fleurs de la tapisserie" dans le n°27 de la discrète et valeureuse revue A L'index au sommaire de laquelle on retrouve Jean-Jacques Nuel, Fabrice Marzuolo, Fabrice Farre, Werner Lambersy et bien d'autres auteurs orchestrés par Jean-Claude Tardif.

Un extrait de ce que dit JMC à propos des "Fleurs" :
[...]D’aucuns feront la moue, arguant que ce n’est pas ce qu’on appelle «poésie», au sens classique : pourtant, elle tisse aux petits oignons ses mots, sans faire tapisserie, Tissot ! Avec douceur, oui, il faut lire tous ses textes pour s’en persuader : il y a là un ton unique, mélange de rage sourde et d’obstination... soutenue par une acuité visuelle rare. Et les mots de Marlène sont emplis du mystère poétique, touche après touche, elle raisonne et sonne juste – parfois, s’il le faut, nous sonne/réveille, oblige à ouvrir les yeux, à son exemple : « Je n’ai simplement pas la force » (p. 16) - et là réside précisément le mystère, la force d’une langue qui crée, sécrète un contre-pouvoir (comme chez Giono), sans cri ni violence ; le pouvoir non-violent et efficace d’idiomes résistants plutôt que «résilients»? L’écriture de M.T. semble notre seule défense commune, «après coup(s)» - cette injustice faite aux faibles.[...]

Pour en savoir plus et commander la revue, c'est ICI
 

J’emmerde la chronobiologie [New]

Rêver en plein jour et
contraindre le soleil
à s’éclipser
 


Mercredi 10 décembre 2014

I’m a loser

J’étais persuadé que ce serait facile de me planter. Il suffisait de tout faire pour – c'est-à-dire ne rien faire. Je m’y suis appliqué avec la ferveur d’un glandeur professionnel. Autant dire que je me suis pointé à l’examen les mains dans les poches. Pourtant, malgré tous mes efforts, j’ai échoué de justesse. J’étais vraiment à un cheveu de la réussite. Avec tout le bordel que ça implique. Il y a eu des précédents, dans la famille. Certains ont réussi, et quand je vois où ça les a menés, très peu pour moi, merci !

D’abord, tu es un enfant sage, to obéis aux parents, aux instits, puis tu commences par avoir des diplômes, ensuite tu trouves du travail, tu gravis l’échelle sociale sans souffrir du vertige, tu épouses une femme splendide, tu as des enfants, une baraque gigantesque. Tu deviens persuadé que rien ne peut te résister. Mais il y a toujours un truc, forcément. Il y a, par exemple, le temps qui passe. C’est anodin et silencieux, le temps. Ça avance comme un sous-marin, mine de rien, et un jour, tu réalises que tu es vieux. Oh, au début, t’es juste un peu vieux, mais ça te contrarie, ce reflet dans le miroir qui devient moche, presque indécent, en tout cas pas du tout assorti à l’image de ta réussite flamboyante. Alors tu invoques les dieux de la chirurgie pour te ré-esthétiser le portrait, tu prends des vitamines pour la mémoire et des pilules bleues pour bander. Mais non, rien à faire, le temps s’en branle de ta réussite, il a toujours une longueur d’avance, il sait que tu vas finir par te ramasser, que tu vas finir par crever, même si toi tu refuses de l’admettre. Tu as toujours su t’en tirer, alors la mort, ah ah, ça te fait bien rigoler. Tu places un joli tas de pognon dans la recherche sur la cryogénisation, tu fais même un test, en secret, avec le chat du voisin. Bon, ça ne marche pas, t’es sûrement pas encore au point avec le massage cardiaque, tu lui as brisé les côtes à la pauvre bête, mais, de toute manière, la décongélation avait dû foirer, et le chat réchauffé, ça pue terriblement ! Bref, t’es toujours là, au sommet de ta réussite, mais tu ne veux pas que ça s’arrête, tu veux continuer cette grisante escalade, malgré tes vieilles jambes fatiguées. Ta fille te dit que tu deviens cinglé, que c’est l’ivresse des hauteurs. Elle ne peut pas comprendre, cette imbécile. D’ailleurs, elle n’a jamais été bien futée et c’est pour ça que tu décides de renouveler l’expérience du chat à taille humaine, avec elle cette fois. Pas de risque de lui péter les côtes pendant le massage cardiaque, gaulée comme elle est. Tu l’assommes d’un coup de Dom Pérignon sur la tempe, elle s’écroule comme un vieil édredon sur la moquette. Mais, soixante quinze kilos de bidoche inerte, c’est pas facile à déplacer avec tes vieux muscles atrophiés. Tu transpires comme un bœuf, à deux doigts de l’infarctus et tu te fais choper par ta femme au pied du congélo. Évidemment, elle appelle les flics, et les docteurs et la télé. Elle rameute autant de monde que possible en racontant que tu es un dangereux psychopathe. Elle fait un raffut de tous les diables et elle chiale en prétendant qu’elle a toujours eu peur de toi. Elle dit qu’il faut t’enfermer. La petite maligne, tout ce qu’elle veut c’est ta fortune. Non, mais quelle garce ! Elle ne s’en tirera pas comme ça ! Tu as laissé des papiers chez le notaire. Bon, manque de bol, tu as oublié que le notaire était l’amant de ta fille et qu’il verrait sans doute d’un mauvais œil ta tentative de congeler sa douce. C’est ça Alzheimer, on oublie que la congélation maison, c’est jamais aussi sûr que la surgélation industrielle.
 
Enfin bref, tu vois ? Mon grand oncle a fini derrière les barreaux où il a tenté à plusieurs reprises de se suicider en avalant les chaussettes sales de son codétenu. Faut croire que la réussite lui avait définitivement tourné le dos parce qu’il s’est juste chopé une mycose buccale même pas digne du Guinness book des records. Alors, tu vois, quand on m’a filé les résultats du test, que j’ai vu comme j’avais échoué de peu, que la fille m’a souri, cette vieille histoire qui m’est revenue subitement et j’ai eu peur. La fille m’a proposé un examen de rattrapage, parce que soi-disant je le méritais. J’ai décliné sans politesse. Et puis, elle me souriait drôlement, cette fille. Il n’aurait plus manqué qu’elle se mette à avoir le béguin. Dieu sait où ça nous aurait mené. On commence bêtement par réussir sa vie sentimentale, et ensuite, c’est l’escalade. Non, moi je suis un loser, et je le resterai, coûte que coûte. D’ailleurs, par précaution, j’ai toujours refusé de m’acheter un congélateur. [Life is a Beatles song #52]
 


Mardi 9 décembre 2014

Poètes sans papier

Sur Radio G, Francis Carpentier parle de Haïkus dans son émission "Poètes sans papier" et on y apprend des tas de choses. Il lit également quelques-uns de mes nouveaux "J'emmerde...", qui ne sont pas des Haïkus (bien qu'ils soient hauts de trois lignes), mais, après tout, les Haïkus de Kerouac n'étaient pas calibrés selon les règles nippones non plus !


 

J’emmerde la pression sociale [New]

Le luxe c’est
S’autoriser à échouer
Sans avoir honte
 


Lundi 8 décembre 2014

Because

Ça ne m’a pas semblé si absurde, sur le moment. Non, à vrai dire, ça n’avait rien d’absurde. J’ai vidé trente six cartouches d’encre bleue dans l’eau du bain. Des cartouches longues qui, de toute manière, ne servaient à rien, elles ne rentraient pas dans mon stylo. Puis j’ai versé du gros sel, beaucoup plus que quand je fais cuire des pâtes. Absurde, c’est le mot qu’il a prononcé en rentrant, en me trouvant endormie dans la baignoire. Il m’a secoué pour me réveiller et j’ai souri parce qu’il y avait enfin des vagues. «Qu’est-ce qu’il t’a pris ?» il a demandé et j’ai haussé les épaules. Il tournait en rond dans la petite salle de bain en secouant la tête.
«Pourquoi tu as fait ça ?»
J’ai répondu «Parce que» et il a dit que parce que n’était pas une réponse. Quand je lui ai demandé pourquoi ce n’en était pas une, il a répondu «Parce que», ce qui m’a semblé beaucoup plus absurde que l’encre dans la baignoire et je lui en ai fait la remarque. Alors, il s’est mis en colère, il a crié à cause de toutes ces foutues traces bleues sur l’émail aux endroits où le calcaire s’était déposé. À cause de la drôle de couleur qu’avaient pris mes cheveux et ma peau aussi. Il a dit que j’étais complètement timbrée et que si je n’avais pas une explication raisonnable à lui fournir immédiatement, il foutrait le camp pour de bon.
J’ai hésité un moment. Je savais bien que mon explication ne lui semblerait pas raisonnable du tout, mais je n’arrivais pas à trouver de mensonge. C’est fatigant, les mensonges. Si, par exemple, j’avais prétendu que c’était bon pour la peau, il aurait voulu savoir où j’avais lu ces conneries et il m’aurait fallu inventer une revue ou un site Internet, mais il serait allé vérifier, il aurait vu que je mentais, il serait revenu à la charge avec encore plus de questions. C’est fatigant aussi, les questions. Alors, j’ai juste dit la vérité. «On habite beaucoup trop loin de la mer et j’avais envie de me transformer en sirène.» [Life is a Beatles song #51]



 


Dimanche 7 décembre 2014

L'humeur du dimanche : Redessiner les nuages


[Optimist, by Mathiole]
 


Samedi 6 décembre 2014

J'emmerde les paradoxes [new]

La pauvreté
ceux qui en parlent le plus sont
ceux qui ne l'ont jamais côtoyée
 


Vendredi 5 décembre 2014

Dream fighter

je vois bien
chaque matin
que les rêves
laissent des bleus
autour de mes yeux et
je devrais sans doute
cesser de chercher
à les combattre
 


Jeudi 4 décembre 2014

Au sujet du "Poids du monde"

Une chouette chronique à propos de mon dernier petit truc paru chez Lunatique: « On en ressort secoué, mais pas déprimé, juste un peu plus ancré dans le réel. » « J'ai beaucoup aimé Le Poids du monde, une belle tension, presque sans respiration, la force de Marlène Tissot dans un souffle haletant. »
Un grand merci à l'auteur de cette critique pour ces mots qui font chaud !
Lire la suite >>ICI
 


Mercredi 3 décembre 2014

Je suis une femme moderne

Ras-le-bol de chialer pour un oui pour un non ! Les émotions, ce n’est pas censé déborder, même quand on les porte à ébullition. Tout ça c’est la faute aux adjuvants, aux composants artificiels, à la couleur du ciel qui nous fait croire à l’infini, tu sais, ce truc qu’on ne peut soi-disant pas mesurer. Mais tout se mesure, aujourd’hui. C’est le privilège de vivre dans un monde moderne. Tout se mesure, mais rien ne compte.
Alors c’est décidé, je vais vivre avec mon temps. Je suis une femme moderne. Il suffit de modifier quelques réglages, imposer une limite de vitesse à mon rythme cardiaque, éradiquer les papillons qui colonisent mon ventre et devenir enfin éco-responsable. Pleurer, c’est contribuer à l’élévation du niveau des océans, alors ça suffit, les conneries.
 


Mardi 2 décembre 2014

If I fell (Si je tombais)

Au moment où je mords timidement dans ma tablette de chocolat, une voix plus ou moins calibrée m’informe qu’un service bar est à ma disposition voiture quatre avec un choix de snacks sucrés et salés et des boissons aux degrés variés. Trop tard, j’ai plongé dans le chaud-froid de bulles de nostalgie. Ivre, déjà. Je me dis que parfois j’aime trop fort. Le sentiment, c’est une matière que je ne sais pas modeler pour lui donner une forme convenable. Alors j’entasse tout ça en boule de glaise au fond des chaussettes de mon coeur. Ça finit en plastic à dynamite, ça m’explose les entrailles, ça me déchiquette l’intérieur, me torpille les organes. Évidemment, j’ai la peau en acier blindé et les contours semblent à peine cabossés tandis que je crève doucement au-dedans. Tout ça, c’est du cinéma, je me dis et l’ivresse ne dure pas éternellement. Les sentiments c’est comme les fleurs, ça finit par faner.
Une connasse ordinaire. Je cherche les mots, mais ils me glissent entre les lèvres alors je prends les premiers qui viennent. Je suis une connasse ordinaire, je dis, comme ça, à personne, juste à moi, et ça me va. Je fais avec cette image un peu honteuse qui ne m’empêche de rien, pas même de songer à embrasser un homme aux yeux sombres parce qu’il a l’air de savoir pleurer, parce que seul un homme assez fort est capable de pleurer, parce que seul un homme assez fort sera capable de ramasser les morceaux de ma carcasse explosée, si je tombais, un jour, pour de bon.
[Life is a Beatles song #50]
 

 


Lundi 1er décembre 2014

L'humeur du dimanche (un lundi) : Brouillard


Vendredi 28 novembre 2014

J’emmerde la cirrhose [New]

A défaut de l’ivresse du pouvoir
Je me laisse berner par
Le pouvoir de l’ivresse
 


jeudi 27 novembre 2014

I’m only sleeping

Un matin, au petit déjeuner, tu me dis que tu ne rêves plus la nuit. Tu dis, je dors, c’est tout. Je ne sais pas quoi répondre alors je trempe mes yeux dans le noir du café. Quelques miettes de biscottes qu’il faudra nettoyer. On reste comme des cons, à attendre qu’un truc vienne changer le cours de notre existence. On se dit, peut-être que le quotidien est une maladie. Alors on cherche des remèdes et on les avale en se moquant des effets secondaires.
J’essaie la magie, un truc un peu dingue comme plonger mon regard dans le tien pour te transformer en océan (pacifique). Mais je me heurte au mur de tes pensées secrètes où sont sans doute punaisés quelques regrets amers et des remords plus ou moins honteux. Des souvenirs aussi, suspendus là, comme des vestes tout droit sorties du pressing, lavées de tout soupçon. Dry clean only. Ici, on sait être docile avec les étiquettes.
On dépose parfois un préavis de rêve, on manifeste (nos désirs), on revendique (notre salaire d'amour minimum). On s'en va dîner en tête-à-tête, au restaurant. On glane des échantillons de paroles banales tombées sur les nappes des tables voisines. On se dit, on vaut mieux que ça, non ? Et on y croit un peu, jusqu’à la prochaine épidémie de gris, jusqu’au prochain jour à attendre comme des cons qu’un truc vienne changer le cours de notre existence.
Ras-le-bol des sentiments tacites, de l’amour passif et des saisons qui se suivent avec une discipline presque militaire. Je voudrais trouver une vitamine qui me rende ma folie et me donne la force de t’embrasser pendant que tu regardes ailleurs, pendant que la pluie cogne à la fenêtre et se reflète au fond de tes yeux. Je poserais mon sourire sur l’absence du tien pour le transformer en phénix. On pourrait faire un grand incendie et vivre enfin sans la peur du lendemain. Mais là, il est l'heure de partir au boulot, gagner de quoi payer les factures. [Life is a Beatles song #49]


 


Mercredi 26 novembre 2014

Avancer normalement

Des fois, j’ai huit ans. Mais ça ne se voit pas à l’extérieur. C’est surtout en dedans que tout fout le camp. Les proportions ne sont plus respectées. Mes jambes et mes pieds rétrécissent, je n’arrive plus à suivre la cadence. J’ai les yeux soudain trop grands, qui mangent le paysage plus gros que mon ventre, plus gros que mon cœur. Mon cœur pourtant gros qui tambourine là. Il a huit ans, mon cœur et il est vieux aussi. Il dit qu’il a mal mais je m’en moque. Il dit aussi « n’oublie pas ». Non - je prends ma voix d’adulte, je fais comme je peux et je le rassure « Non, je n’oublie pas, je n’oublie rien, ne t’en fais pas... ». Alors il me rend mes jambes de grande personne et je peux faire semblant d’avancer normalement. Des fois, j'ai huit ans, mais personne ne le remarque. [Extrait]

 

Le poids du monde
 

Cette petite histoire a fait ses premiers pas hors du ventre des cartons sous les lumières de la ZAL et c'était un chouette démarrage! Maintenant, elle va prendre son envol doucement et on peut la cueillir sur l'arbre Lunatique (avec des extraits et tutti quanti)

 


Mardi 25 novembre 2014

Hold me tight (Serre-moi fort)

Dans cette histoire, on s’en foutrait des voix en haut-parleur et de la lumière crue des néons. On s’en foutrait de l’horaire et de la bienséance. On pourrait rire en éclats dans ce hall vide d’une gare trop éclairée. Il n’y aurait que les fantômes pour danser avec nous. On se serrerait fort, comme ça, avec des bras maladroits, une étreinte un peu retenue tout de même, faudrait pas qu’on confonde. Des bras serrés en forme de tendresse bancale, éclopée, mais pas menteuse, pas comédienne au point de nous faire croire à ce truc bon-marché, ce sentiment qu’on nous vend en cinémascope : l’amour toutes taxes comprises et pot de popcorns en supplément. C’est pas d’une bouche sur une bouche dont on aurait envie, ni d’une peau contre une autre peau, ou alors pas comme ça, pas la peau du corps, juste celle de l’âme. La voix en haut-parleur se mettrait à jouer sur les touches d’un piano, les néons rendraient ses droits à la nuit. Nos bras serrés donneraient à l’instant la couleur de l’éternité et ce serait suffisant pour qu’on soit capable de redessiner les paysages disparus. [Life is a Beatles song #48]
 


Lundi 24 novembre 2014

Le CoPO

"Sous les fleurs de la tapisserie" est présélectionné pour le prix CoPO 2015, avec, entre autre des recueils de Sophie G. Lucas, Thomas Vinau, Edith Azam... Une nouvelle qui fait rosir les joues et me transforme discrètement en heureuse fleur de papier peint !



 
 

Dimanche 23 novembre 2014

L'humeur du dimanche : grimper au sommet d'une montagne


["On fera avec" Manu Larcenet]
 


Samedi 22 novembre 2014

J’emmerde les apparences [New]

Les mensonges sonnent
souvent plus vrai
que la vérité
 


[Photo Marlene T.]

 


Vendredi 21 novembre 2014

I will (Je le ferai)

Le docteur dit « retirez votre pull ». Ok, je pense, il fait pas loin de trente degrés dans son cabinet. Et puis, je pense aussi que j’ai pas à m’en faire, c’est pas un homme, c’est un médecin. Mais je le vois qui lorgne du côté de mon soutif et, finalement, ça ne me gêne pas plus que ça : je sais que c’est pas mes seins qui lui font peine, c’est juste l’état de mes sous-vêtements. Je voudrais bien le rassurer, genre «T’en fais pas doc’, ça ira mieux bientôt, tu vois bien, c’est une visite médicale d’embauche que t’es en train de me faire passer». Mais je ne sais pas mieux parler avec les yeux qu’avec la bouche. Et la transmission de pensée n’est pas encore autorisée, pas assez d’antennes, pas assez de taxes à prélever. Alors, je regarde le docteur qui me regarde sans me regarder, qui me regarde comme une chose, qui écoute mon cœur (oui, il bat, tout va bien) qui me dit de respirer (comme si parfois j’oubliais), qui me demande mon poids. J’en sais trop rien, je lui réponds, j’ai pas de balance chez moi. Comment vous faites, alors ? il s’étonne. Comment je fais quoi ? j’interroge. Comment vous faites pour surveiller votre ligne ? il insiste, comme s’il était évident qu’une femme doive se soucier de ça. Moi, je me soucie surtout de ma ligne de conduite. Alors je lui réponds juste que, tant que je rentre dans mon pantalon, tout va bien. J’en achète un nouveau quand l’ancien est usé, c’est le mieux que je puisse me permettre. Mais ça devrait changer bientôt, j’aurai un boulot bientôt, je pourrai m’empiffrer et remplir mon armoire de fringues inutiles. Il dit qu’il faut que je prenne soin de ma santé, que c’est important, la santé. Et je lui promets que je le ferai. Je le ferai.
Il ne sourit pas trop le toubib, il a l’air de vouloir causer et moi j’aime pas ça, surtout quand c’est pour répondre à des questions stupides. Moi, je voudrais juste qu’il me signe ce certificat à la con, mais lui, il parle, il parle, à m’en filer le tournis. Il dit que j’ai pas l’air très stable et je lui fais remarquer que c’est juste lui qui me déstabilise, mais il s’en fout, il a le pouvoir, il tient le stylo au-dessus du papier comme une épée de Damoclès. Tu vas signer, connard ? je pense. Mais parfois, les mots, je les dis au lieu de juste les penser. Ça me joue des tours, j’aimerais ne pas avoir de bouche. Il répond, Ok, je vais signer, vous énervez pas ! Mais c’est à vos risques et périls. Comme si je ne savais pas que le monde du travail c’est une guerre et qu’on en ressort plus souvent estropié que vainqueur.
[Life is a Beatles song #47]
 

 


Jeudi 20 novembre 2014

Sac d’os

Papa
il m’appelait
sac d’os
il disait que
j’étais pas faite
comme les autres
petites filles et que
ma peau n’était rien
qu’un sac
avec des os
à l’intérieur et
au début
je pensais qu’il mentait
parce que j’entendais
quelque chose battre en moi
c’était mon cœur
je le savais
mais papa a continué
de m’appeler
sac d’os
et j’ai commencé d'oublier mon nom
et j’ai fini par perdre
mon coeur
 


Mercredi 19 novembre 2014

Ce que je mérite

On dit
qu’on est ce qu’on est
à cause de ce qui nous est
arrivé
on fait porter le chapeau
aux évènements
et c’est facile
il n’y a pas de preuve
du contraire
mais peut-être aussi
que les choses nous arrivent
parce qu’on est
ce qu’on est
peut-être que je n’ai eu que
ce que je mérite
 


Mardi 18 novembre 2014

Enrhumer les pensées

Les gens
quand ils te parlent
ils te regardent droit dans les yeux
comme si c’était une porte d’entrée vers la vérité
mais la vérité
souvent
on se la garde planquée au fond du ventre
et elle n’est pas accessible
si facilement
les gens te regardent dans les yeux aussi
parce qu’on leur a appris
que c’était ça la politesse
moi je trouve que la politesse
c’est juste une hypocrisie de plus
qui pousse à être agréable
même quand on n’en a
aucune envie
aucune raison
alors
quand je leur parle
je regarde les gens
droit dans les trous de nez
et je vois bien comme
ils se frottent les narines en parlant
comme ils sont agacés
que je m’amuse à
leur enrhumer les pensées
au lieu de chercher vainement leur vérité
là où elle n’est pas cachée
 


Lundi 17 novembre 2014

Illusion

On est montées dans sa voiture et, quand les portières ont claqué, ça a fait le bruit de quelque chose qui se termine. Pour être moins triste, j'ai pensé que seules les choses qui ont commencé et ont existé pouvaient se terminer. Un peu comme la vie. Et il ne faut pas avoir de regret, rien n'est fait pour durer éternellement. L'éternité est une illusion aussi douloureuse que les autres. [Extrait]
 


Dimanche 16 novembre 2014

L'humeur du dimanche : ne pas tirer la chasse sur ses rêves et ses espoirs


[Londres, photo Didier T.]
 


Samedi 15 novembre 2014

Le cafard hérétique n°4

Changement de périodicité et de format pour la revue "Le cafard hérétique" qui livre avec ce numéro d'automne un bel objet à lire sans modération !



A commander ICI
 


Vendredi 14 novembre 2014

J’emmerde l’utopie [New]

La réalité peut être à la fois
Pire que ton pire cauchemar et
Plus belle que ton plus beau rêve
 


[Lyon, photo Marlene T.]

 


Jeudi 13 novembre 2014

L’ombre portée

Un jour
j’ai entendu des voix
dans la rue
qui disaient des choses insensées
des choses qui m’ont écœurée
alors
j’ai fait un concours de grande gueule
avec les piranhas et
ils ont bouffé mes dernières illusions
ces cons
depuis, j’ai décidé de ne plus parler
que par écris
« imprimer, compléter et
découper selon les pointillés »
je distribue des confettis de pensées
plus ou moins colorées
j’ai parfois
les idées d’humeur variables
un peu comme le temps et
j’avoue
je parle peu
même sur papier
parce que l’ombre portée
d’un mot couché
est plus longue
plus imposante que celle
d’un mot en l’air
(quoique cela dépende sans doute
de la lumière)
 


Mercredi 12 novembre 2014

You like me too much

« Tu sais ce qu’il faudrait pour que ça aille mieux ? » il demande, « Ce serait que tu me fiches la paix de temps en temps, que tu cesses de me faire l’apologie de la communication entre époux et que tu apprennes les vertus du silence ! ». Alors Beatrice s’en va en traînant son air triste derrière elle, comme un chien au bout d’une laisse. Elle a toujours cette envie que les choses aillent mieux, cette envie de sauver leur couple, comme si c’était la chose la plus précieuse au monde. Il se demande parfois si elle n’a pas égaré sa notion des grandeurs quelque part, si elle ne l’a pas foutu à la poubelle avec les pots de yaourt vides. Un couple n’a rien de si terriblement précieux, rien d’essentiel à la bonne marche du monde. Le leur, pas plus que celui des autres. Mais elle s’efforce de le sauver, comme l’équilibre de chaque chose en dépendait. Il faut dire qu’elle n’est pas très stable, Beatrice. Elle est du genre bancale, du genre qui a besoin de prendre appuie sur un homme ou sur n’importe qui d’autre. C’est tombé sur lui. Et lui, il n’est qu’une canne vermoulue qui finira par se briser. Il voudrait trouver le courage de lui dire « Tu m’aimes trop », ou « Tu te trompes de personne, je n’ai pas la carrure nécessaire. » Mais il n’ose pas. Il redoute surtout qu’elle réalise qu’il a raison. [Life is a Beatles song #46]
 

 


Lundi 10 novembre 2014

All I’ve got to do

Tout ce que j’ai à faire, c’est de laisser couler, je me dis. C’est pas la première fois qu’on s’engueule avec le frangin et j’ai horreur de ça. Normal, c’est mon frangin, et je l’aime. Alors, je ferme ma gueule et je prends le large, le temps qu’il se calme, le temps qu’on oublie ces conneries.
Marie trouve que ce n’est pas une solution, qu’ignorer les problèmes, ça ne les fait pas disparaître. Elle dit que je devrais faire face une bonne fois pour toute, que je mette les points sur les i. Et pourquoi pas mon poing dans la gueule du frangin, tant qu’elle y est ?
Non, vraiment, les conflits c’est pas mon truc. Toute cette tension, cette rage, cette envie d’imposer à l’autre, d’écraser l’autre. Les engueulades et les bagarres ne règlent rien. Une guerre est-elle jamais parvenue à résoudre le moindre problème ? Non. Simplement, à la fin, l’un des adversaires remporte la victoire et l’autre est contraint de fermer sa gueule.
Ok, me lance Marie, si c’est vraiment ce que tu penses du genre humain, tu devrais tout simplement aller vivre seul au fond des bois, comme un animal.
Elle est pas con, Marie. Elle a de bonnes idées, parfois, et je me dis que j’ai pas eu tord de l’épouser. Mais je suis sûr que si je suivais son conseil, elle rappliquerait dare-dare dans ma clairière, et pas sous l’apparence d’une biche ni même d’un renard ou d’une fougère. Non, elle serait ce charmant petit écureuil tellement doué pour me casser les noisettes. [Life is a Beatles song #45]
 

 


Dimanche 9 novembre 2014

L'humeur du dimanche : N'aie pas peur


 


Vendredi 7 novembre 2014

La timidité

Faut travailler sa timidité
La sculpter
Lui arracher l’écorce et
Lui donner une forme lisse
Faut faire en sorte
Qu’elle ne ressemble plus
A ce morceau de bois brut
Qui plante ses échardes
Dans le cœur
Faut transformer tout ça
En objet de décoration
Qu’on pose là
Et qu’on oublie
 


Jeudi 6 novembre 2014

You can’t do that

« Tu fais quoi ?
— Je prépare mon mariage.
— Tu te maries ?
— Je viens de te le dire !
— Avec qui ?
— Sherlock.
— Holmes ?
— Evidemment ! Qui d’autre ?
— C’est une blague ?
— Pas du tout.
— Mais enfin, tu ne peux pas faire ça !
— Bien sûr que si ! Les étatsuniens ont déclaré qu’il était libre. Je lui ai fait ma demande, et il a accepté.
— Tu sais que Sherlock n’existe pas, n’est-ce pas ?
— Et alors ? Toi non plus tu n’existes pas. Moi non plus, d’ailleurs. C’est tout l’intérêt d’être un personnage de fiction : la réalité ne peut pas nous imposer ses limites ! »
[Life is a Beatles song #44]
 


 


Mercredi 5 novembre 2014

Hier


[Photos Marlene T.]
 


Mardi 4 novembre 2014

Le poids du monde

Ce mois-ci paraît aux éditions Lunatique "Le poids du monde" dans la collection "36e deux sous". C'est l'histoire d'un type ordinaire qui perd son job, qui perd un peu le nord, qui perd sa dignité, qui tient en équilibre au sommet de l'amour gigantesque qu'il éprouve pour Lili, l'histoire d'un type qui aime tellement sa femme qu'il songe à la quitter, un type qui n'est pas le genre de type dont on raconte l'histoire, et qui se demande parfois s'il ne ferait pas mieux de devenir assassin...

Voir la présentation sur le site de l'éditeur
[Et, pour l'occasion, mais aussi pour rigoler un peu avec les copains, je serai à Paris sur le salon L'Autre Livre les 15 et 16 novembre, en compagnie d'autres auteurs de la maison Lunatique]
 


Lundi 3 novembre 2014

You never give me your money

Je tombe en morceaux. Comme un jouet de mauvaise qualité. Une figurine. Je perds mes bras, mes jambes. Je perds la tête. Impossible de penser. Je perds ma langue. Il ne reste, sous la carcasse figée, qu’un cœur qui palpite trop fort, comme un moteur emballé.
J’essaie de t’expliquer avec des mots simples et imagés, mais si tu n’as jamais ressenti ça, tu ne peux pas comprendre. Tu ne peux pas imaginer ce que c’est la douleur de se retrouver en morceaux, brisé, sous le regard des gens. Ce mépris qui n’a pas lieu d’être. Ce n’est pas humain. Ils ne sont plus humains, ces gens. Alors, ils sont quoi ? Et moi, je suis quoi ?
Ça peut te sembler un moment ordinaire, à toi, si tu ne l’as jamais vécu. Tu es à la caisse du supermarché, et il te manque cinquante centimes. Cinquante putains de centimes qui ressemblent à des millions, qui mettent tout le monde en retard d’un millier de secondes. Tout le monde est en rogne parce que les secondes valent de l’or, aujourd’hui, il parait. Ça piaffe d’impatience derrière toi et tu n’oses pas te retourner et tu tombes en morceaux et la caissière est agacée. Forcément, ils vont s’en prendre à elle, les gens, après que tu auras foutu le camp, la queue entre les jambes, les yeux qui roulent par terre comme des billes perdues. Ils vont s’en prendre à elle parce qu’elle n’aura pas su gérer l’incident assez vite, parce qu’ils auront toutes ces secondes qui leur seront tombées des poches, parce qu’ils n’ont pas envie de voir cette misère-là, tellement réelle et tellement ordinaire.
Cinquante putains de centimes et la caissière te demande quel article tu souhaites enlever de tes commissions et tout le monde s’en fout royalement si tu as vraiment besoin de toutes ces choses, si enlever un paquet de pâtes, ça peut foutre en l’air l’équilibre vital de ta semaine.
Alors, tu vois, moi je suis là, j’essaie de réfléchir, de faire un choix, mais j’ai perdu ma tête et mes bras et mes jambes et ma langue. Je me demande même si je serai encore capable d’écouter les oiseaux chanter. Mais les gens piétinent et soupirent et grognent. Et mon cœur cavale, mon cœur n’est plus capable que de haïr dans sa course folle. Haïr ceux qui me méprisent, ceux dont je gaspille de précieuses secondes, haïr ceux qui ne sont pas capable de voir mes morceaux éparpillée et ma détresse trop ordinaire pour être mesurée. Haïr le fait que personne ne se dise « Aller, je lui file cinquante centimes et l’affaire est réglée. » Mais non, personne ne donne rien, ni temps, ni patience, ni argent, ni respect. Et tu es là, à voir ton reste de dignité se faire dévorer en essayant de choisir le repas de la semaine qui va être sacrifié à l’impatience d’un monde pressé.
[Life is a Beatles song #43]


Dimanche 2 novembre 2014

L'humeur du dimanche : juste une question d'équilibre


[source: image by OaKoAk]
 


Vendredi 31 octobre 2014

No reply

Elle me dit "Tu as toujours eu l’art de gâcher les vacances..."
Très bien ! Enfin une qualité qu’elle me reconnaît. J’hésite à lui rappeler que je sais aussi distordre le temps. Il m’arrive de comprimer les heures ou d’étirer les minutes. Elle m’en fait d’ailleurs souvent la remarque et je lui réponds alors que je n’y peux rien, c’est mon horloge interne qui n’en fait qu’à sa tête. "Ton horloge interne emmerde le monde", elle me rétorque et ses paupières battent, une seule fois, comme une porte qui claque dans un courant d’air. Elle me claque souvent la porte au nez, avec sa manière de clore nos conversations. Enfin, quand je dis conversations, c’est sans doute présomptueux. Ça a davantage à voir avec un accident de la circulation. D’ailleurs, notre relation a toujours eu quelque chose d’accidentel. On serait, elle et moi, des voitures miniatures sur un tapis de jeux avec des mômes occupés à nous balancer pare-choc contre pare-choc. Le bon côté, je me dis, c’est qu’il y a contact, interaction. Et c’est toujours mieux que le silence. "Tu m’emmerdes, à toujours voir le bon côté des choses", elle dit. Je crois que mon optimisme l’agace parfois. Bon, en même temps, on ne se refait pas, je lui fais remarquer. Et elle, paupière claquée comme une porte, déplore qu’à défaut de me refaire, on ne puisse me défaire. Évidemment, elle n’attend de moi aucune réponse. Parfois, je sais être docile.
[Life is a Beatles song #42]

Ecouter > No reply
 


Jeudi 30 octobre 2014

Two of us

On était là, lui et moi, perdus dans l’ampleur infinie d’une nuit de campagne, tu sais, quand aucun lampadaire ni rien n’est là pour balancer son petit soleil artificiel, il y avait juste les étoiles pour percer le ciel et un quartier de lune en forme de sourire penché. Il y avait juste son visage qui apparaissait comme une image subliminale à chaque fois qu’il tirait sur sa clope. D’ailleurs, je ne suis pas certaine qu’il était là, pas certaine que la clope était la sienne. Tu sais, des fois, je rêve un peu trop fort et les gens qui n’existent pas finissent par me parler pour de bon.
[Life is a Beatles song #41]


Mercredi 29 octobre 2014

J'emmerde le verdict [New]

Les rêves seraient-ils condamnés
à n'être autorisés que
pendant le sommeil?
 


Mardi 28 octobre 2014

Nous sommes des fils de la guerre télé

L’ordinaire du quotidien
re-décoré comme un jingle publicitaire
tout juste de quoi faire taire les maux
y ajouter de la couleur et
une musique joyeuse
La vie se fait cathodique
plasma
numérique
world wide web
On ne sait plus vraiment
de quel côté de l’écran
on se trouve
Il y a des armes dans la télé
des guerres, des vraies
mais l’info ne fait plus chaud ni froid
Filmographie aux flingues esthétisants
qui te visent
mais ne te tuent pas
La vitre est blindée
les yeux fermés
on rend les larmes
il n’y en a plus besoin
Le détachement nous donne
une longueur d’avance
sur le réel de l’horreur
La télécommande sort du chapeau
un monde prétendument meilleur
une lessive à blanchir la conscience
on regarde
vide
on se tait
on oublie

Paru dans le recueil hommage à Philippe Soupault, Les Cahiers, ed. A L'Index
avec bien d'autres auteurs et de belles illustrations et photos
 


Lundi 27 octobre 2014

Chronique musique pour Casbah Record

J'y parle de The Orwells, un groupe originaire de la banlieue de Chicago, vingt ans de moyenne d'âge et un son qui décoiffe au moins autant que le mistral de la vallée du Rhône. A lire ICI
 


Dimanche 26 octobre 2014

L'humeur du dimanche : What if...


 


Samedi 25 octobre 2014

Souvenirs du futur

Prendre un petit-déjeuner à la belle étoile
tremper un croissant de lune dans
une tasse de rêves brulants
 


Vendredi 24 octobre 2014

Norwegian wood (This bird has flown)

L’instit n’avait rien voulu savoir et le directeur non plus. Je me souviens que j’ai pleuré, le jour où David s’est fait renvoyé. J’ai essayé de leur expliquer, à ces grands qui pensent diriger le monde alors qu’ils n’y pigent rien. J’ai essayé de leur expliquer ces choses qu’ils sont incapable de voir. Je me demandais si en devenant adulte les yeux rétrécissaient à mesure que le corps grandissait. J’avais pas tellement envie de grandir si c’était pour devenir aveugle.
Ils ont refusé de croire ce que je leur racontais, ils prétendaient que c’était des sornettes, que David était un bon à rien et que sa vie serait un échec. Ils ont refusé de croire ce que je leur racontais parce que leurs yeux étaient tellement minuscules qu’ils voyaient la vie et le monde comme à travers le trou d’une serrure. Ils croyaient que la réalité c’était juste ça, obéir, travailler, mettre des sous à la banque pour pouvoir acheter un steak et des coquillettes et partir à la mer en été. Ça me rendait triste pour eux et en colère aussi.
David avait bien remarqué, lui, que les choses changeaient lentement, qu’il voyait de moins en moins chaque jour. Comme si la beauté, mine de rien, se coulait dans le béton de l’ordinaire. Alors, pour lutter, il transformait sa dictée en papillon, son buvard en bouquet de roses sa mie de pain en étoiles filantes.
Un jour, à la cantine, il a sculpté un oiseau dans sa pomme verte et l’oiseau a volé, l’oiseau a quitté l’école en brisant la fenêtre. C’est à ce moment-là que l’instit’ et le directeur ont décidé de le renvoyer. Ils ont dit que David était un cancre et qu’il n’avait aucun respect pour le matériel. Qu’il faudrait que ses parents paient pour le carreau cassé. Ils n’avaient que ce genre de mots dans la bouche. Matériel, respect, payer. Ils confondaient les cancres et les rêveurs. Ils m’ont dit d’arrêter de prendre sa défense, d’arrêter de dire des sottises. Ils ont dit, non personne ne peut transformer un trognon de pomme en oiseau vert. Ils m’ont conseillé d’être raisonnable. Mais moi, je l’avais bien vu, cet oiseau. Il s’était envolé vers les forêts norvégiennes ou peut-être vers l’arc-en-ciel. J’ai décidé de le suivre.
[Life is a Beatles song #40]


 


Mercredi 22 octobre 2014

J'emmerde la réflexion [New]

Le réel serait un miroir à traverser
et non une surface à laquelle se heurter
 


Mardi 21 octobre 2014

Long, long, long

C’est à cause d’une promesse à la con si je suis devenue un fantôme. Quelques mots jetés en l’air et me voilà à hanter un inconnu. On parle souvent sans réfléchir...
Ce jour-là, je devais quitter mon cabanon. Tu sais comme j’aime être là-haut, loin de tout. Tu sais comme j’aime la solitude. Du coup, j’étais d’une humeur massacrante à cause de cette soirée à laquelle je ne pouvais échapper.
Je me suis passée sous la douche avant de prendre la route. On s’accommode en général assez bien de ses propres odeurs, mais je n’avais pas perdu toute notion des convenances. Alors j’ai récuré, savonné, parfumé. Il y avait juste ces poils sur mes mollets qui faisaient sans doute mauvais genre. Un pantalon pour les planquer ferait l’affaire, mais, va savoir pourquoi, je me suis dit « Et s’il m’arrive un accident ? » J’ai imaginé me retrouver morte et nue entre les mains d’un embaumeur un peu crétin, du genre qui se fout de la gueule des morts aussi facilement que de celle des vivants. Note, je trouve ça plutôt sain, en réalité. Je n’ai jamais compris pourquoi un mort méritait plus de respect, de déférence ou d’admiration qu’un vivant. Enfin, j’en étais là, imaginant la scène, et j’ai pensé, « Si ce type se permet la moindre remarque sur ma pilosité, je promets de le hanter jusqu’à la fin de ses jours. » Tu connais ce genre de propos idiots qu’on oublie aussitôt après les avoir proférés. Comment voulais-tu que je devine à propos de l’accident ? Et quelle était la probabilité qu’ensuite je me retrouve à la morgue entre les pattes d’un accro à l’épilation ?
Au début, la mort, j’ai trouvé ça plutôt chouette. C’était un peu comme la solitude, le paysage en moins. Ou alors, un paysage noyé dans le brouillard. C’était pas un problème, j’aurais usé de mon imagination pour redessiner un décor à ma convenance. Mais il a fallu que cet abruti la ramène à propos de mes mollets.
« Oh, putain, mate un peu ça ! » il a fait à un collègue qui passait là, pointant mes guiboles du doigt. Et vlan, immédiatement, mon brouillard disparaît. Je me retrouvais à flotter là, au-dessus de mon propre corps. Je vois ce type en blouse et gants, avec ses pincettes, ses pinceaux, ses flacons, sa palette de maquillage et le bouchon de gaz qu’il va me fourrer dans le cul sans que je puisse l’en empêcher. Le type ricane et dit à l’autre « J’y peux rien, le poil aux pattes, ça m’a toujours fait débander… »
Comme j’étais passablement contrariée qu’on m’ait tiré du calme blanc pour me faire assister à ça, j’ai rétorqué « Pour pouvoir débander, connard, faudrait déjà que tu aies un semblant de début de bite !
— Qui a dit ça ? il a demandé en regardant partout d’un air affolé.
— C’est moi ! j’ai ricané, comprenant qu’il ne me voyait pas.
Il commençait à paniquer. Son collègue pigeait que dalle. Il pouvait pas m’entendre, lui. Je n’étais là que pour hanter l’autre.
Au début, c’est sympa d’être un fantôme. Tu fais des blagues débiles qui font marrer que toi. Le gars devenait parano, il ne sortait presque plus de chez lui. J’allais le faire chier jusque sous la douche, et, le fait est qu’il n’avait pas une si petite bite que ça, mais je me suis bien gardée de lui dire. Bref, je me suis amusée quelque temps, puis ça a fini par me lasser. C’était long, long, long. J’aurais voulu qu’on me laisse rentrer, n’importe où, au paradis, en enfer, dans le brouillard, peu importe. Mais j’avais juré de hanter ce type jusqu’à la fin de ses jours. Et je t’avoue que, depuis quelque temps, je me prends à échafauder des plans. Faudrait pas qu’il attende encore vingt piges avant de crever, ça me rendrait cinglée. Et, va savoir de quoi est capable un fantôme cinglé...
[Life is a Beatles song #39]
 

 


Dimanche 19 octobre 2014

L'humeur du dimanche : Se cacher sous les fleurs de la tapisserie


[Photo : Francesca Woodman]
 


Vendredi 17 octobre 2014

Voyage au Royaume uni

Quelques "J'emmerde..." traduits en british pour l'occasion et quelques photos tirées sur papier grain se sont envolés accross the Channel pour ce chouette projet proposé par PaperGirl Blackburn.

 

Sur l'idée d'un projet initié à Berlin en 2006 et aujourd'hui actif en plusieurs points du globe, PaperGirl Blackburn collecte des oeuvres imprimées sur papier (peinture, dessin, photo, collage, création numérique, poésie...). Tous les documents reçus (envoi postal seulement, sauf pour les textes, avant le 31 octobre) seront exposés pendant une semaine au St John Center de Blackburn (région du Lancashire) avant d'être roulés puis distribués aux passants au travers de la ville, à la manière des paperboys d'autrefois.
Pour en découvrir davantage, n'hésitez pas à faire un tour par ici :

 


Jeudi 16 octobre 2014

Doctor Robert (I’m happy just to dance with you)

Souvent, je regarde le monde et je me dis que, décidément, il y a quelque chose qui cloche. Partout, le paysage semble parfait, paisible. Les familles sont souriantes et les enfants sages. Les couples se lèchent des yeux amoureusement, les chiens ne pissent pas à tous les coins de rue, les automobilistes ne s’impatientent pas au feu rouge et le ciel semble d’un bleu sans défaut.
Non, vraiment, ça ne tourne pas rond. Tout se met à ressembler à une publicité parfaitement calibrée ou à une maison témoin, joliment aménagée, mais sans âme. J’en viens à me demander si on ne m’aurait pas enfermée dans le tiroir d’un paradis artificiel.
J’ai entendu dire qu’ils distillaient cette substance à doses de plus en plus forte dans nos aliments, dans l’eau courante, parfois même dans l’air conditionné des grands magasins. Ils. Tout le monde dit « Ils », enfin, ceux qui ont encore la capacité de s’en inquiéter, éventuellement de se rebeller. Mais personne ne sait qui Ils sont. Personne ne sait ce qu’il se passe, vraiment. Et la plupart d’entre nous s’en moquent allègrement.
Je suis allée voir le Docteur Robert. J’ai pensé qu’un médecin aurait des réponses à ce genre de question. Il a souri en secouant la tête, en disant que je me faisais des idées. « La vie est belle, tout simplement. Pourquoi ne pas l’accepter ? » il a demandé. « Parce que je me rappelle du monde réel, j’ai répondu. Je me rappelle du monde tel qu’il était avant qu’Ils commencent leur campagne "Bonheur pour tous" ! » Il a balayé ma question d'un geste de la main puis m’a invitée à une soirée de bienfaisance qui aurait lieu le lendemain. Il m’a dit que nous aurions tout le loisir de reparler de tout cela, hors consultation, juste d’humain à humain. J’ai accepté. J’étais curieuse. J'ai supposé qu'il y avait des micros dans son bureau et que c'était une précaution de sa part.
Nous nous sommes retrouvés à cette soirée, lui dans son costume, moi dans ma robe à fleurs. Les nappes étaient blanches et la musique d'une irritante délicatesse. Nous avons bavardé. Longuement. Je me souviens de cette frustration ressentie, pendant un temps, parce que je ne parvenais pas à diriger la conversation vers le sujet qui m’intéressait : Ils. Le docteur Robert souriait et veillait à remplir mon verre de vin et je ne voyais aucune raison de prendre mon temps pour le vider. Puis la musique s’est amplifiée. Les robes et les costumes ont commencé de tourner sur la piste. Bien en ordre, bien en rythme. Pas un faux pas. C'était d'un pénible, toute cette perfection. Mais je me sentais lasse. Le docteur m’a invité d’un geste de la main. Je l’ai suivi docilement.
Accroché à ma taille, il m’entraînait sur un air vieilliot et guilleret. Quand il m’a murmuré « Je suis heureux de simplement danser avec vous », j’ai répondu, « Moi aussi ». Et j’ai presque failli y croire, sur l’instant. Je me suis dit qu’Ils étaient foutrement malins et que, s’ils se mettaient aussi à infecter le vin, je devrais malheureusement me résigner à en boire  beaucoup moins ou alors je finirais comme les autres : sinistrement et bêtement joyeuse. [Life is a Beatles song #38]
 


+ bonus song [I'm happy just to dance with you]


Mardi 14 octobre 2014

Tell me what you see

Porte condamnée. La sentence est tombée. L’information publique est placardée là, bien qu’il ne soit fait mention ni du motif de la condamnation, ni de la peine encourue.
La porte, tristement, regarde les passants. On peut deviner, si tant est qu’on soit capable d’empathie envers une porte, coupable de surcroit, tout le chagrin qu’elle ressent à ne plus pouvoir s’ouvrir aux quatre vents. Probable que ces quatre là il faut être une porte pour succomber ainsi à leur charme. Quoi que. Qui n’a jamais goûté à la caresse du vent s’engouffrant en secret sous un vêtement ?
Verrouillée, la porte n’est plus qu’une cloison ordinaire. Condamnée à la peine de mur. L’envie me prend de lui sourire. Je l’effleure tendrement à hauteur de serrure et lui demande « Dis-moi ce que tu vois avec les yeux derrière ta tête. » Elle ne me répond pas, bien entendu. Parce que, si les portes ont des yeux comme les murs ont des oreilles, aucun d’eux ne possède de bouche. Principe de précaution, probablement : ils auraient sans doute trop à raconter à notre sujet...
[Life is a Beatles song #37]


 


Lundi 13 octobre 2014

J'emmerde les idées noires [New]

Chaque matin
me lever
de bonheur
 


Dimanche 12 octobre 2014

L'humeur du dimanche : chercher la motivation


 


Samedi 11 octobre 2014

Here comes the sun

Il parle d’évidences. Il dit que certaines choses sont ce qu’elles sont et, on aura beau dire, elles resteront ce qu’elles sont. Il pointe son doigt sur un exemple « La mer est là avec le ciel au-dessus, personne ne peu prétendre le contraire, ou alors ce serait du non-sens, de la poésie, bref, du n’importe quoi ! »

Pourtant, moi, quand je regarde la mer, je vois le ciel à l’intérieur, comme s’il était descendu s’y baigner. J’invente rien ! Tout le monde peut voir ça. Mon évidence à moi est aussi évidente que son évidence à lui. Je me dis que les évidences c’est tout juste bon à se faire la guerre, à vouloir prouver que la sienne est meilleure. Une évidence est un mirage comme un autre. Et, un mirage, c’est aussi rassurant que dangereux.

Il me dit, « Voilà le soleil ! Tu le vois arriver aussi bien que moi, n’est-ce pas ? C’est une évidence, n’est-ce pas ? ». Et je lui réponds que non, le soleil n’arrive pas, il était déjà là. Ce sont simplement les nuages qui écartent leurs rideaux pour nous le laisser voir. Il soupire d’un air résigné et nous reprenons notre promenade sur un chemin de pierres sèches et de silence. [Life is a Beatles song #36]

 

 


Vendredi 10 octobre 2014

A day in the life

Il y a mon voisin, un chic type, dans les trente ans, qui brame parfois à la fenêtre comme un cerf en quête d’une partenaire. Sauf que lui, c’est un boulot, qu’il cherche. Et, pour oublier qu’il n’en trouve pas, il picole.
L’autre jour, je le croise dans le hall de l’immeuble, le front contre les boîtes aux lettres. Au début, j’ai l’impression qu’il chiale, mais je réalise assez vite qu’en fait il se marre comme une baleine. Ce type, je me dis parfois, c’est un documentaire animalier à lui tout seul.
Je lui demande si tout va bien et je déduis, à son élocution, qu’il est rond comme une queue de pelle. Mon âge avancé me permettant quelque liberté, je lui suggère d’y aller mollo sur la bibine. Il hausse les épaules « Je me bourre la gueule pour oublier la laideur du monde, la crise économique et mon cancer.
— Vot’ cancer ? je lui demande.
Il me répond que c’est pas le sien pour l’instant mais qu’il a plus d’espoir d’en choper un que de dégoter un job.
Qu’est-ce que tu veux répondre à ça, hein ? À mon âge, on se fout de tout, mais au sien ?
« On est peu de chose... » je lui dis, faute de mieux.
« Ouais, passage à vide, faut pas m’en vouloir. Je sais que tout ça c’est rien qu’un jour dans une vie... » il me fait en torchant son nez. Puis il vomit sur le tas de publicités posées là et je remonte avec mes factures sous le bras. Juste un jour dans une vie, oui, il a pas tort, le môme.
[Life is a Beatles song #35]
 


 


Jeudi 9 octobre 2014

Happiness is a warm gun

Parfois, j’ai un peu honte.
Honte de me sentir bien, comme ça, alors que de toute évidence il n’y a aucune raison. Le monde ne tourne pas rond, on le sait. Et, de fait, personne ne s’autorise à voir ce qui en vaut encore la peine. J’ai honte d’être heureuse, par exemple, en posant simplement mon cul dans l’herbe humide. Les gens sont tellement...je sais pas...sombres ?
Du coup, je me retiens de sourire, je planque tout ça sous un masque. Faudrait surtout pas qu’on devine mon bonheur ! Le bonheur, c’est comme un flingue chaud et tout le monde préfère l’avoir en main plutôt que braqué sur la tempe.
Le pire dans l’histoire c’est que ça marche. Je veux dire, tu fais la gueule, histoire de te fondre dans la foule incognito et voilà que ta figure prend un mauvais pli et tes pensées aussi. C’est pernicieux, ce petit jeu. Tu te retrouves comme un con avec le cœur tout froissé, en boule, tout juste bon à jeter à la corbeille.
Ça me fait peur. À chaque fois, c’est pareil : il me faut un temps fou pour me défaire de cette crasse qui me noircit les idées. Je me demande si, un de ces quatre, l’eau courante – et chaude de surcroît – parviendra encore à nettoyer tout ça... [Life is a Beatles song #34]


Mercredi 8 octobre 2014

Le temps qui court

Se défait-on des souvenirs
en leur lâchant la main
ou s’en vont-ils
comme des enfants
devenus grands
doucement
et pourtant toujours trop
brutalement
 


Mardi 7 octobre 2014

Lovely Rita

Rita.
Ma petite sœur.
Les parents l’appellent « jolie Rita ».
Quand ils parlent de moi, ils disent juste Nini. Cette manière de réduire mon prénom, c’est à se demander si c’est parce qu’ils pensent que je ne suis ni jolie ni digne d’intérêt. Mais je m’en moque un peu, à vrai dire.

Parfois, je surprends papa qui regarde Rita. Il la regarde comme si elle n’était pas sa fille, comme si elle n’avait pas quinze ans et lui quarante-cinq. Il la regarde comme un poisson qu’il viendrait de pêcher, le plus grand, le plus majestueux qu’aucun pêcheur n’aurait jamais vu.

Parfois, maman me dit : « Tu pourrais t’arranger un peu, Nini ! Tu pourrais faire un effort, te maquiller, coiffer tes cheveux, porter des robes, sourire un peu… » Elle me traite de souillon, juste parce que j’aime jardiner, marcher pieds nus, regarder les nuages, courir après l’éternité. Je n’aime pas les robes ni le mascara.

Parfois, je me dis que je suis comme la première crêpe, papa et maman m’ont ratée. Mais ils ont parfaitement réussi Jolie Rita. Une belle crêpe ronde et lisse. Elle se fera fourrer, elle se fera rouler, elle se fera dévorer. Une crêpe absolument délicieuse. Moi, je ne crains pas grand-chose, à vrai dire.
[Life is a Beatles song #33]

 


Lundi 6 octobre 2014

Octopus’s garden

« Sur la palissade de mon front, j’ai accroché une pancarte : Attention, rêves en liberté.
— Et ils sont dangereux, tes rêves ?
— Disons qu’ils sont imprévisibles. Parfois mordants, aussi.
— Les miens sont plutôt dociles.
— Tu veux dire qu’ils n’attaquent jamais les mollets du réel ?
— Oh, ils grognent bien un peu, de temps à autre, mais ils sont bien trop peureux pour s’attaquer au quotidien.
— Comment peux-tu te sentir en sécurité dans ce monde avec des rêves pareils ?
— Justement, je n’y arrive pas… J’ai peur. Je me sens comme piégé dans le jardin d’une pieuvre à laquelle je n’ai aucun moyen d’échapper. Je la sens lentement m’enlacer de ses huit bras. Elle va finir par m’étouffer.
— Alors nourris tes rêves, donne leur la force de venir te sauver !
— De quoi se nourrissent les rêves ?
— De folie ! »
[Life is a Beatles song #32]


Dimanche 5 octobre 2014

L'humeur du dimanche : Seriously ?

"Wouldn't it be silly to be serious, now ?"
[A.R. Ammons]
 


Samedi 4 octobre 2014

Do you want to know a secret ?

Jurer fidélité. Mais la fidélité, c’est quoi exactement ? Où est-ce que ça s’arrête ? Où est-ce que ça commence, ce genre de promesse ? Par exemple, il y a une nuit où je rêve qu’un autre homme me fait l’amour. J’ignore qui il est et, en ouvrant les yeux, je ne me rappellerai plus de son apparence. Mais je me réveille en sursaut à quatre heures du mat’, avec le ventre qui palpite encore, et je me rends compte que j’ai joui dans mon sommeil. Est-ce que c’est une infidélité, ça ? Est-ce qu’il faut qu’il y ait un contact réel alors que le corps, lui, visiblement, s’en passe allègrement ? On pourrait répondre que non, rêver n’est pas tromper. On pourrait tout aussi bien répondre oui. Quelle importance ?
On jure, et c’est facile de jurer. C’est facile de tricher aussi. Il y a des petits malins qui ne se font jamais attraper. Tu veux savoir un secret ? Mentir, c'est un jeu d'enfant. Ensuite, il te suffit d’avoir le cran de supporter la manière dont ton reflet te regarde. [Life is a Beatles song #31]


 


Vendredi 3 octobre 2014

When I get home

Quand je suis rentrée, rien n’avait bougé. Les objets attendent toujours sagement le retour des personnes qui ne leur manquent pas. Les objets n’éprouvent pas ce genre de tiraillement, la peur, le manque, la rage. Ils ne font pas de crise. Ils ne posent pas de questions.
Quand je rentre à la maison, les objets frémissent discrètement et toi, tu te contentes de hurler et cogner. J’aimerais, parfois, que tu sois un vase sur le buffet. Ça me ferait t’aimer en ayant, peut-être, un peu moins mal.
[Life is a Beatles song #30]

 


Jeudi 2 octobre 2014

Ask me why

Demande-moi pourquoi je fais des choses que je ne dis à personne. Demande-moi pourquoi c’est si bon d’avoir des secrets. (Je ne te répondrai pas, bien entendu.)
Par exemple, parfois, je décide de ne pas porter de culotte. Et j’aime savoir que personne ne sait. Ne pas porter de soutien-gorge, c’est différent. C’est visible, presque ostentatoire. Ça dit « Regarde-moi », ça dit « Désire-moi », ça dit parfois « Je milite contre le cancer du sein ». Ne pas porter de culotte, c’est une petite liberté que je m’octroie envers et contre la bienséance, les règles, l’hygiène communément et docilement acceptées. Une manière de montrer mon cul à tous les passants, comme dans la chanson, en sachant qu’ils n’y verront que du feu.
Demande-moi pourquoi je fais des choses que je ne dis pas. Je ne te répondrai pas, bien entendu. Parce que je ne connais pas la réponse. Et parce que tu n’existe pas : je ne fais que me parler à moi-même.
[Life is a Beatles song #29]


Mercredi 1er octobre 2014

J’emmerde la soumission

Faire la paix avec l’ordinaire
ce n’est pas l’accepter de manière soumise
mais décider de le rendre extraordinaire
 


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